Alter Real/Timsters/Maximilien/Colorado à La Citrouille de Saint-Brieuc le 24 mai 2019
Une soirée sous le signe de l'électro à La Citrouille de Saint-Brieuc.
Le futur Bonjour Minuit avait laissé carte blanche au label de Rennes Elephant and Castle, créé par le producteur Timsters, un habitué des clubs branchés londoniens. A lui de programmer les artistes à suivre de la scène électro made in Bretagne.
Quatre groupes doivent se produire dans la grande salle, le club étant occupé par des deejays ( souvent des membres des groupes évoluant en bas, mais aussi Miss Praa, nourrie au RnB) de la famille EAC.
Après un bref passage à l'étage où un duo amuse la galerie et les serveuses, tu te pointes face au podium de la scène principale où est attendu le trio Alter Real.
Le public tarde à se manifester, tu dénombres une quinzaine de paumés derrière toi.
Alter Real est un projet récent de Xavier Laporte ( Im Takt/ Falabella) , il s'est entouré de Flo Digon ( drums) et de Lemonnier Julien de Mermonte ( guitare/ basse) pour le seconder sur scène.
L'an dernier, le groupe lâchait l'EP 'First' qui succédait à quelques singles, en avril ils ont peaufiné leur nouveau live show à Vannes, ce soir c'est Saint-Brieuc qui doit l'apprécier.
'Ain't got enough' ouvre le bal, un titre raffiné sur lequel tu peux coller l'étiquette electronica, un peu comme ce que faisait The Notwist dans les nineties.
La basse, pulsant allègrement, invite aux déhanchements tandis que les claviers enrobent la plage d'une nébuleuse ouatée.
Chouette entrée en matière!
Sans marquer d'arrêt, le trio lance une seconde pièce tout aussi soignée, Julien, accroupi, manipule les différents éléments de la loopstation pour produire des vibrations ondoyantes, la basse imprime toujours ce tempo bien rond, la Citrouille ondule.
Tiens, je te refile la basse, Flo amorce une plage écrite en collaboration avec Timsters, l'éthérée ' Nothing is under control', elle est suivie par un morceau tout aussi aérien pour lequel Xavier a hérité de la guitare, ce n'est pas parce qu'il susurre ...don't look back... que tu dois t'imaginer qu'il s'agit d'une cover de Oasis, la plage a été baptisée 'Deep sleep'.
Le trip sensoriel fait d'ambient music, de groove stellaire et d'indie electronic se poursuit par un instrumental qu'aurait pu apprécier Brian Eno, puis vient un trip hop stylé précédant un morceau plaintif.
On avait cité The Notwist, on ajoutera Scritti Politti, Kings of Convenience ou Lali Puna pour te faire une idée.
Pour 'Get away' Xavier a reçu le concours de Maximilien, attendu sur scène plus tard, sur l'enregistrement, la voix de Praa se fait entendre, elle n'est pas montée rejoindre le trio.
'A distant song', à l'intro Fad Gadget et décoré d'un séduisant chant féminin ( samplé) achève un set esthétique.
Petite musique d'ambiance pour introduire Timsters qui se présente accompagné par Al Maari ( synthé/gt) et Bertrand Jms ( drums).
Le chanteur/producteur/chef d'entreprise ouvre par 'Show me all you know',une plage extraite du tout récent EP 'Chapter 1'.
Le jeune homme ( Julien Vignon, in fact) pratique une musique électro fortement imprégnée d'éléments soul , son timbre singulier de crooner synthétique frappe les imaginations et ne peut qu'éveiller l'instinct maternel chez la gent féminine.
'I need to know' baigne dans les mêmes eaux , c'est presque aussi sensuel que le 'Careless Whisper' de George Michael.
Il a trouvé une guitare, la caresse pour entamer 'Somewhere', de l'electro tropical qui, en certains points, te rappelle, Robbing Millions.
'Imaginary territories', bourré d'effets sur la voix, pourrait servir de bande son pour un film featuring Julie Andrews.
Toujours aussi ouatée vient la plage 'Gone' et c'est avec la sucrerie imparable 'I've been thinking' que s'achève un set précieux et apprécié.
Le potentiel commercial de Timsters est énorme.
22:35': Maximilien.
Il est venu sans Marie Charlotte Amélie Auguste Victoire Clémentine Léopoldine de Saxe-Cobourg-Gotha, un brave gars l'a précédé pour envoyer un fond musical approprié.
Derrière ses machines , l'éphèbe nous a concocté un set électro basé sur l'album 'Gemini'.
Comme ce genre d'exercice ne demande pas la rédaction d'une playlist sur papier, tu n'auras aucune indication quant à l'intitulé des plages 'performées'.
Pour te guider, on tracera des parallèles avec le Tubular Bells de Mike Oldfield, version 21 è siècle, parfois d'une voix fluette il répète un leitmotiv décorant la composition, ainsi dans 'L'aurore' on entend take time, le jour s'est levé, il a dit bonsoir, bizarre, puis on a embrayé sur la plage suivante, sur l'album, il s'agit de 'Joy', mais c'était peut-être 'Don't'.
Après cet hymne contemplatif, c'est 'All you know' que l'enregistrement propose, de jolies arabesques, fignolées à l'extrême, colorent un fond vaporeux fait de nappes de synthé.
Tu dis, Francine?
Jean-Michel Jarre?
Il y a de ça.
On te cite l'intitulé des plages telles qu'elles sont mentionnées sur l'enregistrement, Please Stay/My Love/Come Again/Ready et Go on, sans pouvoir affirmer que Maximilien les a interprétées ce soir. On ajoutera que lorsqu'une voix féminine a été ajoutée à un morceau tendance trip hop, ton intérêt s'est accru, sinon, ce voyage planant à l'esthétique lisse était parfait comme musique d'appoint pour une séance de relaxation ou pour un massage nuru, mais il manquait peut- être d'âme.
Il est 23:40', Colorado est la dernière formation attendue pour terminer les live sets.
2016: Ils ont 18 ans et 16 ans, ils viennent de Saint-Brieuc, ils s'appellent Colorado, ils ont mis le feu aux Trans Musicales.
Trois ans plus tard, Martin Audrezet et Charles Urvoy de Saint-Brieuc peuvent compter sur un nombre imposant de followers, leur discographie vient de se compléter avec la sortie d'un premier album ( Colorado) succédant aux EP's ' Wind and Movement' et ' Mindset'.
Martin, le blondinet, prend place à gauche derrière les synthés, keys et laptop, Charles s'est posté face à lui pour tabasser les drumpads et autres éléments de la batterie électronique.
Le set est introduit par une bande pré-enregistrée, au bout d'un moment Tintin saisit le micro et supplée les bandes pour attaquer ' Stay Strong'.
Chill time à La Citrouille.
Le duo émet la notion de spleen pour dépeindre sa musique, Baudelaire opine du bonnet.
L'hybride pop/electro 'Keep in mind' ,q ui succède à la plage initiale, est tout aussi élaboré et nous rappelle au bon souvenir des meilleurs groupes de sophisti-pop ou d'indietronica, le duo briochin cite d'ailleurs Metronomy comme influence.
Après une longue intro, céleste', 'Candid Phase' est sur les rails, de petits nuages blancs sillonnent l'azur, une légère brise caresse nos visages, tu cueilles un brin d'herbe que tu commences à suçoter en revoyant une jeune fille que tu croyais aimer, tu avais quinze ans....
Puis vient un dancetrack hypnotique basé sur des beats soutenus.
La voix féminine entendue sur 'Ride' est celle de Praa, ce titre, à recommander à tous les deejays de la planète, a tout pour faire un succès commercial.
Leur set se termine par deux mélodies tourbillonnantes, invitant à la danse, on n'est pas loin de Hot Chip, LCD Soundsystem ou de Fujiya and Miyagi.
Colorado va cartonner, that's a fact!