mardi 8 septembre 2020

Ker Roc'h en Fête à La Roche Derrien ( seconde journée) , le 6 septembre 2020

 Ker Roc'h en Fête à La Roche Derrien ( seconde journée) , le 6 septembre 2020


 La treizième édition de Ker Roc'h a failli ne pas voir le jour, en cause une pandémie qui traîne depuis des mois aux quatre coins du globe
C' était sans compter sur l'opiniâtreté, la ténacité et l'ingéniosité, du comité organisateur, Joël Morvan en tête, pour satisfaire aux exigences sanitaires, on organisera un festival allégé, le samedi 5 des concerts ( deux groupes à l'affiche) et le dimanche 6, du théâtre de rue ( trois compagnies) et une déambulation musicale assurée par No Water Please ( quel programme!).
C'est le dimanche 6 septembre par une belle journée que tu mets le cap sur La Roche Derrien.
Place du Martray, la fête foraine attire les gosses et vers 15h, dans le jardin niché derrière le foyer Berthe Besse, les curieux s'installent pour assister au spectacle  "La lumière de nos rêves " proposé par la compagnie Qualité Street ( Gildas Puget face au public et Bélinda Cateau aux manettes et à la régie sonore).
La représentation est précédée d'une première sérénade proposée par la fanfare  No Water Please.

Les allergiques au Contrex voient le jour en 2000, ils étaient huit, en 2020, après avoir pondu une belle série d'albums non trempés dans l'eau bénite ( le dernier, explicite, Punk goes Brass), ils sont réduits, comme les copains de Blanche Neige, à sept: le maillot jaune, danseur émérite,  Julien Matrot ( La Marcha) à la trompette/ Eric Miller au banjo électrifié/Laurent Dumont au saxophone baryton ( La Marcha)/ Nicolas Debrie au kick ( 36 pouces)/ Kaloo Le Noan aux snare, hi-hat et cowbell/  François Piriou au trombone et Julien Varin au soubassophone, on t'écrit ça car on l'a lu quelque part, on n'a pas exigé de voir leurs papiers d'identité.
Pendant une vingtaine de minutes ces joyeux drilles, aux t-shirts colorés,  nous ont asséné un mix hautement pimenté de ska/punk/brass/jazz/funk dégoulinant de groove.
Les cuivres rappelant à la fois Blood, Sweat and Tears, les Skatalites ou Tower of Power, les percussions, endiablées renvoient vers l'Afro Jazz, quant à l'humour décapant avec lequel ils présentent leur potion, il rappelle les facéties de Sammy Davis Jr.  ou  de Marcel Zannini.
Après une première tirade fougueuse, les caisses introduisent un instrumental carioca, la trompette et le baryton entament un pas de danse carnaval de Rio, avant d'entendre la troupe entière scander... hit me, hit me.
Ian Dury s'est approché avec un rhythm stick, ton épouse a battu le sol du talon, la madame assise sur la banquette devant elle a fait des bonds.
Ambiance masquée à La Roche Derrien.
Les deux salves suivantes ne vont guère calmer les ardeurs, c'est loin de pomper mou, l'assistance leur fait un triomphe tandis qu'ils quittent l'arène pour céder la place à Qualité Street, alors que la sono diffuse Amy. 
Gildas Puget est seul en scène mais il s'octroie plusieurs rôles, il tient à mettre le public à l'aise pour ce qu'il présente comme un colloque de chirurgiens de camping ( sic).
Son héros, Florent Lagardère, tu pensais au chevalier de Paul Féval, raté, il évoque le milliardaire, est bienêtroloque, il pratique une médecine douce originaire de Mongolie septentrionale.
Le ton est donné, on va voguer au royaume de l'absurde avec des bouffées de mysticisme, on va rire sans gêne, parfois, réfléchir, approuver ou se sentir outré.
Stéphane, le poivrot, clochard, intellectuel de la rue, adepte de la bière philosophale, sévit à Brest, flanqué de son cabot nommé Dégage, malgré les odeurs de gerbe, fait sourire, un peu moins lorsqu'il trépasse.
Après un passage chez le anges, il revient ici bas et fait la rencontre d'un grand-mère dévote qui ressemble furieusement à feu Marty Feldman, celle-ci nous assène une diatribe acerbe avant de pousser la chansonnette. 
Après une thèse étudiant les religions et la diététique, on fait la connaissance d'un étudiant contestataire, qui bouffe du CRS et semble amoureux de la Marianne de Mai 1968.
Tout ce beau monde parviendra à cohabiter et  finira par trouver la lumière.

Après cette prestation étonnante, qui a tenu l'audience en haleine, madame aimerait voir les remparts, pas les polonais, et se désaltérer: pause Leffe jusqu'au numéro ' Happy Together' de la compagnie Non Négociable, précédé par une nouvelle intervention de No Water Please, ceux qui affirment que Charlie Mingus was a punkrocker.
Après un Johnny B Goode tellement trafiqué que Chuck Berry ne l'a pas reconnu, ils entament un chant cosaque désacralisé  virant marche déglinguée, histoire de faire danser tous les alligators de Louisiane. Cette dernière rasade, sentant bon les marais, termine la tournée rochoise d'une fanfare qui ne s'essouffle jamais. 

Happy together par la Cie Non Négociable. 
Elles sont trois, Marie-Paule, la vieille-fille maladroite vivant avec sa chatte (  Inès Lopez), Vero, la grande bringue ( Sigrid Mettetal) et  Lolo (Lili Douard) la mère de famille, coiffeuse old school.
Fringuées kitsch, anno 1950 et coiffées à la frontière des  B 52's  et de Tintin, ces viragos ont une mission,  sauver les jeunes en détresse de la paroisse ( région de Laval) .
La vente de confiture, de bougies,  l'organisation de tombolas, les collectes à la sortie de la messe ne suffisent pas pour payer des vacances toniques à cette jeunesse paumée, aussi, ont-elles décidé de se lancer dans l'aventure rock'n'roll, avec leur look les Vamps, ce n'est pas gagné.
Entrée en matière vrombissante, cachez les chiens et les gosses, les pneus sont usés, et les plaquettes ont fondu, installation, épique, voire burlesque du matériel, c'est pas beau de se moquer d'une nana qui se ramasse une pelle... les filles manient l'humour sous toutes ses formes: comique de situation, comique de geste, l'absurde, la caricature, tu passes allègrement  de De Funès à Laurel et Hardy sans oublier   Annie Cordy ( une larme)  et Gaston Lagaffe.
Quand elles chantent ' Smoke on the Water'  qui devient 'Walk on the Water' pour faire plaisir à Jésus mais pas aux mélomanes, tout en maltraitant  leurs instruments, tu souffres.
Après quelques règlements de compte peu catholiques, sous forme de combat de catch non homologué par la fédération, elles entament un reggae/rap chrétien qui a beaucoup plu au poivrot du coin qui termine sa 36è Coreff au goulot, pour terminer leur show par une version a capella déchirante du 'Happy Together' des Turtles.
Quelque part, là-haut, Frank Zappa a bien ri .


Tu veux un pot de confiture, elle t'a proposé avant de quitter les lieux.
De préférence, une bière s v p!