lundi 19 avril 2021

Album - Thomas Frank Hopper - Bloodstone

 Album - Thomas Frank Hopper - Bloodstone 

Distribution: Rock Nation


Par NoPo

THOMAS FRANK HOPPER Bloodstone 2021

Après son départ du groupe "Cheeky Jack", le brugeois Thomas Verbuggen ne bugue pas mais il mute en Thomas Frank Hopper et grave 3 plaques :
"No man's land" EP en 2015
"Searching lights" Album en 2017
"Till the day I Die" EP 2018
Il a vécu en Afrique mais n'est ni noir, ni même buriné; il aime le blues mais ne possède pas de voix grave, abrasive ou cabossée...
Juste un ptit blanc bien frais au coeur chaud de braise et une lapsteel sur les genoux... "Bloodstone" en atteste en 2021. Santé!

La pochette marque en blanc sa dénomination anglo-saxonne et le titre de l'album en 4 mots superposés sur une pierre extraite des gorges du Cians (plutôt que couleur sang).
Le fond rosit, plus clair, et deux bandes, bordeaux ou lie de vin, délimitent les parties supérieures et inférieures sur toute leur longueur.
'Don't judge a book by its cover' s'applique particulièrement à cette couverture sans odeur... et la surprise (du chef) est de taille... comme la pierre.

Play (en tous cas, j'espère ...)!
Bizarre, le leitmotiv au clavier n'annonce pas forcément du rock & roll ... mais dès que ça gratte, c'est une autre histoire... le riff devient tonique (ta mère) et ça démange!
"Bloodstone" dégage des tons chauds et chatoyants et ça tranche à la guitare qui fait le show! Sanglant mais burné quand même!

Les échanges cymbales et guitare riffée dynamitent l'ouverture que la voix irradie.
D'ailleurs Thomas doit calmer le jeu et faire le silence pour rapprocher sa chérie ('She's got legs', elle peut venir). 'Come closer' dégage le moite et l'excitation.
La batterie du ptit Nicolas n'y va pas par 4 chemins et pousse aux fesses une guitare éructante. Aphrodisiaque forcément!

'Dirtylicious', délicieux jeu de mots, se promène sur un déhanché et un beau jeu de jambes sensuel (encore!). En vla du groove en vla, et du chaud bouillant dans la vidéo du single!
La voix (et pas que) se laisse séduire, alléchée, jusqu'à se dédoubler en hurlant comme le loup de Tex Avery à la langue pendante et aux yeux exorbités ... dans un courant d'instruments à vent soudain soufflés (comme nous).

Un titre court (2'26), introduit au vocoder, se traîne tel un blues râpeux surtout sur les cordes. 'Sweet black magic sugar babe' campe une 'woman' sucrée et fière.
Le rythme rebondit, les jambes aussi (encore!). La wha wha aboie, ma vanne passe et les choeurs répondent en miaulant.

En appétit, la batterie coche un motif proche de "I'm OK" de Styx et la slide s'enfonce bien profond 'Into the water' (sorti en single fin 2020). Le clip claque sans s'endormir, toujours live.
Ce solo assis selon St Thomas, j'y crois pas... croix de bois croix de fer, on va tous en enfer! Les musiciens immergés, descendent en apnée jusqu'à la trompette bouchée (au final prolongé sur le CD).

'Tomb of the giant' glisse 2 minutes de respiration, ouf! Les accords acoustiques flirtent avec des voix aériennes, la principale toujours énergique et des choeurs angéliques.

'Bad business' 'please help me Jesus' partage le chant avec Jacob, apôtre de la basse, à la même barbe que le messie. La compo alterne le moelleux et la morsure à 3 guitares.
Le riff par Fred et Diego terrasse, le solo y pose sa pierre aux angles saillants, taillé par Thomas passant vite le relai à Fred, volcanique. Beau travail!

'Tatanka' tu t'attendais à quoi avec un titre au nom d'un catcheur indien et déjà pris par Molly Hatchet? Perdu! C'est une chanson d'amour!
Le son ample et plein d'échos provoqué par une guitare rêche et brûlante libère une batterie lourde à rebonds écrasés (buzz roll). Le chant ressemble à une supplication.
Sur le refrain, guitare et voix s'enflamment. Au milieu du gué, des indiens chantent la danse du feu. Au bord de la rupture, le guitariste s'écroule dans un déraillement au son de corde détendue.

'Crazy mojo' démarre en sautillant, pour un échauffement, où les doigts frottent tranquillement les cordes. Mais le pouls accélère rapidement quand la guitare se lâche.
Dans ce fractionné arrêté à 2'30; un dernier cri pique au vif pour un sprint euphorisant. Un charme fou!

'Mad Vagabond' déambule comme un chien fou. Errant mais pas manchot, Hopper, par petites touches, distille des traits virulents, et croise le fer avec Higueras pas en reste (il tient sa raquette comme un pro).

Dès l'arrivée des 'Savages', la basse décide de prendre les choses en mains entre lesquelles elle vrombit dans un son synthétique.
Le jeu en boucle fait trembler le corps pris d'une soudaine envie de tourner en rond. La batterie soutient ce rythme implacable.
En ébullition, la guitare sonne au diapason couvrant le magma d'un effet trépidant.
La voix se laisse transporter sur la crête jusqu'à un passage sombre, lent, bluesy en diable dont la queue est tirée par une guitare zepspleenienne.
Ce long morceau sauvage couve un feu de l'intérieur.

'Mississippi' en clôture, suit les méandres d'une rivière majestueuse. Jamais la voix ne décroche de la slide qui finasse, tortille, louvoie jusqu'à Louvain-la-Neuve.

On ne peut pas qualifier cet effort, de maturité mais ça promet! La musique est comme Frank, franc du collier, incapable de la retenir...
La jeunesse bouillonne avec une passion incontrôlée, l'envie de bien faire et de partager.
La sincérité et le plaisir de jouer dominent une ambiance vivifiante et accueillante.
Hop hop hop! We hope the best for Hopper!


Titres écrits, composés et produits par THOMAS FRANK HOPPER (enregistrés et mixés par ALEXANDRE LEROY au STUDIO SIX)
1 BLOODSTONE
2 COME CLOSER
3 DIRTYLICIOUS
4 SWEET BLACK MAGIC SUGAR BABE
5 INTO THE WATER
6 TOMB OF THE GIANT
7 TATANKA
8 BAD BUSINESS
9 CRAZY MOJO
10 MAD VAGABOND
11 SAVAGES
12 MISSISSIPPI

Line up
THOMAS FRANK HOPPER: Voix, lapsteel, guitare
DIEGO HIGUERAS : Guitare
JACOB MILLER : Basse, choeurs
NICOLAS SCALLIET : Batterie