samedi 3 mai 2014

Roots & Roses 2014 ( Part 2) - Lessines, le 1 mai 2014

Seconde mi-temps,il est 16:05, Rusty Roots.

Quelques jours avant la date fatidique, les Excitements devant se produire à Lessines indiquent..
We are sorry to announce that, due to the loss of our singer Koko Jean Davis's mother, The Excitements are being forced to cancel the concert dates between april 30th and may 5th. The arrangements and funeral duties are going to be done in Mozambique, and will be extended up until the dates of the concerts, thus making it impossible to combine them with the band's engagements. We wish you understand this difficult personal situation and understand our position. All our thoughts go to Koko-Jean now.

Faut dénicher un remplaçant... ce sera Rusty Roots!
Le groupe limbourgeois a fêté ses 10 ans d'existence et la sortie d'un nouvel album, 'Your Host', produit par Mario 'Triggerfinger' Goossens. 
Tu les avais croisés à Beerzel en septembre dernier, ils étaient cinq, sont plus que quatre aujourd'hui,  Kris Rogiers( l'harmonica) s'est taillé!
Donc, au Roots and Roses on verra: Vocals et guitar, le playboy  Jan Bas/ Drum: Nico Vanhove/ Guitar: Bob Smets/ Bas: Stefan Kelchtermans.
Moins blues, plus swamp , 'Take me down' t'oblige à frapper le sol du talon tout en secouant ton crâne.
'Come on Home' remue tout autant malgré son petit refrain bien pute. T'aimes le Creedence, les Black Keys, Bad Company ...tu vas adorer Rusty Roots.
'All I want' sera encore plus pugnace, une rythmique efficace sur laquelle se promène une guitare mordante et Jan ne cessant de répéter à cette nana ...all I want is you...elle doit être légèrement sourde!
Hi, Lessines, we have to apologize to all the men, on n'est pas les Excitements, les filles, par contre, y gagnent au change!
Stoefer!
Premier downtempo aux accents tango blues, le séduisant 'Backdoor man', puis ' Sidewalk' permettant à Bob de nous démontrer tout son talent.
People, it's time for some disco dancing, 'Tell it like it is', du funk blues purulent.
Tous sur une ligne pour un  'Bed of rose' pas moelleux.
Jan annonce la dernière, 'Fades out', pour laquelle il invite Evelyne, une blonde pas débile, à les accompagner aux backing vocals.
Ce slowblues constituera un des points forts d'un set intense ayant captivé Lessines.

The Dream Syndicate.

Un groupe qui, s'il n'avait pas splitté, était inactif depuis 1989 ( huit ans d'existence) avant de reprendre le flambeau en 2012.
Faut dire que la carrière solo de Steve Wynn ressemblait également à une lame dentelée présentant des taches de rouille.
Le show donné à Lessines, par contre, nous a laissés baba, Steve et sa clique tenaient une forme olympique et rockaient comme aux beaux jours de 'Days of Wine and Roses'.
Un gig d'enfer, Paisley Underground music at its best...
 Dennis Duck, Mark Walton, Jason Victor et Steve, je me teins en roux, Wynn entament le set furieusement avec ' Boston' pour embrayer sur 'Tell me when it's over', guitars at full force, vocaux envoyés dans l'urgence, ça pilonne méchant.
'Daddy's girl' et l'infernal 'That's what you always say' ( imagine les Doors ou les Stranglers) déclenchent des élans d'enthousiasme.
'Then she remembers' et ses guitares incisives ne va pas calmer les ardeurs, la jam ' John Coltrane Stereo Blues' n'a pas pris une ride.
Avant ce morceau pouvait durer deux heures, on vous a confectionné une version troisième âge!
Tu parles, un duel de guitares à rendre Jean Marais malade.
Effets larsens et disto, 'When you smile' est aussi vicelard que la Joconde est énigmatique.
Tu dis, Dennis, t'as paumé une cymbale, OK, 5 secondes de repos!
'Halloween' et ' The side I'll never show' précèdent le final, un  'The Days of Wine and Roses' sulfureux.
Du grand Steve Wynn!

Fred and the Healers.

On s'attendait à ce que les locaux mettent le feu au chapiteau , personne n'a été déçu.
L'ami Lani se tapait 25 pompes chaque matin avant d'avaler ses Kellogg's, arrosés de jus de betterave, pour être certain de tenir la forme.
Faut voir si c'est pas un peu tôt pour être sélectionné pour les 31è jeux olympiques au Brésil, mais si le comité belge était à Lessines, il aurait pu se rendre compte que le pays ne compte pas mieux comme candidat au saut en hauteur armé d'une guitare, Fred était impressionnant.
D'après un 'vrai' journaliste , Cédric a remporté la palme de la personnalité la plus mal fringuée, rien à propos du petit Nicolas, qui pourtant peut se targuer d'être le marteleur le plus efficace de la journée.
Trêve de plaisanterie, Fred et ses Healers furent souverains, Flupke, onze Koning, t'a appelé ce matin, on va les anoblir après les élections pour ne pas énerver BDW.
Tu connais la playlist, tu sais qu'ils vont commencer par le tremblant 'Like a leaf'  puis que 'Doyle the Hunter' va sortir sa Winchester de l'atelier et que la tente va se taper un premier boogie nommé 'Thickfreakness'.
'Stayin 'out', t'es malade, il drache, on reste ici, inside!
D'après Fred, leur marchandise n'est pas du blues mais du metal blues, la preuve avec ' How you do this' .
'New generation' précède la seule douceur du récital, ' Dreams'.
L'hymne du festival, le participatif 'Roots and Roses' ( 3012 vues sur YouTube) va secouer la toile.
 Je sors la slide, ' Burning', puis on saute dans le panzer, ' AVD' et 'Man for a day', avant l'abominable ' Lovers Boogie' qui, des fois, reçoit l'appellation 'Drunken Boogie'.
Dis, pépé, pourquoi tu te débarrasses de tes béquilles?
Il a dit 'jump' , sais pas jumper avec ce brol..
Un trampoline géant, heureusement, le cirque est assuré!

King Khan And the Shrines.

 Attention, mesdames et messieurs, dans un instant on va commencer Installez-vous dans votre fauteuil bien gentiment  5, 4, 3, 2, 1, 0, partez, tous les projecteurs vont s'allumer et tous les acteurs vont s'animer en même temps...
Ces acteurs sont: King Khan (  Arish Ahmad Khan) , un Indo-Canadien de la famille des Givrés Incurables et sa troupe de malades décadents, a horn section, une guitare, une basse, un drummer et un orgue.
Des noms, zen nont pas...  t'insistes: Till Timm/Dream Jeans/Rahn Streeter/John Boy Adonis/Simon Says/Ben Ra/Long Fred Roller/ Fredovitch... on te prévient, zétaient pas tous sur le podium, et Ben Weyts, un fameux comique, non plus!
Avant l'arrivée du roi, les troupes amorcent une intro juteuse ornée d'un numéro de sax délirant, sa majesté se pointe, un couvre-chef emprunté à Rascar Capac, une cape, un calebar noir et une panse gargantuesque, il est magnifique... c'est parti pour plus d'une heure d'un mix improbable de soul/punk/garage/blues/psychédélisme/voodoo music/ death metal... ayant enflammé la tente.
Pas d'énumération de titres, pas de setlist.
Les claviers à la ? and the Mysterians agrémentent un premier garage/voodoo halluciné.
'Land of the freak' sent bon le James Brown frelaté, mais le sorcier est pas content, le public est  trop mou...shake your ass, motherfuckers... ses acolytes décident de nous montrer comment en descendant dans l'arène, l'un d'entre eux se prend d'ailleurs une belle  pelle, une de ses incisives traîne toujours sur le gazon, les acrobates remontent sur le podium pour balancer un boogaloo furieux, malheureusement, les lyrics sont quasi incompréhensibles.
' Bite my tongue' groove un max, tandis que 'So wild' fait honneur à sa dénomination.
En français dans le texte: une chanson pour les transsexuels, les lady boys, les gars aimant avoir une bite dans le cul, ' I wanna be a girl', attention,  explicit lyrics.
Les Sonics sont têtes d'affiche, la suivante est pour eux, un surf/garage suivi du soul slow imparable 'Fool like me'.
Pointons encore l'engagé 'Stone soup', a recipe made by the black Indians, depuis les blancs ont remplacé les cailloux par de l'héroïne et ça craint .
I'm a son of a black motherfucker and I'm gonna clean your souls... t'as du boulot, gars!
'Luckiest man', a dance song, puis présentation des saltimbanques sur fond 'Je t'aime, moi non plus' et une dernière salve aux intonations blues avec de vagues réminiscences des Stones à leurs débuts.
King Khan And the Shrines a balancé ze show déjanté de la journée.

Pokey LaFarge

La révélation du festival, ce band a fait l'unanimité, il a éclaboussé la plaine de sa classe.
 Andrew Heissler alias Pokey LaFarge- Lead Vocals, Guitar /  Adam Hoskins- Guitar, Vocals/Ryan Koenig- Harmonica, Washboard, Snare Drum/Joey Glynn- Upright Bass/Chloe Feoranzo- Clarinet, Saxophone et TJ Muller- Trumpet.
Pokey has a love affair with the deepest roots of American musical traditions...pour citer un certain Dan Craft, ses fringues et sa coupe de cheveux, également, dénotent d' une prédilection immodérée pour ce qui est vintage, le magique de l'histoire est que toutes ces vieilleries remises au goût du jour émerveillent aussi bien jeune public que puristes.
'Angel of flowers' délicieusement retro ouvre, il est suivi par 'Close the door'  imprégné des mêmes teintes sépia.
' Bowlegged Woman' en mode western swing/dixieland  permet de mesurer l'étendue du talent d'Adam Hoskins, Ryan soulignant le propos de quelques lignes d'harmonica piquantes.
A la Leon Redbone, 'What the rain will bring', la trompette et clarinette nous mettant dans une charmante atmosphère comédie musicale .
Direction New-Orleans avec le jazz 'All night long ' après lequel le sax et la trompette s'éclipsent.
Some river boat soul avec 'One town at a time' et le voyage se poursuit à 'Cairo, Illinois', une country ballad en demi-teinte.
1924, Hoagy Carmichael, 'Riverboat shuffle' , un tube pour  Bix Beiderbecke.
Me souviens que Ry Cooder, lui-aussi, a revisité des classiques des twenties sur l'album 'Jazz'.
Le gypsy swing/gospel 'Hard times come and go' voit le retour de la charmante Chloe et de TJ.
In a sentimental mood, le tendre 'Kentucky Mae' qui sera  suivi du   rythmé ' My window faces the South', with an odd clarinet and a muffled trumpet.
I'm so happy singing the 'La la Blues'  , du bluegrass réjouissant auquel succède' When did you leave heaven' façon crooning.
Le set approche de son terme, le band lance ' The Good Lord Giveth and Uncle Sam Taketh it Away'.
I suppose you too have to pay huge taxes...
Tu l'as dit, petit!
Et enfin, le uptempo 'Central Time'.

Un tout grand concert et un bis.
'Show me the way to go home', aux allures de marching band music et pendant lequel chaque musicien a droit à son petit solo.
Pokey LaFarge: à ne manquer sous aucun prétexte s'il passe dans le coin!

The Sonics

A l'instar des Stones, les papys  garage de Tacoma font de la résistance.
Depuis leur retour au front, en 2007, ils se sont payés quelques fois la Belgique, tu les avais vus à l'AB, t'avais trouvé leur gig honnête, pas mal de tes connaissances, par contre, affirmaient que c'était à gerber.
 Jerry Roslie keys, lead vocals/  Rob Lind, sax, harp and vocal/  Larry Parypa, guitar bkg vocals/ Dusty Watson drums and  Freddie Dennis bass and vocals, semblent tout droit sortir de chez Madame Tussauds.
OK, on exagère,  excepté Dusty, qui tient la forme.
Madame voulait sa dose de garage, madame a été servie, le produit était quelque peu poussiéreux et poussif, qu'à cela ne tienne, madame était ravie.
' Cinderella', une Cendrillon chaussée de sabots, Freddie Dennis vocifère à se faire éclater les muscles du cou.
Le son crade ne  gêne pas nos papys soniques,  au contraire!
Les antiquités vont se succéder, la voix de Jerry tremblote, celle de Rob vaut à peine mieux, le gros boulot vocal est attribué au bassiste: 'Shot down' - 'He's Waiting'- 'Dirty Robber' ( The Wailers),  Little Richard en  a pondu des kilos de ce style -Richard Berry,  'Have love, Will travel' et son envolée de sax qui tue ...les fossiles ont des restes, c'est pas aussi pathétique que Johnny Winter, mais c'est limite  rance.
Coup d'oeil dans le public, un premier cadavre ramassé par le service d'ordre, abus de moinette!
On nous promet une pièce plus récente, ' Sugaree' , ensuite un  nouveau plongeon dans les sixties avec 'You've Got Your Head On Backwards' - Freddie... next one is on the new album, pas sûr du titre, 'Cheap Chase', perhaps - 'I got your number' ( 666) psalmodié d'un timbre asthmatique - Little Richard, ' Keep a knocking'..frappe plus fort, on t'entend pas!
Boum, ton voisin s'affale, sa meuf lui refile une ou deux baffes, mort bourré, la Secu à la rescousse , plus loin, un rasta s'essaye au crowdsurfing, il s'en tire avec un saignement de nez.
Les vétérans ne s'inquiètent pas: ' Look at little sister', caricatural!
' Money' ( that's what I want), de Barett Strong et popularisé par les Beatles, reste un classique imparable, même partiellement bâclé.
Voilà, King Khan, déguisé en fusée!
Deux classiques des classiques pour suivre, 'Louie, Louie' et 'Psycho'.
Luk: on se tire pour éviter la cohue?
Pas con, ce plan!
Direction la Bentley, sur le chemin, trois dernières salves dont 'The Witch' bien sûr, les autres brûlots étant 'Strychnine' et probablement 'I don't need no doctor', mais là, ça va pas tarder.
Le silence!

Verdict, Alain?
 Une 5e édition du Roots and Roses qui marquera les esprits par la diversité de l'affiche proposée, toujours une bonne ambiance et une excellente organisation.

Merci, fils!