Album - Kandle - Set The Fire
Par NoPo
KANDLE Set The Fire 2021
label: Kandle Music
Kandle Osborne nous vient du lointain Canada hivernal où ce froid
déclencherait une augmentation de la chaleur humaine qu'on ne serait pas
étonnés...
Son 4è album sort ce printemps, comme les premières fleurs et les rayons revigorants du soleil.
Fille de... elle semble avoir développé une identité affirmée, utile
pour se faire un prénom, car son père Neil fait partie du groupe 54-40,
très connu dans son pays (au zénith dans les années 90).
Elle s'en démarque et en même temps lui rend hommage en intitulant son
opus 'Set the fire', titre identique au 1er enregistrement du patriarche
en 84.
Adèle met le feu à la pluie, Kandle veut contrôler : «J'essaye de mettre le feu moi-même plutôt que d'être brûlée par lui.».
Enfermée en studio pendant la pandémie avec ses plus proches
collaborateurs (Devon Portielje, Louise Burns, Kendel Carson Debra Jean,
Creelman, Dave Genn, Nik Pesut), elle construit, en totale
indépendance, une oeuvre libérée des attentes des autres qui ont,
souvent, éclipsé les siennes (sic).
'No good'? Ah ben si, si, au contraire! Les Supremes font un come back
impossible grâce à Kandle. Elle écoute rarement des disques postérieurs à
la fin des années 60 et ça s'entend!
Un piano accompagne un rythme sautillant au tambourin et batterie. Les
choeurs féminins minaudent, futiles, dans un style fan des sixties.
Jusqu'au bout des roulements de la caisse claire, la ritournelle joyeuse nous nous invite à la Motown.
'The Light Of The Long Night Moon' ressemble au titre d'un film.
Ici Kandle traine sa voix séductrice sur une mélopée jazzy au son désuet de BO américaine.
Toute l'instrumentation y contribue : la batterie légère aux frappes sur
le bord du cercle, le piano égrené, les violons vaporeux, les choeurs
langoureux.
On imagine Kandle, glamour à la Marilyn, sous une coiffure choucroute,
se trémousser, jupe serrée, en talons aiguille et laisser des traces de
rouge à lèvre sur un micro vintage.
'Honey trap' bénéficie d'un clip classe.
The Wiccs (Louise Burns, Debra-Jean Creelman et Kendel Carsen) forme
avec Kandle un quatuor féminin, de 1er plan, faussement mielleux et
réellement redoutable.
La video surprend notamment par une scène bondage à la corde japonaise
(friction et enroulements) dérivé d'un art martial, expression possible
de la manipulation dans une relation toxique, abordée dans le texte.
La voix de Kandle trouble et à l'intonation provocante, laisse passer
plus de grain que sur les autres titres. La basse est sourde, la frappe
légère et agile.
Sur le chorus, le piano danse avec des guitares saturées. Le solo de
gratte, à effets synthé divers, s'enroue dans un groove épileptique.
Dès les premières notes de 'When it hurts', on s'attend au chant d'un
crooner italien tant le slow dégage une impression de charme latin et
incite à une danse entrelacée.
Le court solo, au son déjanté, et les choeurs rétros en wha tchoua sonnent délicieusement kitsch.
Les accords du piano sombrent dans un "Misty Morning" aux arrangements
sobres. La complète lumineuse, chantée du bord des lèvres, transperce la
brume en racontant un premier amour.
Aristocratique, maîtrisée dans son lent débit, la voix jouit d'un
charisme jusqu'au bout du vibrato, le matin... et le soir aussi.
'Lock and Load', paru le 12 novembre 2020, présage un futur Bond... tout
est construit dans cet objectif... qualité de la photo? Matons!
La chanteuse y apparaît, dans le tournage, comme une femme fatale à la
James Bond girl, et le déroulement cinématographique en forme de teaser,
allèche.
On perçoit, sans équivoque, le rapprochement recherché avec
l'orchestration dramatique de John Barry et l'expression des grandes
chanteuses des belles BO (Shirley Bassey, Carly Simon, Rita Coolidge,
Gladys Knight, Tina Turner, Adèle ...).
Sacré tour de force, d'autant que le titre, accroché aux cordes et
gouttelettes de piano, dégage une grande élégance et, sur le souffle du
refrain, beaucoup d'emphase (avec les aficionados).
L'écho des frappes sur la batterie, à contretemps parfois, donne du
volume à 'Sweet Boy', chanté par une voix angélique. Piano électrique et
guitare clairsemée finissent de poser une ambiance rétro.
Des choeurs mêlés de violons flottent sur une mélopée-niche où l'on se sent bien pour un voyage paradisiaque.
'Cathedral' en construit une, haute, profonde, mystique, un monument!
L'ouverture, acoustique, capte l'attention d'emblée. Puis, la basse,
d'une humeur mélodieuse, prend toute sa place au milieu d'une batterie,
se faisant rare et relâchée, et d'un piano électrique badin.
Le chant, enjôleur, se promène d'abord tranquillement mais au bout des
roucoulements, la voix intense se brise et part en puissantes envolées
chamboulantes. L'émotion monte à son paroxysme.
Un rythme saccadé punche dans les entrailles et lorsqu'on commence à succomber, tout s'arrête avant le reflux.
Le morceau avance en vagues répétées, d'abord sereines, puis écumantes. Le solo, plaintif, déchire des violons larmoyants.
On sort groggy et béat après plusieurs rounds!
'Boss' débarque sur la pointe des pieds en piano électrique supertrampien.
Les paroles sous-entendent quelque-chose d'inquiétant ('Hey boss, I've
done everything you want me to') alors que le refrain arrive aussitôt, à
contrepied, dans une atmosphère 60's primesautière.
Les choeurs radieux, à la Motown, enflamment le chorus qui occupe une
grande partie de ce titre. Court et tubesque, 'Boss' frappe fort!
'Vampire' fait remonter des souvenirs d'années flower power avec guitare sèche et feu sur plage humide.
La ballade, faussement frivole, séduit par sa rusticité. Kandle y chante: "I may be deadly but I won't let you down"
Avec cet esprit 60's plein de sensibilité, Kandle fait parfois penser à Lana Del Rey.
A travers des chansons sincères, Kandle assume sa vulnérabilité et mûrit avec ambition.
Alors que ses compositions précédentes pouvaient être déchirantes et
fragiles like a Kandle in the wind, les nouvelles éclatent, grandioses
et pleines d'assurance.
La transformation culmine dans la maîtrise de la voix, à la fois
sensuelle et puissante, qui caresse comme un velouté délicieusement
épicé.
S'il fallait lui donner une couleur, elle irait du rouge au pourpre.
Cette fois, Kandle a l'idée d'allumer le feu!
Line up
Kandle Osborne voix, guitares
Michael Rendall Piano et cordes
Dave Gen Guitare
Louise Burns basse
Nick Pesut Batterie
Sur 'Honey trap' The Wiccs : Louise Burns, Debra-Jean Creelman (Mother Mother) et Kendel Carsen (Alan Doyle, Great Big Sea)
Set The Fire - Tracklist produit par Michael Rendall
1. No Good
2. The Light Of The Long Night Moon
3. Honey Trap
4. When It Hurts
5. Misty Morning
6. Lock and Load
7. Sweet Boy
8. Cathedral
9. Boss
10. Vampire