EP _ Sinister King – All Is Vanity
( NoPo)
self-released
SINISTER KING All is Vanity EP 2021
La Norvège possède une sacrée tradition dans le rock métal sous toutes ses coutures.
Sinister King ne la renie pas en évitant un courant ab-hoc et en choisissant un heavy ad-hoc.
Toutefois, nul black ici, leur heavy donne vie à de solides constructions harmonieuses contrastées.
Le groupe accueille 5 musiciens :
Rune Skjønberg – vocals
Jostein Uthaug – guitars, vocals
Yngve Knudsen – bass
Frode Andreassen – drums
Ole Henrik Vik – synth
Les jeunes trolls facétieux, publient, sur les réseaux sociaux, leur
calendrier de l'avent, rempli de chants de Noël (joués par Ole) à
deviner.
Installés à Bergen, entouré de montagnes et de fjords, ils achèvent un premier (E)périple 5 titres :
1-All is vanity
2-A cure for insomnia
3-Still here
4-Sanctuary rage
5-Death of all joy
Written and produced by Uthaug/Skjønberg and Sinister King.
Recorded at Demningen Studio, Fjell, Norway.
Recorded at Stølheim Studios, Fedje, Norway.
Mixed and mastered by Jacob Hansen at Hansen Studios, Ribe, Denmark.
La pochette affiche des couleurs crépusculaires.
En haut, apparaissent des bancs de sable d'une rivière sur laquelle
navigue un drakkar dans la brume, tiré par un insecte volant.
Au milieu de cette vasière, un trou béant s'ouvre sur un oeil à l'iris
bleu. En avant plan, un charognard, perché sur une branche, semble
guetter sa proie.
La disposition l'image trouble la perception mélangeant ciel, eau,
terre, on ne sait plus ce qui est en haut et ce qui est en bas.
Au dessus, une couronne chapeaute le 'K' d'un 'King' en vie (king!).
Entame lourde par 'All is vanity' avec cymbales splash/chinoises et
basse grondante qui semble jouée, cordes à vide. Le synthé installe une
ambiance menaçante par une ligne tapie en fond de paysage sonore.
Puissante, la guitare vient recouvrir la trame. La batterie agite la double pédale naturellement.
La cadence ralentit, les baguettes distribuent les coups et la voix
d'abord lisse, se met à écraser du grain. Riff et chant avancent sur les
mêmes rails.
Quelques notes de piano adoucissent le propos qui débouche sur un
refrain aéré, fluide et très mélodieux. Le beau solo de guitare,
éclaboussé par un clavier, n'hésite pas à monter en saturation.
Certains passages montrent les biceps avec des synthés gonflés pendant
que d'autres prennent une inspiration finement progressive qui me font
penser aux allemands de Vanden Plas.
Un orage provoque une averse puis on plonge dans une descente de piste
éprouvante. Le chant rocailleux rebondit sur un terrain plein
d'ornières. 'A cure for insomnia', vraiment? 'To be protected From
myself' probablement...
A nouveau, sur le refrain, la mélodie s'emballe, juste contrariée par une voix death, avant l'enchaînement sur le couplet.
Par instants, la 6 cordes décoche des flèches venimeuses. Au 2/3 de la
piste, des saccades de guitares basses font trembler l'atmosphère, avant
un solo, relâché, qui tisse un fil magnétique.
Lançons 'Still here'... La batterie roule des mécaniques, le riff de
guitare, convulsif, danse avec une nappe de synthé. On sentirait presque
l'immersion dans un Evergrey suédois.
Ce côté mélancolique serre la poitrine et pénètre les entrailles. Un
passage, encore plus sombre, secoue les cordes et lâche un solo sobre
mais adroit.
"I hate myself more and more each day", y'a plus joyeux! La construction
habile entraîne jusqu'au bout alors que des choeurs d'opéra opèrent à
coeur ouvert.
'In my head I see some pictures that I thought I buried long ago It's
that nightmare from my past who's coming back to haunt me now', on
comprend mieux la piste d'un médicament contre l'insomnie...
Les paroles ne font toujours pas dans l'euphorie, heureusement, les
claviers tournoyants impulsent un décollage fébrile. A côté,
basse/batterie forment un bloc pesant.
La guitare fait rage, cimentée comme un parpaing ou épique comme un
aigle. Un arrêt nous piège mais c'est pour mieux repartir dans un
nouveau tumulte rageur.
'Sanctuary rage' sanctuaire vraiment?
'Death of all joy', ben tant qu'à faire! Le mal de coeur, au sein des
les textes, laisse des traces dans l'instrumentation cafardeuse.
Un barbelé guitare/basse/batterie cerne la plage de rochers déchirants. L'acte final s'affirme dramatique.
Au bout du refrain, l'enchaînement, mélodie limpide à voix claire puis
ton sinistre à voix death, rappelle les créations récentes de Dream
Theatre. D'ailleurs, la voix de Rune fraternise avec celle de James
Labrie.
Sans entrer dans les méandres du virtuose John Petrucci, le solo de
guitare, flamboyant, fait preuve d'une valeureuse maîtrise dans sa
dextérité.
Paru en 2019, ce titre reste une bonne introduction à la musique du groupe. Pas mal, non?
La plaque demeure étonnamment compacte (normal c'est un compact disc en
fait!), dans le ton prog metal et la durée des feuilles s'établissant
entre 5 et 6 minutes.
On touche au principe de l'omelette norvégienne, glacée à l'intérieur,
chaude à l'extérieur et cette combinaison fonctionne sans fondre.
On a parfois droit à des attaques de guitares dures et d'autres fois à
un power métal plus moelleux et entre les 2, des recherches progressives
pleines d'amertume.
Quand bien même, les ingrédients soient connus, la recette se délecte avec grand plaisir.