Vincent Prémel et Amari Famili à La Morue en Fête à Binic, le 30 mai 2019
22è édition de La Morue en Fête à Binic, le grain de beauté des Côtes-d'Armor a invité les presque voisins de Saint-Malo à festoyer, pendant quatre jours, le long de ses quais.
Au programme: parade marine, marché d'artisanat, fanfares, animations diverses, morue à toutes les sauces et buvettes tous les cinq mètres, sans compter les concerts se tenant place Le - Plomelec et place de La Cloche.
Le soleil avait été réclamé, il ne s'est pas présenté lors de la journée inaugurale, la météo chagrine n'a pas empêcher une grande foule de se déplacer vers l'attrayant petit port costarmoricain.
Un problème récurrent a contrarié pas mal de candidats visiteurs, larguer son véhicule à une distance respectable des scènes relève de l'exploit ou de la bonne fortune.
Tu avais pointé trois concerts, tu te contenteras de deux, Vincent Prémel et Amari Famili sur la Place de la Cloche.
C'est peu après 17:30 que le carillon annonce Vincent Prémel.
Plusieurs formules sont proposées pour l'organisateur désirant booker le brave Vincent, solo, pour un prix d'ami/en duo, si ton bistrot peut le permettre/en trio, si tu disposes d'un espace suffisamment grand et en quartet, si tu désires le menu gastronomique.
Binic a opté pour la dernière modalité.
Vincent s'est amené coiffé d'une casquette gavroche et armé d'un cavaquinho, pour le seconder, il a fait appel à Xavier Soulabail ( contrebasse) , une vieille connaissance vue chez Buck et Hoa Queen, Niko Chatalain ( guitare), la moitié de French Song del Mundo et Sylvain Caremel ( batterie), non, pas de problèmes avec les dents, membre comme Niko du combo Le Coota.
Vincent Prémel vient d'enregistrer l'album 'Un café, une bière ou un tour du monde' disponible dans les commerces le 21 juin.
C'est parti, ' L'amour, la mer et la mort' , euh, il ne s'agit pas de la chanson d'Axelle Red, mais du premier titre que tu entendras sur l'album. Les amateurs de voyage et de chants de marins se retrouvent dans ce texte mélancolique.
Une seconde marine, propice au singalong, succède à la pièce introductive, dommage on ne l'a pas vue la fille qui joue du concertina.
Pourquoi aime-t-on une ville?
Pour ses gents, son patrimoine, ses bistrots, son âme, ses bordels...?
Lui, il aime Istanbul, nous on adore le jeu de guitare fluide de Niko.
On descend vers la Canebière en mode rumba congolaise, 'A Marseille'.
Le temps de vider une anisette et on remonte sur le rafiot pour goûter au 'Plaisir de la pêche'.
Quand Fernandel rencontre Marcel Amont ou Henri Salvador chantant ' Juanita Banana', le ton est à la fantaisie.
Mon autobiographie en chanson se nomme 'Faut prendre le large'.
Souque, souque et souque, petit, oui, tu peux écouter Louise Attaque.
Une valse?
' Le Havre', où le ciel est tout gris, les rues aigries, la ville m'a refilé le cafard, j'ai abandonné l'idée de la marine marchande pour me lancer dans la musique.
Mon père est décédé, je lui dédie ce medlley marin ( 'Le forban' et 'L'harmonica').
Après la reprise du drôle 'Voyager intelligent' de Oai Star, l'assistance subit quelques considérations touristiques précédant 'L'appel de l'archipel' traitant du Cap Vert.
Pardon, Léon, une saudade dans les tyle de Cesaria Evora?
Pas vraiment!
Le garçon n'est pas avare d'anecdotes, voici celle du pinardier qui transportait du vin de Sicile avant de faire naufrage, le pinard n'a pas été perdu pour tout le monde.
La rengaine suivante est intitulée 'Bric-à-brac', elle ne va pas te refiler la migraine.
'Quel travail' , ben, oui, les filles il faut les cacher, sinon le capitaine il te les pique, le salaud!
Le voyage prend fin avec le ( beau) morceau qui donne son titre à l'album 'Un café, une bière ou un tour du monde'.
Et, on est parti boire une bière.
20:15' Amari Famili.
La famille est prête avant l'heure et trépigne à l'idée d'en découdre, personne dans l'assistance ne s'est plaint, lorsque les sept éléments la composant ont proposé de s'y mettre avec une légère avance.
Deux chanteuses: Maïwenn Sire et Lisa Sire / Martin Sire à l' accordéon et au chant/ Jean-Baptiste André à la contrebasse et choeurs/ Stéphane Delapierre à la guitare rythmique/ Gabriel Faure au violon et David Jeaningros à la guitare acoustique ou électrique, constituent ce groupe de musique tzigane en provenance du centre Bretagne.
Ils ont deux albums à leur actif, 'Airs d'accueil' et 'Patshiv'.
Le premier titre ' Baro Ivsi' a été composé par Maïwenn et nous emporte d'emblée dans l'univers rom à la manière de l'Orchestre des mariages et enterrements de Goran Bregović.
Chant polyphonique, violon klezmer alerte, contrebasse jazzy, ça balance pas mal à Binic.
Direction la Hongrie pour 'O biav'.
Les sonorités Ialma des Balkans inspirent un trio de dames ayant abandonné les accras de morue pour entamer une danse gypsy plus ou moins scrupuleuse.
Une contrebasse sombre amorce 'Phiravelman Khali Phuv' , un traditionnel romani devenant fougueux après l'introduction.
' Ushti Opre Muri Gazi' est tout aussi exubérant et évoque l'impétuosité du Taraf de Haïdouks.
Martin y va d'une séquence de hip hop roumain avant de voir les filles mettre le cap sur le Brésil.
Attachez les ceintures!
'July' ou l'histoire d'un homme qui voit son épouse le quitter pour un gars plus riche précède 'Baro drom' pour lequel David Jeaningros a saisi une guitare électrique.
Les filles virevoltent,, le violon et l'accordéon voltigent, la contrebasse et la rythmique turbinent, sans rechigner, à la tâche et la guitare donne un petit air rock au traditionnel balkanique.
Le ton s'assagit avec 'Dukhal Mamo' , une mélopée permettant la mise en évidence d'un dialogue épique guitare/violon.
Défilent: 'Te Tshumidav' (Embrasse-moi), 'Gugutka, Ustaj Kato Ustaj Zlato' une complainte du Kosovo, décorée d'une touche floydienne lorsque la guitare électrique entre en action et c'est par le tourbillonnant 'Dumbala Dumba' que prend fin un set respirant une bonne humeur et joie de vivre ayant déteint sur l'assistance qui insiste pour un bis.
'Alo malo' chanté a capella n'est pas repris sur leurs albums.
Tu lèves la séance, tu n'as aucune envie de glandouiller, dans le froid, pendant 90' avant le concert suivant !