Album - How to Weigh a Whale Without a Scale - Léanie Kaleido
produced at OX4 Sound Studio
How to Weigh a Whale Without a Scale : question aussi fondamentale que de connaître l'influence de la masturbation des baleines naines sur l'érosion des falaises au Cap Gris-Nez.
Léanie, si ça peut t'aider, Jeanine, une voisine, vend une balance à deux fléaux, une Roberval, que son arrière- grand-mère utilisait dans sa boucherie avant le second conflit mondial.
Fais-nous signe!
Léanie Kaleido, naît en octobre 1970 à Londres, le même jour que Shannon Michelle Wilsey, plus connue sous le nom de Savannah, une actrice américaine, apparaissant souvent dévêtue à l'écran.
Si on te donne le nom de son géniteur, Top Topham, ton cerveau va se mettre en action et peut-être se souvenir que ce monsieur était le premier guitariste des Yardbirds.
Donc, essayer de faire carrière dans la music jungle est une chose logique pour la jeune fille ayant fréquenté la Sussex University.
On lui colle l'étiquette singer-songwriter et elle enregistre trois albums, 'Karamelién' en 2006, ' Quicksands & Shadows' en 2014 et 'How to Weigh a Whale Without a Scale' en 2021.
Pour ce dernier fascicule, elle fait appel à Mark Gardener, frontman de Ride, pour la production.
CREDITS
Léanie Kaleido - Vocals, piano, ukulele, strings, drum programming, synth bass
Mark Gardener – Producer, guitar, bass
Jono Harrison – Guitar, drum programming, synth bass (Codeine, Kite String Mantra)
Chris Gussman – Guitar and engineer on ‘Hat Thief’, engineer on ‘Mr Dragonfly’
All songs written by Léanie Kaleido. Copyright @2021
Cover photo by Jono Harrison
Cover created by Sara Truckel
Une pochette sobre, un portrait de profil d'une jeune dame songeuse, dans des tons bleu ciel d'un romantisme rappelant les pochettes représentant Marianne Faithfull in the sixties.
On est loin des emballages de mauvais goût illustrant les disques de certaines formations de métal ou de hip hop, o k, tu peux toujours rétorquer don't judge a book by its cover, mais, bon, "Chicken N Beer" de Ludacris, par exemple, peut amener des âmes sensibles à gerber.
L'album démarre par une gentille piano-ballad sans artifices,' All the Things I'm Made Of'.
La voix est mise en avant tandis que Léanie dévoile son âme.
Un titre d'un classicisme limpide, composé dans la veine Tori Amos, Carole King, Janis Ian ou Sarah McLachlan .
Elle poursuit en chantant 'Someone's daughter' d'une voix légèrement tremblotante. Mark Gardener se charge des accords de guitare finement ciselés. Des cordes et des sonorités de clavecin, produites au synthé, habillent astucieusement une mélodie plus arrangée que la plage inaugurale.
Avec ' Nobody's Hero' un titre qui n'a aucun rapport avec Bon Jovi ou Stiff Little Fingers, Léanie revient au piano. La ballade est bourrée de références,.. smile like Robert de Niro, Fly like an Eagle, You shoot like a cannonball... elle a eu la bonne idée de recourir aux layered vocals pour enjoliver le thème musical d'un choeur céleste.
Quelle trouvaille de vouloir peser une baleine?
' How to Weigh a Whale Without a Scale' baigne dans un brumeux climat de mélancolie: jeu de guitare perlé, synthés atmosphériques, voix limpide, choeurs sinueux, tout est dans les nuances comme pour une toile pointilliste de Seurat ou de Pissarro.
La journaliste évoquant Dido est loin de se fourvoyer, l'univers de Léanie Kaleido offre une analogie évidente avec l'oeuvre de la chanteuse aux 40 millions d'albums vendus.
Victor Hugo, 'Printemps', extrait: " La frissonnante libellule mire les globes de ses yeux dans l'étang splendide où pullule tout un monde mystérieux."
Léanie Kaleido, supportée par une guitare acoustique courtoise: 'Mr Dragonfly', goodbye... même poésie vernale et bucolique.
Et la demoiselle, frivole, a repris son envol à la recherche d'un point d'eau accueillant.
C'est comme la petite boule à la roulette, rouge/guitare, noire/piano, elle s'arrête sur le numéro 6' Sweet Science': piano!
Piano, oui, et un cortège de cordes pour parer cette nouvelle ballade mêlant romantisme et mélancolie introspective...solitude keeps us alive... finalement, être seul c'est éviter les bagarres!
Amy le prétendait également, Amy was right: Love is a losing game!
Des insomnies, des angoisses, un certain écoeurement, des désordres psychiques, ' Codeine' take me away from all the pain I once knew.
Une des plages les plus fortes de l'album, bittersweet, mais aussi étonnement profonde, après 90 secondes une guitare bourrée de reverb vient seconder le piano et la synth bass et la pièce gagne encore en intensité.
La voix, quant à elle, reste détachée pour élaborer un contraste, recherché, avec la noirceur du propos.
La ritournelle puérile 'Hat Thief' rappelle une autre histoire de chapeau chantée par Steeleye Span, 'All around my hat', mais elle est interprétée avec des intonations Mary Hopkin.
Impossible de trouver un morceau plus British que 'Teapot girl' , là où Francois Hadji-Lazaro ( de Pigalle) boit du café et ça le rend vachement nerveux, l'aimable Léanie ne jure que par une décoction de feuilles de théier.
Une question de culture, French punk et smooth English folk ne feront jamais bon ménage.
Un dernier envol méditatif avant de clôturer le voyage en mode psychedelic pop ' Kite String Mantra'.
Un voyage au demeurant charmant pendant lequel Léanie Kaleido partage son intimité avec pudeur et délicatesse.
On le répète, il s'agit d'un ouvrage stylé, essentiellement britannique, qui conviendra à merveille aux fans de Sandie Shaw, Lynsey De Paul, Sandy Denny ou Cara Dillon et Kate Rusby pour les plus contemporaines.