lundi 30 janvier 2023

EP - Clémentine Dubost "Port Henry Station"

 EP - Clémentine Dubost "Port Henry Station" 

Inouïe Distribution

NoPo

CLEMENTINE DUBOST Port Henry station EP 2022

La fille de Bellerive possède un CV long comme le bras (ptet même la jambe!).
Je ne connais pas ses mensurations, ni son âge (une petite trentaine sans doute) mais 'aux âmes bien nées...' vous savez la suite (sinon Corneille ne va pas y croaare!).
Mère violoniste, père guitariste, elle débute par l'étude du piano et du violon au conservatoire de Vichy, avale la pastille, file à Lyon puis à la Haute école de musique de Genève où elle prend des cours de pose de voix et de direction de choeur.
Dès 2010, elle se lance dans la composition de morceaux folk.
Elle commence aussi à participer à des concerts de musique classique en tant que pianiste et violoniste.
ça ne l'empêche pas de faire du jazz en duo (the Funny Valentines avec la pianiste Aude-Liesse Michel) tout en continuant le folk.
En 2017, on la nomme directrice musicale  à l université d'été du Middlebury College dans le Vermont (USA).
Même si elle vient de l'Allier, Clémentine n'est pas folle et on peut dire qu'en musique elle en connait un rayon (comme Bernard Hinault sur son vélo!).

Elle publie 'Bridges and Rivers' en 2018. Pourtant pas 'over troubled water', ce premier EP possède une forte influence américaine (Simon & Garfunkel, Baez, Cohen...).

Pour son nouveau disque, elle collabore avec un autre habitant de la région lyonnaise, Glenn Arzel, spécialiste du bluegrass et issu d'une famille de musiciens (Tonton Gildas, notamment, possède un sacré pédigrée et des affinités d'écriture avec Goldman, Johnny et pas seulement).
Avec un nom comme ça 'Arzel', évidemment, Glenn a quelques liens avec la Bretagne et il me fait, un peu, penser à Dorian Sorriaux, guitariste folk (ex. Blues Pills).
Je m'égare mais la retrouve à Port Henry Station, une gare, dans l'Etat de New-York et arrêt pour l'EP rond de Clémentine.

Collant au style musical, l'artwork joue la sobriété.
Une photo présente Clémentine, cheveux longs, défaits et noirs se confondant avec ses vêtements, devant un mur jaunâtre à rivets métalliques.
Les présentations se terminent par l'écriture fine et blanche du titre et du nom de l'artiste.


L'appel vient du lointain, par l'e-bow sur les cordes puis, le chant de Clémentine entonne 'The sirens call' en écho.
Le banjo cabosse gentiment la mélodie fluide (me faisant penser à Al Stewart). Les balais (pourtant pas Bissel) épicent la rythmique western.
La voix, parfois retenue, semble ensuite lâchée dans un souffle.
D'entrée, c'est l'Amérique! Un banjo, une guitare folk Taylor et une contrebasse dessinent un paysage plutôt rural et verdoyant dans de grands espaces.

Des arpèges à la mandoline trottent à l'entame de 'Walking in the Adirondacks'. On perçoit, à peine, une corde de contrebasse mais lorsque qu'un zeste de violon intervient, un ange passe.
Les monts Adirondacks, pas si loin de l'excitation de New-York, nous happent pour une promenade bucolique.
'Instants de paix, de liberté et d'aventure' précise Clémentine.

'I will go with my feet' débute dans un arpège ciselé et parfois deux guitares se tournent autour et combinent merveilleusement à l'image de deux abeilles butineuses.
Clémentine maitrise sa voix, pas si fragile, et module ses effets. Quelle légèreté, dans l'esprit d'Alela Diane!

Le nouvel arpège de 'Ashes and wood', aux changements d'accord, faisant gémir les cordes, dévoile une voix à l'âme aimable.
Son frémissement produit des 'ououhouhouhouhouh' profondément touchants. Le violon tire une larme fatale... et l'arbre retourne aux cendres.

Les accords à la folk s'alanguissent sur les touches du piano doucement soulignées aux balais rythmiques, on vient de s'installer au saloon.
Faut pas se presser, on a le temps de profiter et prendre un 'Single malt' tranquillement.
Le son de Dobro vient, plus tard, jouer discrètement les pleureuses. La voix aussi étire son phrasé dans des sonorités onctueuses.
Les arrangements délicats contribuent à cet effet(licité).

Aux portes du lac Champlain et loin de l'effervescence de New-York, 'Port Henry station' accueille la douceur de Clémentine et les arabesques de guitare.
L'ambiance incite au rêve et à la béatitude, incarnés par un chant souple aux accents légèrement aristocratiques.
 

Si vous cherchez du lourd, changer de piste! Celle-là trace un sillon sous les étoiles et la voie lactée.
Se laisser aller et contempler le ciel, reste probablement la meilleure attitude pour apprécier ce disque sensible.




Titres
1- The sirens call
2- Walking in the Adirondacks
3- I will go with my feet
4- Ashes and wood
5- Single malt
6- Port Henry station

Clémentine Dubost chant, guitare
Glenn Arzel banjo, mandoline, arrangements
Rémi Videira Contrebasse,
Loïc Bernard guitare