Album - Blues Attack ‘Bringing Down The House’
independent release
NoPo
Blues Attack! Bringing down the house
A l'origine, sans le point d'exclamation, il s'agit d'un album de Sonny Landreth sorti en 81.
On se souvient du délirant Mars Attack! Blues Attack! Suivrait-il la même direction?
Pas tout à fait, la Turquie se situe encore sur terre...
Istanbul, leur fief, Sezen Köroğlu, Tarkan Mumkule et Batur Yurtsever,
musiciens de session, y jouent depuis 25 ans accompagnant les meilleurs
du cru. Güray Oskay et Hasan Ali Polat, des piqués de blues, les
rejoignent dans la soucoupe volante en 2017.
Un peu martien, le groupe fait ses débuts internationaux au North City
Jazz & Blues Festival à Mitrovica, au Kosovo en 2019 (une autre
planète pour moi le ptit breton).
Et une pochette kitsch une!
Dans une pièce à la tapisserie bleue désuète, une jolie jeune femme look
pincé, en robe légère tout aussi vintage, installée dans un divan de
cuir marron, se retourne, à peine effarouchée par un boulet noir qui
défonce le mur de briques derrière elle.
Miley Cyrus ne trône pas sur la 'Wrecking ball'. C'est signé 'Blues Attack!' et l'intérieur n'a rien à voir avec le design.
Ah les boulets! Ils sont au nombre de dix, rouges et tournent à 4
minutes. Je n'ai pas le nombre de tours mais ça doit monter vu la
chaleur dégagée!
1.Once and for All 04:04
2.In for the Kill 04:04
3.I Need Time 03:47
4.Long Gone 05:05
5.Bringing Down the House 03:53
6.Down a Winding Road 04:05
7.Little Isle 04:31
8.Country Joan 04:22
9.Reaper on Wheels 04:08
10.Trucker's Blues 04:14
Les instrumentistes? Au total avec les invités, ça fait une équipe de foot et eux, ce ne sont pas des boulets!
Güray Oskay vocals, guitars, harmonica
Tarkan Mumkule guitars
Sezen Köroğlu keys
Batur Yurtsever bass
Hasan Ali Polat Drums
Guest musicians
Serkan Emre Çiftçi trumpet
Özgür Şengül saxophone
Göksenin Tuncalı backing vocals
Bengisu Önal backing vocals
Pelin Özülkü backing vocals
Burak Ocakçı harmonica on Trucker's blue
Pour les influences, on pense à Snowy White, Robin Trower (celui des
années 2000), musicalement, mais aussi pour la voix douce et fluide de
Güray Oskay.
On pourrait aller, sans trop déconner, jusqu'à Joe Bonamassa, Bernard Allison, Robert Cray ...
Vérifions tout ça!
Nous sommes accueillis par une guitare wah wah déchainée. 'Once and for
All' choisit ensuite une direction soul chaude avec une basse discrète
et une frappe sautillante.
Güray chante, plein de chaleur et de conviction, au sujet d'une
déception. Les cuivres et choeurs tournent à plein régime et font,
merveilleusement, monter une mayonnaise onctueuse.
Tarkan triture sa guitare avec beaucoup de finesse et son solo, escorté à l'orgue par Sezen, reste un régal.
Next track please! Un son clair frappe d'entrée, laissant entrer une
grande bouffée d'oxygène, où le blues s'exprime librement. Un roulement
de tambour annonce le riff tueur qui ouvre les voix du bonheur.
A un wah vintage répond un wah excité comme un chien. La gratte,
loquace, frétille, l'orgue, plus discret, bouillonne, les cuivres
lustrés se réservent pour le refrain.
On connait un Tarkan fredonnant 'Kiss kiss', Mumkule lui, obsédé, embrasse, malaxe et triture sa guitare.
'In for the kill' qui parle d'une femme à charmes, séduit et nous achève au solo de trompette bouchée.
Quel groove! Les complices Batur et Hasan à la basse et batterie nous
enterrent, comme avec une masse, profond dans le sol, et nous écrasent
sans pouvoir respirer, la sueur coule.
Même enterrés, on bouge encore le pied (c'est le pied?)! Cordes et touches sentent juste un effleurement langoureux.
Les cuivres, au son noir, rutilent, friment, balancent. Un solo de sax chaud sonne (courtesy by Özgür Şengül).
'I need time' '... to get you out of my mind', la vérité si je mens, ce
funk moite s'enfonce direct dans le crâne sans besoin de vaseline et il
faut du temps pour s'en sortir.
'Long gone' agit tel un classic funk blues voluptueux. Il donne une
furieuse envie de sauter sur les rebonds de la baguette et la basse
charnue. La voix se rapproche de celle d'Andy Powell (Wishbone Ash).
Les cuivres graciles soufflent la braise sur laquelle la 6 cordes
n'hésite pas à se frotter. Sans bavardage, elle possède une réplique
foudroyante. La classe!
La gratte, très funky, tricote une maille à l'envers une maille à
l'endroit. La batterie distribue les tchic tchac et ponctue par des
claquements secs, la basse dodue se dandine.
Les cuivres, percutants, éructent et soulignent le solo humide du
clavier que les choeurs féminins texturent. Polyphoniques, ils ont un
caractère indépendant et bien trempé.
Chez les Talking Heads, on entend 'Burning down the house', ici
'Bringing Down the House', peu importe, le résultat est le même, ça
déménage grave en syncope.
'Down a Winding Road' plutôt que 'Long and winding road', un leitmotiv
qui va revenir plus loin. L'atmosphère sent l'exotisme paresseux.
La baguette reste sur ses rebonds mais le reste de l'instrumentation
s'allonge tranquillement au soleil. La guitare prend son courage à
plusieurs cordes et se fend d'un solo débridé.
Au final, les choeurs dégoulinent, il fait trop chaud!
'Little isle' se prélasse carrément sous un soleil au plus haut. La basse, imposante, borde la composition diaphane.
Les cuivres partis à la plage, l'orgue et une guitare hawaïenne essaient de donner un peu de profondeur.
'Country Joan' (of Arc ou of Arkansas?) commence par un coup de fil, ça
sent vraiment les vacances. Le morceau passe d'un groove décontracté à
un rockabilly relâché et retour.
La guitare se fait un ptit come back 50's dans un rock country sans prise de tête.
Changement de cap! La slide vicieuse empêche le camionneur de s'endormir
au volant. Tarkan conduit sur la longue et sinueuse route du 'Trucker's
Blues et creuse son sillon.
On ressent la fatigue dans le souffle de l'harmonica interrompu par des mèches allumées à la six cordes, toute en vibrations.
Toujours sur la ligne blanche,'I keep on drivin'... un travail de pros, viril et qui va se poursuivre juste après.
Weekend! Le routier change son bahut contre une bécane. 'Reaper On Wheels' répond à Easy Rider.
La distorsion du riff incite au mouvement déhanché. Dans un bruit de moteur, on voit la piste serpenter.
Un blues-rock qui dégage un bonheur sauvage!
Ce voyage varie les paysages, un blues chaud et classieux sur les 5
premières plages, puis un prélassement exotique sur les 3 suivantes pour
finir avec 2 blues-rock farouches.
L'attaque du blues demeure maitrisée, très agréable, et même addictive
par instants. Les boules! Inutile de détruire la maison! Les fondations
très solides peuvent accueillir une suite confortable.