C'est quoi cette odeur de chanvre flottant dans les couloirs du Bota?
Une déferlante vert/jaune/rouge, dreadlocks, spliffs en route vers une Orangerie (sold-out) accueillant Danakil.
C'est pas du yaourt, c'est le chef de file de la mouvance reggae in France.
La Rotonde doit se contenter d'un public restreint pour Paramount Styles.
Paramount Styles est le fiston, né en 2007, de Scott McCloud, vocaliste/guitariste de Girls Against Boys.
Deux albums dans les casiers:' Failure American Style' et 'Heaven's Alright', plusieurs passages in Albert II land.
Sur scène, le line-up diffère selon les continents, ce soir pas de Julia Kent (cello) ni de John Schmersal (Enon, Caribou)... mais un drummer : on croit avoir reconnu Alexis Fleisig des Girls Against Boys et deux locaux, les fabuleux Simon Lenski au violoncelle (DAAU, Laïs...) et Chris Smets à la lead guitar (Star Club West).
On classe dans le même rayon que GAB, de l'indie/post-hardcore noisy et rageur?
Pas vraiment, Paramount Styles sévit dans un style différent: moody American alt.rock noir et ténébreux, lorgnant aussi bien du côté de Mark Lanegan, Sophia, Sparklehorse, Black Rebel Motorcycle que des classiques Tom Petty ou même un John Mellencamp moins rustique.
Verdict: un bon concert de 70' , bis inclus, ayant ravi l'assistance, dans laquelle on a pointé quelques musiciens du cru: Yann ex Austin Lace, ex The Album ou Caroline HaraKiri, Monokiri e.a..
'Race you till tomorrow' sonne très Lou Reed, le cello de Simon donnant une dimension classique au titre explosant en formidable crescendo sonore.
Un second titre carrément rock vient agresser ton cortex, ' Desire is not enough', dans lequel Scott, vindicatif, dénonce le matérialisme ambiant.
Frontstage, ça gigote ferme.
'Alleyesareonyounowmypet'= all eyes are on you now my pet, démarre par une acoustique folky pour virer rock tendu.
Il sera suivi d'un downtempo mélancolique dans la veine Elliott Murphy: ' Stay Alive'.
Le timbre crooner éraillé vient s'incruster dans tes cellules, tandis que ton corps tangue sur les sonorités entêtantes de l'amère ballade.
A song about lonely people avise le New-Yorkais 'The girls of Prague', faudra qu'on aille faire un tour en Bohème, ces donzelles qui... make me want to go to jail ...doivent pas être des boudins.
Guitares et violoncelle bruts, drumming orageux: titre obsédant.
A bluesy number, Brussels.
Ce ne sera pas un I woke up this morning rural et plaintif, ' I keep losing you' est du genre bluesrock vicieux, le truc qui t'emmène sur une route désolée dans un désert d'Alabama. Mais, va pas t'imaginer un gars à bicyclette....I got a long black Cadillac says I'm coming back...
Note la teinte de sa limousine.
Le chevelu Chris ne travaille pas dans la dentelle, il vint de sortir la Kalachnikov, les incendieurs de Gilly peuvent se terrer.
La lassitude du musicien on the road ' Amsterdam again' , suivie d'un instrumental Lynchéen 'One last surprise'.
'These starry nights' sombre ballade folk rock emplie de spleen nocturne. La nuit sera trouble: guitares, violoncelle et drums éclatent en orage tumultueux avant le retour au calme après l'accès de fureur des éléments.
Superbe morceau.
'Come to New York' Lou Reed vient à nouveau chatouiller tes entrailles.
Et chez le Tout Puissant comment ça va? 'Paradise Happens' , un rock semblant laidback mais qui te tenaillera toute la nuit avec ce paradise happens répété et répété.
'Come to where you are' dernier titre du dernier album, ultime titre du set.
Longue plage lente, narrative virant postrock infernal.
Sous les applaudissements nourris, le band revient pour ' The Greatest' , an anthemic tune avec toujours ce timbre grave de fumeur de Marlboro, ayant un flacon de booze à portée de main.
Une dernière décharge de rock noir et impulsif, puis générique de fin, Paramount Styles quitte l'écran.