Les Nuits Botanique: Stereo Grand et Pomrad lors de la Nuit Belge - Bruxelles, le 16 mai 2016
C'est une tradition lors des Nuits, une soirée est consacrée à la Nuit Belge, pas moins de onze artistes, du nord, du sud, de Bruxelles, occupent toutes les salles du bâtiment et des jardins.
Fatalement des choix s'imposent, critères: l'horaire, la découverte d'interprètes non vus et revus, la proximité d'une buvette!
T'avais donné rendez-vous tôt à Manu, elle voulait débuter par Stereo Grand prévu à 20:00 à l'Orangerie, tu la laisses aller se poster frontstage pour faire un détour par le chapiteau qui programme Bots Conspiracy à 19:30.
Riche idée, sur scène un scarabée géant que tu ne parviendras pas à liquider avec un spray anti-fourmis ( traiter les surfaces et autres cachettes, leurs passages éventuels,
leurs nids pour assurer une longue rémanence. Tenir l’aérosol environ à
30 cm de la surface à traiter et vaporiser légèrement et uniformément).
Sonnerie, 19:30', le coléoptère se met en mouvement et actionne ses énormes mandibules, Spielberg applaudit, un bruit de fond glauque se fait entendre, il vire soundtrack 2001 Odyssée de l'Espace.
Aucune trace d'être humain sur scène, à première vue, tu n'es pas vétérinaire, la chose souffre de problèmes digestifs, elle éructe, rote et claque des dents, t'as pensé envoyer un SMS à Gaia, les responsables étaient au resto et s'envoyaient une entrecôte à l'os.
Le machin vire bête électro et tu te demandes la raison pour laquelle le Bota a programmé cette équipe de fumistes.
Yves H?
Du foutage de gueule!
On est d'accord, ce canular de potache est absolument sans intérêt, direction l'Orangerie.
Stereo Grand
Un retour en force pour le combo belgo-écossais qui n'avait plus sorti de disque depuis 2012, le single 'Bottle in the Dust' prélude à un prochain album.
En 2011, c'est loin, déjà, le groupe t'avait laissé une bonne impression, il est encore plus soudé en 2016.
Jean-Philippe Risse (chant et piano), Rodger Hughes ( seconde voix, synthé), Stefan Boucher (batterie de cuisine), Yves Daloze (guitare) et Nicolas Denis ( basse) , le seul qui n'était pas de la partie il y a cinq ans, ont pas mal de fans, avec une nette prédominance du côté du beau sexe ( disent nos gens de plaisirs ; ils ne connoissent pas les femmes sous d'autre nom.... François-Xavier de Feller), ils/elles se feront entendre pendant l'entièreté du set.
Parenthèse, le groupe présente ses nouvelles compos, le papelard déposé aux pieds de monsieur Daloze mentionne des acronymes ou sigles n'ayant aucune signification pour les non-initiés!
AIS débute par une amorce bruitiste avant de virer electro pop hautement catchy et printanier.
C'est génial de se retrouver sur scène pour vous présenter nos titres inédits, voici 'Bottle in the Dust' , le single qui fait plus de six minutes et qui décrit la situation catastrophique dans laquelle se débat notre pauvre pays.
Mélodieux, fignolé et précieux comme les meilleurs Crowded House, qui eux aussi aiment les Beatles.
Le plus ancien 'Stereo' traitait déjà du problème de l'immigration et des réfugiés, plus précisément les camps de Palestiniens au Liban.
Un grand morceau.
BYS est amorcé avec majesté au piano, tu penses aux vieux Moody Blues et aux albums solo de
Justin Hayward, un second mouvement plus enlevé nous montre que le groupe a particulièrement soigné les arrangements et que leur pop mélodieuse peut s'approcher du progrock.
Tu n'y avais pas encore prêté attention, mais tout à coup tu remarques que deux membres de S G ont piqué les tuniques des gars de I Like Trains.
TL sera saccadé et puis les groupies sont ravies de reconnaître 'Yeah Yeah' qu'elles reprennent en chorus.
ASR reste dans la veine pop léchée, Jean-Philippe se transformant en Skippy ayant avalé quelques comprimés euphorisants. Pendant la suivante, GF, l'Orangerie bat des mains, le marsupilami saisit un mégaphone pour déclamer un texte prophétique, puis il glisse sur une peau de banane abandonnée par une copine à Tarzan et termine allongé.
La dernière, mes chers compatriotes, FA, un petit Celtic rock comparable aux hymnes de stade concoctés par U2.
Sympa ce concert, follement applaudi par Gisèle, Françoise, Aude, Christiane et leurs cousines!
Au pas de course vers le chapiteau pour assister à une partie du set de Oathbreaker!
Le hardcore combo de Gand a débuté son show à 20:40', tu arrives après 20 minutes et, instantanément, tu subis un choc énorme, leur metal est tout sauf con.
Les quatre protagonistes sont chevelus, tu ne verras jamais le visage de la nana occupant le centre de la scène, Caro Tanghe, elle attire tous les regards par sa gestuelle habitée et son chant passant du lumineux à l'obscur, ses hurlements puissants s'adressent à tes tripes et tu n'es guère étonné de remarquer Jacques de Pierpont secouer la tête en mesure à 3 mètres de toi.
Les comparses de la donzelle ont pour nom Lennart Bossu ( Amenra), Gilles Demolder et Ivo Debrabandere.
T'es à peine remis de ta surprise que les briseurs de serment balancent une plage lancinante explosant soudain en déflagration furieuse, les cris démoniaques de Caro viennent agresser nos tympans avant un nouveau titre, plus calme, pendant lequel la pythonisse murmure une prière païenne.
C'était trop beau, la supplique se termine en râles odieux tandis que le batteur assène un coup à assommer un boeuf charolais à la grosse caisse.
C'était le signal du retour au front, ça mitraille sans répit, Caro termine le morceau à genoux face à la batterie en implorant grâce au vilain Ivo.
Méchant truc.
Coup d'oeil à la tocante, faut retourner vers l'Orangerie illico-presto si tu veux assister à l'entièreté du set de Pomrad.
Pomrad
Adriaan van de Velde, aka Pomrad, a déjà foulé quelques belles scènes: Dour, le Bota, l'AB, le KultuurKaffee, Het Depot, le Trix ...et maintenant que son debut album "Knights" est sur le point de voir le jour, on l'annonce à Couleur Café, Dour, à nouveau, et au Gent Jazz .
Formule trio ce soir, Adriaan au keytar et synthé, un jazzdrummer, pas sûr que ce soit Stijn Cools qui est annoncé pour l'accompagner cet été, pas de guitare ( Bert Cools est prévu à Gand), mais un second synthé, manié par un gars quasi invisible.
Absence de setlist, forcément, tout est dans les machines, quelques gimmicks introductifs avec une voix off répétant ...'t is te zeggen voor het volgende... avant un collage dadaïste electro/hip hop/jazz avant-garde et bruitages convulsifs.
Etonnant et furieusement groovy.
Le trio enchaîne sur un funk industriel décoré d'un chant trafiqué par une talk box, à la manière de Peter Frampton pour 'Show me the way'.
Le mix, bizarre, accroche , tu y entends à la fois Prince, Flying Lotus, George Clinton, ou de la Detroit techno à la Kevin Saunderson.
Une troisième plage ornée d'éléments asiatiques caoutchouteux nous conduit vers un disco funk trituré, comme si Kool and the Gand ou Bootsy Collins étaient passés dans un hachoir à viande.
Le mix est décrit de cette manière, a danceable catchy vibe with sweet and silky themes, on ne peut qu'adhérer à cette vision.
Les morceaux instrumentaux ou habillés de vocaux corrompus se succèdent, un solo de keytar moins lisse que ceux d'Herbie Hancock est soutenu par une batterie jouant à contre-courant, il est suivi par quelques nappés de synthé naïfs te rappelant Chicory Tip.
Le voyage s'avère aventureux et inventif, l'éclairagiste y ajoute sa touche personnelle en générant des lights défense anti-aérienne à la recherche de V2's sillonnant le ciel de la capitale.
Une touche d'acid jazz, du hip hop dénaturé, de la house déstructurée, un soupçon d''ambient, de l'Intelligent Dance Music à peine déguisée, un groove jamais absent, le set de Pomrad aura tenu le public en haleine de bout en bout.
Il est près de 22h, après avoir couru les salles de concert cinq soirs durant, tu estimes qu'il est louable d'aller rejoindre madame et ses amies qui fêtent un anniversaire au bled!