mardi 10 mai 2016

Les Nuits Botanique - Christian Scott aTunde Adjuah, La Jérôme - Orangerie( Botanique) - Bruxelles, le 8 mai 2016

Les Nuits Botanique - Christian Scott aTunde Adjuah, La Jérôme - Orangerie( Botanique) - Bruxelles, le 8 mai 2016

Les Nuits 2016 débutent officiellement le 12 mai.
 Lors de cette édition, le plus ancien festival indoor bruxellois a invité les amateurs de musique  à fréquenter les salles de la rue Royale ou le Koninklijk Circus à partir du 5 mai, jour où Yann Tiersen se produisait au Cirque.
Sachant que Christian Scott aTunde Adjuah était en tournée européenne ( il se produit à Liège ce 10 mai), le Bota ajoute le nom du plus aventureux trompettiste actuel à sa programmation et a l'excellente idée de proposer l'avant-programme à La Jérôme!


La Jérôme
 Christa “Kiù” Jerôme, ça fait des années que tu suis cette incroyable chanteuse. Tu n'as jamais compris pourquoi le nom de  la séduisante métisse bruxelloise, bilingue parfaite,  n'a jamais brillé au firmament. De Marc Moulin, en 2001 déjà, à Khadja Nin, Starflam, Manou Gallo, 1060, Anne Wolf, les Scabs, Jacques Duvall, Mongoose , et tout récemment Hooverphonic, Kiu en a vu des scènes et des studios d'enregistrement, mais c'est en 2015 qu'elle décide de voler de ses propres ailes pour sortir 'Jérôme is a woman's name', sous le pseudo La Jérôme et, d'après Ladbrokes,  ça va marcher!
Sur scène avec elle, des cracks:  Casimir Liberski( piano, analog synths), un jazzman étant passé par le Berklee College of Music , son copain Renoar Hadri à la basse, un mec qui groovait déjà comme une bête dans son berceau et aux drums Wilfried Manzanza, vu avec Lubiana Kepaou!

20:00,  pile, un grand sourire illuminant son visage: Hi, guys, let's start the fire, et de feu  la voix n'en manque pas !
Un premier soul tune imparable, 'Fire to a stone' , dominé par la basse omniprésente de papa Hadri, des noms te viennent à l'esprit, Lalah Hathaway, une des filles de l'immense Donny, Angie Stone ou Anita Baker.
Un titre explicite pour suivre, 'Soul teacher', la petite cousine d'Angela Davis tient une forme éblouissante, le funk balancé par la troupe fascine, et quand David, des Taxidermists, vient te souffler, c'est qui, elle est de Paris?, c'est excellent, tu lui fais un clin d'oeil, c'est Mademoiselle Jérôme qui ne boit pas de lambiek!
I didn't write 'On my own' seule, une smooth soul ballad  comme on en pondait chez Motown ou Stax.
Brussels, are you here?
Yeah, s'époumonent une vingtaine de gorges, this is 'Giving in', un morceau mordant pendant lequel la basse gambade par monts et par vaux.
Elle enchaîne sur une nouvelle soul ballad ( 'Reason' sur le feuillet) d'un classicisme limpide.
'Buy buy world' est l'histoire de ma vie, de la soul veloutée, suivie par 'Fruits of rooting' qui groove comme les meilleurs Chaka Khan.
Très juteux, ces fruits!
Pour trouver un projet soul d'un tel niveau en Belgique il faut chercher loin, très loin!
La dernière ' Brain' est entamée d'une voix enfantine avant de remuer vicieusement, t'attendais des cuivres, ils sont restés au dépôt, t'espérais plus, ils se sont tirés, too bad!
Le 13 mai au Reflektor à Liège!

 Christian Scott aTunde Adjuah
s'appelait encore   Christian Scott quand tu le vis à l'AB Club en 2010, à l'époque aussi le Grammy-nominated trumpeter avait pris son temps avant de daigner se présenter sur scène.
21:20' les premiers signes de mécontentement se font entendre, heureusement le groupe se pointe.
En piste,  Luques Curtis ( Eddie Palmieri, Gary Burton..) à la contrebasse - Corey Fonville from Virginia aux drums - Lawrence Fields au piano et Logan Richardson de Kansas City à l'alto sax, plus le prodige  affublé d'un T-shirt Lianne la Havas. au reverse flugel.
Ce dernier ne semble pas d'excellente humeur, d'autant plus que quelques maniements inappropriés d'un PC débordent en fracas abrutissant.
Depuis un petit temps il n'est plus question d'étiqueter la musique du gars de la New-Orleans de jazz, il a baptisé son flonflon novateur de 'Stretch Music'.
Explique, Chris:  We are attempting to stretch—not replace—jazz's rhythmic, melodic and harmonic conventions to encompass as many musical forms/languages/cultures as we can...
Résultat sur scène, ne t'attends pas à du jazz de bon papa mais à des improvisations mixant free, rock, hip hop, funk, Afro-Cuban elements, blues, et rhythm'n'blues,  le tout joué à fond la caisse.
Ils nous feront toujours rire les mordus du rock qui assimilent le jazz à une musique assommante, il faut voir Corey Funville se démener derrière son attirail pour comprendre qu'il n'a rien à envier à un bûcheron sévissant au sein d'un  heavy metal band.
Setlist inexistante.
Le maître donne quelques indications, les copains embrayent avant de laisser libre cours à leur imagination.
Ne crois pas que le set soit décousu ou anarchique, on a à faire à des grands, le cocktail proposé passe du fluide à l'emballant, le public ne s'y est pas trompé et après chaque composition il fait une ovation aux protagonistes.
Les deux premières plages jouées sont prévues pour un DES nouveaux albums qu'il compte sortir en janvier 2017.
Amorce relativement classique lors de la première salve, trompette et sax à l'unisson, fond carioca en background. Christian s'efface, un premier duel drums /sax annonce une envolée free de l'alto, le piano reste en sourdine,  la trompette relaye, Bruxelles jubile!
La seconde tranche baigne dans une aura de mysticisme oriental, le jeu très physique du costaud déclenche à nouveau de nombreux vivats.
Il saisit le micro, sa fâcherie est oubliée, il rit et propose un jazz traditionnel puisque l'affiche du  concert indique jazz.
Très vite les cuivres cèdent la place à la formule trio, chère à Brad Mehldau ou Bill Evans pour citer un ancien.
Emmené par Corey,  le canasson fou, l'équipe entame un steeple-chase fougueux avant de voir les copains les rejoindre pour amener le navire à bon port.
Nouveau conciliabule, d'accord, Lawrence, tu attaques, play them some blues, man.
Subtile intro avant la mise au travail de la chaîne.
Je vous laisse, les amis, quelques emplettes, le capitaine s'éclipse, Logan se tapit dans un coin, le reste fait le boeuf avant le retour des déserteurs, la longue plage prenant dès lors une autre envergure.
Scott se transforme en stand-up comedian pour présenter ses acolytes, quelques anecdotes savoureuses, une pas mauvaise blague nippone, un numéro de pingouin castré offert par le batteur, un parallèle entre Logan et Charlie Parker et une franche rigolade dans la salle.
A jazz tune to follow, non pas du dixieland, mais 'Equinox' de Coltrane.
Good vibes, for sure!
Retour à la jam, tu dis Lawrence... C C D E C, et puis tu tricotes!
Quoi, Raymond?
C S aime la Belgique, aucune idée, fieu, explique!
Ah, d'accord, le cornet de frites tatoué sur un biceps, t'es un grand malade, Raymond!
J'ai l'habitude de terminer mes concerts en dédiant un morceau à mon grand-père, Big Chief, Donald Harrison Sr , involved in the Mardi Gras Indian culture et fondateur de la tribu  The Guardians of the Flame, ce soir on vous joue le sulfureux  'The last Chieftain' façon pow wow.

Bruxelles en veut encore, retour du quintette pour un dernier air écrit par le pianiste, 'New heroes', it features no-one in particular, ajoute le comique.
Une plage en climats ouatés après toutes les rafales orageuses!

 Thank you so much again for this incredible moment, beyond space and time...conclut un admirateur!