Direct Injection, émission en direct sur Radio Alma ( 101.9), enregistrée à la Maison des Cultures de Saint-Gilles ( rue de Belgrade).
Pour la dernière session 2012, deux groupes à l'affiche: Coenguen et Moaning Cities.
L'espace, coquet, réservé aux concerts, permet d'accueillir une assistance de +/- 80 personnes, mais, vers 18: 00, il sera peuplé par un public dégraissé alors que le Nordiste Coenguen, orphelin de son groupe, prend place derrière le piano électrique.
Coenguen a déjà passé le cap de la première communion, a sorti un album autoproduit en 2010 ( 'Sur le trajet des ondes') et, après avoir été lauréat de la Biennale de la Chanson française en 2010, a foulé quelques scènes intéressantes: les Francofolies, le Botanique, le Biplan à Lille, le KultuurKaffee, Le Rayon Vert à Jette etc..
Pince-sans-rire: merci d'être venus, tous, c à d mes trois copains/pines, le présentateur, l'ingé son, un ou deux photographes et trois paumés s'étant réfugié dans le CC pour fuir l' abominable crachin mouillant Bruxelles.
Petit impromptu en attendant le signal du capteur, t'es à l'antenne, vas-y... il amorce son lot de chansons tristes par ' L'Abbé' , ne figurant pas sur le disque.
D'emblée une fameuse gifle, le mec se donne à fond, vit son texte d'un anticléricalisme impressionniste, tout en martelant ses touches.
Oui, il y a du Noir Désir dans l'approche, mais également de la poésie faussement candide à la Thomas Fersen.
Caustique et attachant !
' Dans mon parc de loisirs' , jongleries, pirouettes... les mots voltigent, rebondissent, s'accouplent, se défont ... un carrousel enivrant.
Accrochez-vous, la suivante s'intitule ' Chemise impeccable sur coeur battant la chamade made in Taiwan' .
Michel Audiard, tu dis?
Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des cons et pleurnichards.
Chanson française anno 2012/ 2013, subtile et lucide!
A la guitare, 'Egregore'. Pas préparé, t'avais retranscrit 'Eh, Gregor' , en pensant au moine botaniste de Brno.
T'iras voir chez Google, me souffle l'acrobate .
Egrégore: l'ensemble des énergies cumulées de plusieurs personnes, vers un but ou une croyance défini par eux. ...
Pas con, t'étais... t'aurais dû téléphoner à Jean-Claude Van Damme, maître ès philosophie.
Un méchant rock paradigmatique.
D'un sourire malicieux: mon titre le plus joyeux, ' Quand on voyage' , un traité de philosophie nomade, suivi de 'Ma Plainte'.
Parenthèse, le 'je' de la chanson n'est pas forcément 'moi'.
Gainsbourg , Dr Jekyll, Mr Hyde, Freud, sept cent millions de Chinois?
' Il n'y a plus d'errance', une vision pas béate de notre monde.
Entracte Joachim du Bellay, deux poésies adressées au Père Noël, ' Cher Soleil' et ' Cher Silence', presque aussi profondes que du Maurice Carême.
Coenguen achève son set avec le sec ' Au bord de mon zeppelin', direction planète rock à bord du Hindenburg.
Coenguen, du French rock qui ne peut vous laisser indifférent!
Moaning Cities
Jeune groupe bruxellois né en 2011, ayant sorti un EP quatre titres et pratiquant un psychedelic rock teinté de blues, de spacerock et de folk aux fortes senteurs late sixties- early seventies.
Moaning Cities are:Valérian Meunier - vocals, guitar / Bertrand Gascard - guitar, harmonica,/ Juliette Meunier - bass, backing vocals/ Tim Sinagra - sitar, guitar, saz/ Gregory Noël - Drums.
En l'absence du batteur, le groupe a invité deux copains percussionnistes, Diego et Geoffrey, maniant calebasse, dounous , rekk, oudou ou didgeridoo.
Le coin s'est empli, un essaim de potes a envahi la salle.
' He just sleeps' ouvre.
Tu plonges d'emblée dans un univers The Byrds s'inspirant de Dylan ou de Shankar.
Epoque bénie où McGuinn , Crosby et Clark composent le single immortel 'Eight Miles High'.
Les douces voix de Valérian et de Juliette se répondent ou fondent en harmonies célestes. Psychedelic guitar edges, feedback... ton esprit vient de quitter Bruxelles, la morne, pour te proposer un Easy Rider trip aux côtés de Peter Fonda et Dennis Hopper.
Jack, si ça te chante, tu peux nous accompagner.
Première plage du EP, ' Wandering Souls' , proche du neo -psychedelia, un brin mystique, à la Kula Shaker ou Black Angels.
Les guitares se font agressives, presque hard.
Putain de bon morceau, suivi par ' Coal is Mine', toujours affublé d'un duo vocal mixte.
La dernière fois où tu t'étais surpris à planer comme ce soir, c'était lors du concert de Wolf People à Leffingeleuren.
Tim assis, un sitar: ' Heaven/Abyss', languissante plage de près de 10 minutes à rapprocher du travail des Narcotic Daffodils.
Bertrand, il est pas beau mon bonnet, ramasse un dobro , c'est parti pour ' See you fall' que ton cerveau s'acharne à vouloir rapprocher de Blind Melon, remember ' No Rain'?
Un tout nouveau morceau ' Jam in D', au saz, Grateful Dead n'est pas loin!
Le fluide 'Chest Height' est adapté d'un poème écrit par un ami ( Oliver Monaghan?).
La petite heure impartie à Moaning Cities prend fin avec l'hypnotique ' Distant Battles' au phrasé dylanien.
Durant l'interview, le groupe confiera à l'animateur avoir à ce jour un répertoire d'une dizaine de titres, à peine.
Quoi qu' il en soit, mieux vaut 10 titres à l'écriture et aux arrangements soignés que 35 brouillons hâtifs et superbement bâclés.
Le 30 décembre, Moaning Cities se produit au Kinky Star à Gent!