Agenda des concerts peu fourni en ce jeudi de janvier où on fête la patronne des gendarmes, Sainte-Geneviève, fille unique de Severus et de Géroncia.
En te souvenant avoir reçu une invitation de Yeti Pøpstar, tu optes pour le quartier Sant-Géry, le Central, qui annonce: Practical prog. vol 19: Melodik PinPon/Ascii Witchcraft/stel-R/Pute Acier, en ajoutant Live pour les deux premiers cités et DJ sets pour les suivants, pour être précis, il faudra mentionner Visuals by VGeranium (from b > z movies), ce qui sous-entend de l'hémoglobine en noir et blanc, des poitrines généreuses et de la castagne doublée.
Heure du coup d'envoi: 21:05'.
Une ou deux bières plus tard, le Pelargonium démarre les projections, tandis qu'un drôle tripote un laptop nous inondant d'ambient drones plus ou moins expérimentaux que tu peux comparer aux efforts de Cristian Vogel, un sombre oiseau, pas carnivore, né au Chili.
L'attente va se prolonger, t'as pourtant pas l'occasion de te consacrer pleinement au paysage sonore assez prétentieux, car, en bruit de fond, tu as à subir le monologue abscons de RickyBilly, le playboy postillonnant, semblant avoir adopté les mêmes résolutions en 2013 que celles qu'il avait prises les années précédentes, c à d : te casser les couilles avec ses élucubrations rocambolesques.
C'est mal barré, encore un plan foireux à ajouter à un palmarès déjà bien étoffé, ta soirée risque de ressembler au naufrage d'un paquebot dont le nom t'échappe.
Petite Annick, te souffle le bellâtre.
RickyBilly, nous vous aimons!
22:05 Ascii Witchcraft
Pense pas trop à Robert Palmer, les tours de magie ass-kee proposé par Yeti Pøpstar ( Velvet Underwear hiberne, prétend le brave) n'ont pas grand chose en commun avec la blue-eyed soul de l'élégant British.
Un laptop, un analog sequencer, une double pinte, une paire de Gucci sunglasses ( Black square frames- Dark gradient lenses...) , c'étaient peut-être des Robert Geller ou des Père Magloire, le connoisseur, J.Delvaux, étant aux abonnés absents, on n'affirme rien, un look blasé... let's go pour 35' d'electronica/laptronica/ IDM/ glitch.. de bonne facture.
Etais un brin stressé, confesse le Houdini des machines, ai tout confectionné hier soir, dans mon grenier, en sifflotant du mezcal artisanal.
Une première séquence te rappelant au bon souvenir de Faultline , un gars doué, devenu producteur de Bat for Lashes e.a., que t'as vu au Beursschouwburg au siècle dernier.
Une esthétique froide, industrielle, androïde... intelligent techno disait-on pour Autechre ou Aphex Twin.
La mixture inspire une créature, probablement échappée de chez Titeca. Imagine la progéniture qu'auraient pu avoir Mieke Caricole et Frankenstein, pour te faire une idée. Cette brave chose, édentée et imbibée jusqu'à la moelle, utilisant un sent bon made in latrines jamais nettoyées, nous fait un numéro Zizi Jeanmaire s'essayant à la House, c'était presque aussi pathétique que les dernières apparitions de J L Fonck sur le petit écran.
Yeti ignore superbement, s'avale un bacardi coca en 26 secondes et poursuit son trip.
Pas de bol, la pin-up décide de te faire un massage facial, avant de vouloir t'entraîner dans ses exercices contorsionnistes... maman, au secours, ai beau lui avouer souffrir d'hémorroïdes, elle insiste, les lieux d'aisance représentent la seule issue de secours.
Tu reviens, le set s'achève, un bis rapide s'impose avant de passer au bar!
La star vient saluer ses admiratrices, on a reconnu Alk-A-Line au complet.
Au suivant: Melodik PinPon.
Un cas, ce Rachid Pinpon, un look à la croisée de Frank Zappa et de Sascha Baron Cohen/Borat et une descente plus impressionnante que celle du Capitaine Haddock.
Musicalement, le pompier fou nous sert un bouillon pas allégé d'electro, new beat, fast food disco/pop, happy hardcore qui amuse pendant 20 minutes avant de te donner la nausée.
Avanti pour cinquante minutes d'Eurodance au surréalisme scatologique, moins Sportpaleis que Milk Inc, moins Lilali que Kim Kay, moins je me prends pour Mylène Farmer que Kate Ryan, moins trance que Fiocco, moins drôle que 'Qui'( a volé ma pipe) de
BSR, moins rital que Rocco Granata mais plus fort que, au hasard, Plastic Bertrand, Two Unlimited, ou Def Dames Dope..
Quelques samples iconoclastes, Brassens , Mâalma Yamna ou Seloua , deux ou trois tirades pouvant lui valoir le Goncourt mayonnaise ( il est en balance avec le petit Jamel Debbouze) , un traité de sexe pour les nuls, de l'Eros Ramazzotti trafiqué.... tu supportes 35' avant de te diriger vers le bar, un dernier pour la route, on se couchera à une heure raisonnable...las! t'as à peine parcouru deux mètres que tu tombes sur deux gangsters redoutables, Yves Hoegaerden et Vincent M, qui viennent d'entamer leurs cinq heures de libations quotidiennes, vas-tu sortir vivant de ce guêpier?
Me demande pas combien, ni à quelle heure, ni comment...mais, on a survécu.
Pour terminer ce compte-rendu musical, on te signale que le Central, vers minuit trente, s'est trouvé transformé en cour des miracles, à croire que tous les marfaux, francs mitoux, malingreux et autres personnages mis en peinture par Jérôme Bosch dans son triptyque Le Jugement Dernier s'étaient donné rendez-vous dans ce bistrot!