Will Barber à La Grande Ourse - Saint-Agathon, le 19 mai 2019
A Lanleff, tu ne restes pas pour l' animation musicale d'Alban Schäfer?
Je suis attendu par un coiffeur à Saint-Agathon.
Un dimanche?
Soyons honnête, le barbu Will Barber ne tient pas le O'Barbu Barbershop dans le Brabant Wallon, le monsieur, tendance bûcheron/grunge, est originaire de l'Aude et pratique un blues rock viril et artisanal.
Désormais la France entière, même Brigitte, sait qu'il a fait un passage remarqué à The Voice, que Zazie est la première à avoir appuyé sur l'avertisseur sonore et que depuis il parcourt toute les scènes blues de l'hexagone.
On se l'arrache pour les festivals estivaux: Cahors, Jazz in Baie, Rock'n'Bike, Ornai'songs etc...
Traces discographiques?
Un album huit titres: 'Alone'.
17:30', La Grande Ourse en configuration mixte, debout/sièges à l'arrière, est plus qu'honnêtement garnie, un trio, presque aussi beau que Billy Gibbons et ses copains Texans, se pointe.
A gauche ( pour nous), Rico Blanc ( non, t'es pas obligé d'ajouter Ha) à la basse ( quatre ou cinq cordes), à droite, la bête à casquette, un lointain descendant de Fernand, Olivier Raynaud à la batterie, comme il a un faible pour Popeye il se fait appeler Olive de Newport, au centre, sur un siège, Will Barber, derrière lui une panoplie de guitares, sans compter toutes celles que Jeff vient lui apporter toutes les cinq minutes.
T'as de suite remarqué un modèle pas courant, une Weissenborn ( a lap slide guitar ) comme en joue Guy Verlinde.
Merci beaucoup, Saint-Agathon, Dieu que vous êtes nombreux, il pose le jouet sur les genoux, glisse un bottleneck autour d'un doigt, pas manucuré, et entame ' Well well well' de Bob Dylan, façon blues rural, à la Taj Mahal ou Ben Harper. Après une longue intro, Olivier entre en fonction, de sa voix rocailleuse de buveur de Corbières, riche en tannin, Will nous balade dans des régions désertiques où les puits profonds sont dépourvus d'eau.
Il n'a fallu qu'un seul titre au gars derrière toi pour proférer un Yeah admiratif.
Deux ans qu'on a attendu avant d'avoir un contrat en Bretagne, tu peux pas savoir comme on est heureux, voici l'effervescent ' You Can't Teach An Old Dog New Tricks' d'un autre barbouze ayant connu la célébrité à un âge avancé ( euh, Will n'a pas 45 piges), Seasick Steve.
Troisième plage, troisième gratte et disparition du siège, il amorce en mode Southern rock qui déménage ' Lonely' , tu la vois la gare désaffectée où le mec attend le dernier train qui doit l'emmener dans un bled où il ira soigner sa solitude?
Quand on nous a annoncé que le concert aurait lieu à 17h, on a craint le pire mais l'énergie est bien là...
T'es en Bretagne, gamin!
Voici le morceau porte-bonheur, 'Another brick in the wall' du Floyd, en version blues revendicatif.
Une fameuse claque!
L'hypnotique 'Do you sleep' ne s'adresse pas à Paul McCartney mais remue vicieusement, puis Will passe à l'acoustique, histoire de détendre l'atmosphère.
Je bois un coup, on dit quoi ici?
Yer mat!
Yer mat, alors.
Place au titletrack du mini album, 'Alone' , une ballade country/blues de bonne tenue.
'Piece of heaven' contient un passage en singalong mais je l'entame en sifflant à la manière du main theme de 'Mon nom est personne'.
Saint-Agathon, tu imites le chant du coyote, capisce?
Et donc, 150 Wile E. Coyotes et un roadrunner égaré ont fait ooh ooh ooh.
Le charisme de ce gars est époustouflant, il a mis le public, qui obéit au doigt et à l'oeil dans la poche de son jeans.
Conciliabule et directives diverses, faut que je leur explique, on ne l'a plus jouée depuis un certain temps, le virulent 'One day' est le morceau le plus hard du set , le jeu tempétueux du batteur impressionne, les autres suivent son tempo infernal, Saint-Agathon bat le plancher du talon.
Santé, qu'il dit, tandis qu' Olivier Raynaud fait son numéro, il s'amuse à taper ' We will rock you', fait mine d'arrêter, repart de plus belle, envoie un groove d'enfer, le chef esquisse un pas de danse avant de reprendre les choses en main pour attaquer ' Jump' de Kris Kross en mode cassoulet hip hop.
Un moment amusant et sautillant.
En solitaire, retour à l'exercice lap steel pour le gospel bourré de reverb 'The way down' , suivi par 'The life you are waiting for', une ballade interprétée à l'acoustique.
Les copains rappliquent, lui refilent un cordial, c'est la dernière ligne droite: 'Oh the long' et la décharge finale, ' Wild wild heart', mettent fin à un concert vigoureux donné devant une assistance enthousiaste.
Malgré les suppliques il n'y aura pas de rappel, mais une photo de famille immortalisant le premier passage en Bretagne du barbu et de sa clique.
Ray: When are you coming to the UK?
Hans: en in Vlaanderen?
Fumihiko: いつ来ますか ?