Soirée 'The Sounds of 2014' aux Nuits Bota en ce jeudi 22 mai: quatre noms qui, de 19:30' à 23:30', vont faire danser le nombreux public, Clean Bandit, Ella Eyre, Kadebostany et St.Lô !
Chacun dans son style les quatre dance-acts ont embrasé le poulailler, à 23:30' Bruxelles en redemandait encore!
St.Lô
Oui le groupe a choisi ce patronyme en pensant à la ville de la Manche, les musiciens s'y sont rencontrés en 2007.
Non, ils ne vont pas nous abreuver de chants marins.
Après avoir écumé les scènes hexagonales, St Lô vient de sortir un premier album ' Room 415'.
Ils sont trois à se présenter sur scène, Ton's et iOta derrière une collection de claviers/ synthés, + un drumpad pour le barbu (Ton's) et, occupant le centre de la scène, la formidable Mezz Walidah ( aka Shä-Key ou Hanifah Walidah) , une élégante new-yorkaise, fringuée et attifée à la garçonne, ayant fait ses preuves au sein de combos aussi réputés que des Brooklyn Funk Essentials ou Antipop Consortium.
Cette nana au charisme incroyable est doté d'un timbre tout bonnement époustouflant, l'organe idéal pour interpréter la soul music.
'Reach' entame les hostilités, les synthés nous tissent des entrelacs sonores semblant dessiner par Vasarely , la voix s' élève, ample, profonde, intrigante, est-ce celle d'un homme ou d'une femme, tu te décides à la comparer à celle de Grace Jones.
Insidieusement, elle s'immisce dans ton cerveau, dans ton âme, elle ne te lâchera plus tandis que ton corps ondule au gré d'un groove lascif.
Quelle claque!
D'un accent suave, elle annonce we are St-Lô avant d'amorcer le titre annoncé comme étant 'Conquers' sur la playlist ( introuvable sur l'album), des beats soutenus sur lesquels vient se greffer le chant du conquistador androgyne et toujours cet univers fait de grooves hypnotiques.
'My bottle' , pas la même flacon que celui de Gil Scot- Heron, mais si tu touches à ce breuvage tu risques bien d'être ensorcelé.
En mode hip hop remuant et syncopé, 'Flight and Fantasy', elle se débarrasse de son couvre-chef pour montrer un crâne rasé à la Skunk Anansie et ébaucher le virevoltant 'Down fall the last star', son phrasé scandé interpelle...down fall the last star and now it's black, how about that...
T'as à peine le temps de reprendre ton souffle qu'elle nous demande si on connaît Leadbelly, aucune de tes voisines ne semble avoir la moindre idée de qui peut bien être ce ventre de plomb qui a chanté 'In the Pines.
Une version electro/disco qui te cloue sur place, une voix qui te rappelle Crystal Waters chantant 'Gypsy Woman'.
Ce titre met fin à une prestation qui aura marqué les esprits.
Kadebostany
Wadizit, mama?
S'il faut croire Kadebostan, dj et producteur mégalomane, auto-proclamé président de Kadebostany, il s'agit d'une république qui devrait bientôt être reconnue par les Nations-Unies, pas eu besoin de référendum, le chef d'état est le seul citoyen de ce nouveau pays.
Il a monté une fanfare avec des transfuges pour la plupart suisses, cette fine équipe a déjà deux full albums à son actif, en vente chez les meilleurs disquaires du nouvel état ou dans leurs ambassades et consulats à l'étranger.
A chaque apparition en public, l'orchestre déclenche enthousiasme, hilarité et crises de délires.
Si tu souffres de neurasthénie ou de déprime tenace on te conseille un concert de Kadebostany, tu en ressortiras revigoré et rajeuni, c'est le médicament le plus performant contre l'asthénie et, en prime, musicalement, c'est absolument sidérant.
Une symphonie electro en guise d'introduction, arrivée des artistes: le président , un cousin de Sacha Baron, au drumpad et machines, deux représentants de l'armée du salut au trombone et saxophone ( Ross Butcher et Jaafar Aggiouri ) - un chasseur alpin à la guitare ou basse ( Jérôme Léonard) et une majorette tatouée au chant ( la formidable Amina).
C'est parti pour plus de 40' de show débridé.
Embarquez braves gens, la 'K-Airline' va vous déposer au Kadebostany, un rap/electro/fanfare/jazz de propagande, histoire de te montrer de quoi il retourne.
C'est hautement burlesque et vachement dansant.
Un petit coup de klezmer et d'orientalisme avec un 'Hey!' beuglé par toute la tente.
Deux titres, à peine, et déjà une ambiance au zénith.
Place à 'Invisible man', un disco/electro/dream pop susurré par Miss Amina qui d'un coup passe au rap.
Après une intro grandiloquente, 'The Eagle' s'envole haut dans des cieux rap.
Un break pour placer un méchant solo de trombone et Amina reprend son flow vicieux.
Une petite valse avec un spectre?
'Walking with a ghost' , un break hip hop, puis un mouvement flamenco, olé, olé, olé, la promenade n'est pas de tout repos.
On nous promet une cover.
Claque magistrale, le 'Heroes' de David Bowie en version Swiss kitsch.
Puis leur hit 'Jolan', ânonné par tous les citoyens... djé ooh el éé en..., allégresse générale.
Je vous emmène au cimetière, d'accord?
On te suit, Amina.
'Bugs and flowers' ...there is no reason to be afraid...
A tes côtés on ne craint rien, petite!
Le voyage se poursuit avec l'excité et cuivré 'Palabras'.
Let's dance qu'elle dit, ça fait 40' que toute l'assemblée gigote, les déjantés attaquent 'The pursuit' tandis qu'un gars sorti des coulisses leur signifie que c'est fini, que l'organisation va couper le jus. La fanfare se voit dans l'obligation de terminer la java en mode instrumental jazzy avant de s'éclipser définitivement.
Pas content le public!
Ella Eyre
Ella McMahon ( 20 printemps), afro's hairstyle with plenty of bounce and curls to shake around, combinée à une apparence Twiggy 2014, est la nouvelle sensation soul/pop au UK.
Pas encore d'album à ce jour mais déjà une renommée bien établie après sa collaboration au megahit de Rudimental 'Waiting all night'.
La jolie Londonienne est dotée d'un timbre soul à la croisée de ceux d'Amy Winehouse, Adele, de notre Selah Sue, tu ajoutes à ce cocktail une fraîcheur juvénile craquante et une présence scénique hyper tonique et t'as de suite pigé que les Lady Gaga, Rihanna, Jessie J et autres starlettes à la Miley se sont dénichées une sérieuse concurrente.
Son band se présente, sont tous fringués de noir, les deux mignonnes choristes, un pianiste, un drummer, un bassiste et le guitariste au look Omar Rodriguez Lopez ( Mars Volta), l'équipe s'avèrera performante.
La lionne fait son apparition, la foule hurle, c'est parti et bien parti, 'Don't follow me', bouncy vocals sur fond de piano mélancolique et ooh ooh ooh racoleurs des vocalistes.
Infectieux!
If you know 'Deeper' sing it with me, Bruxelles ne s'en est pas privé.
Un titre passionné, basé sur des jazzy vibes sur lesquels cabriole la husky voice de la jeune diva.
Le singalong nu-soul 'Worry about me' aura convaincu les derniers réticents, le chapiteau vibre à l'unisson.
'Nobody loves me like you' et ses beats irrésistibles va casser la baraque dans les boîtes de nuit branchées, c'est une certitude.
Next one is a cover, one of my favourite songs from my childhood, elle attaque 'Good luck' de Basement Jaxx.
Son enfance c'était donc en 2004!
La ballade 'Home' nous démontre une nouvelle fois l'immense étendue de ses possibilités vocales.
Après ce titre plus calme, une question: ready for dancing?
'Waiting for you' de Rudimental, le morceau qui lui a ouvert les portes du succès.
Le set se termine avec le single imparable 'If I go'.
Claire?
Ella a illuminé les Nuits...
Clean Bandit
Le groupe de Cambridge, né en 2009, a par deux fois squatté les charts britanniques ( 'Mozart's house' et 'Rather Be' ) et aucun doute à avoir, bientôt la planète entière va succomber aux charmes de sa deep house/baroque electro dance pop volcanique.
Si le line-up annoncé se compose de Jack Patterson (bass guitar, keyboard), Luke Patterson (drums), la gracieuse Grace Chatto (cello) et Milan Neil Amin-Smith (violin), il faut y ajouter les deux incroyables chanteuses, Elisabeth Troy ( baseball cap et chevelure bleue, une panthère) et la blonde Florence Rawlings, deux nanas qui valaient le déplacement à elles seules.
Une amorce Vivaldi virant synth pop, 'A&E' donne le ton de la soirée, electronic sounds, spicy vocals, classical background!
Même scénario pour 'Running Around' qui mixe ingénuité candide, rythmes tribaux, synthé Depeche Mode première époque et violon plaintif.
Les plages dansantes vont s'enchaîner: 'Rihanna' et ses sonorités élastiques, 'UK Shanty' et son fond folky voyant Grace se joindre aux guests au chant, puis c'est Jack qui se charge des vocaux travaillés au vocoder pour 'Dust Clear avant de céder le relais à Elisabeth qui entame ' Up Again' aux touches poppy à la Sugababes/ Spice Girls.
Sur scène c'est la grande Elisabeth Troy qui se démène le plus, elle virevolte, vient taquiner la violoncelliste ou draguer le violon, se cabre, pique un petit sprint, cette grande bringue est un régal visuel.
Clean Bandit continue avec l'ensoleillé ' Come over' suivi du dernier single 'Extraordinary'.
On peut comprendre l'engouement de la jeunesse, le cocktail dance tunes plus fun illustre parfaitement la raison pour laquelle Clean Bandit are the darlings of the moment.
Le show se poursuit avec 'Heart of Fire' et ' Cologne', prévu pour l'album 'New Eyes', un ragga/reggae naïf présentant quelques similitudes avec le 'Pass the Dutchie' de Musical Youth.
Place au gros hit 'Mozart's House' et à ses pulsations impulsives sur lesquelles le violon divague avec grâce.
Le romantique 'Nightingale' achève le set.
Un chant du rossignol devenu chant du cygne?
Non, on aura droit à un double bis.
La reprise de Robin S ' Show me love' et le tube que tout Bruxelles attendait ' Rather Be'.
La discothèque ferme ses portes, les danseurs irréductibles se font jeter par les sorteurs.
Ils se sont tous donnés rendez-vous au Pukkelpop, Clean Bandit y sera!