mercredi 18 janvier 2023

Hummingbird au Chaland Qui Passe à Binic, le 15 janvier 2023

Hummingbird au Chaland Qui Passe à Binic, le 15 janvier 2023

 

michel

Binic par un dimanche hivernal,  le Chaland qui Passe annonce Hummingbird.

Tu ne t'attendais pas à voir un colibri, sur le port ce sont quelques mouettes, deux goélands et un cormoran qui fendent les cieux gris , car si Google t'apprend que le colibri quitte  l'aire de nidification en Amérique du Nord à la recherche d'un climat plus clément, ce n'est pas dans les Côtes- d'Armor qu'il vient passer l'hiver.

D'où vient donc ce Hummingbird?

Sylvain Arnaux, originaire de Nîmes , où l'on recense plusieurs espèces d'individus à plumes,  mais peu d'oiseaux-mouches, a construit son nid à Rennes où il officie désormais au sein de Reptiles, en compagnie de Baptiste Homo ( un album sorti chez Beast Records).

Le garçon, avant cela, s'ébattait dans différentes formations:  La Mouise, Clan Edison ou Hummingbird, un projet qu'il a sorti de la grotte pour se produire, en solitaire, il est vrai,  à Binic.

La discographie de Hummingbird se chiffre à trois albums, tous publiés chez Beast.

Le chaland est rapidement bondé, Sylvain, dans un coin, soundchecke, à ses pieds tout l'attirail du solitaire qui ne fait pas de folk: loop station, sampler, sequencer, setlist avec annotations diverses pour retrouver les morceaux sur le launchpad, une guitare et un mini-clavier, qui ne sera pas utilisé, complètent son équipement.

Derrière le comptoir, Arnaud régit le mixage.

La machine diffuse un fond sonore post punk nous rappelant la grande époque des Psychedelic Furs ou de The Sound, d'une voix éraillé, l'oiseau à l'aspect du visage évoquant (la mèche rebelle),  vaguement, Jacques Dutronc, sans le cigare, entame ' White Light' , un extrait de l'album 'Evil Glance'.

Si la lumière est blanche, l'atmosphère est sombre et exhibe une facette goth destinée à glacer un sang,  déjà pas très en forme.

Evidemment le colibri, étant endotherme poïkilotherme, ne souffre pas des différences de températures caractéristiques du climat breton.

Nouvelle intro aussi joyeuse qu'un cortège funèbre et voix toujours hantée pour le downtempo touffu  ' Miracle'.

Si  Bernadette Soubirous a vu 18 fois la Vierge Marie, il semble que le miracle auquel a assisté le ténébreux gars de Nîmes ne soit pas du même ordre.

Un voisin cite Arno, c'est pas con, surtout si on pense à la période TC Matic, pour rester dans le plat pays, on mentionnera aussi Flesh & Fell et pour la France, pourquoi pas Jad Wio?

Un pied s'aplatit sur une des pédales, ' Forgive me' est lancé, la voix cassée, proche de celle d'une Marianne Faithfull vieillissante  pleurniche  et  implore.

 Qu' a-t-il à se faire pardonner?

Petit blanc lui permettant de fouiller dans ses feuilles avant de lancer ' Criminal, chanté d'une voix tremblotante, sur fond sépulcral, gavé de stridences

Pour qui sonne le glas qui tonne en arrière-plan?

Si ' Dead in me'  ( ce qu'indique le papier qu'on n'a pas vraiment tendance à croire, certains morceaux n'ont pas été joués) ) débute par de gentils riffs de guitare, très vite il faut déchanter, ...I want to kill you... je veux t'oublier, tu m'obsèdes mais  on ne vieillira pas ensemble 

La suivante ( Black Color)  se montre plus dense, agressive , mais aussi  dansante.

Une grandiose tranche de  post punk tonitruant et asphyxiant .

Binic, ready for a funky one?

'Under your spell'  remue salement, mais comment échapper à l'emprise de cette personne, .... t'as beau clamer, go, go away... elle continue à te hanter.

Le rythme s'accélère, il avait annoncé un titre funky, t'as pas entendu du Prince ou du James Brown, à la rigueur du white funk écorché à la  James Chance & The Contortions, mais bien de la dark wave psychotique, martiale, véhémente et sauvage.

A coups de cravache, il mène sa monture vers le finish, la pauvre bête crache le sang en maudissant le jockey barbare.

Une reprise, kids: l'intro ressemble à ' Je t'aime, moi non plus', mais quand il se met à fredonner ...Cheree, Cheree, Oh, baby, Oh, baby, I love you... d'emblée tu reconnais la patte d'Alan Vega ( l'inventeur du protopunk) chez Suicide.

Pour bien montrer que l'heure n'est pas à la franche rigolade, Sylvain décide de nous rappeler que nous sommes tous amenés à descendre au cercueil un jour, il faudra faire appel au ' Gravedigger' pour percer le trou.

Cette dernière plage tourbillonnante, mixant funk  torturé, fuzz et  implants électroniques lourds et psychotiques, clôture un set dense et sans concession, un thriller sentant le soufre, ayant tenu le public en haleine jusqu'au générique de fin.