Les Zef et Mer au Cap à Plérin , le 14 janvier 2023 - I
michel
L'objectif n' a pas changé: faire découvrir les dernières créations de la scène musicale bretonne.
Du 14 janvier au 25 février, une série de concerts ( en formule showcase de 20'), de Fest - Noz, de spectacles jeune public et une exposition de photos, sillonnent les scènes bretonnes.
Premier rendez-vous au Cap à Plérin, au programme dans le désordre: A l'Evaillée , un spectacle proposé par le groupe Horvâ, Bisiad, Le duo Pichard Vincendeau, Janick Martin trio, Madelyn Ann TILDĒ et Marion Guen, en baz valan ( le dictionnaire breton/français indique entremetteuse, ce qui peut prêter à confusion,, bouche-trou est tout aussi péjoratif, optons pour la traduction approximative d'annonceuse, transformée en stand up comedian, elle apparaît entre chaque spectacle devant le rideau fermé).
NoPo se chargeant des séances éphémères proposées par Le duo Pichard Vincendeau et Madelyn Ann, on attaque l'esquisse par la première apparition de Marion Guen, peu après 14:30'.
Elle se pointe, tout sourire, en déclarant...je me suis acheté un beau pull vert..., une mégère, qui hallucine, remarque, tu l'as mis à l'envers.
Marion est comédienne, elle joue au théâtre ( en français ou en breton), passe à la télé, double, sans mettre sa flèche de direction ( ne nous demande pas si c'est elle la voix française d' Olive Oyl, la copine de Popeye) et elle chante, une activité pour laquelle elle a été conviée par les responsables du festival.
Dans mon bonnet, pas lavé, j'ai inséré plein de bouts de papiers, ce sont des titres de chansons que je fredonne sous la douche, quand je suis bourrée, il est à peine 14:35', je n'ai pas encore bu, mais je vais vous en chanter quelques unes, tirées au sort par une main innocente.
Premier billet tiré par le directeur, ' Buvons' , ça sent le coup monté!
Elle s'y colle, a capella, Plérin sourit avant de l'entendre d'annoncer Horvâ qui doit présenter un extrait du spectacle A l'Evaillée, consacré au répertoire de Haute- Bretagne.
A l'origine du projet: Emmanuelle Bouthillier, spécialiste de la musique traditionnelle, chanteuse, violoniste, harmoniciste, bassiste, etc.. et pédagogue, membre de plusieurs formations, e a , Planchée, La Sèrcl , l' Abrasive, elle se produit en duo avec Jeanne Lemoine ou avec Mathieu Guitton.
Pour l'accompagner dans Horvâ, des gens qu'elle côtoie régulièrement :
Cyril Couchoux : banjo, violon alto, guitares et effets, chant, percussions quotidiennes
Mathieu Guitton : chant, harmonicas, guimbardes, violon, banjo, danse, percussions quotidiennes
Dylan James : contrebasse préparée, chant, percussions quotidiennes
Jeanne Lemoine : chant, accordéons, danse, percussions quotidiennes
Voilà ce que mentionne la fiche, on te signale que les instruments joués le sont pour une prestation complète, en ce début d'après-midi, l'attirail instrumental n'était pas aussi riche.
Première plongée en pays Gallo avec un chant à répondre , recueilli par l'association Dastum qui vise à la sauvegarde et à la diffusion du patrimoine oral de la Bretagne profonde.
Les cinq voix, limpides, se répondent ou s'associent pour nous proposer un texte délicieusement désuet , un chant de réveillez annonçant le printemps. ( 'Voici le mois de mai') ,
Accordéon, banjo et contrebasse chaperonnent les voix.
Dylan James à la contrebasse lance un second cantique à l'exercice vocal périlleux, lorsque la contrebasse reçoit le concours de l'accordéon et de trois violons, la marche part en gigue fébrile te donnant envie de battre la mesure du pied.
Le quintet embraye sur une version du gwerz ' Par un dimanche au soir ' , suivi par une suite de Loudéac, au tempo enlevé, un morceau qui doit faire un tabac lors des Fest- Noz.
Chant à répondre, accordéon, , contrebasse et violons s'ébattent à l'unisson, tandis que le roi s'amuse à chasser le loup. (c'était avant, à une époque où le peuple dansait la gavotte "dañs ar bleiz" pour éloigner le loup).
Une dernière tirade, toujours aussi imagée et dominée par un violon voltigeur, met fin à une prestation estimée à sa juste valeur.
Marion et son chapka en piste.
Puise, Eugénie, oh, bien, ' L'orage' de Brassens.
Je feuillette mon calepin, bourré de textes écrits à la plume d'oie, trempée dans une encre made in Breizh et je vous chante ce texte vaguement grivois.
Donc, Benjamin Franklin incite à l'adultère!
Puis vient Jacques Brel, ' Il nous faut regarder' avant une adaptation française de ' Suzanne' de Leonard Cohen, pendant laquelle un peloton de retardataires défile devant l'interprète sans parvenir à la décontenancer.
Au suivant: Janick Martin trio
C'est en 2010, lors d'un concert organisé à Bruxelles par Muziek Publique que tu fais la connaissance de l'accordéoniste virtuose, Janick Martin, il se produisait en duo avec Erwan Hamon, un de ses nombreux projets.
Tamm-Kreiz en recense plus de dix.
En ce samedi pluvieux, il est accompagné par le guitariste Julien ( Jack) Tual, vu au sein du combo Comète ( jazz progressif) lors du Festival Jazz ô Château, en 2021.
Le troisième larron se nomme Simon Latouche, il joue du trombone, un instrument peu courant dans le milieu des musiques traditionnelles.
Simon s'entend aussi au sein du Nâtah Big Band ou de Modkozmik .
Pour son nouveau spectacle, Janick s'est inspiré du roman ' Entrez dans la danse' de Jean Teulé.
L'auteur y décrit des événements étranges s'étant déroulés à Strasbourg au 16è siècle, une étrange épidémie jette dans la rue deux mille personnes qui se mettent à danser jusqu'à l'épuisement et à la mort.
Ouverture avec la longue plage mélancolique ' Seizh re botoù' ( les sept paires de souliers), un morne trombone introduit la complainte, l'accordéon lui emboîte le pas et c'est parti pour une épopée où le folklorique rejoint le jazz aventureux.
Nous sommes à mille lieues du kan ha diskan, du laridé , de la dérobée ou de l'an-dro,... transe et improvisations sont les maîtres mots. Le rendu tient toutes ses promesses et enflamme l'assistance.
Le trio poursuit son trip avec ' La morsure du papillon', une tarentelle des Pouilles, destinée à guérir les dépressifs, devenue note bleue dans l'esprit des comparses.
Chaque intervenant a l'occasion de se retrouver sous le feu des projecteurs sans nuire à la cohésion de la composition, le papillon, lui, dessine de jolies arabesques colorées.
20', c'est bref, il leur reste une flèche, 'Epidemic dance' , une danse fiévreuse pendant laquelle accordéon et trombone donnent le ton avant une envolée John Scofield à la guitare.
Du grand art!
Pause!