dimanche 25 septembre 2011

Tangram à La Samaritaine, Bruxelles, le 24 septembre 2011

La Samaritaine?
Le Pont-Neuf, la Seine?
La Senne, les Marolles, rue de la Samaritaine, le 17ème siècle, des voûtes, une Huguette, comédienne tombée sous le charme de ces vieilles pierres, une idée folle: l'ouverture d'un café- théâtre, réalisation du projet, mai 1985... en 2011, La Samaritaine est toujours un des endroits les plus cosy de Bruxelles.
Une programmation de qualité, un tarif à la portée des bourses les plus humbles et en prime un sourire radieux!

En cet agréable samedi automnal, la cave fait le plein pour la troisième visite consécutive du trio Tangram!
Clarification: Tangram, n'est pas le 七巧板 ou les sept planches de la ruse, un casse-tête sino- formosan, ni l'album de Tangerine Dream, datant de 1980.
Tangram c'est:
Marie-Sophie Talbot : pianos, vocaux et compositions.
Philippe Laloy : flûtes ( traversière, basse) et saxophones ( alto, soprano).
Frédéric Malempré : percussions en tout genre.
Le trio vient de sortir l'album 'Souffles', une plaque qui mit plus des neuf mois de gestation règlementaires avant de sortir du ventre de la génitrice. Entamée en 2008, elle se décida à quitter le visqueux placenta il y a quelques semaines à peine!

20:30' Marie-Sophie, souriante et malicieuse, salue l'assistance, puis sort un sanza ( ou likembé) de sa sacoche, elle le grattouille tout en vocalisant: 'Thérèse est un ange', donne le départ d'un tour du monde en quatre-vingts minutes.
L'Afrique noire, une flûte basse accentue l'effet savane, les percussions sont discrètes avant de voir la mélodie s'activer, un piano effarouché, une traversière sauvageonne , deux ou trois impalas se cabrent, esquissent une course gracieuse sur fond percussif nerveux, un temps d'arrêt pour humer l'air, les congas redonnant le signal d'une cavalcade échevelée.
Du world/jazz brillant et coloré.
La 'Course des garçons de café' sera effectivement enlevée et syncopée, du jazz de facture classique: un piano Keith Jarrett/Bill Evans, un sax intrépide et un impressionnant ballet de percussions, passant des cymbales, aux congas, cowbells vers des éléments métalliques aux rebondissements caoutchouteux.
Une méchante séance free et reprise du thème.
Qui a gagné?
Marie-Sophie, après disqualification de Malempré, dopé aux amphétamines!
'Därtnabru'!
Une nouvelle eau minérale?
Non, tu lis à l'envers!
Une ballade aux méandres sinueux.
La pièce de résistance: une suite ambitieuse, la ' Suite"à table"'!
'Zakouski- Tarte Tati- sept de table- gigue O' d'Agneau- neuf à la coque- l'essence du sel est invisible pour les oeufs'
Je sais, tu penses que la dame a lu Pierre Desproges!
Le voyage gastronomique débute chez les Hellènes, vire Jacques Tati, jaloux de Charlie Chaplin, qui dans sa tombe helvète écoute du Bregovic.
Place au rondo, cuisson Dave Brubeck, un détour chez Haendel et ses fifres en sarabande, le piano se fait altier, style grand piano majestueux, un peu comme quand Procol Harum séjourne au 'Grand Hotel'. La flûte tente une échappée, Talbot la ramène à l'ordre et vocalise en scat. C'est l'heure de la digestion, un double Badoit on the rocks et un sax soyeux.
Les convives se laissent aller, Monsieur Spiegelei défait son noeud de cravate, ressert un Chardonnay à Charlotte qui s'est débarrassée de ses escarpins vernis, elle sourit niaisement, l'air est doux, les enfants batifolent, Monsieur Jules, le labrador, s'est assoupi sous la table..
Le bonheur!
Merde, voilà le garçon avec la note!
Marie-Sophie diserte: imaginez la Toscane, l'été indien, fermez les yeux, voilà Emma Thompson et Kenneth Branagh, les premières images de ' Much Ado about Nothing', j'adore ce long métrage, il m'a inspiré 'Shakespeare' !
Marie Sophie Thompson récite sur fond de piano parcimonieux:
'Shall I compare thee to a summer's day? Thou art more lovely and more temperate: Rough winds do shake the darling buds of May, And summer's lease hath all too short a date: Sometime too hot the eye of heaven shines,...'
Le sonnet 18, celui qui convient le mieux pour les mariages.
Le love sonnet se métamorphose en ballade romantique magique.
Fondu enchaîné: 'Souffles' qui donne le titre au CD.
Halètements, sax Mulligan: on récupère ses bagages, cap sur São Paulo ou Rio, au choix!
Du carioca jazz coloré, dans la veine Eliane Elias/Maria Bethânia.
Nouvelle escale: 'Une semaine aux Caraïbes', un vol accidenté, putain de trous d'air!
Après ce périple, faut se reposer, tel Alexandre le bienheureux, allongé à même la terre chaude, sous une voûte aux milles étoiles : 'Etoiles' , un nocturne serein.
Une seule reprise sur le CD, 'Safari' d'Horace Silver, aux arrangements Tintin Talbot, pour terminer le set.
Une longue intro jongleries diverses aux percussions: les touristes se vêtent, préparent Canon, Pentax , crème solaire et aérosols anti-moustiques... go, Zambia, here we come...
Du jazz pirouettes et sauts d'obstacle!

Prestation acclamée et double encore!
'Le bonheur de Sophie' , un livre rose Comtesse de Ségur retrouvé dans le grenier de tante Julienne aux côtés de deux Bob Morane, collection Marabout, pas achetés sur Ebay par Nicolas Sirkis.
Sophie aime la sauce Keith Jarrett/ Dave Brubeck, et s'amuse: deux ou trois galipettes, style la panthère rose!
'Ring Ouest' ou les joies de l'embouteillage!
Une traffic jam introspective et convulsive aux confins du jazz, du folk et de la world!

Tangram, un cocktail épicé à servir bien tassé!