EP- A Dream About Death - Circa Survive
NOPO
CIRCA SURVIVE A dream about death 2022
Rise Records
J'ai découvert l'existence des américains en 2012 avec l'album 'Violent Waves' qui m'a ébloui par ses guitares éclatantes (et son parfum à la
Dredg).
Anthony Green (le chanteur), les cite volontiers ainsi que Deftones, Björk et Nirvana (influence moins évidente).
Formé en 2004 à Philadelphie, le groupe a publié 6 LPs :
Juturna (2005)
On Letting Go (2007)
Blue Sky Noise (2010)
Violent Waves (2012)
Descensus (2014)
The Amulet (2017)
puis 2 EPs récemment, coup sur coup, 'A dream about love' en 2021 puis son jumeau 'A dream about death' cette année.
D'après Anthony, le bipolaire, une rupture musicale présentant 2 facettes de sa personnalité.
Après une overdose à l'héroïne (quasi mortelle) et déstabilisé par la
pandémie, le chanteur parle de survie grâce à Circa et leur solide
amitié.
Anthony Green - lead vocals
Colin Frangicetto - rhythm guitar, backing vocals
Brendan Ekstrom - lead guitar
Nick Beard - bass, backing vocals
Steve Clifford - drums, percussion
Peu importe les guitares incisives abandonnées, l'évolution électronique
ne prétexte pas un arrangement pour des compositions plus faciles.
Au contraire, les musiciens s'éloignent de leur zone de confort, en
privilégiant des rythmes programmés et en limitant l'habituel impact
fort des grattes qui sonnent ici comme des claviers.
Colin Frangicetto avoue avoir été entrainé, dans ce sens, par 'Jupiter'
de Cave In et les sorties récentes de Codeseven et parfois, joué son
instrument comme une basse pendant que Nick Beard accordait les
claviers.
Pourquoi 2 EPs à facettes (aussi éblouissantes que les boules) plutôt
que 2 faces sur un LP?
Pour donner une chance aux chansons!
"Honestly I feel like I wanted the songs to have more of a chance of getting heard.
When you put out like ten songs on an album, there's maybe three or four
tracks that everybody gets to hear, and then some people will just
never experience the full thing"
ça se défend... même si de plus en plus d'auditeurs deviennent des zappeurs fous!
6 nouveaux morceaux (à nouveau produits par Will Yip) répondent donc aux 6 précédents.
1. Electric Moose
2. Curritiba
3. Late Nap
4. Discount On Psychic Readings
5. Die On The West Coast
6. Buzzhenge
La pochette reflète l'antécédente comme une variation.
Un mur ancien couleur ocre, recouvert de sculptures foisonnantes, en
partie taguées, entoure d'une arcade, une porte peinte avec un buste de
femme aux allures XVIIè, 2 trous abimant le portrait au niveau des yeux
et de la poitrine.
Devant ce mur d'enceinte au style gothique alambiqué, des déchets divers
flottent sur une flaque d'eau, bordée de plantes, et qui s'engouffre
sous la porte.
Esao Andrews, le peintre attitré du groupe, offre une nouvelle illustration étonnante de ses créations surréalistes.
Le contenu s'exprime de manière aussi perturbée et perturbante.
Anthony écrit les paroles sur ses peurs et ses passions, la dépendance, le suicide... (les boules sans les facettes quoi!).
'Electric moose' plonge aussitôt dans un bain électro dont le gimmick
dissonant, au synthé, forme des rides en surface. Le chant exprime une
humeur maussade sur des choeurs rêveurs.
Un son de boite à rythmes marque sa répétition. Des bulles électroniques
jaillissent de toutes parts et les guitares retenues prennent un virage
shoegaze.
Il faut regarder le clip, mettant en scène dans une danse frénétique, une relation fausse et abusive.
L'intro onirique de 'Curitiba', dominée par des vocaux aériens, se couche, en contemplation, sur un duvet piano/guitare.
Des voix éthérées s'empilent ou se répondent derrière 5 notes au piano, taquinées après par une rythmique lointaine et délicate.
Sous l'effet de la grosse caisse d'abord, puis la batterie, de plus en
plus éloquente, l'ambiance monte d'un ton, avant de fléchir dans un
reflet qui s'estompe.
Dans 'Late Nap', un rythme insistant précède un riff original et
élastique au clavier, parfois accompagné par une guitare cristalline.
De petits sons subtils parsèment la trame musicale. La voix, particulièrement intégrée, circule sereinement.
Le final gracieux laisse flotter une mélancolie agréable au goût synthétique.
Le son de basse, aux abonnés absents jusqu'à présent, prend les choses en main sur 'Discount On Psychic Reading'.
Ses grasses vibrations guident le morceau sur une cadence rectiligne
agrémentée, de temps à autre, par quelques divergences au clavier ou à
la guitare.
Un son de gratte ondule et réverbe pendant 'Die On The West Coast'. Des
accords en perles scintillantes glissent sur la mélopée chaleureuse.
Le rythme tisse une dentelle délicate et discrète. Le chant déambule
tranquillement au milieu des sillons de cette pop angélique somptueuse.
'Buzzhenge' démarre sur des bases identiques d'une grande sensibilité
avec une voix prenant parfois quelques accents plus douloureux.
Les guitares, au son travaillé, restent reines et complices des claviers. Tout se mêle dans une harmonie sublime.
On pourrait presque qualifier cette composition enveloppante de dream-pop psychédélique.
Le pari semblait audacieux mais le jeu en valait la peine. Le timbre de
voix particulier d'Anthony reste le fil conducteur de cet électro-pop
gracieux.
Circa Survive réussit son pari de l'expérimentation, tout en restant à
la fois touchant et reconnaissable. Une vraie renaissance!