Le 6 décembre, rien de spécial?
Si, Manneken-Pis sera en costume de Saint Nicolas et le vrai patron des écoliers distribuera des bonbons aux usagers de la STIB munis d'un titre de transport valable!
Au Music Village, le jazz club de la rue des Pierres, on annonce le quartet de Marie Fikry.
Un try-out, confiera Marie qui jusqu'ici se produisait en formule quintet, accompagnée par Arthur Hirtz au saxophone , le bassiste Jordi Cassage, le drummer Daniel Jonkers et Pablo Carmona Di Bonno aux percussions.
La pianiste Marie Fikry, belgo-marocaine, élève de Nathalie Loriers et de Diederik Wissels, est considérée comme une étoile montante du jazz belge, en août dernier, elle participait à la finale du JazzContest Mechelen où son ensemble avait impressionné les membres du jury dans lequel siégeaient e.a. Anne Wolf et Chris Joris.
Ce soir, Marie est entourée d'une nouvelle équipe.
Du collectif précédent, seul subsiste Daniel Jonkers, uit Geleen, ( aankomend Limburgs jazztalent en 2014) , désormais le Brésilien Filipe Caporali manie la contrebasse ( actif au sein des Chats Noirs, de son Fil Caporali 5tet, du Gilles Carlier jazz trio, de l'Aneta Borkowska's band etc..) et Simon Leleux joue de la darbouka et d'autres percussions orientales ( actif au sein de Auster Loo, accompagnateur pour Ghalia Benali, Emre Gültekin et Vardan Hovanissian, Claire Spineux e.a. ).
Le premier set démarre par un rondo concis et bien enlevé, ' Chant d'amour et chant d'oiseau' évoque le jeu du Lyonnais Frank Avitabile ou d'un des professeurs de la mignonne Marie, Nathalie Loriers.
La ballade lyrique, aux senteurs de fleurs d'oranger,' Lumière d'Atlas' a été inspirée par un pèlerinage au Maroc.
Si au départ, la combinaison batterie plus darbuka peut surprendre lorsqu'on est habitué au classique jazz trio ( cf. Thelonious Monk, Bud Powell, Duke Ellington ( avec Mingus et Roach), Keith Jarrett, Brad Mehldau, Claude Bolling, Erroll Garner..), l'apport du drabki enrichit les compositions et relève les saveurs en y ajoutant une griffe épicée.
Mon père est né à 'Benslimane' , j'ai baptisé le morceau suivant du nom de cette ville où on peut admirer le sanctuaire du saint Sidi Mohammed Benslimane.
La plage débute par un solo agile du percussionniste avant de prendre des coloris Late Night Jazz, oscillant entre grâce, intériorité, fluidité et esprit aventureux.
Tandis que les musiciens improvisent au gré de leurs humeurs, le simoun s'est levé, le morceau se met à tourbillonner, Marie marmonne, semble vouloir dialoguer avec les touches, Simon s'agite, Filipe et Daniel décident d'accélérer le tempo, l'audience se tait, captivée, avant d'applaudir à tout rompre au terme du voyage.
Contrebasse en évidence pour la reprise d' Avishai Cohen, ' Smash', entrée en matière turbulente, montée vers le filet... t'as essayé de me lober, tu vas te ramasser un smash assassin!
Le set s'achève par ' Zyriab' de Paco de Lucia, réarrangé pour le piano.
Fougue et frivolité, passion et émotion, tout ce qu'on aime dans la musique arabo-andalouse.
Pause.
La seconde manche démarre par une plage exaltée ( 'Lisa' de Itamar Erez) n'ayant aucune difficulté à rétablir le calme dans le coquet lounge bar où les conversations allaient bon train.
Elle est suivie par la pièce la plus ambitieuse du répertoire, une suite en trois mouvements intitulée ' Suite of dark trains'.
Composé pendant un accès de mélancolie, en pensant notamment à l'holocauste, le concerto est rehaussé par la présence d'une invitée, Hélène Duret à la clarinette.
L'amorce est grave, des images de camps d'extermination s'impriment sur ton écran cérébral mais, comme dans le chef-d'oeuvre de Roberto Benigni, ' La vita è bella', des instants de légèreté, exprimés par la clarinette, viennent atténuer l'angoisse, bien vite langueur et souffrance refont surface avant de voir les musiciens entamer un mouvement chaotique et terminer cette longue pièce.
Changement de style avec la ballade 'Jeanne' dédiée à la grand-mère de la jeune pianiste.
Elle est radieuse, Jeanne, sur ce cliché aux couleurs délavées.
Mais pourquoi cette composition te rappelle-t-elle certains écrits de Colette, une forme de sensualité latente, peut-être?
Mon percussionniste précédent me reprochait de ne composer que des thèmes empreints de mélancolie, pour lui j'ai écrit ' Blues for Pablo', une pièce vive et bondissante qui termine le concert.
Le public exige un bis!
Vite, alors, demain on a rendez-vous dans un studio d'enregistrement.
Retour de la belle Hélène pour une version improvisée, après conciliabule pour décider de la tactique à adopter, de ' Night in Tunesia'.
Caché derrière un pilier, Charlie Parker a applaudi à cette performance palpitante!