samedi 28 janvier 2023

Levitation Free et Radio Bandit à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 27 janvier 2023

 Levitation Free  et Radio Bandit  à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 27 janvier 2023

 

michel

C'était en septembre,  Saint-Brieuc : la RN12 rouvre enfin à la circulation sur le Viaduc du Gouët..

Janvier 2023, l'association briochine Volume collabore avec Bonjour Minuit pour un second volet du RN12 Tour. Après Rennes, Saint-Brieuc accueille  Levitation Free  et Radio Bandit, deux formations locales ayant le vent en poupe.

Avant, après et entre  les prestations des groupes, le public a droit à un  DJ set mixé par Volume. Les amateurs d'exotica, de chill out lounge music, de Fila Brazilia , des French Swinging Mademoiselles , d'easy listening, de chill jazz vibes et autres cocktails roses et kitsch ont apprécié.

21:15', l'auto-radio est branché sur Radio Bandit, t'en avais ta claque de Radio Bonheur, de l'accordéon, d' André Verchuren, de Christian Delagrange et de Breen Leboeuf.

Radio Bandit est désormais  la nouvelle  identité d' Agav, Les Filles & Christopher, un demi-octet mixte, que tu avais croisé sur la scène B d'Art Rock en juin dernier.

Ils y présentaient  leur projet ' Un voyou dans la ville', qui, déjà, avait séduit le public.

Début 2023, la série est toujours aussi irrésistible, les acteurs n'ont guère changé, même si, à première vue, Julie semble attendre un heureux événement, à ses côtés Cindy complète la cellule féminine qui se contente de chanter ( fort bien), de sourire et de se dandiner gracieusement.

 Mathieu Revault ( alias Agav) chante, tripote un mini synthé et plaque quelques accords de guitare, à sa gauche, l'homme à tout faire, Robin Chevallier ( alias Christopher), chante, manie guitare, basse, ,claviers et synthé.

Des nouvelles de l'EP: il n'est toujours pas disponible, too bad!

Une musique de fond annonce l'arrivée en piste des héros: le mauvais garçon, l'inspecteur et les pépées ( désolé, les filles, c'est la faute à Eddie Constantine , 'Cigarettes, whisky et p’tites pépées')..

Le scénario prévoit un démarrage acidulé, Cindy et Julie fredonnent une rengaine gomme nounours arôme fraise, 8% fruits, 99% de  colorants végétaux, les garçons embrayent en ajoutant une couche de synthé .. on joue au chat et à la souris....

Serge dépose son cigare sur la soucoupe et ajoute ... Ce mortel ennui qui me tient et me suit pas à pas..., heureusement il y a la radio qui balance le single, imparable, ' Voyou'.

Bienvenue dans le monde de la nuit, un bar louche, l'alcool, les filles faciles et des relents ... Cinq heures du mat' j'ai des frissons. Je claque des dents et je monte le son... 

Et puis ça se dégrade, une sirène, l'inspecteur, non, pas La Bavure,  est sur la trace  du malfaiteur/frimeur, qui du coup se tape un shoot d'adrénaline, dépeint par un petit solo de guitare, le synthé se fait élastique, faut se calmer, une clope, vite!

L'inspecteur dispose d'un code 31 10, il se débarrasse de sa gabardine, pas la même que celle de Columbo, un flingue, enfoui dans son étui,  est  désormais visible dans le dos, la bande son vire thriller rétro  synthétique, le voyou est en cavale après s'être rendu coupable d'un hold up minable.

La séquence suivante voit les filles en avant-plan, Julie  serine une romance désabusée, le voyou philosophe, un voyou finit toujours seul.

Là t'hésites pour le rôle principal,  Belmondo Le Doulos ou Alain Delon  en Gino Strabliggi?

La fille, allumeuse, tu viens, on va boire un verre... la machine envoie des beats qui pulsent  ... tu m'aimes, mais moi, mon image me répugne... un dialogue de sourd, gros plan sur la fille, puis sur le braqueur.

Enchaînement sur ' Ice Cream' qui fond sous la langue. Après la pause crème glacée, le voyou reprend sa cavale, il tourne en rond, la radio passe Stevie Wonder, superstition ( in French in ze texte).

Ce groupe a tout compris, du coup  ton cerveau décide de tracer un parallèle avec le séducteur Frankie Valli, le leader  des Four Seasons, et tu te mets à fredonner ' My eyes adored you'.

Les flics communiquent par message codé, les hélicos sont de sortie, le voyou est sur les dents, c'est parti pour la fameuse scène course-poursuite  de Bullitt .

Les pneus de la Ford Mustang Fastback crissent, le soundtrack vire rondo fou, ça canarde méchant sur fond funk, un petit coup de wah wah, voilà, un voyou de moins dans la ville. 

Les anges pleurent, le Beretta 92 a fait son oeuvre .

Du bon boulot Christopher ( flûte, Marlowe c'était Philip, pas de bol) .

Tu ne verras pas la série sur France 3, car le scénario n'a pas prévu de médecin légiste,  on a aimé malgré tout.

Place à l'épilogue décoré d'un gimmick  canon au synthé. Avant de disperser les cendres du héros, la clique nous propose un titre hors film, 'Chaleur épique sous les tropiques' repris en choeur par toute une salle qui aspire aux beaux jours,  au sable chaud et aux flots bleus.

 

Entracte interminable, près d'une heure, avant l'apparition des adeptes du vol yogique, de la méditation transcendantale si tu préfères: Levitation Free.

Non celui qui lévite ne se prénomme pas Bernard-Henri, mais bien Sébastien.

Sébastien Jamet d'Yffiniac, un amateur de surf, crée Levitation Free en 2014, avant cela, certains l'ont connu Black Beaver ou Drop Out.  

 Il s'entoure de musiciens et  grave deux EP's, 'The world is in your hands' en 2018 et tout récemment ,'When Your Sun Goes Down'.

 Fleur Offwood ( synthé, backings) , Jean Baptiste Iliano ( basse) , Antoine Robinault ( batterie) accompagnent celui qui chante et joue de la guitare.

 Ça c'est pour les enregistrements, ce soir il est soutenu par une équipe différente: le fabuleux Thomas Kerbrat à la batterie ( Pandapendu, No Pain No Pain, Tiger and the Homertons et quelques autres formations) / la très efficace Marie Herbault ( SBRBS, (Thisis) Redeye ) à la basse et seconde voix et un claviériste ( deux machines) non reconnu, mais pas incapable, qui affichait un sérieux  air de ressemblance avec le Christopher de la formation qui avait ouvert le bal.

Tiré du premier EP, la plage donnant son nom au groupe,' Levitation Free' , est amorcée par une intro propre et onirique. Comme Tintin, il y a bien longtemps, tu déjoues la gravité pour voltiger en apesanteur,

Sébastien dispose d'un timbre aérien, aussi doux qu'une voix féminine ( sauf celle de Jeanne Moreau) tout en gardant des accents masculins indiscutables.

Les sonorités indie/dream pop, saupoudrée de quelques essences psychédéliques te renvoient aussi bien vers les Australiens ( vive les grands espaces) de Tame Impala,  que vers Coldplay ( qu'il est de bon ton de discréditer) mais aussi  vers Syd Barrett ( ce doit être les visuels , cf les fameux liquid light shows, projetés en background) .

Les mêmes sensations reviennent avec ' When the sun goes down' le titre phare du dernier EP. Le soleil se couche sur l'océan,  de gracieux oiseaux marins frôlent la mer étale, à l'horizon,  un voilier glisse paisiblement  vers un port invisible,  tout est silencieux, et pourtant malgré ce film en slow motion, la guitare est bien là, la basse ronronne comme un chat allongé près de l'âtre, Thomas tambourine consciencieusement, les synthés drapent l' aimable mélodie  d'un petit lainage qui doit t'éviter de prendre froid et Marie fredonne les choeurs sans s'énerver.

Sérénité, tu dis, et pourtant lors d'un mouvement plus appuyé, Sébastien voit son bonnet quitter son crâne pour atterrir à ses pieds.

Pas de quoi le désarçonner!

Avec ' Little Lola' on a droit à une chanson d'amour scintillante.

Pardon, non, ce n'est pas la même Lola que celle chantée par les Kinks, donc pas le style... she squeezed me tight and she nearly broke my spine...

M'est avis que la petite Lola doit être plus douce.

Marie dépose sa basse contre le mur pour prendre place aux côtés du claviériste, à chacun son synthé/orgue, c'est parti pour un voyage, cap sur  'Alessandrie', un titre chanté en français.

Non, s v p, arrête, il n'y a pas d'Alexandra, si tu tiens à établir un rapprochement, on te propose Morgane Imbeaud, ex- Cocoon.

C'est léger, vaporeux et inspirant si tu recherches  l'escapism. 

'The One' est amorcé de manière majestueuse, quelques frappes sur un drumpad annoncent le vrai départ, la plage prend de l'ampleur pour  nous  emporter, pendant le bridge instrumental,  dans un univers immatériel propice aux vagabondages oniriques.

Une basse saturée et les drums attaquent, en force, ' Apocalypse Mind', un titre nettement plus heurté, le synthé tournoie, la guitare déchire les airs, on n'est pas loin de la poésie rock  héroïque, une des caractéristiques du son Muse.

Fondu enchaîné sur ' The world is in your hands', tout aussi épique.

Le frontman se tape un petit bain de foule, les premiers rangs savourent.

Avec ' Can't be losing you' , on revient au schéma dream pop soignée et sensible.

Une voix s'élève, ' Marie je t'aime', c'était pas Joseph, il n'était pas charpentier, la bassiste sourit, avant d'amorcer le dernier titre de la soirée, ' Paranoia' , un rondo fou ayant engendré l'enthousiasme général dans le club.

Il est près de minuit, le  Docteur Schweitzer, les paranos et les enfants sages, tous heureux , quittent Bonjour Minuit avec le sentiment d'avoir assisté à un concert peu banal.