lundi 23 mai 2016

Nuits Botanique: Monika, Sarah Blasko, Emily Jane White à l'Orangerie du Botanique, Bruxelles, le 21 mai 2016.

Nuits Botanique: Monika, Sarah Blasko, Emily Jane White à l'Orangerie du Botanique, Bruxelles, le 21 mai 2016.

Pas la grande foule pour assister à ce triple concert proposant des jeunes femmes aux univers radicalement différents.
Emily Jane White , dont c'est la cinquième visite au Centre Culturel de la Communauté française, doit entamer le colloque.
Emily Jane, qui ne correspond pas vraiment à l'image que l'Européen se fait d'une donzelle née en Californie, vient présenter son dernier album, 'They Moved In Shadow All Together'.
Après coup on conclut que le chantre du neofolk  intimiste n'a pas modifié grand chose à sa vision sombre du monde qui l'entoure.
Ils sont trois à se présenter sur scène, Emily Jane ( guitare ou piano), la studieuse Laura Weinbach de Foxtails Brigade à la basse et seconde voix et Nick Ott ( actif sur l'album) aux drums.
'Frozen Garden', la plage ouvrant sa cinquième oeuvre débute la soirée.
D'une voix cristalline, soutenue par les vocalises éthérées de Laura, Emily Jane White nous invite à un voyage intemporel,  tantôt en pleine lumière, tantôt en tâtonnant dans des brumes chères à Emily Dickinson.
Après un seul  titre, tu sais déjà que pour la quatrième fois, tu ne pourras de dépêtrer des filets soyeux tissés par la californienne.
Gravité, lenteur, ' Nightmares on repeat' est murmuré à deux voix, ensuite Emily Jane délaisse la guitare et c'est derrière les touches, après un faux départ, qu'elle amorce la sonate fragile  'Hands'.
Elle récupère la Gretsch puis le micro, oublié près du piano, nous salue d'un timide 'bonsoir' et en arpèges entame ' Pallid eyes', une plage d'une beauté glacée.
Au piano, 'Rupturing', instrumentation parcimonieuse, sur fond de jeu ouaté du batteur, le piano se permet quelques fantaisies mais ce sont à nouveau les harmonies vocales qui envoûtent une Orangerie en mode contemplatif.
Laura et son look sérieux, digne d'une candidate au Reine Elisabeth, fascine. Ses vocalises s'imprègnent dans tes cellules durant 'Moulding' , une toile gothique bouleversante.
Palabres en sourdine, je passe au piano pour 'Antechamber', la playlist annonçait 'Black Silk' .
Shit, un blanc, sorry,  one, two, three on continue oh, oh oh, wooh...
Applaudissements nourris malgré la fausse queue.
Nick aux claviers , voici le plus ancien 'Black Silk' datant de 'Ode to Sentience'.
Brussels, this will be our last song.
Tu dis, Laura, oui, tu as raison, il en reste deux, un nouvel accroc avant le merveilleux 'Womankind' traçant les violences faites aux femmes.
Un drumming nerveux amorce 'The black oak', l'ultime complainte d'un set ayant tenu toutes ses promesses.

 Sarah Blasko
 Sarah Elizabeth Blaskow, elle aussi, a sorti un cinquième CD et elle tient à jouer 'Eternal Return' dans son entièreté.
Du changement depuis le Depot en 2013?
Physiquement on n'entre pas dans les détails, mais un voisin, ami de Jean Paul Gaultier, suggère une tenue plus appropriée à sa silhouette.
A Louvain ils étaient trois, à Bruxelles, cinq!
Sarah Belkner aux claviers, les fidèles Benjamin Fletcher et David Hunt ( déjà du voyage en 2013) et un drummer..
Le bouleversement le plus profond est musical,  Sarah Blasko  vient de virer synth/ dance-pop et entame un plongeon  vers les eighties post-disco, ce qui n'a pas été au goût de tout le monde.
'I am ready' et son background James Bond theme donne le ton, le concert sera poppy.
' Better with you' le confirme, de l'electropop lorgnant vers les Pet Shop Boys ou le disco purulent que tu peux entendre sur la bande-son de 'Flashdance'.
Quelques coups de baguettes énergiques annoncent 'I'd be lost' et la suivante 'Maybe this time' suit la même voie, les synthés sont omniprésents. Sarah dispose de toute la scène et la transforme en dancefloor, malheureusement elle n'a pas la grâce de Jennifer Beals.
 Une madame de 39 balais susurrant maybe this time I'll be in love c'est légèrement cucul, en fait, c'est aussi plausible que Madonna clamant 'I'm a virgin'.
La lecture de 'Eternal Return' se poursuit: 'Beyond', bof, bof - 'Only one'  - 'Say what you want', Eric baille, Yvon va se chercher une Maes, Céline rêve, Sarah pleurniche!
This is a song for all the lovers, la romance  'Luxurious' que tu peux comparer à du Petula Clark reprenant un hit italien des années 60 sera le meilleur moment du set qui prend fin avec 'I wanna be your man' que tu ne confondras pas avec un morceau de l'iguane.
Béjart: non, définitivement, Sarah ne convient pas pour tenir le rôle phare dans 'Le Sacre du Printemps'.

La grande surprise de la soirée nous vient de Grèce où Monika est déjà une superstar.
Cette nana a atomisé le Bota, transformant l'Orangerie en chaudron brûlant.
Rarement une artiste, quasi inconnue,  aura fait une telle unanimité et  réussi à faire bouger et sourire tous les spectateurs. Pas que le cocktail proposé soit novateur, on y retrouve du reggae, du funk, du rock, du disco, de la pop mais c'est bien l'énergie débordante de Monika Christodoulou qui a engendré un enthousiasme général.
Le troisième album de Monika, ' Secret in the Dark' a été produit par Homer Steinweiss le drummer des Dap-Kings, c'est déjà un gage de qualité.
22:10, les musiciens ( des chevronnés) se pointent, suivis par Monika, fringuée d'un ensemble bariolé abstrait du plus bel effet.
Un petit orgue de foire, 'Babyboy' est sur les rails, un mix reggae/disco  qui la voit déjà se démener fébrilement.
La voix passe du funk à l'opéra sans sourciller et qui plus est, la petite est vachement agréable à regarder, un look de garçon manqué, une moue coquette et un ventre aussi plat que celui de Jane Birkin en 1964.
'Lonely word' précède le sautillant 'Get off my way'  chanté d'un smoky alto.
On enchaîne sur du  disco dramatique avec 'Stripping', la voyant interpréter le rôle de la femme fatale en prenant des intonations Grace Jones.
Le chant sacré 'Exit', qui date de 2010,  te flanque des frissons, tu penses aux tubes intemporels de Procol Harum ou d'Aphrodite's Child et tu dois te raisonner pour ne pas tomber amoureux.
J'enlève le haut, elle se retrouve en top soutien-gorge , reprend la guitare, harangue une foule déjà en ébullition.
Quoi, Henri?
Chaud-boulette, non, mec, je refuse de m'exprimer comme toi, je ne kiffe pas, c'est clair, tu me gaves, lol, que du bonheur...
Are you ready to dance, now?
C'est clair, Monika.
'Make me fly' .
Jamais réussi à faire voler un cerf-volant, désolé!
Gros futur hit, 'Shake your hands'  sur beats puissants et addictifs, soudain elle crie 'je t'aime' in French, puis saute dans la fosse pour danser et bondir avec nous, carnaval en mai, ambiance électrique, euphorie les Diables Rouges ont gagné l'Euro, malheureusement il ne reste qu'un seul titre, le disco funk ' Secret in the dark' qui  termine ce concert rayonnant.

Malgré l'absence de bis,  Bruxelles quitte la salle un large sourire aux lèvres!