mercredi 5 juillet 2023

Tamikrest @Le Manège, Mons ( Dans le cadre du Festival au carré), le 2 juillet 2023

 Tamikrest @Le Manège, Mons ( Dans le cadre du Festival au carré), le 2 juillet 2023

 

 Mitch ZoSo Duterck

 

TAMIKREST - Festival au carré, Grand Manège, Mons (BEL) - 2023.07.02
 
Set List:
01.Awnafin. (Tamotaït - 2020)
02.Outamasheq. (Adagh - 2010)
03.As Sastnan Hidjan
04.(Tamotaït - 2020)
04.Azawad. (Tamotaït - 2020)
05.Timtarin. (Tamotaït - 2020) (Did Not Played)
06.War Tila Eridaran. (Kidal - 2017)
07.Imanin Bas Zihoun. (Chatma - 2013)
08.Anha Achal Wad Namda. (Tamotaït - 2020)
09.Djanegh Etoumast. (Chatma - 2013)
10.Aratane N’ Adagh. (Adagh - 2010)
11.Adagh. (Adagh - 2010) (Did Not Played)
 
Line Up:
Ousmane Ag Mossa: Lead Vocals, electric and acoustic guitar .
Nicolas Grupp: Drum, percussions.
Paul Salvagnac: Electric and acoustic guitar, slide guitar.
?: Bass Guitar
 
Deuxième concert de musique que je qualifierai d'Euro-Malienne en quatre jours puisqu'après Tinariwen, leader père spirituel et fondateur du mouvement, c'est au tour de Tamikrest, fils adoptif des précédents, de faire arrêt dans notre beau pays. En langue berbère où Tamasheq, Tamikrest signifie la "Coalition", le "Noeud", mais aussi "l'Avenir". Originaires de la région de Kidal, le groupe utilise la musique comme un véhicule, porte-parole de sa rébellion contre les pouvoirs en place qui continuent à les considérer comme des empêcheurs de tourner en rond, allant parfois jusqu'à les massacrer! Les Touaregs qui dorment encore et toujours sous leur célèbre tente Khaima sont le dernier peuple de cette espèce, des gens se déplaçant continuellement dans cette immense région formée notamment par l'Algérie, La Mauritanie, Le Mali ou encore le Niger.
 
Comme le dit Ousmane Ag Mossa, leader de Tamikrest: "La liberté, c'est de vivre tranquillement dans le désert, de vivre avec soi. Mais la réalité de notre peuple c'est aussi l'obligation de se déplacer presque quotidiennement pour trouver un nouveau point d'eau et des herbes pour nos animaux qui constituent pour nous, notre seule richesse. Lorsqu'un enfant est malade, nous devons parfois parcourir jusqu'à 300km pour trouver un hôpital ou un dispensaire qui voudra bien l'accueillir et lui prodiguer des soins! A l'heure actuelle, il faut que nos enfants puissent recevoir une éducation scolaire à la hauteur des difficultés qu'ils rencontreront dans la vie de tous les jours. Malheureusement, il y a très peu d'institutions qui leur offrent ces possibilités." Nous n'allons pas aller plus loin dans ce débat, certes passionnant mais qui mériterait une conférence à lui seul.
 
Allez, c'est pas tout, ça, il est 17.00 et le chauffeur nous signifie qu'il est temps de rejoindre la caravane des véhicules des juillettistes qui s'en vont honorer leurs locations, peu importe l'endroit, pourvu que ça soit du "all-in", le fameux truc où on écrase ses cigarettes dans des assiettes qui débordent de nourriture intacte ou presque sous prétexte que c'est gratuit! 
Sans oublier les animations pour bourgeoises en chaleur qui ne cherchent le dépaysement qu'au travers de relations inavouées avec un moniteur, pourvu que celui-ci soit couleur locale. Comme dit le proverbe "Ce qui est fait en vacances, reste en vacances." Grande première, ma charmante fille est du voyage étant donné je l'ai un peu "drillée" sur le sujet et qu'elle a accroché. C'est chouette de partager sa passion avec ses enfants.
La prudence qui nous pousse à partir bien avant l'ouverture des portes nous amène au grand Manège où nous allons succomber avec délectation à la dégustation de produits locaux estampillés St.Feuillien pour les plus téméraires d'entre nous.
Bon, la gentille dame qui nous a accueillis ayant préconisé notre présence aux portes d'entrée à 19.30, nous obtempérons. 
Ca frémit! Donc on ouvrira bientôt l'accès à l'endroit qui sera donc notre Khaima d'un soir. 
Le public arrive au compte-gouttes, c'est un peu bizarre. Est-ce-que ce que l'affiche proposée ce soir va encore faire partie de ces excellents concerts qui n'excitent pas assez la curiosité d'un public devenu trop pantouflard? 
Renseignements pris à la billetterie, il y aurait à peine 115 places vendues avant l'ouverture des guichets ce soir!
En observant la faune locale qui pénètre presque craintivement les lieux, je fais remarquer à mon digger-driver Marc que les hommes du coin ont tendance à glisser les deux mains sous l'élastique arrière de leur short estampillé "Aldi" à moins que ça ne soit "Lidl" à la suite de quoi, ils se lancent dans l'exploration complète et détaillée de tout ce qui compose la "lune" de leur postérieur. C'est pas discret mais au vu des grattages consciencieux entrepris qui déclenchent, une foule de grognements ça doit être le pied si je peux me permettre la comparaison. En tout cas ça doit être entré dans les moeurs de la région car les explorateurs ne se serrent pas la main pour se saluer, ils s'embrassent!
Au niveau assistance, les calculs effectués par notre Digger nous informent qu'il y aurait environ 250 personnes présentes! 
Une demi salle, quand je vous le disais que c'était à n'y rien comprendre.
Ils sont donc quatre en scène sous la conduite de leur leader Ousmane. 
Quatre dont trois français qui collaborent régulièrement (c'est bien connu.) Dès le départ, on sait que c'est le côté électrique qui va être prépondérant. 
Alors que Tinariwen a tendance à jouer plus "traditionnel", ce ne sera pas le cas de Tamikrest dont le côté plus européen dans son interprétation va immédiatement captiver le public pendant les 90 minutes et quelques du spectacle. 
C'est dingue ce que cette pulsation rythmique peut être envoûtante et entraînante et envoûtante à nouveau. Cette impression d'adopter le fameux pas du dromadaire, impossible de résister, des "yous-yous" d'encouragement et de plaisir se font entendre. Le temps passe à une vitesse folle, tonnerre d'applaudissements, rappel et puis passage par le merchandising pour acheter enfin "Tamotait" sixième et dernier album en date du groupe qui en compte... six (bravo) et dont le tire signifie "Espoir en langue Tamasheq. Un petit repas à l'émincé de porc, une autre collation (Merci Ann) et c'est le moment de regagner nos pénates.
On souhaite vraiment que tout s'arrange très vite pour nos frères touaregs et qu'enfin, ils aient le droit de vivre libres. 
Yallah! Hemlegh-kem.
Mitch "ZoSo" Duterck
 
note, sont annoncés  à Bruxelles en 2024
 
Ousmane Ag Mossa
chant , guitare , guitare électrique
Cheikh Ag Tiglia
chant , guitare basse , guitare électrique
Nicolas Grupp
percussions , tambour
Paul Salvagnac
guitare , guitare électrique , slide guitar
Aghaly Ag Mohamedine
chant , percussions

mardi 4 juillet 2023

Luciole au Lyncéus Festival, Esplanade de la Banche, Binic, le 2 juillet 2023

 Luciole au Lyncéus Festival, Esplanade de la Banche, Binic, le 2 juillet 2023

 

michel

 

Avant le Ite Missa Est , le Lyncéus Festival propose un dernier concert, suivi d'un deejay set, dans le chapiteau installé sur l'esplanade de la Banche, Luciole et Malouve, en dj set,  clôturent en beauté un festival riche en émotions.

Malgré les cris alarmistes annonçant l'inéluctable disparition des lucioles, à Binic on est parvenu à en rencontrer une, luisante, bien sûr,  Lucile Gérard, devenue Luciole, active sur scène depuis une quinzaine d'années.

Championne de France de slam, comédienne et maman, le coléoptère humain a sorti trois albums, le dernier, ' Un Cri',  sert d'alibi au concert de ce soir.

Le musicien Clément Simounet ( piano électrique, guitare acoustique, backings et accessoirement tête de turc) est le premier à s'installer sur les planches, il pianote, tandis qu'une voix invisible sécrète des onomatopées déconcertantes, ooh ooh , hey , hey, aha, aha... le piano s'anime davantage, Luciole se pointe, se déchausse et rejoint le musicien sur scène pour, après un moment de silence embarrassant, entamer  le titre ' Je ne chante pas' en slam flegmatique.

Un début qui a eu le don d'interpeller un auditoire, quelque peu médusé.

C'est une évidence, l'univers de Luciole n'est pas celui du commun des mortels.

Clément passe à la guitare, Luciole déterre le titre ' C'est comme', enregistré en 2015 sur l'album 'Une'.

Ce coup-ci elle chante et enchante.

C'est par un texte introductif que débute ' Un Cri'. Le cri est viscéral, le piano est serein, Lucile se confesse,  vibre,  émeut, la voix monte , redescend, les acrobaties vocales bousculent et percutent.

Non, t'as pas pensé  à Edvard Munch, tu t'es pas pris la tête entre les mains, saisi d'effroi, t'as bien écouté et t'as apprécié cette poésie intime et la gestuelle tourmentée de l'artiste.

'A ras bord' démarre en nocturne, au piano, avant que la montée des eaux ne viennent nous engloutir. Pour rythmer son chant, Lucile bat le sol du pied, le tapis moelleux estompe ses coups de talon fougueux.

Retour de la guitare pour le sensible ' Fleuve Amour'  qui présente un petit côté Marguerite Dumas pas désagréable.

Explication, il n'y a pas de batterie ce soir, voilà pourquoi vous  goûtez à une version épurée du tour de chant, qui comporte quelques morceaux plus anciens, dont 'Une'  sur fond musical sec et  final élastique.

Anecdote, lors d'un voyage au Japon, dans une cabane, perdue sur une île minuscule ( Teshima), existe une installation créée par  Christian Boltanski, qui répertorie les battements de coeur des visiteurs, ces battements du myocarde, amplifiés, sont comme de petites explosions  et peuvent, ou te  faire voir la mort, ou évoquer la  naissance.

Après avoir entendu l'enregistrement  ramené du pays du soleil levant, Luciole enchaîne sur 'Danger de mort' , un monologue métaphysique .

Retour à la musique avec ' La clé du problème' , décoré d'harmonieuses vocalises.

Une des grosses claques du set sera la version  complètement décalée, amorcée en mode rébus, de 'Aline' de Christophe.

Nouvelle confidence, l'album  'Un cri' a été conçu pendant ma grossesse ( tout s'explique), 'L'effet et la cause' en est une tentative d'exégèse.

Si t'as besoin d'un dictionnaire d'antonymes, écoute ' L'effet et la cause'.

L'apologie du cri se poursuit avec le slam/rock  ' Avec mes crocs'.

' Il est temps' annonce le retour au calme,  le dernier morceau du set  est précédé d'une nouvelle diatribe sur fond arabo-andalou,  'La conquête' , un titre rythmé, qui  demande la participation du public, invité à fredonner le refrain.


Un public qui aura droit au retour de l'artiste pour un double rappel,  elle descend de scène et propose ' Avoue' en solitaire et  a capella. Après ce texte, bourré de jeux de mots dadaïstes,  vient 'A bras le corps', un ragga qui termine un concert effrontément  original.




Hollywood Vampires + Porn Queen @ Rockhal - Esch/Alzette (LUX) - 21 juin 2023

Hollywood Vampires + Porn Queen @ Rockhal - Esch/Alzette (LUX) - 21 juin 2023

Mitch ZoSo Duterck


Hollywood Vampires + Porn Queen - Rockhal, Esch-sur-Alzette (GDL) 2023.06.21
 
Une fois n’est pas coutume, je voudrais commencer cette revue par un grand coup de chapeau que je donnerai à un anonyme, un homme de l’ombre, un bénévole,un gars bourré d’empathie, un steward comme il y en a trop peu. Dévolu à l’accueil des personnes handicapées ou à mobilité réduite, selon la terminologie en usage, notre hôte n’aura de cesse de veiller au bien être individuel et collectif de la bonne vingtaine de personnes que nous étions à bénéficier du podium commis à un meilleur confort d’écoute. Je sais que ça en fait râler certains qui ne trouvent pas juste que nous soyons placés en hauteur, à environ 1,5 m du sol, justement à l’endroit où ces mal embouchés comptaient s’installer pour partager une soirée au caractère alcoolisé, parfumée à coups de rots et de pets sonores qui font s’agiter de rire les poitrines opulentes et ultra-tatouées de leurs compagnes venues d’un monde où l’intelligence et l’éducation ne sont certes pas des critères de première nécessité. 
Mais, j’y pense tout à coup, si notre présence vous gêne tellement, on pourrait peut-être, juste le temps d’une soirée, échanger nos situations respectives, ça vous dit? C’est bien ce que je pensais.
Mais revenons à nos moutons. Avec un concert « sold out », les places réservées sont très vite attribuées et on peut lire dans le regard de ceux qui n’ont pas reçu de courrier électronique de confirmation, un certain sentiment d’injustice. C’est là qu’intervient Steve qui va, comme un magicien de proximité, réaliser quelques tours de passe-passe et faire réapparaître le sourire en quelques secondes sur le visage de tous. Ce steward sera aux petits soins pour chacun de nous jusqu’après le concert, affichant toujours le même sourire, la même gentillesse, la même disponibilité. Alors en notre nom, je vous remercie, Monsieur, pour la qualité de votre travail. Beaucoup de gens investis d’une mission envers le public devraient prendre exemple.
Voilà, je l’avais promis, c’est fait! Revenons donc à l’aspect musical de la soirée.
Hollywood Vampires set-list:
01.I Want My Now.
02.Raise The Dead.
03.I’m Eighteen. (Alice Cooper Cover)
04.Five To One/ Break On Through. (The Doors cover)
05.The Boogie man Surprise.
06.My Dead Drunk Friends.
07.You Can’t Put Your Arms Around A Memory. (Johnny Thunders cover)
08.Baba O’Riley. (The Who cover)
09.Who’s Laughing Now.
10.People Who Died. (The Jim Carroll Band cover)
11.The Jack. (AC-DC cover)
12.As Bad As I Am.
13.Heroes. (David Bowie cover)
14.Jeff Beck Tribute. (Jeff Beck Covers)
15.Bright Light Fright.
16.The Death And Resurrection Show. (Killing Joke cover)
17.Walk This Way.(Aerosmith cover)
18.The Train Kept A Rollin’. (Mann & Bradshaw cover)
19.School’s Out/Another Brick In The Wall. (Alice Cooper/(Alice Cooper/Pink Floyd cover)
 
Pour le premier jour de l’été, on peut dire que les cuisiniers luxembourgeois nous ont concocté du lourd et ce, malgré un menu composé uniquement de deux plats. En entrée, le groupe Porn Queen, les locaux de l’étape que j’avais eu l’occasion de découvrir en première partie de Slash le 18.06.2012. Ce soir là, nous avions tous reçu une pelle fabriquée en Gaule, la pelle du 18 juin.
De l’eau a coulé sous les ponts, et le groupe a pris de la bouteille, les compos résolument rock ont gagné en envergure et en aplomb ce qui nous permet de passer du bon temps au lieu de soupirer à fendre l’âme en attendant la tête d’affiche. En Louisiane, prononcez « Louziana », on appelle ça « laisse le bon temps rouler » je suis certain que vous avez déjà tous entendu l’expression « Let the Good Times Roll ».
 
Trente minutes de battement et puis les lumières de la salle s’éteignent, une grosse clameur monte d’un coup, en majeure partie féminine. Les stars du Hollywood Vampire apparaissent, c’est le délire. Comme le dit si bien Mickey, Imaginez-vous plutôt: Alice COOPER: chant, guitare, harmonica, Joe PERRY: guitare et chant, Glen SOBEL: batterie, Tommy HENDRIKSEN: guitare et chant, Chris WYSE: Bass, Buck JOHNSON: keyboards sans oublier celui qui provoquera quelques lancers de culotte intempestifs en cours de soirée : Johnny DEPP: guitare et chant.
Ces diables de sociétaires du pays de l’oncle Sam s’amusent comme des gamins et ça se voit ! Ça s’entend surtout !! Car quand le seigneur Perry décide de lâcher les chevaux, c’est à dire de la première à la dernière seconde du concert, c’est comme si tu allumais d’office ta sono avec le volume déjà à fond. À mon avis, il a fait fabriquer ses grattes chez le luthier de Motörhead. Tu es bien d’accord qu’un potard de volume ne va pas au-delà de 10 d’habitude, sauf pour La bande à Lemmy et le sieur « Joerosmith » qui ont une dérogation pour aller jusqu’à douze. Bouchez-vous les esgourdes, il y a vraiment « Perrylmister » en la demeure. Et comme le sociétaire de Boston n’est pas le genre de guitariste pour qui les silences sont des espaces de respiration musicale, vous imaginez aisément l’avalanche de décibels qui dégoulinent de la sono. Dix-neuf titres dont 12 sont des reprises de grands classiques, vous ne pouviez donc pas dire (Je ne connais pas !! ) tout le monde chantait à pleins, poumons. J’ai dit « chantait » donc ne venez pas encore me faire ch.… avec Julien Clerc ! La la Laaa…
Gros coup de cœur pour « People who Died »dédié à tous ces grands artistes qui nous ont quittés beaucoup trop tôt, et non, je ne citerai pas de noms, rien ne sert d’essayer de faire comprendre à un bouché(r) qu’il n’était pas obligé d’épouser un boudin ! Autre coup de cœur pour « The Death And Resurrection Show. » de Killing Joke aux lignes de basse tellement sanglantes.
Le final, c’est le même que celui des shows d’Alice Cooper sauf que ce soir c’est Johnny Depp qui reçoit les plus gros hommages sous forme de lâcher de culottes de la taille « S » à la taille « XL.…ah non sorry, ça c’est un mec qui vient carrément de jeter sa femme entière!
Une heure et trente-huit minutes d’un bonheur Rock and  Roll d’une efficacité redoutable avec 7 mercenaires qui iront jusqu’au bout de leur contrat et avec le sourire encore. Je croyais assister à une sorte de défouloir pour artistes en attente d’inspiration et je me suis pris une vraie claque ! Et vous ?
Mitch « ZoSo » Duterck

lundi 3 juillet 2023

Peggy Paltani - Eglise Notre-Dame de Lanrodec, le 1 juillet 2023

Peggy Paltani - Eglise Notre-Dame de Lanrodec, le 1 juillet 2023
 
michel
 
Le second concert prévu lors des 25 ans de la Galerie des Arts de Lanrodec doit se dérouler dans l'église Notre -Dame, un bel édifice en forme de croix latine.
 
Peggy Paltani, une chanteuse, prof de chant, du genre globe- trotter insatiable, pour l'instant installée en Côtes-d'Armor, accompagnée de son PC, rempli de musiques enregistrées, doit ébaudir un public pas encore rassasié de bonnes vibrations.
 
Si au départ le nombre des fidèles investissant la maison de Dieu s'élèvent à une vingtaine de dévots, ce chiffre dépassera les 35 unités à l'approche de la consécration du pain et du vin.
 
Peggy, exubérante et d'une énergie débordante, ne correspond pas tout à fait à l'idée que les croyants se font d'un ecclésiastique portant en lui un idéal du sacerdoce, ce qu'elle communique est d'une autre condition: joie, entrain, frénésie et ivresse ( même sans abus d'alcool).
 
En principe, t'es pas fan de karaoké, mais la performance de Miss Paltany t'a tenu en haleine, tout comme elle a ravi les bigots.
Non, Gilbert, personne ne t'a sonné!
 
18 :08, elle manie le PC à la recherche de la piste adéquate pour entamer ' Black Coffee' , du jazz à ne pas consommer après minuit pour ne pas risquer d'insomnies.
Quand tu entends la version de Peggy Lee, tu transpires à grosses gouttes.
Bonne voix, les musiciens, invisibles, font leur boulot, tout va bien!
PS, Peggy Paltani est à la recherche de  vrais musiciens pour monter un band humain, il lui manque un bassiste, si intéressé, tu lui passes un coup de fil ou tu consultes sa page FB.
 
Elle attribue ' Route 66' à Nat King Cole, elle a raison, même si pour toi, c'est grâce aux Stones que tu as connu ce standard blues.
Féminité oblige, elle nous la chante en mode Natalie Cole tout en déambulant dans la nef. Pour accentuer le côté swing, quelques fingersnaps doivent faire l'affaire.
La souris à la recherche de 'Sympathique' de Pink Martini, le titre préféré des oisifs, il est suivi par le pieux ' Welcome to Burlesque'. Tous au cabaret avec Cher.
 
On passe au Brésil pour la bossa nova ' Água de beber', en versant une larme en pensant à Astrud Gilberto.
Moustaki, lui aussi, a sorti un kleenex.
Charme et spontanéité sont les clés du succès, Peggy Paltani possède ces deux clefs.
 
Enchaînement, Clade Nougaro, ' Bidon', pas un bide, ' Quizás, Quizás, Quizás ', Dean Martin a failli l'inviter pour un tour de piste face à l'autel.
Joli sifflet décoratif!
 
On revient vers Pink Martini avec 'Amado Mio', une salsa piquante.
Peggy virevolte et séduit tous les enfants de choeur , cha cha cha time à Lanrodec!
 
C'est loin de se calmer avec 'Libertango', version Grace Jones, la panthère!
On nous dit que le tango est la danse de l'amour, dans une église ça peut conduire à l'excommunication!
 
Une reprise étonnante pour suivre, Selagh Sue, 'Raggamuffin', suivie par 'Piensa En Mi' de Luz Casal .
Un titre, superbe, déjà utilisé dans le film ' Revancha' et plus tard dans ' Tacones lejanos' d'Almodovar ( merveilleuse Victoria Abril!).
 
Si tous les paroissiens ont applaudi à tout rompre pour battre la mesure de ' J'veux du soleil' d' Au p'tit bonheur, tu t'es abstenu, cette rengaine t'énerve, comme les  flon flons de l'accordéon .!
On a évité la chenille de peu!
 
Personne n'a oublié Amy Winehouse, ' Back to black' est désormais un classique.
 
Tu penseras à envoyer des fleurs à Miss Peggy pour le rhythm 'n' blues, ' Knock on Wood' d' Eddie Floyd et c'est par le funk ' I wish' de Stevie Wonder que s'achève un show fiévreux.

dimanche 2 juillet 2023

Mirthe à la Galerie de Lanrodec, le 1 juillet 2023

Mirthe à la Galerie de Lanrodec, le 1 juillet 2023

 

michel 

Wikipedia -  Lanrodec possède une bibliothèque municipale  et  une galerie où la municipalité et un collectif d'artistes des Côtes-d'Armor invitent la population, et les jeunes élèves de l'école primaire, à découvrir les arts sous toutes leurs formes.

Et justement, en ce premier juillet  humide et venteux, la galerie municipale fête son 25ème anniversaire.  Faut souffler toutes ces bougies, donc, la mairie et la dynamique association la Ruche des Arts ont prévu un programme chargé: expositions ( une petite vingtaine d'artistes), ateliers, animations musicales et après le vernissage et les allocutions des édiles, un cocktail pas chiche. Si t'avais encore faim ou soif après avoir englouti les canapés et éclusé des litres de vin, tu peux te diriger vers un food truck et passer  par l'accueil où de charmantes hôtesses te proposent de la bière à des prix démocratiques.

Deux concerts au menu: Mirthe et Peggy Paltany.

Celui de Mirthe est prévu à 11:30', après les différents laïus, pas toujours concis, de plusieurs intervenants.  

Mirthe Verneuil, née van der Spoel, est originaire de Groningen mais vit avec son époux, Rémy Verneuil, à Trémorel, une commune  du sud des Côtes-d'Armor.

Tu dis... si Rémy  présente des liens de parenté avec le réalisateur de 'La Vache et le Prisonnier'?

On ne  lui a pas posé la question, ce qu'il nous a confié c'est qu'il s'est chargé des adaptations françaises  des titres que tu peux entendre sur l'album ' Astres & Stries' de Mirthe, dont la discographie compte encore l'EP 'Eclosion'.

Mirthe s'accompagne à la guitare acoustique ou à la harpe, son folk  d'un classicisme aristocratique est à rapprocher de Joan Baez, Joni Mitchell, ou d'Anne Sylvestre et d'Anne Vanderlove pour les pendants francophones.

La voix est claire avec un léger Dutch accent, moins prononcé que celui d' Ellen ten Damme ou de Lenny Kuhr s'essayant à la langue de Molière.

Devant une dizaine de curieux bravant les courants d'air, Mirthe entame son tour de chant par une de ses compositions, ' Je pourrais', un titre, prévu pour le prochain album, exposant les priorités dans la vie.

La tâche est ingrate, le public déambule, s'arrête pendant 30 secondes, reprend sa marche en colportant divers ragots du village, Mirthe ne s'en offusque pas et embraye sur 'Quand t'es dans la dèche', une traduction libre mais respectueuse du standard blues 'Nobody Knows You When You're Down And Out' , repris par une bonne centaine d'artistes dont Nina Simone, Otis Redding, Karen Dalton, Eric Clapton ou Joe Dassin ( on recommande).

Un signe d'un membre du comité organisateur: pause imposée, direction le buffet ( copieux) .

Les pique-assiette s'en donnent à coeur joie, le vin coule à flots, les conversations vont bon train, le temps passe, le drink s'éternise, il faudra attendre que la dernière goutte de Muscadet ait été ingurgitée avant de retrouver Mirthe sous son abri.

La boisson aidant, les auditeurs se comptent désormais sur les doigts d'une main, qui en principe, en compte cinq!

Comme on est arrivé tardivement, on n'a pas eu l'occasion d'entendre le début de la tirade, il était question d'un bon diable, la Comtesse de Ségur a assuré que ce n'était pas le sien.

Après ce chant pastoral, la séduisante ex-néerlandaise propose la version Verneuil (mari et femme) de ' The House of the Rising Sun', ' La maison du lever du soleil'. Les portes du pénitencier ne se sont pas refermées, mais le traditionnel y a gagné en authenticité et en légitimité.

Du bon boulot, la voix profonde et le jeu de guitare sobre font mouche.

Elle passe à la harpe pour une ballade satinée (' Là-bas près de la Saulaie' ou ' Down by the sally garden') , aux accents irlandais et décorée de vocalises celtiques, suivie par une chanson d'amour et une version céleste de ' Hallelujah' de Leonard Cohen.

Normal, la harpe converse avec les anges!

Retour à la guitare et un titre à écouter sur son EP.  ' Hyperconnecté' s'adresse à tous les mordus du smartphone, cette sombre histoire, ornée d'un sifflement joyeux, se terminera au cimetière, le héros, téléphone collé à l'oreille, étant écrasé par un tramway!

' Je nous aime' n'est plus à prendre au second degré, la romance précède un titre en anglais, ' Leaving the nest'.

On avait cité Joan Baez, on ajoute sa compatriote Stephanie Struijk, qui chantait en anglais du temps où on la connaissait sous l'identité Stevie Ann.

Pause boisson.

Reprise à la harpe avec ' Merveilleuse île  de là-bas' , une adaptation de ' Beautiful isle of somewhere', composé en 1897,  quand les gens avaient  en tête une certaine idée du paradis.

Toujours à la harpe, mais du côté de l'Irlande cette fois-ci pour une nouvelle ballade verte qu'elle fait suivre par 'Minuit Exprès' , adapté du ' Midnight Special' du Creedence. et c'est par une reprise de Bob Dylan, le visionnaire, que s'achève un concert exemplaire, donné pour un public restreint.

' The Times They Are A-Changin'  est devenu , ' Les temps, ils sont inconsistants'.

Come gather 'round people wherever you roam, and admit that the waters around you have grown.. ...on était en 1964, le réchauffement climatique n'était pas à l'ordre du jour, mais les préoccupations politiques de Bob,  à l'époque,  sont toujours d'actualité, de nos jours!



Prochain concert de Mirthe, le 6 juillet à Douarnenez!



 

mercredi 28 juin 2023

The Four Winds: East - EP by Clara Kent

The Four Winds: East - EP by Clara Kent 

michel 


Alexandria “Clara Kent” Reed , originaire de Pittsburgh,  est non seulement une chanteuse douée, mais aussi a radio host pour WYEP, Pittsburgh's independent public radio, radio pour laquelle elle présente le Friday night show,  More Bounce,  elle y passe de la musique noire et traite de la culture issue de la diaspora africaine, tu y entendras, e a,  de l' Alt-R&B,  de la Nu Soul, du Funk, de l' Afro-Beat, du Reggae, ou du  Hip-Hop.

Mais celle qui se proclame a  “Multidimensional Artistic Individual” ( music, visual art, event planner...)  a  d'autres centres d'intérêt, elle défend la cause noire  en créant sa propre société de production,  la Bounce House Studios & Productions, qui doit promouvoir la black music.

Elle s'implique également dans différents mouvements sociaux, nés  après le Black Lives Matter,  qui  visent à donner  une lecture plus exacte de l'histoire, comme par exemple le rôle néfaste de Christophe Colomb lors de la  colonisation de l'Amérique. On a  demandé son avis concernant la statue de Cristóbal Colón  trônant, dans le parc Schenley, sa réponse fut claire: Columbus  needed to be removed in 1492!

En 2019, Clara Kent a été élue  Pittsburgh City Paper’s “Person of the Year” for Music.

Avant d'enregistrer sous son nom,  l'artiste, aux talents multiples, (she's even making her own beer as part of a collaboration with Butler Brew Works) , s'est  associée au collectif Tribe Eternal , on l'entend sur l'album 'Mysterious Shit'.

Le premier jet crédité Clara Kent, 'Aura, the mixtape' paraît en 2018, ensuite elle prévoit  un  projet de longue haleine,  'The Four Winds', le premier volume 'The Four Winds: East' vient de paraître!

Les trois recueils suivants sont en gestation.

Avec ce travail, Clara tient à honorer The Medicine Wheel.

Rien à voir avec la roue de la fortune, un résumé: The Medicine Wheel, sometimes known as the Sacred Hoop, has been used by generations of various Native American tribes for health and healing. It embodies the Four Directions, as well as Father Sky, Mother Earth, and Spirit Tree—all of which symbolize dimensions of health and the cycles of life!

 Track listing · 

1 Euphoria 2:47 · 

2 The Red Road Pt. 1 0:28 · 

3 Letting Go 2:44 · 

4 The Juice 3:41 · 

5 Play Clothes 3:17 ·

 6 I'm Good 3:47.

Crédits: 

Written by Clara Kent!

Clara  Kent: vocals, backing vocals, natural percussion, drums, synths.

 Stephen Shriane on Guitar

 Virgil Richmond on Keys & Drums, backing vocals

 Winston Bell on Saxophone

 Brandon Lehman on Guitar

 Daniel Sullivan on Keys,

Some  Additional Vocals by Julian Ware


Très attrayante photo de pochette, rappelant Joséphine Baker, Clara, partiellement dénudée, est couverte de fleurs sur les parties du corps qu'Instagram ne tient pas à exhiber, l'ornement floral pare aussi sa chevelure, les bras, les poignets et coudes.

Une rose en bouche, elle adopte une pose à la  fois ingénue et sensuelle.

Décidément Frida Kahlo inspire les chanteuses actuelles!   

Le mini-album s'allume avec ' Euphoria', un neo-soul track qui nous renvoie vers les plages précieuses  et sophistiquées d'une des reines de la nu-soul, Erykah Badu.

La voix,  vaporeuse et sensuelle, s'entortille dans tes pavillons auditifs  et quand elle susurre ...I know  that love can  heal... tu décides d'abandonner tous les tranquillisants et autres drogues,  destinées à cicatriser un coeur qui a souffert, pour écouter ' Euphoria' en boucle.

Car il n'y a pas que le timbre de Clara, les choeurs,  soyeux, eux aussi contribuent à te donner la chair  de poule, musicalement le backbeat créé par Virgil Richmond, dont on entend la voix dans les choeurs, et le groove élégant, proche du 'Sexual healing' de Marvin Gaye , tout concorde à flatter tes oreilles, et pourtant, le morceau n'est pas lisse de bout en bout, un mouvement plus accidenté après 1 minute 30, handclaps et voix plus implorante,   vient générer un roulis  perturbateur.

Après l'interlude, narré, 'The Red Road',  qui fait allusion à son appartenance à la tribu sioux Lakota Oglala,  qui prône le concept spirituel « sur le bon chemin », c  à d suivre la route rouge pour ne pas se laisser tenter par le  mal et  s'élever au dessus des obstacles, vient 'Letting go' , un titre satiné,  sorti en single.

Une nouvelle fois, la  voix  chaude, douce, rayonnante, va te refiler pas mal de frissons et susciter des rêves érotiques. Les choeurs perlés,  le sax envoûtant  et la manière avec laquelle la chanteuse  colle, subtilement,  son timbre  sur l'instrumentation, au groove raffiné, est tout bonnement divine.

Quand les anges chantent, tu tends l'oreille!

'The juice' est encore plus lent, mais pas forcément juteux dans un sens lubrique, quelques accords de guitare et un lointain sifflement, mélodieux, amorcent la mélodie, puis vient la  high head voice, comparable au timbre de Minnie Riperton susurrant 'Loving You', tandis que les choristes répètent gentiment ...take your time... pas de précipitation, tout va bien se passer, et puis, vlan, un éclair,  la  guitare de Brandon Lehman annonce l'éjaculation , avant le retour au calme.

Un grand morceau, aussi sexy  que certains titres de Jill Scott ou Solange.

Un rire coquin amorce 'Play Clothes', une plage se rapprochant de l'univers de Prince ou de Sheila E.

Un truc te turlupine, elle a mis du Merlot dans le seau à glace.

Bof,  du moment qu'elle ne le mélange pas à du coca!

Encore un titre qui te propose de la jouer relax.  

La nuit est à nous, on va en profiter, Winston Bell va nous jouer un  solo de saxophone caressant, pas de tenue de soirée, tonight,  mais des fringues cool.

Pour terminer le morceau sur une note humoristique Clara s'adresse à son petit ami et lui lance  .. He definitely said, what happens when a horse falls down, isn't that what it was?

Virgil répond:  I've fallen and I can't giddy up!

Ce qui provoque un nouvel éclat de rire!

Une marque  de modestie pour  clôturer l'EP, ' I'm good',  qui après une amorce douceâtre sur drumming on the  snare side et murmures circonspects, gonfle petit à petit.

 La tapisserie d' arrangements vocaux, imaginée par Clara et  Virgil Richmond,  permet la mise en évidence du timbre voluptueux de la chanteuse.

Orchestration impeccable, groove implacable et voix immédiatement identifiable, Clara Kent ne va pas rester indéfiniment inconnue en Europe!


 


 


 

 


 

mardi 27 juin 2023

Duo du Bas au Château de La Roche Jagu, Ploëzal, le 25 juin 2023

 Duo du Bas au Château de La Roche Jagu, Ploëzal, le 25 juin 2023

 

michel 

Si tu réserves à l'heure, tu as l'occasion d'assister, à l'oeil, à la représentation du Duo du Bas interprétant 'Les Géantes' , un spectacle de chansons pour objets trouvés et personnages non-ordinaires!

Ce n'est pas ta première rencontre avec Hélène Jacquelot ( de Bayonne)  et Elsa Corre ( de Douarnenez), tu avais fait leur connaissance à Plérin, lors d'un Zef et Mer où elles proposaient des extraits de leur spectacle ' Casseroles'.

En cette fin d'après-midi elles ont laissé les ustensiles de cuisine dans le vaisselier pour nous narrer et chanter des histoires de géantes ( et de géants), ce n'est pas que ces braves gens sont tous originaires de Brobdingnag et ont la taille de basketteurs professionnels, on soupçonne même que certaines des vieilles dames, mises en valeur par Hélène et Elsa, ne dépassent pas le mètre 50!

Pour aller à la rencontre de leurs héroïnes, les artistes avaient dans l'idée la maxime du philosophe  Gilles Deleuze, qui n'est pas originaire de Leuze-en-Hainaut , mais de Paris:

« On est tous un peu dément, et j’ai peur, ou je suis bien content, que le point de démence de quelqu’un ce soit la source même de son charme. »!

Pour lier connaissance avec ces personnages, parfois considérés comme borderline, le duo, baluchon sur le dos, est parti en voyage, un trip qui les a menées des Cornouailles bretonnes jusqu'en Aragon. 

Assis à même le sol ou sur une banquette bancale, le public, nombreux, admire le décor avant l'arrivée des protagonistes.

Un intérieur tendance mamie, ayant eu 20 ans en 1930: naphtaline sur les étagères, bibelots poussiéreux, napperons brodés, vaisselier rafistolé et cadres avec photos jaunies au mur.. elles ont dû fouiner pendant des semaines chez Emmaüs pour dénicher ce bric-à-brac!

Très élégantes dans leurs robes d'époque, la grande Elsa et  la belle Hélène prennent place dans le salon, Julien Le Vu, le génial ingénieur son,  qui joue un rôle prépondérant dans ce spectacle original, envoie une bande-son narrant la vie d'une quasi centenaire.

On va faire la connaissance de la femme colline, originaire des Cornouailles, pour accompagner leur ka na diskan, '  Itron An Dorgenn', les filles secouent ou froissent  des sacs plastiques à bretelles ou déchirent des pages d'un annuaire téléphonique, tous ces sons sont amplifiés par Julien et créent un effet boeuf.

Après avoir fait la connaissance de cette première créature   étrange, on se dirige vers Tréméven, dans le 29 pour y  découvrir Angeline, ' La Vieille'  97 ans, qui fait des câlins aux arbres et qui, à 19 ans avait été placée au service des  propriétaires du manoir de Kernault.

Les filles chantent en  agitant un bassin rempli de noix ( c'est bon pour le coeur) , en arrière-plan la voix d'Angeline relate des instants de  sa vie  ou rit aux larmes en entendant... la vie tu l'as croquée, la vieille... 

Au revoir, Angeline,  on se dirige plus loin, vers les Monts d'Arrée , point culminant 385 mètres,  là vit Marie-Claude qui collectionne des poupées.

Pas facile à débusquer, sa chaumière.

Marie-Claude offre le pinard et étale ses trésors, les filles entament un kan ha diskan acrobatique sur fond de bruits d'insectes, elles vocalisent, tandis que Marie-Claude, dans sa maison, bien décrite par Henrik Ibsen, philosophe à l'aise tout en se demandant qui sont ces jeunes filles lui ayant rendu visite.

En voiture, Simone, direction la Navarre, Arguedas,  là vit 'Mira', la Pinturitas,  une vieille dame peignant sur les murs d'une discothèque désaffectée.

 Maria Angeles Fernandez Cuesta, si elle est considérée comme une marginale par pas mal de gens, est désormais reprise dans le catalogue d'Art Brut.

Toujours en Espagne, au Pays Basque, demeure  ' Teja', 94 ans, qui nourrit tous les chats du quartier et, comme les matous vivent la nuit, c'est à 20h,  qu'elle prend son petit déjeuner.

Après le tango basque, c'est le neveu de Teja qui  écrit un texte pour les demoiselles, ' Izan Ala Ez Izan Giant', sur fond de bourdon, en tirant sur la queue d'un ballon gonflé à la  bouche, une série de noms est énumérée.

 Le  chant basque charme les oreilles jusqu'au  final  chaotique.

Dans le Morbihan vit un Géant mâle, 'L'Homme Papillon' ,  qui s'habille de tutus.

Ah si Béjart l'avait connu!

Le road movie poétique nous emmène à Bayonne , où niche ' Santa Monica'  qui raconte sa vie à la postière qui, à son tour, sort sa vieille machine à écrire  pour retranscrire les exploits de Monica.

Le Duo du Bas a réussi à se procurer l'antique Remington et un tampon postal,   qui produisent un  tapis sonore idéal pour ce récit chanté capricieux.

Une note triste avant d'achever le conte, en apprenant le décès de Marie-Claude, les filles nous proposent un chant poignant en guise d'hommage.

Il reste un géant, un mangeur de bananes du Poitou, Pascal, collectionneur d'objets insolites,  son ' Placard' en déborde, son rêve dénicher un cheval à bascule assez grand pour ses longues jambes!

 

Fin d'un spectacle étonnant et poétique  où on va de surprises en surprises , mais en y réfléchissant bien, ne sommes-nous pas tous des géants?