No Water Please + « HAND HOP » par Scopitone et Cie, lors du lancement de la saison au Centre Culturel du Sillon à Pleubian, le 6 septembre 2025
michel
Alors qu'un peu partout en Côtes-d'Armor fleurissent les forums des associations, c'est vers Pleubian que tu te diriges.
Les salles de l'Arche et du Sillon dévoilent la saison culturelle 2025/2026 en organisant une journée festive et gratuite proposant une représentation de No Water Please et le spectacle Hand Hop de la compagnie Scopitone et Cie.
Après avoir assisté à la présentation des différents rendez-vous ( théâtre, musique, cirque, création documentaire, projets participatifs) prévus à partir du mois d'octobre, le public est invité à rejoindre les jardins pour le show de No Water Please, des gens préférant la cervoise à l'Evian.
On les présente comme une fanfare jazz-punk tout terrain, qui sillonne la France depuis le début du siècle.
Ils sont sept comme les mercenaires, les boules de cristal, les copains de Blanche-Neige ou les merveilles du monde selon l'Unesco.
Quatre instruments à vent, maniés par des gens ne craignant pas l'essoufflement: Laurent Dumont au saxophone baryton ( Black Rooster Orchestra, The Brassmatics...), le malicieux Julien Matrot à la trompette ( Washington Dead Cats, Brass Timber, Cumbia Ya!, La Marcha...), Julien Varin au sousaphone ( Toundra, Zeff Orchestra, Chupa Chuva, Eddy Louiss...) , François Piriou, cheveux verts cachés par un bonnet, au trombone ( La Marcha, Wahzo Brass Band, Cumbia Ya!...) , un banjo électrifié pour Eric Muller, un fan de bluegrass, et deux frappeurs: Nicolas Debrie à la grosse caisse et Vincent Le Noan à la caisse claire.
Tout ces braves gens poussent la chansonnette à l'occasion.
Ils ont enregistré une demi-douzaine d'albums mixant compositions originales et reprises trafiquées.
Remarque vestimentaire: un plus pour les T-shirts que tu ne peux te procurer chez Vinted.
L'aubade débute par une version fanfare de ' Guns of Navarone' des Skatalites, les canons tonnent avant la nuit, les collégiens chantonnent la, la, la, la... ska alors, ton épouse les imite.
Le groove dégouline de partout , c'est clair pas question de se faire chier à Pleubian, on est dans le même créneau que Les Fils de Teuhpu!
L'intéressé l'ignorait, mais ' Charlie Mingus was a punk rocker'.
Les cuivres effervescents, soutenus par un banjo piquant et des percussions New-Orleans touch, bouillonnent, ça brûle et la fièvre est contagieuse.
Mais comme le brave Charlie avait à son répertoire un titre baptisé ' Moanin', soudain la composition prend des allures de convoi funéraire avant de repartir au front.
Salement addictif!
La troisième salve démarre en mode funky, avant de virer jazz fusion, le trombone sort des coulisses pour pousser un coup de gueule, ça remue comme sur les meilleurs titres de Tower of Power.
Ce morceau a été inspiré par les embouteillages rencontrés à la Porte d'Orléans, nous dit-on!
On reste à Paris pour une reprise orphéon de 'Party in Paris' des UK Subs.
Le sax barrit, la troupe éléphantesque renchérit, le banjo place un solo, punky, électrique, tous, ils entament un refrain moins hargneux que l'hymne des Londoniens.
Pleubian, si tu pouvais donner le départ, c'est simple, tu comptes jusqu'à quatre, pas forcément en Breton et on enchaîne.
Tout baigne, les cuivres dansent, Eric Muller, soutenu par les percus, se prend pour Derrol Adams, Julien la trompette cueille un truc sur le gazon, le dépose sur le snare drum, Vincent matraque le champignon ou la marguerite ( vu de loin, c'était difficile à dire) et transforme la chose en purée.
Sur l'île Maurice il y a un village dénommé ' Quatre Bornes', c'est le titre de la suivante, Nicolas et Vincent ont échangé leurs jouets, Julien souffle comme un dératé, il a les joues plus enflées que celles de Dizzy Gillespie jouant ' Groovin' high' .
Les cuivres traversent les océans, et pour éviter le mal de mer, la troupe entame un chant créole épicé.
Tu connais ' Jeanine'?
La strip-teaseuse désormais à la retraite?
Non, une autre, on démarre mollo, elle aime les berceuses, avant d'accélérer sans dépasser la vitesse autorisée dans ce bled.
Et pour Tarzan, un grand amateur de ska, voici ' Monkey Man' ( merci The Specials).
On vous quitte avec un titre participatif, si tu pouvais sauter en reprenant le refrain hey, hey, hey, on te sera éternellement reconnaissant.
' Groove is back' termine ce set tonique et haut en couleur.
Le soir même les aquaphobes jouent à La Roche-Derrien!
Une ou deux mousses plus tard, direction la salle de spectacle pour assister au spectacle Hand Hop de la compagnie Scopitone et Cie.
On a lu: une compagnie de théâtre d'objet et de marionnettes, amoureuse des vinyles, née de l'esprit inventif de Cédric Hingouët, un comédien-marionnettiste dont les nuits sont hantées par des images de New-York cops en uniforme, on ignore si il s'endort en écoutant ' Watching the Detectives'.
Scopitone & Cie a monté plusieurs spectacles, à Pleubian le public verra 'Hand Op' qui a été programmé en amont des jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 où pour la première fois le breakdance a été adoptée comme discipline olympique.
Pas besoin de se taper le Bronx pour pratiquer le Hand Hop, il existe des dizaine de tutorals sur YouTube.
Ce n'est pas Cédric qui s'y adonne mais Virginie Savary, une danseuse pratiquant le breakdance depuis ses 12 ans, elle fait, e a, partie du groupe Lady Rocks.
Pour danser il faut un habillage sonore, Emilie Respriget ( du collectif Zarmine) se charge des scratches et mixes aux effluves hip hop, techno, électro ou punk.
Le public pénètre dans le théâtre, Serpico le dirige vers sa place à grands coups de sifflet et par des mouvements de bras directifs.
Pas question de choisir un autre emplacement que celui que t'a désigné l'irascible poulet, qui plante les gosses sur de petits coussins disposés à un mètre de ses molières noires.
Joséphine, 3 ans, a failli pleurer en quittant les bras de sa maman.
Public casé, le sheriff s'éclipse après quelques simagrées, la deejay prend place au sommet du ghetto blaster géant, Virginie se pointe et entame ses cascades sur 'Rapper's Delight' du Sugarhill Gan, à l'étage un scratch fait entendre un extrait de Berlin's trance proposant à l'assemblée de bouger son cul et d'élever les mains haut dans les airs, avant de virer lounge music.
Virginie poursuit ses acrobaties de street dance, c'était sans compter sur le retour de l'officier de police pas heureux de voir l'espace public envahi par la danseuse.
Elle lui pique son képi,il s'énerve, elle fait joujou avec le couvre-chef, tout le monde se marre.
Tandis qu'elle batifole sur Take the roof down, la cassette géante déconne, elle bouffe la bande, elle faut rembobiner le truc à l'aide d'un crayon, comme on a devant soi un flicard maladroit, il faut remplacer la cassette.
Les petites marionnettes encastrées dans le ghetto blaster tournoient, Virginie reprend sa gymnastique sur RUN DMC , accompagnée d'Emilie, elle se fout gentiment du keuf qui s'essaie à une chorégraphie saccadée empotée.
Tout le monde se marre sur les gradins.