Flashback.
Considérations en période de (post)-confinement... par NoPo!
ALICE COOPER Black Juju extrait de Love It To Death 1971
Cette vieille gargouille d'Alice aurait pu finir sa vie tristement comme Rory Gallagher.
Au lieu de cela, tel un héros survivant, il s'en sort et depuis les
années 2000, porte bien son âge, cramoisi mais aux couleurs d'un
Bordeaux millésimé.
Au début des
années 70, il invente le rock and gore dans lequel beaucoup de métalleux
puisent leur inspiration maquillée. De 71 à 75, la saison 2 d'Alice ,
forge sa légende.
Des histoires hallucinantes jouées dans une
théâtralité exacerbée captent l'auditeur autant envoûté par la mise en
scène que par les mélodies. Les créations de l'époque s'ancrent dans le
répertoire live du groupe que ce soit les tubes radiophoniques
'Eighteen' 'Under my wheels' et 'School's Out' ou les tueries grand
guignol 'Dead Babies', 'I Love the Dead', 'The Black Widows'.
Alice s'entoure de musiciens haut de gamme et d'un grand producteur en la personne de Bob Ezrin.
Lorsqu'il déclare son amour jusqu'à la mort, l'artiste existe encore à peine, avec ou sans maquillage.
En fin de 1ère face, le Juju noir démarre par une rythmique tribale.
Une ritournelle maligne au clavier s'élève et provoque une atmosphère de
film d'épouvante. Guitare, basse, batterie s'invitent à cette messe
noire. Puis Alice, d'entrée, éructe 'Body', son corps ne lui appartient
plus (il s'interrogera 'Is it my body' plus tard sur le 1er morceau
de la seconde face). Ce psaume supplie le malin. On croit alors deviner
le clavier des Doors, enveloppé par la basse pendant que la batterie,
discrète, se contente de solidarité. Ce rythme groovy alterne avec le
retour du clavier inquiétant et les hurlements résonnent au plus profond
du corps qui a besoin de repos.
La voix d'Alice, légèrement irritée, sidère, à la fois sexy et possédée.
Au milieu du morceau, l'ambiance glauque gonfle dans un climat
hypnotique. On verrait bien des prêtres vaudous, sans regard, avancer
dans la pénombre. Les baguettes, comme des claquements d'os, et une
basse convulsive font monter la pression d'un cran. Puis une prière
suspend le temps avant que le pouls s'accélère au son d'une guitare
plaintive accompagnée d'un clavier monotone et toujours ce tempo tribal.
Un cri dans la nuit 'Wake up' 'Wake up' 'Wake up' et retour à la case
départ, la procession reprend mais plus folle jusqu'au passage à nouveau
très doorsien où la respiration devient haletante. Au bout de souffle,
le sacrifice : 'Black Juju'! Le sol vibre sous les pieds et tout
s'emporte.
Quand la musique s'arrête, c'est la fin, mon seul ami, la fin.