Album- The Wombats - Fix Yourself, Not The World
AWAL
( NoPo)
The WOMBATS Fix Yourself, Not The World 2022
Ces mignons marsupiaux mènent une belle carrière.
En ménage à trois depuis 2003, les gars de Liverpool accouchent de leur premier enfant en 2007.
A cette époque, ils veulent tuer le directeur puis danser sur Joy
Division. Quelle idée pour leur style ni death metal, ni gothique! Et ça
marche!
4 albums studios réussis plus tard (trois dans le top 5 au Royaume-Uni!) ...
2007 : A Guide to Love, Loss and Desperation
2011 : This Modern Glitch
2015 : Glitterbug
2018 : Beautiful People Will Ruin Your Life
... ils prônent la priorité de prendre soin de soi en 2022 'Fix
Yourself, Not The World', m'est avis que ça va cartonner (comme disait
Thiefaine).
Les 3 musiciens travaillent, cette fois, à distance, par fichiers
interposés, vu leur éloignement géographique et le contexte sanitaire.
Matthew "Murph" Murphy, chanteur, guitares, claviers, auteur-compositeur, vit à Los-Angeles,
Tord Øverland Knudsen, bassiste, à Oslo,
Dan Haggis, batteur, à Londres.
On ne se refuse rien, ils arrosent au niveau producteurs :
Jacknife Lee (U2, The Killers), Gabe Simon (Dua Lipa, Lana Del Rey),
Paul Meaney (Twenty One Pilots, Nothing But Thieves), Mike Crossey (The
1975, The War on Drugs, Yungblud) et Mark Crew, leur producteur
habituel.
Leur facilité tubesque me fait penser à l'univers parallèle de Two Door
Cinema Club, autre client de Jacknife Lee. Je pourrais aussi citer The
Kooks et Razorlight voire Foals, par instants.
Côté artwork, ils sollicitent le collectif eboy pour un 'pixorama' du
plus bel effet, rappelant les décors vintage et colorés du jeu vidéo
SimCity (avant les Sims).
La ville imaginaire fourmille de personnages (famille Lego) et de
détails allant de la cathédrale rococo en construction, aux morceaux de
remparts, aux tours modernes ou maisons traditionnelles en passant par
un temple hindou, une centrale nucléaire... et ses opposants.
En cherchant bien, on trouve un grand nombre de scénettes (pas floues!) du quotidien.
Le groupe prolonge ce partenariat inspiré sur les premiers clips qui donnent vie aux pixels.
Une basse, bien roulée, fait tourner la tête lors du 1er tour de piste 'Flip Me Upside Down'.
Le rythme, syncopé et tordu comme une fourchette, contraste avec le chant atténuant le flip (et tant mieux, flipper fait peur!).
Le refrain rassure par sa douceur lunaire. La construction alambiquée soulève des souvenirs xtciens.
Cette fois, la basse vous enfonce le manche dans la tête et ça résonne
profond! La batterie virevoltante met beaucoup de vivacité dans son
accompagnement excité.
Quant à la guitare, elle joue la dilettante, sans forcer sur ces battements, délaissant l'effort aux bidouillages du synthé.
La ligne vocale emporte tout sur son trajet, elle conduit seule, comme
cette voiture dont il est question "This Car Drives All By Itself".
On a juste envie de faire les jolis choeurs et de monter à l'arrière du taxi au délicieux parfum de Foals.
La fibre mélodique de 'If You Ever Leave, I'm Coming With You' va rendre
jaloux les Irlandais du cinéma à 2 portes, cités plus haut.
Que changer dans un morceau pareil fignolé à l'extrême pour toucher le plus grande nombre d'auditeurs?
Le petit gimmick au clavier donne tout de suite des désirs de sauter sur
place puis le battement à la guitare souligne la voix, juste ce qu'il
faut, pour aboutir au refrain imparable.
La batterie déroule, régulière, sur une trame, somme toute, rectiligne
et en même temps exaltante grâce à l'escalade des vocaux qu'on aimerait
copier.
Et les paroles? Voilà un personnage bien collant, prêt à arrêter
d'écouter Radiohead pour marcher dans les pas de sa relation... quel
sacrilège!
Le 'cliporama' fait un focus sur un quartier de la pochette, survolé par
un ovni et habité par un squelette à casquette qui finit par monter au
ciel.
Une fois là-haut, il est 'Ready For The High' et démarre dans un
grondement. La voix haute fait croire, ensuite, à un morceau classieux
millésimé The Arctic Monkeys.
Sa structure alterne passages rock pêchus et balancement lascif. Une
imitation cuivrée augmente ce mouvement en direction d'un havre de paix.
'I'm ready for the high life, a kiss without a fist fight, A bang without the dynamite, a place I wanna stay'
Quelle classe ce 'Method To The Madness'! L'intro, chiadée dans le
raffinement, lâche 5 notes de basse accrocheuses, combinées à une voix
qui croone et des percussions légèrement dopées aux handclaps.
La mélancolie, gonflée par le piano, submerge cette plage de ouf qui ne
voit jamais le jour, malgré la montée finale dans une douce folie
inéluctable.
'People Don't Change People, Time Does' D'emblée, le riff à la guitare
rafle tout. La rythmique cool, coule, roucoule tranquillement.
L'ensemble dégage une harmonie de tous les instants, incitant à la
danse. L'ambiance décontractée et la voix calme font jaillir des
effluves de Nada Surf.
Sur ce titre, l'intro me conduit vers Coldplay. La basse rebondie et la
batterie sautillante marquent un tempo tendance disco sur une fine
couche de synthé. Y'a plus qu'à gratter les cordes dans le rythme! Un
hit en puissance!
Le ton enjoué encourage à profiter du moment présent, quitte à suivre la
destinée d'Icare, puisque 'Everything I Love Is Going To Die' (en 1984,
Ultravox chantait 'Dancing With Tears in My Eyes').
Une bonne épicure de rappel dans ce contexte épidémique, et pi merde!
Dans le 'cliporama', les parrains du pixel (s'ils sont noirs, c'est
picpoivre non?) font brûler la centrale nucléaire et tout disparaît.
'Dancin' in the ruins' serinait Blue Oyster Cult. Les 3 avatars des
Wombats, au sommet d'un toit, terminent leur set, aussi nus que des
squelettes.
Cette fois, on part sur une branche pop-électro hindouiste à la Altin
Gün. La cadence s'installe toujours aussi peu dénivelée mais les
ramifications mélodieuses déhanchent.
'Work Is Easy, Life Is Hard', rien n'empêche de penser le contraire (ou
vice-versa)! Un pont planant coupe la poire belle Hélène en 2 et au fond
le chocolat...
La syncope berce la tête d'avant en arrière jusqu'à l'abrutissement et
de nouveau la voix aigüe, classieuse, réveille une émanation des singes
de l'Arctique.
Un cri bestial, un souffle de sax, une frappe lourde décalée et le
refrain répété 'She is wildfire' en choeurs, rendent totalement fou.
Des chiens aboient, la caravane passe derrière un ours. La basse ne
bondit plus, elle vrombit. L'oscillation robotique (1 2- 1 2 2) claque
la caisse claire sans abandonner la grosse.
Sur le refrain, sans rupture, la guitare enrichit l'instrumentation
sobre et souligne les 'ouh, ouh-ouh'. Une note de piano discrète et
terriblement obsédante s'insère au sein d'un passage flottant.
'Don't poke the bear' (bon conseil!), s'achève dans une brève agitation.
Intro au son de xylophone à imitation sonnerie de téléphone. 'Worry' conserve ce mid-tempo indolore quelque peu sinusoïdal.
La démarche reste particulièrement agréable avec la mise en valeur d'un
refrain qui pénètre le cerveau et s'y accroche. Be happy!
Le dernier titre, en correction de celui de l'album 'Fix Yourself, Then
The World' correspond à une lente et courte mélopée évanescente.
C'est en se soignant d'abord qu'on pourra soigner le monde! Dont acte...
The Wombats? Des faiseurs, des magiciens! Ecrire autant de chansons addictives, c'est bluffant.
Il faut aussi leur reconnaître beaucoup de finesse et des textes bien foutus, pas anodin!
Ils tiennent l'alchimie (comme quelques autres avant eux). Inutile de résister!
The tracks
1. Flip Me Upside Down 03:14
2. This Car Drives All By Itself 04:45
3. If You Ever Leave, I'm Coming With You 02:49
4. Ready For The High 04:05
5. Method To The Madness 04:32
6. People Don't Change People, Time Does 03:01
7. Everything I Love Is Going To Die 03:20
8. Work Is Easy, Life Is Hard 03:17
9. Wildfire 03:30
10. Don't Poke The Bear 03:08
11. Worry 03:11
12. Fix Yourself, Then The World 01:43