Album- Animal Triste : Night of the Loving Dead
m/2L* [PIAS]
NoPo
ANIMAL TRISTE Night of the loving dead 2022
Un film d'horreur rempli de morts vivants me vient instantanément à
l'esprit. Animal Triste passe au gore? Gore au gorille? Ben non, change
tes lentilles, c'est loving pas living! Bah... pareil, "Living loving"
chantait Led Zep.
Les normands m'avaient bluffé avec leur premier LP lunaire en 2020 (http://www.concertmonkey.be/a
Cette fois, ils ne dansent plus dans la nuit, ils y errent, sans erreur, avec la prestance de ceux qui savent où ils vont.
L'équipe se maintient à 6 dus (des anciens de la Maison... Tellier, Darko, Radiosofa et ...Dallas):
Cédrick Kerbache: Basse
David Faisques: Guitares / Claviers
Fabien Senay: Guitares
Mathieu Pigné: Batterie
Sébastien Miel: Guitares
Yannick Marais: Chant
+
Peter Hayes (Black Rebel Motorcycle Club, une de leurs références) : Guitares / Invité
Mathieu interviewé par Amélie de la boite à musiques ( https://la-boite-a-musiques.fr
"Le mec il t’envoie un truc où il joue de la guitare d’abord sur une de
tes chansons puis sur deux et pas que de la guitare, il a rajouté des
claviers.
Et je me souviens lui écrire « je ne sais pas comment te remercier », et
il me dit « non c’est le plaisir de la musique ». C’est juste
incroyable."
Forcément, échafauder un nouvel album sur de telles bases doit motiver et donner un résultat à la hauteur.
A commencer par la pochette de Léonard Titus (Jean Charles Durand, ami
du groupe) qui a eu l'idée de planter le logo en bois, comme un sapin
(pas celui du cercueil!), dans son jardin avant de l'enflammer.
Cette flèche, présente dans les deux 'A' de Animal, indique un objectif vers le haut du ciel crépusculaire.
Et la galette me direz-vous? Flambée au trou normand, elle allume un post-punk déchirant, sensible et fier!
Simple Minds me plait toujours autant. Non, je ne me trompe pas de
disque, je sais qu'Animal Triste ne visite pas vraiment les mêmes
contrées... quoique... (écoutez 'Dolphins' des écossais sur Black and White 2005 par exemple!)
Sur 'Machine Love' (jadis travaillé par Darko), j'ai l'impression d'entendre le meilleur des esprits, le plus organique.
La voix vibrante de Yannick prend des intonations amples et exaltées à
la Jim Kerr mais je lui trouve une certaine fragilité gagnant en
profondeur.
Et pourtant les premiers mots 'Will you drive in the moonlight' font plutôt immanquablement penser aux Doors.
Le titre, monolithique, joue sur des tons sombres où synthé, basse,
batterie enfoncent le clou pour mieux libérer les déflagrations de
cymbales sur une fontaine de guitares réverbérantes, au plus fort des
derniers instants magnifiques.
'I'm addicted to the night' si c'est pas triste ça... et pourtant! Et
pourtant la beauté écrase la tristesse transformée en aspiration
'attracted to the bright lights'.
Sur le clip (Stéphane Maunier), le logo brûle telle la croix du Klu Klux Klan qui finit par se dédoubler en s'inversant.
Les guitares, dont celle de Peter Hayes, pleurent la mélodie ardente de
'Tell me how bad I am'. Le chant de Yannick s'y pose avec délicatesse.
Un son proche de la slide, tout en écho sur un grondement, donne de l'emphase et de l'authenticité.
Derrière un riff ourlé, suivi d'un cri, 'The gift of love and fear'
impressionne par son rythme martial et le bourdonnement de la basse.
Dès les premiers mots 'Was this girl made in heaven or was she born in
hell?', la guitare se retient, suspendue au bout d'un fil.
Le titre me fait l'effet d'un classique à la Nick Cave même si la voix de Yannick n'atteint pas la noirceur de ses graves.
Les gars raffolent du crescendo, parti de loin et montant ici dans larsen et fougue électrique pour conclure.
Le piano ténébreux bouleverse, l'intro de 'Animal Years' ferait penser à
The National, mais un rayon sort de l'ombre, un visage éclairé...
Une voix chargée d'émotions, pleine de conviction, clame la raison
d'être de l'animal 'All of the darkness strangely fades away, we saw the
lights inside, we knew we had to stay'... lumineux!
Plus tard, les toms résonnent sous un rebond lourd. A l'inverse les
touches du piano s'envolent comme des étoiles scintillant au dessus des
toiles de guitares.
'Mary full of grace' livre une autre ambiance particulièrement
électrique, tendue, acérée. Les claquements d'éclairs à la batterie
recouvrent la basse orageuse.
Les grattes grondent puis les cymbales agonisent et une guitare, perchée, lacère on the edge (early U2). Titanesque!
'E.V.I.L' renvoie au heaven and hell de 'The gift of love and fear'. 'Don't be afraid to die' ne s'accepte pas aussi facilement.
Des murs de guitares sulfureuses, industrielles jaillissent parmi les passages lourds, dominés par les roulements de batterie.
Quelques choeurs fantomatiques expriment leur douleur. La version rouennaise du doom sabbathique?
Dans 'With every bird', guitares et voix plaintive m'évoquent le
classieux Certain General. La rythmique marque puissamment alors que
Yannick psalmodie.
Les nombreuses guitares (feat. Peter Hayes), égrenées, dégagent des
notes cristallines. Les frappes sur les toms font mal et quand ça fait
du mal, c'est que ça fait du bien (ah bon?)!
Le riff en boucle de 'Afterlife' accroche d'emblée l'oreille surtout
derrière cette grosse basse vrombissante claquée par les baguettes.
Le morceau bouillonne de vigueur. Les vocaux modulent différemment, un
peu épileptiques (par moments j'entends le timbre nasillard de Bob
Geldof-Boomtown Rats-).
'Play God' retourne un couteau dans la plaie, on sent son frottement
dans le riff acide de la guitare et le sang couler sous les frappes
appuyées.
Intense, le titre remue tout autant l'estomac, qu'il faut bien accroché.
La voix s'allonge, solennelle et belle. On croit entendre un mellotron
derrière le fracas qu'il accompagne.
Soudain, ombrageux, il vient gonfler les rugissements jusqu'à
l'explosion puis, après un temps de respiration difficile, il abandonne
l'effondrement progressif et strident tout au bout. Fascinant!
'Diamond dreams' s'appuie sur une corde serrée et répétitive, ce n'est
pas celle du pendu même si le coeur se serre sous cette mélancolie.
Une 2è guitare se manifeste dans le lointain. Un sifflotement, presque
guilleret, lui répond, en apaisement. Une conclusion sensible et
prenante, un envoûtement!
Bouche bée, je me fige... ou presque car mon coeur bat la chamade.
Il me reste l'écriture pour dire tout le bien que je pense de cette Oeuvre avec la majuscule, 'O' là-haut!
TRACKLISTING
1-MACHINE LOVE
2-TELL ME HOW BAD I AM (Feat Peter Hayes)
3-THE GIFT OF LOVE AND FEAR
4-ANIMAL YEARS
5-MARY FULL OF GRACE
6-E.V.I.L
7-WITH EVERY BIRD (Feat Peter Hayes)
8-AFTERLIFE
9-PALY GOD
10-DIAMOND DREAMS