mercredi 14 septembre 2011

Johnny Dowd au Café Video, Gent, le 13 septembre 2011

La dernière fois que tu croisas le Texan ça devait être à l'Ancienne Belgique en 2006, il tournait avec Jim White.
En septembre 2011, il annonce une mini-tournée européenne, essentiellement aux Pays-Bas, mais avec deux dates chez nous, le Trix, Antwerpen et le Café Video à Gand.

Cap sur Gand, le concert est annoncé à 21h30', il sera 21h50 lorsque sur scène apparaîtra
Johnny Dowd & band!

63 piges, le cheveu blanc, le dos arrondi, maigre comme un clou asthmatique, et, à portée de main, un Bourbon bien tassé.
Pour l'accompagner durant cette tournée, trois gars et une chanteuse que le plaisantin présente comme étant: Maria, El Ricardo, Miguel et Marco.
En fait: Truus de Groot, une Néerlandaise au passé punk ( Nasmak, Plus Instruments...), partie goûter les oranges de Californie- Richard Nobels ( Beukorkest) à la guitare- Marc Koppen, un drummer qui décoiffe ( Beukorkest, Stuurbaard Bakkebaard) et Michael Stark, le keyboard player attitré de Johnny, un génie ayant travaillé e.a. avec Tzar, Mary Lorson, Emily Arin ou Jennie Lowe Stearns.

Cette fine équipe va nous expédier un set rock'n roll, vicelard, retors, parfois chaotique mais sûrement bandant, de près de 100'.
A Gand personne ne s'est plaint et c'est en souriant niaisement que vers 23h40' tu récupères ta tire pour regagner la capitale: a fucking amazing gig!

Une setlist composée essentiellement de prénoms féminins.
Pour la circonstance? Tu ne retrouves quasi aucun morceau annoncé dans son imposante discographie...
Va-t-en savoir, le gars dit avoir un nouvel album prêt à sortir, les morceaux joués ce soir en font peut-être partie, lui et sa vocaliste disposent en tout cas de feuillets de lyrics qu'ils tiennent sous les yeux.
Il annonce 'Candy' comme premier titre, c'est Truus/Maria qui s'y colle: un chant récitatif sur fond musical atmosphérique, bourré d'effets, le jeu de batterie étant amplifié par d'imposants drum machine beats, un climat Nico prenant soudain des intonations Marilyn .
Truus questionne..is it me you're kissing or a memory of a girl... la guitare de Johnny se fait langoureuse mais le background est sombre, gothique.
Virage rock à la Captain Beefheart pour la suivante, Johnny au chant lugubre... Emily, do you remember..., musicalement très proche d'un Pere Ubu brut et agressif.
A jazz tune, kids: 'Rita' .
Where Frank Zappa meets Booker T, et guitares saturées a gogo, du rock incandescent qui éclabousse tout, qui te chatouille les nerfs et les entrailles.
Souvenirs de jeunesse, j'étais un gamin, il y avait trois choses auxquelles je m'intéressais: cars, girls & carwax... s'en suit une sinistre histoire d'accident de voiture, il était beurré à mort, sa petite amie a failli perdre la vie,...The car rolled over three times at least Landed on its roof like a wounded beast The medics brought out the jaws of life It took them three hours to free me and my wife...il lui fait une promesse ' No woman's flesh but hers' ( sur l'album 'Pictures from life's other side').
Un morceau obsédant, aux cris de guitares furieux, aux bruitages obscurs, au méchant final hard with screaming metal riffs te déchirant le cerveau.
Johnny Dowd, un mec dangereusement habité!
Next one is featuring Maria, prénom qu'il tire en longueur lui donnant des couleurs West Side Story, Jee Lee Lewis wrote it, faut-il le croire?
Non, ce duo vocal, cha cha cha sucré sur fond de Farfisa fête foraine a pour titre ' Hello Happiness' et se trouve sur l'album de 2010, 'Wake up the snakes'.
Dring..dring... le grisonnant mime une conversation téléphonique avec une ' Betty'...you remember me, I'm Jonnny, Johnny Dowd , D O W D , tu te rappelles la high school, la bagnole de mon grand-père, ce qu'on fit sur le siège arrière et la veste de cuir que je t'avais laissée, hey Betty don't hang up... sur fond rock halluciné.
Johnny c'est Nick Cave, Tom Waits, Johnny Cash, Groucho Marx , Dr Strangelove en une seule pièce.
Hommage à la plus grande: Billie Holiday. Maria/Truus, 'Strange Fruit', un clavier groovy enchaîne, Johnny aux vocals...Billie's on a holiday, all she had she gave...
Superbe et juteux.
Next one is a kind of country singalong... tu parles, un lament pour ivrognes dans lequel il fait référence à Frank Sinatra et implore le seigneur...Lord, what would I do for a bottle of wine...: ' Drunk' sur 'Cruel Words'.
Charles Bukowski mis en musique.
' Cherie' un slow auto-tamponneuse gluant avec un bridge Fleetwood Mac grande époque, celle de Peter Green, suivi d'un sillon d'orgue Ray Manzarek.
Encore un titre sulfureux!
Il est en verve et en veine de confidences, Miguel, joue nous la préférée de mon vieux: 'Strangers in the Night', 45 secondes plus tard: merde, ça c'était ma préférée, la sienne, c'était 'The sound of music', Michael s'y attelle, aidé par Truus.
Dérangé, le gars?
Pas sûr, il ramasse sa gratte et le quintette part en jam ( la jam en E) , un bluesrock sentant l'acide, les Doors et le Cream, en plein milieu de l'impro, le mec refile sa guitare à un gamin et lui signifie de jouer pendant qu'il se commande un alcool au comptoir.
Sais pas jouer, pleurniche Dries.
Dirk, la trentaine assurée, lui pique l'instrument et accompagne le band comme un chef, ça chauffe un max!
Un grand moment!
Le gars de Fort Worth a éclusé sa limonade, récupère le jouet et vient achever le boeuf.
J'ai encore une petite soif, Marco & Miguel, les twin sisters, vont vous envoyer un petit jazz qu'ils viennent de composer. Une nouvelle jam aux senteurs Green Onions/Rhoda Scott/ Buddy Miles.
Je m'amuse ici, mais la fatigue pointe, allons-y pour 'Donna' de Ritchie Valens.
Toute ma jeunesse!
La Donna de Dowd est moins rose que celle de Liberty Valance, elle est même carrément sanglante.
La dernière, faut bouger la camionnette avant onze heures: une lovestory pour quinquas!
You’re lying on the couch half asleep
I’m in the kitchen fixing something to eat
Twenty-five years we’ve been wed
Now we’re sleeping in separate beds..
'Separate beds' un trois-temps saccadé!
Allez vite 'Pinocchio' ( ?) un gimmick kermesse qui vire autobiographie et philosophie existentialiste.
Il est loin, Johnny, il a vécu et croisé pas mal de monde: le Christ, Nietzsche, Barry Manilow... ça l'a rendu dépressif!
On comprend!
Un génie de la vieille école, ce gars qui ne parle plus de terminer le gig, il en veut encore... dédicacé à Nancy Sinatra: ' Nancy', un sale rock qu'il achève à genoux, pendant que Maria susurre...this is the end... à la façon d'un Jim Morrison!