Quand Vincent M ( et son poteau, Pierre-Guillaume, non pas l'activiste/négativiste, ni le parfumeur de ces dames) organise un concert, il rameute toutes ses connaissances, des filles et des zigues qui chaque 30 février pratique une journée d'abstinence totale.
Pendant deux semaines, il a matraqué sur tous les services de réseautage social en ligne, immanquablement, tu ne pouvais que croiser une trentaine de célèbres night birds de tout plumage au LR6, une brasserie située dans les Marolles.
Le LR6, on t'en avait pas dit que du bien, tu rechignais à t'y rendre...
Constatations: des patrons aussi aimables qu'un geôlier iranien xénophobe - une salle ( cave) louée avec matos inutilisable ( merci à Fred Cerise pour le dépannage), sans bar - collation pour l'artiste: uniquement des softs et, de préférence, de l'eau du robinet ( les organisateurs se virent obliger de dévaliser le Delhaize du coin, 24 canettes de Jupiler..), on en passe ( le soundcheck par ex.).
L'horaire: on nous avait annoncé, ouverture des portes à 21h, il était 21h50'! - début du concert à 21h45', à 22h30', le boucher ramasse son instrument ( an axe avec des cordes), tripote son laptop , il semble prêt à entamer la cantata de inverno.
The Jazz Butcher, alias The Jazz Butcher Conspiracy, alias The Jazz Butcher And His Sikkorskis From Hell, alias Pat Fish from Northampton .
Un groupe de jazz/avant-garde obscur? Des punks dépeceurs de jazz? Le sosie de Jean Yanne?
Non un musicien anglais ( Pat Fish), né en 1957, excentrique sur les bords, qui après avoir fait partie des fameux Nightshift ou Sonic Tonix, forme, en 1982, The Jazz Butcher.
Un band qui, au fil des années, connut un line-up mouvant ( on compte plus de 20 membres), des changements d'identité et qui enregistra un paquet d'albums, pour devenir groupe culte à l'instar des Rivieras, des Standells ou de Harpers Bizarre.
Ce soir, Pat Fish, oui, il y a un tatoueur du même nom, se produira seul: une guitare, une voix traînante, trois ou quatre effect pedals, de la reverb et un fond sonore relativement monocorde ( drums, basse, claviers, voix samplées, bruitages divers) sur bande.
Pas du playback à la Amanda Lear à Forest National, dans les eighties, non, Pat joue et chante et insiste pour nous dire que les bandes n'ont pas été achetées chez Aldi, qu'il a tout confectionné chez lui, néanmoins, au bout d'un laps de temps, variable selon l'individu, le collage finit par sérieusement lasser.
On aurait tous préféré un vrai drummer, un vrai bassiste enz...
Quoi, Olivier?
D'accord, et deux choristes black en short!
"Whaddya?" , on se regarde tous, m'enfin, c'est Lou Reed, 'Walk on the wild side', même timbre blasé, même mélodie nonchalante.
En français, patate chaude en bouche: bonjour, je m ' appelle Pat Fish, le bruit que vous entendez sur les bandes illustre ce qu'on entend dans les rues de Northampton, a dark city.
Après un sermon d'un prêtre anglican, il nous balance un pub rock minimaliste aux accents mélancoliques et psychédéliques, psalmodié d'un timbre dylanesque.
'Shame about you' ( sur "Last Of The Gentleman Adventurers" de 2012) trempe dans le même bain tiède, qui sent bon Ian Hunter ou son prédécesseur Mott the Hoople.
Une ballade provenant de la même plaque, 'Mercy'.
Très Graham Parker et une pincée de Madness, 'Mr Odd', suivi d'une cover sombre de Martin Rev/Alan Vega, alias Suicide.
Derrière toi, quelques Ibères diserts narrent les derniers exploits de Messi ou d'El Cordobès en élevant la voix, ça craint!
Fish n'en a rien à branler, il poursuit son exposé par un country folk narratif, teinté de philosophie Jack Kerouac.
Changement de style, dance beats, French lyrics: 'Tombé dans les pommes'.
Imagine Vaya con Dios au lit avec Arno Hintjens, t'auras un tango bâtard.
Une injection Neil Young/Crazy Horse, le gars s'énerve et attaque un punk blues ravagé, un voisin y respire des odeurs Costello, encore angry young man.
' Ghosts'
We could be ghosts. And fly down stairways
We could be ghosts. And disappear..
A la manière de Bowie fredonnant 'Heroes'.
Le laidback 'Shakey' nous emmène in North Ontario et dans celle-ci on entend des bribes de 'Helpless' de C S N & Y.
This song is to explain who I am, un petit tour à l'abattoir avec le jazz butcher, du rock'n roll/rockabilly à la 'Jukebox baby' d'Alan Vega.
Après cette dépense d'énergie, un petit slow s'impose et, my last song will be a disco.
Aaah, Kool & the Gang, Boney M, Gloria Gaynor...
Le sexy 'Solar Core' sera disco dans le sens 'Miss You' des Stones.
65', game over!
Un bis?
Vite fait, car je vais goûter à votre Westmalle!
John Cale; 'Thoughtless Kind'.
The Jazz Butcher: à revoir dans de meilleures conditions et en band, sans les bandes pré-enregistrées!