jeudi 17 août 2023

Album - Cruel - Jérémie & The Delicious Hounds

 Album -  Cruel Jérémie & The Delicious Hounds

 Recorded at: Paintbox Recording

michel  

Jérémie Brémault, l'âme du projet, a obtenu un diplôme en administration des affaires à Saint-Boniface, une unif  établie à Winnipeg dans la province du Manitoba, mais c'est dans la musique qu'il se fait un nom.

Il triomphe au Saint - Boniface Idol en 2013, puis monte un band, The Delicious Hounds, ... the name is a play on words about their “delicious sound” of smooth melodies, juicy guitar riffs and tasty horn licks.

Un premier EP voit le jour en 2017, il engendre pas mal de louanges, ...Tabarnak, vous êtes fort les boys... formule Yannick.

La même année un second court-métrage discographique paraît, en 2019, c'est le single 'Pas Facile' qui est lâché,  2021, tu te souviens, le Covid est toujours présent, le groupe pond 'Stuck in Quarantine', et enfin, en 2023, un premier full album se déniche dans les bacs, ' Cruel'.

Particularité: le bilinguisme!

 

Tracklist:

Reminisce
We Haven't Met Yet
Tu pousses ta chance
Cruel
Je suis perdu
Mauvais jours
Been Replaced
L'ampleur du moment
She Gave Me Love
 
 Music made by Jérémie Brémault ( vocals/guitar) , Ryan Toupin ( guitar) , Nelson Sprout (bass) , Diego Guzman ( drums) .

Horns by Fred Warner and Anthony Bryson
 
Produced by Murray Pulver 
Crédits pour la  pochette, un coeur en chocolat qui saigne,... Artwork by Evin Collis
Graphic design by Michelle Slobodian & Dominique Nadeau!
 
Avec ' Reminisce' , le groupe a décidé de nous plonger dans un bain Motown bien groovy , les productions signées Daptone Records ne sont pas fort éloignées, non plus.
La voix de Jérémie,  chaude, légèrement smoky, qui  présente de fortes similitudes avec  celle d'une influence majeure, Charles Bradley, accroche d'emblée, et si tu y entends des inflexions Roland Gift ( Fine Young Cannibals), on ne te prendra pas pour un déséquilibré.  
Musicalement on est également proche de l'esthétisme  blue-eyed  soul  à la Hall & Oates, les backings sirupeux ( qui est la fille?  Sarah Dugas ?) ,  des cuivres n'ayant rien à envier à Average White Band , sans oublier  les  guitares détendues et la rythmique sereine, tout est fait pour te caresser dans le sens du poil et pour séduire  ton organe auditif .
Le slow “We Haven't Met Yet”, parle d'amour ou plutôt du manque d'amour , et c'est tellement évident que le titre a été choisi comme premier single pour introduire l'album.
Si la timidité t'empêche d'aborder une personne du sexe opposé, t'as qu'à lui chanter 'We haven't met yet', tu demandes à Jérémie s'il peut te prêter ses choristes pour appuyer ta requête, elle va craquer c'est une certitude, t'as qu'à voir toutes les filles qui tombent  en pâmoison en écoutant Lee Fields  ou Al Green.
Le superbe travail des musiciens te renvoie  vers les heures de gloire de Young-Holt Unlimited ( si, si, tu connais .... 'Soulful Strut').
Un premier titre en français succède à la romance, ' Tu pousses ta chance'  a été co-écrit avec sa cousine Annick Brémault.
 France Gall et Michel Berger affirment que ça balance pas mal à Paris, on t'assure que ça balance encore plus à Winnipeg. 
Si un gars mentionne Ben l'Oncle Soul, t'as  qu'à sourire ingénument  tout en te déhanchant sur ce titre  funk bien  moite.
Avec ' Cruel', Jérémie et sa clique proposent un disco funk remuant et sexy, les cuivres donnent le ton, avant une sortie gluante de la guitare, drums et  basse nous la jouent rythmique chic ( tu entends la bande à Nile Rodgers), les choristes susurrent '  Cruel'  de manière à damner tous les anges, c'est irrésistible.
Impossible d' échapper  à cette fille  encore plus cruelle que la petite amie d'Elvis.
Comme Damien Saez, Jérémie se lamente, ' Je suis perdu',  pas de gémissements ou de larmoiements cruches, mais une ballade soul dominée par des cuivres onctueux, se promenant sur une rythmique flegmatique à peine troublée par quelques riffs de guitare fluides, le tout te rappelant les moments les plus calmes de Blood, Sweat & Tears. 
Toujours en français, voici ' Mauvais Jours' , une plage athlétique et hybride,  fusionnant rock, jazz et soul,  avec un guitariste écrasant abondamment  la pédale wah wah  et des cuivres bluffants, sans oublier des choeurs presque indécents.
T'as des envies de voyage, de voir si l'herbe est plus verte ailleurs, d'expérimenter de nouvelles sensations, tu pensais qu'elle allait d'attendre, mais ne  t'étonnes pas si lors de ton retour,  tu constates avoir été remplacé. ' Been replaced', raconte tout ça en mode soul/blues  à la  Bobby Bland.
Les choristes vont t'arracher des larmes, les soubresauts de cuivres et les claviers purulents ( qui en joue?) , les lignes de  guitare dignes de Reggie Young, membre des Memphis Boys, des pointures ayant travaillé pour Joe Tex, Wilson Pickett ou Bobby Womack, la crème de la scène soul, quoi , tout concorde à faire de ' Been replaced' un futur classique r'n'b.
' L'ampleur du moment' marie le jeu de guitare de Steve Cropper, le feeling de Tyrone Davis, le timbre à la croisée de Mick Hucknall ( Simply Red)  et  de Terence Trent d' Arby du frontman,  la houle cuivrée de Tower of Power et la grâce de Bittersweet ( les choristes de James Brown), une nouvelle fois on est séduit par les claviers, sans savoir qui les manie.
 
L'album s'achève sur un r'n'b mouvementé et groovy , co-écrit avec Sarah Dugas, ' She gave me love', un titre pouvant évoquer Jamiroquai.

Tu connaissais la Memphis soul, la Southern soul, la Northern soul, The Sound of Philadelphia, la soul produite par Motown ou Stax , la New-Orleans soul, la Chicago soul, la blue-eyed soul, la nu-soul et quelques autres variantes... désormais, il faudra compter avec la Winnipeg soul de Jérémie & The Delicious Hounds!
 



 
 

vendredi 11 août 2023

Aylis et Patrick Coutin aux Jeudis en Fête, Plouha, le 10 août 2023

Aylis et Patrick Coutin  aux Jeudis en Fête, Plouha, le 10 août 2023

 

michel

Plouha 2023 -  Exit Le Retour du Jeudi  et retour des Jeudis en Fête, la mairie a décidé de faire appel à l'Agence Tous Risk ( tu oublies the A-Team) pour la programmation.

En ce 10 août anormalement ensoleillé, le programme de la quatrième soirée annonce Aylis, un spectacle de feu proposé par Elise Enrakor ( qui s'est enlisée en chemin) et Patrick Coutin, l'excellent DJ Clint se charge de la musique d'ambiance ( ce gars a eu l'excellente idée de passer 'All Along the Watchtower' dans la version de Barbara Keith).

 

20:00: Aylis. 

Aylis, c'est le projet de Silja Preney, originaire de l'île d'Yeu,  qui avant d'entamer une virée sous son nom a fait partie du groupe de reprises Acouphène.

Elle chante, fort bien, en anglais et en français, compose et est secondée par des jeunes gens décents: Nicolas Thébaud ( guitare acoustique, secondes voix), Régis Taraud ( guitare électrique) , ils font tous deux partie du Groupe Varek, à la basse, il y a Vincent Duval ( il officie chez Gaume), William Debout, souvent assis, s'occupe de la  batterie ou des claviers.

Un premier album ' Pygmalion' a vu le jour il y a peu.

Faut pas leur dire que Slowdive en a pondu un sous le même libellé en 1995.

Ouverture du bal avec ' In my mind' , un extrait de 'Pygmalion'.

La voix est  agréable et peut faire penser à K T Tunstall, le fond sonore folk pop  nage dans les mêmes eaux, tu veux d'autres indices: Natalie Imbruglia, Michelle Branch ou Natasha Bedingfield.

Le catchy ' Strange times' qui succède au titre initial te conforte dans les rapprochements proposés.

Silja passe au français pour la suivante, le titletrack de l'album, qui a beaucoup plu à G B Shaw, ' Pygmalion' et a éveillé en toi des souvenirs de Valérie Lagrange ( 81 printemps au compteur, la dame, qui dans son époque reggae clamait 'Faut pas me la faire').

Pas de ' Mystery Train' mais un ' Running Train' pour Aylis, on ne sait pas si, comme celui des Doobie Brothers, il est long.

Running, maybe, mais pas at full speed, et puis que venaient faire le Dr Jekyll et Mister Hyde, voyageant incognito dans une voiture de  ce convoi?

D'une frappe lourde  William entame 'Même pas peur' , un titre non repris sur l'album, 'Tu m'as dit' est une chanson intergénérationnelle, elle implique la chanteuse,  son  fils  et son  père.

Une tendre ballade jouée en mode piano/voix, car William est passé derrière les touches, Nicolas assurant les secondes voix en vue du terme, tandis que Vincent pince gentiment les cordes de sa basse.

Toujours aux claviers sans drums, le groupe nous propose une valse romancée , ' Gustave'  , en mode pastel.

La version enregistrée,  agrémentée  de violons,  séduira toutes les âmes sensibles.

Keaton Henson est un des artistes préférés de la belle îlaise, elle reprend la lovesong subtile ' Small hands'  puis se dirige vers le piano, frôle les touches, attaque 'Under control'  et revient rapidement sur le devant de la scène.

Régis travaille sa six cordes à la slide ce qui procure  un piment   country à la chanson.

Avec ' The thief' et ses accents Cranberries,   on a droit à un premier titre plus rock, il est suivi par ' The widow', tout aussi percutant.

' When you see me' joue toujours la carte folk rock, tandis que ' Who do you think you are' doit remettre à leur place  tous les arrogants ou Don Juan minables  de la planète.

Le concert a pris une autre envergure avec cet enchaînement de titres musclés.

Tout l'album y est passé, l'organisation  prévoyait un concert d'1h30',  on improvise, exit la basse, la lead guitar et les drums pour soumettre une version acoustique, plus intimiste et bourrée d'effets de voix, de ' Small hands' .

Toujours en duo, c'est au tour de ' The Thief'  de se voir doter d'une version épurée  avant de voir la troupe au complet  reprendre ' Pygmalion'.

Mission accomplie, une photo de famille, merci Plouha!

Un concert  apprécié par un public sous le charme  d'un  groupe  qui ne joue pas la comédie.


Dès que  tu prononces le nom de Patrick Coutin, la réaction fuse, 'J'aime regarder les filles', mais l'ex-chroniqueur de Rock & Folk , c'est bien plus que ce tube accidentel...

Une quinzaine d' albums, un bouquin consacré à Jim Morrison, et des productions, pour e a,  Roch Voisine, les Wampas, Michel Delpech, Dick Rivers , Bob Sinclar... bref, l'Agence Tous Risk  a eu le nez fin en signant ce septuagénaire, pas dégénéré, pour un Jeudi en Fête  bien rock.

Il annonce la couleur, ce soir, on va faire un peu de rock'n'roll!

Promesse tenue, Gilles Michel, le bassiste à la carrière bien remplie ( JJ Milteau, Eric Bibb, Véronique Rivière, Philippe Chatel, Georges Moustaki, Demi Evans, Dick Rivers, Tamra Rosanes, Adamo, Leny Escudero....) , la batteuse Emilie Rambaud,  ( Romance, Etienne Daho, l'album hommage à Higelin ' Champagne',  Martin Solveig, The Buns, The Tiki Sisters,  Jérémie Kisling,Michaël Wookey, David Simard, Edith Fambuena......)  et Patrick Coutin ( guitare, chant)  ont fait trembler le clocher de l'église du bourg et danser la faune locale, dans laquelle un bougre, légèrement beurré  ( au beurre salé, cela va de soi) gueulait ' j'aime' après chaque tirade.

'L'homme invisible' , le titletrack du dernier album est lâché en pâture, comme il a été l'enregistrer à Austin, tu ne doit pas t'attendre à de l'ignoble variété franchouillarde, ça bluesrocke sale,  à la manière des Stones et ça fait un bien fou.

Slowtime pour suivre, ' Traces d'amour'  qui date de 2001 ( sur 'Industrial Blues') sent la sueur moite des corps après la copulation.

Petula Clark, qui a bien écouté le texte, a adoré la phrase ...  Alors la nuit n’en finit pas J’ouvre la bible et je lis le livre....

Après ce slow blues vient la suite  nerveuse 'My oh My'  ' Maryline est folle' , au scénario aussi inquiétant  que One Flew Over the Cuckoo's Nest.

Retour au dernier album avec ' Rien que pour ses yeux' , un morceau débordant d'énergie et bourré de riffs percutants, alors que la rythmique assure un fond inébranlable.

Gilles Michel, au look 'Chief Bromden' (toujours dans 'Vol au dessus d'un nid de coucou'), reste impassible mais abat un boulot de forçat, tandis qu'à l'arrière la douce Emilie frappe aussi méchant  que Keith Moon, à la grande époque des Who.

Les protest songs du 21è siècle sont écologiques... la terre brûle, les rivières s'assèchent, la pluie est acide, les algues sont vertes, les vaches servent à produire du méthane, mais sinon, ' A part ça tout  va bien'.

Après ce rock méchamment engagé  et un quinzième ' J'aime' clamé par Charlot, vient la country ballad  ' Quand je suis loin de vous' sentant bon le Southern rock ou les Stones de ' Dead Flowers'.

La setlist annonce 'La ballade de Jesus Cat' mais c'est l'épique  ' Tous aux abris'  qui vient nous secouer. La vision apocalyptique du paradis  est soulignée par une guitare aussi crasseuse que les détritus qui s'amoncellent chez les anges.

En 1982 Coutin enregistrait 'Un étranger dans la ville'  et si ce n'était pas en pensant à Macadam Cowboy,  c'est bien sur une rythmique à la Bo Diddley que Coutin narre son  récit  aussi noir qu'une fiction de Raymond Chandler.

Clac, une corde de son instrument rend l'âme, Emilie  brode, le morceau part en blues jam, le temps d'accorder la guitare de réserve.

Allégresse générale en entendant les premiers accords de ' J'aime regarder les filles'  qui reçoit un traitement destroy avant de passer au slow  presque fleur bleue  ' Mon bébé par la main' .

Des fois les rockeurs peuvent se faire tendres.

En hommage à Alain Bashung, le French cowboy nous offre une version superbe de ' Osez Joséphine' suivie par l'enragé 'Rock'n'Roll' ( où tu veux quand tu veux), une profession de foi!

Pas d'accalmie en vue avec  le cinglant ' La nuit est là'   qui doit conclure un concert torride mais c'était sans compter Plouha qui exige un bis et sera exaucé car Coutin & co nous balancent une version alternative de ' J'aime regarder les filles' , encore plus ravagée que la précédente.


Patrick Coutin n'est pas prêt à rejoindre l' EHPAD, il a toujours la rage de ses 18 ans.

 




 





 


mercredi 9 août 2023

Gallows Pole @ Les Tables de la Pause Verte, Wellin, le 5 août 2023

Gallows Pole @ Les Tables de la Pause Verte, Wellin, le  5 août 2023

 Mitch ZoSo Duterck


GALLOWS POLE – Les Tables de la Pause Verte, Fays-Famenne (BEL) – 2023.08.05
 
Set-List :
01.Rock And Roll.
02.Ramble On.
03.Heartbreaker.
04.Misty Mountain Hop.
05.Trampled Underfoot.
06.Since I’ve Been Loving You.
07.Good Times.
08.Immigrant Song.
09.Gallows Pole.
10.All My Love. L
11.Dazed And Confused.
12.How Many More Times.
13.Stairway To Heaven. '
14.Whole Lotta Love.
15.Kashmir.
 
Il y a des jours comme ça, des jours où rien ne tourne comme il faudrait, comme la logique voudrait, comme on l’avait prévu. 
C’était le cas ce samedi.
 Mais tout d’abord je te plante le décor comme ça tu te situes un peu mieux sur la carte de Belgique.
Fays-Famenne? Jamais entendu parler?
 C’est un peu normal. 
Tracasse, on trouvera, c’est pas Tokyo comme avait l’habitude de dire notre pote Marcel lorsque d’aventure nous devions donner un concert dans un endroit pas très connu et que nous ne disposions pas de tous les renseignements exacts sur le lieu de prestation.
 C’était un peu le cas samedi. 
Qui donc, mis à part les locaux de l’étape comme on dit au Tour de France, peut se targuer de dire spontanément où ce hameau peuplé d’une trentaine d’habitants se situe en Belgique?
 Je ne vous fais pas languir plus longtemps, Fays-Famenne est un charmant patelin à vocation rurale situé à quelques kilomètres et faisant partie de la commune de Wellin. 
C’est donc en Ardenne que nous nous rendons pour y célébrer un événement particulier qui démontre encore une fois qu’à cœur vaillant, rien n’est impossible !
En effet, il fallait être un peu fada pour vouloir établir un restaurant en pleine cambrousse et réussir à en vivre, l’édifice reposant entièrement sur des fondations dont les piliers les plus solides étaient faits de “si” et de “peut-être”. 
On a dû les prendre pour des fous quand ils se sont établis dans le hameau pour y vivre un rêve presqu’impossible. 
Et pourtant ils l’ont fait ! 
Magali, Chimacienne d’origine et Marc, l’amour de sa vie, ont retroussé les manches de leur tenue de chef et ont pris le taureau par les cornes. 
Résultat: ce samedi, un peu plus de 200 personnes venues célébrer ce premier anniversaire se pressaient sous les chapiteaux réquisitionnés en urgence en début de semaine pour parer aux intempéries prévues par notre météo nationale. En théorie, tout cela aurait dû se passer en extérieur mais quand ça ne veut pas…
Le plantureux buffet est composé de légumes cultivés sur la propriété du restaurant, ils accompagnent des viandes aussi tendres que succulentes qui ne proviennent pas non plus du circuit de la grande distribution. 
Une explosion de goûts incroyables qui se côtoient et s’accouplent jusqu’à l’orgasme absolu de vos papilles gustatives que s’en est presque indécent. 
Quand je vous aurai dit que nos deux restaurateurs sont fans de Led Zeppelin, vous aurez compris que cela ne pouvait-être qu’excellent.
 Si j’étais vous, j’irais un de ses jours me régaler aux « Tables de la Pause Verte », 110 Fays-Famenne (tél 084389727).
Mais passons au concert à proprement parler, deuxième tuile de la semaine: les sonorisateurs prévus nous plantent là comme des malpropres et voilà Gallows Pole obligé de trouver de quoi faire. 
Pas d’ingé son, ça veut dire aussi faire la balance soi-même et ce n’est pas toujours évident. Heureusement qu’il y a de l’ambiance, sinon ce serait à déprimer je vous jure.
 Il a fallu tout de même quelques morceaux pour dérider un public qui s’engourdissait peu à peu de froid.
 Une fois Trampled Underfoot attaqué par sa face nord, on prend chacun son rythme de croisière. 
Franc succès recueilli par le trio composé de Immigrant Song, Gallows Pole et All My Love. 
Mais jouer sur une scène en dévers ce n’est pas évident non plus et voilà qu’un des retours de scène se sent pousser des ailes et prend son élan avant de s’écraser lourdement au sol.
Et ça continue car voilà que maintenant c’est au tour du pédalier guitare de Franco de rendre l’âme avec l’obligation de revoir un autre système de branchement pendant que la section rythmique improvise sur scène. 
Conséquences: pas de theremin, ce boîtier sans contact qui génère des bruits bizarres dans Whole Lotta Love. 
Mais peu importe, dès que le riff est parti, le public est debout et se déhanche, comme hypnotisé par les trois accords Si / Ré / Mi qui en font toute la puissance dans leur simplicité.
 Et pour terminer le travail, le majestueux Kashmir se pare de toutes ses lumières pour illuminer cette fin de soirée qui nous laissera de bons souvenirs.
Encore merci a Magali et Marc pour cette formidable réception, à bientôt et pourquoi pas pour fêter le second anniversaire.
Mitch “ZoSo” Duterck

lundi 7 août 2023

Elefante, formule duo ( Fausta Federici & Alban Schäfer) aux Ptits Bouchons, Lanvollon, le 6 août 2023

Elefante, formule duo ( Fausta Federici & Alban Schäfer) aux Ptits Bouchons, Lanvollon, le 6 août 2023  

michel

Si tu voulais un bain de foule en ce premier dimanche du mois d'août, deux possibilités s'offraient à toi, la dernière journée du Festival du Chant de Marin à Paimpol ( pas mal de mécontents après le concert de Matmatah, la veille) ou la Foire aux Puces à Lanvollon ( 800 exposants ont vidé grenier, cave, garage, grotte, étable et placards), tu n'as choisi ni l'un, ni l'autre, et pourtant c'est à Lanvollon que tu as retrouvé madame, partie chiner sans toi.

Les P'tits Bouchons, cave à vin et à bière,  bar à dégustation et épicerie fine,  un établissement, ouvert depuis un plus d'un an, non seulement fait recette mais a aussi la bonne idée de programmer des concerts.

En ce beau début de soirée ( enfin, du soleil et un ciel bleu), ce sont Fausta Federici et Alban Schäfer du groupe Elefante qui doivent distraire la galerie.

Ce n'est pas ta première rencontre avec, le guitariste Alban Schäfer, vu aux côtés de Erwan Tassel ou comme membre du combo Harisson Swing, par contre c'est une première pour  la chanteuse d'origine napolitaine,  Fausta Federici.  

Fausta fait aussi partie des  groupes  Ihris ou Mafa , se produit en duo avec le guitariste Romain Salmon et  a enregistré un EP sous l'étiquette Fausta.

Elefante au complet, ce sont: Fausta Federici : Chant/ Pauline Lovat : Clarinette, Percussions/ Gwendal Mainguy : Percussions/ Joris Viquesnel : Cavaquinho/ Alban Schäfer : Guitare 7 cordes.

Le groupe a enregistré un premier album ( éponyme) fin 2022 et se produit régulièrement  de Saint-Malo à Ouessant en se permettant des infidélités au territoire breton pour aller jouer la samba en Normandie et plus loin encore.


18:30, tout le monde embarque, direction la terre du roi Pelé et du Pão de Açúcar, le duo a opté pour 'Canto Das Três Raças' ( Clara Nunes)  pour entamer la session.

Le chant est fluide et caressant, la guitare ( c'est pas courant une sept cordes) précise et limpide virevolte allègrement, on te l'a déjà seriné, Alban est un orfèvre qui met sa virtuosité au service de la chanson  sans faire de cinéma superflu.

Tandis que ses doigts glissent sur les cordes, il assure les secondes voix avec le sourire.

Le rendu, à la fois   élégant et   effervescent, parle autant à ton âme qu'à tes sens, malheureusement 90% du public, n'en a rien à cirer et coasse sans retenue.

Indubitablement, un bistrot n'est pas une église, mais un minimum de courtoisie  pourrait être apprécié par les musiciens.

Roberta Sá, une chanteuse de samba aux accents pop, a fait grosse impression avec le titre ' Samba de um Minuto', la version chantée par Fausta tient super bien la route, quant à Alban, il est aussi subtil que Toquinho.

A chaque fois qu'un artiste reprend le fameux 'A Felicidade' d'  Antônio Carlos Jobim et Vinícius de Moraes, tu revois la regrettée  Astrud Gilberto.

Fausta et Alban n'ont pas trahi l'esprit de cette fantastique ballade.

' Um Calo De Estimação' ( (Teresa Cristina) est nettement plus saccadé, les deux voix se répondent ou travaillent à l'unisson, la guitare surfe adroitement sur les houles géantes du Nordeste.

Retour à la ballade sentimentale avec  'Esta Melodia' (  Marisa Monte)  un morceau à deux visages, il vire vive samba  lors d'un second mouvement rythmé.

Alban attaque la valse  bilingue 'Joana Francesa' de  Chico Buarque à la guitare et au chant, et quand Fausta le rejoint, le doux parfum dégagé par Joana vient chatouiller nos narines.

Leur approche du tube 'Aquarela do Brasil' ( datant de 1939) est plus proche de João Gilberto, que du massacre disco, que l'on doit à The Ritchie Family.

Evidemment tu peux te rabattre sur la version de Kate Bush & Michael Kamen utilisée sur la B O de Brazil de Terry Gilliam.

Alban nous place une digression éloquente,  toute en finesse,  digne   d'un tableau pointilliste signé  Paul Signac.

 

Le voyage se poursuit, notamment avec ' A Rita' de Chico Buarque , l' alerte   'Poder Da Criação' de  João Nogueira et une dernière samba annonçant  la pause de dix minutes.

Clap de fin, pour nous, ton village organise un Fest-Noz pour le pardon de Sainte-Philomène, les  voisins nous y attendent.

 Ne pas faire acte de présence et refuser de  danser le plinn, la gavotte ou la suite de Loudéac  est considéré comme une offense majeure.



 


samedi 5 août 2023

Lucie Shame au Bistrot de la Poste à Saint-Brieuc, le 3 août 2023

Lucie Shame au Bistrot de la Poste à Saint-Brieuc, le 3 août 2023

 

michel

Saint-Brieuc sommeille en ce jeudi soir  d'aoû,t aussi humide que l'était le mois précédent, l'état de léthargie générale peut s'expliquer  en hiver, surtout pour les marmottes, mais en plein été, c'est craignos!

Heureusement, il y a le Bistrot de  la Poste pour programmer un concert, en principe à l'extérieur.

L'optimisme n'était pas de rigueur, Lucie Shame opte, donc, pour un gig inside.

Lucie Shame, alias Lucie Boullaisse ou Lucie Bouchoux ( Palaiseau) , un peu plus de 40 printemps est prof de piano, comédienne et se produit depuis près de cinq ans sous la griffe, pas déshonorante,  Lucie Shame.

Début août, elle quitte la grisaille parisienne pour un séjour frileux en Bretagne, trois dates au programme: Saint-Brieuc, Landeda et Brest.

A l'heure de l'apéro, les glaçons se cognent dans les verres de Gin Julep, de Singapore Sling ou de Muscadet Perrier citron,   ce bruit de fond, ajouté au brouhaha des conversations animées, accompagnera tout le set de la fille qui se présente armée d'une guitare ayant pas mal vécu.

Bonsoir, j'ai un peu le trac, murmure-t-elle, je vais vous jouer mes compositions.


Quelques accords de guitare rugueux pour entamer ' Sorry' , chanté  à la manière de PJ Harvey ou de Scout Niblett.

Son DIY  indie/ alt folk peut aussi s'assimiler au registre d'une Cat Power  et même aux élans de Carla Bozulich, d'Ani DiFranco ou de Shannon Wright, toutes des filles ayant décidé de ne faire aucune concession au système, le tube de l'été n'est une quête essentielle pour aucune d'entre  elles.

Comme elle a avoué, un jour, avoir été inspirée par le grunge, on ajoutera Courtney Love aux noms évoqués.

On continue en douceur, petit sourire en coin, avec un morceau traitant du suicide,  'Fields and Worms'.

Un titre moins mélodique que le 'Suicide is painless' que tu peux entendre sur la bande son de "M.A.S.H." 

Pas évident de faire passer un message quand, face à toi, 80¨% de l'audience palabre en ignorant le sens du mot sourdine.

Lucie ne s'en offusque pas et poursuit son exposé en musique, 'Your eyes' est une chanson d'amour, elle n'a pas ajouté qu'elle avait pensé à Peter Gabriel.

Quand il est question de cycles,  de temps et de tout ce qui ne tourne pas rond , tu as la chanson énervée, et passablement sombre,  ' It's been 10 years'.

Le jeu de guitare, sec, la voix,  tantôt implorante, tantôt âpre, accroche, cette fille dégage un fluide magnétique qui te donne l'envie de la prendre par la main, de l'emmener boire un café en lui tapotant l'épaule et en lui soufflant ça se passera bien , t'en fais pas!

Grunge avait-elle dit, ' Virgo' s'en approche  et secoue vigoureusement.

Sur la lancée ' My kids'  cogne encore plus, tu te surprends à battre le sol du talon. Après un bridge plus apaisé pour calmer les gosses, le tempo remonte d'un cran et le chant se fait véhément. 

Pour rester en France, on avance les noms de Laetitia Shériff  ou de Lena Deluxe, deux filles hautement recommandables.

'Don't call her back' est là pour nous rappeler que l'amour n'est pas toujours partagé!

J'ai écrit ' Beautiful Dyke'  à 36 ans, lors d'une escapade à vélo tout en répétant... je suis une gouine, je suis une gouine..  

Vais la faire écouter à Zoe Boekbinder celle-là, elle va aimer!

... Tendre, la jeune femme rousse, que tant d'innocence émoustille, dit à la blonde jeune fille ces mots, tout bas, d'une voix douce...

Si Patti Smith en pince pour Rimbaud, Lucie Shame, elle, met Verlaine en musique, ' Printemps' et  'Eté' , deux poèmes saphiques,  deviennent une chanson  qu'elle devrait proposer aux Sirens of Lesbos.

Quelques accords bluesy achèvent la mélodie qu'elle fait suivre de ' I need to touch the dark' une toute nouvelle composition qui ne s'éloigne guère de l'esprit DIY.

Optimisme et Lucie Shame ne riment pas, 'I recommend' annonce la fin du monde,  en mode folk noir, Skeeter Davis est vraiment  loin!

Un changement de guitare pour 'Hello', à l'acoustique elle tient  à donner la parole à la terre qui s'exprime,  paisiblement,  après  l'apocalypse.

Ce récital d'une heure s'achève par le tendre ' Love of my love' , une berceuse composée pour sa fille.

 

Un concert méritoire donné par une interprète honnête et attachante.





 

 

 

 

 

 


vendredi 4 août 2023

Cachemira (ESP) - in Little Devil, Tilburg op DONDERDAG 27 JULI 2023

 Cachemira (ESP)   - in Little Devil, Tilburg  op DONDERDAG 27 JULI 2023

 

 Mitch ZoSo Duterck

 

CACHEMIRA  – The Little Devil, Tilburg (NED) – 2023.07.27
 
Je vous mentirais si je vous disais que mon brother Marc « Digger » et moi ne sommes pas excités à l’idée de prendre la route en direction du Limbourg hollandais, vous savez, ce lieu mythique pour nous les Belges. 
La région de Valkenburg, où notre champion cycliste Philippe Gilbert, s’imposa à quatre reprises dans cette légendaire Amstel Gold Race, faisant à chaque fois la différence dans l’ascension du Cauberg, son Cauberg, là où il remporta notamment un titre de champion monde sur route.
 C’était le 23 septembre 2012
Mais aujourd’hui, c’est un tout autre genre de spectacle qui motive notre déplacement. 
Je dois avouer que c’est tout d’abord le nom du groupe qui a éveillé l’intérêt du fan absolu de Led Zeppelin que je suis. 
Je m’en souviens, c’était en Allemagne et plus précisément, le 18 mai dernier à Übach Palenberg après le concert de Rosalie Cunningham. 
Je faisais dédicacer quelques pièces de ma collection lorsque mon regard fut attiré par un LP que je ne connaissais pas. De couleur orange la galette arborait un look qui semblait tout droit surgir du Flower Power.
Je me tournai alors vers Claudia « Speedy » Gonzales Diaz, bassiste-chanteuse, une rousse flamboyante et talentueuse, l’un n’empêche pas l’autre, et lui demandai naïvement de quoi il était question, très intéressé de découvrir ce qu’était ce vinyle inconnu à mes yeux et surtout à mes oreilles.
 Pour paraphraser Serge Gainsbourg : « Elle ne prononça qu’un seul mot : « Cachemira !» 
Si tu ne captes pas, va revoir tes classiques, du côté des paroles de « Initials B.B. » ça devrait t’aider je crois. 
Si ça ne percute toujours pas, laisse tomber, c’est foutu, retourne au tricot.
« C’est du Heavy-Psyché, j’ai intégré le groupe en 2020, si tu aimes ce qui pêche, ça devrait te plaire » me dit-elle avec un grand sourire.
 Poussé par je ne sais quel instinct qui ne me trompe jamais, ou presque, je mets la main au portefeuille, à l’époque on ne me l’avait pas encore volé, et je fais l’acquisition immédiate du 33 tours comme on disait au siècle dernier. A cette époque, le terme album était plutôt utilisé pour les images Panini si tu te souviens.
Il est donc urgent que je te fasse un petit topo de la situation avant que le concert commence. Cachemira, est un trio franco-espagnol formé en 2016 par Gaston Lainé : guitare électrique et chant, Pol Ventura : basse et chant et Alejandro Carmona Blanco : batterie. 
Un premier album répondant au pseudonyme de « Jungla » voit le jour en 2017 sur le label Heavy Psych Sounds.
 Le départ de Pol (2020) coïncide avec l’arrivée de Claudia, The Lady Of The Lake, qui reprend sans complexe le poste difficile de chanteuse-bassiste au sein de la formation.
 En 2022, c’est la sortie d’Ambos Mundos, titre en espagnol qui signifie littéralement « les deux Mondes. »
Je me rappelle qu’après le concert en Allemagne, dès mon retour en cellule, sur le coup des deux heures du mat’, je n’ai pas pu me résoudre à me mettre au lit. 
De toutes façons, comme j’ai été condamné à survivre seul pendant les quelques années qui me sont encore attribuées, que pouvais-je faire de mieux que d’écouter ma nouvelle acquisition sans attendre? Mis à part mes voisins, qui cela aurait-il bien pu déranger ?
 Et j’ai poussé sur la touche « PLAY ». Je n’aurais pas dû… A cinq heures, je terminais la quatrième écoute boulimique d’affilée de cette petite merveille ! 
Je le savais, je sentais bien que ce truc allait me toucher en plein cœur.
 Mélodies, harmonies, puissance, variations, tout y était pour me séduire.
 Depuis ce petit matin du joli mois de mai, « Ambos Mundos » est l’album que j’écoute le plus sur ma chaîne stéréo.
Bon, ce n’est pas tout ça, où en étais-je moi ? Ah oui, le Limbourg Hollandais, nous finissons donc par couvrir les 250 kms à parcourir parmi les inévitables bouchons et autres travaux qui sont monnaie courante sur les réseaux routiers. 
Nous voilà enfin arrivés au « Little Devil » le café Rock de Tilburg, situé au 27, Stationsstraat. L’endroit est super cool et la musique c’est un vrai bonheur pour ceux qui aiment le Rock, le vrai. Avec un nom pareil, je soupçonne même que le patronyme provienne directement du titre éponyme de The Cult sur l’album « Electric » sorti en 1987. 
L’établissement n’est théoriquement pas encore ouvert et pourtant on nous dit « welcome » et avec le sourire.
 Petite parenthèse : il faudrait peut-être que les gens de l’HORECA de notre beau pays qui nous font sentir que nous les francophones, ne sommes pas les bienvenus, chez nous, à la côte belge, il faudrait disais-je que ces gens-là fassent un petit détour par les Pays-Bas et des endroits comme celui-ci pour apprendre leur métier et la courtoisie auprès de nos voisins bataves.
Rencontre immédiate avec Claudia qui vient nous embrasser et nous remercier d’avoir fait le déplacement. « Vous êtes dans mon cœur » nous dit-elle en nous serrant très fort contre elle. » Si vous voulez mon avis, quelque chose me dit que ce n’est que le début d’une longue série et j’en connais un autre qui n’est certainement pas loin de partager mon avis...
C’est parti ! 
Le groupe monte sur scène, s’accorde, égrène des accords comme on le faisait par le passé et démarre le concert dans la foulée, sans aucune transition.
Set List :
01.Mujer Vudù. [Ambos Mundos - 2020]
02.Keep An Eye On Me. Ambos Mundos - 2020]
03.Don’t Look Back (To The Fire) [Ambos Mundos - 2020]
04.Future’s Sight. [Ambos Mundos - 2020]
05.Ouverture. [Jungla - 2017]
06.Dirty Roads. [Ambos Mundos 2020] (Lucifer’s Friend Cover)
07.Coast To Coast. [Ambos Mundos. - 2020]
08.Ambos Mundos. Ambos Mundos.]
09.Jungla. [Jungla - 2017]
10.Evil. [Restrictions - 1972] (Cactus cover)
La sono qui peut paraître un peu désuète est au contraire puissante mais fabuleusement bien balancée, superbement exploitée par un vrai sonorisateur et non pas par un DJ, avec les résultats déplorables que nous avons vécu tant de fois ces derniers temps.
 Ici, tout est parfait, même pas le moindre petit larsen, bravo !
Je ne vais pas vous détailler le concert morceau par morceau mais sachez que c’était aussi parfait que sur album. Quelle énergie, quel vécu ! « Mujer Vudu » le titre qui ouvre la soirée, est chanté en espagnol et ça passe super bien. On dirait qu’ils sont nés tous les trois fin des sixties, rien n’est emprunté, aucuns faux-semblant.
 Pas besoin de faire « comme si », c’est tout simplement leur style et ils le tiennent de manière incroyable. 
Que ce soit dans le son, l’attitude, la qualité des compos, tout est séduisant à mourir. Claudia, vers qui tous les regards se tournent, tient la scène comme une vraie leader, venant titiller le public, cherchant continuellement le contact dans une attitude de défi qui tient du jeu pur et non pas de la provocation. Une espèce de gorgone vêtue de vert, sorte de créature hybride faite de John Entwistle des Who et de Phil Lynott de Thin Lizzy avec un look très vintage et une chevelure de feu qui tournoie sans arrêt. Une aisance parfaite, des sourires à faire fondre la banquise et un jeu de basse extraordinaire qui phrase comme une guitare en solo, un peu à la manière de Steve Harris d’Iron Maiden, version sixties si vous voyez ce que je veux dire.
De son côté, Alejandro est un excellent batteur qui assure une rythmique d’enfer, distillant ses coups de caisse rageurs comme autant d’explosions et des passages plus en retenue, Il assure avec sa consœur une section solide comme un roc, permettant à Gaston, le troisième larron, un breton, de nous envoyer en pleine face des soli qu’il arrache à sa Fender Stratocaster comme le faisaient tellement bien des guitaristes exceptionnels comme Rory Gallagher, Stevie Ray Vaughan ou encore Jimi Hendrix pour ne citer que ces trois influences majeures. 
Avec son chapeau de cowboy vissé à demeure sur le crâne, le colosse qui flirte avec les 195cm est d’une gentillesse rare et est toujours prêt à discuter musique au coin du bar, avec une bonne bière. L’homme en impose, il pourrait illustrer magnifiquement bien cette réplique culte des « Tontons Flingueurs « du réalisateur Michel Audiard Je cite : « Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, les types de 60 kilos les écoutent. » et pourtant ce gars là est d’une gentillesse et d’une disponibilité. Il m’a inspiré le pastiche de « Ils ont des chapeaux ronds » une célèbre chanson paillarde bretonne. Je sens que vous en avez envie, alors, bon prince, je vous en livre les prémices :
Ils ont des chapeaux ronds, vive la Bretagne,
Il a un beau Stetson*, Gaston l’gentil Breton »
*Prononcer Stetson comme maison aussi non il y a une dissonance (NDA)
Tout ça pour vous dire que nous avons encore passé pas mal de temps ensemble après ce formidable concert avant de reprendre la route qui nous a ramenés à bon port vers 2 heures du matin, des étoiles plein les yeux et des notes plein le coeur et les oreilles. Il ne me restait plus qu’à réécouter le concert que je venais d’enregistrer avec l’autorisation du groupe.
Alors, si vous voulez un album qui illuminera véritablement toute discothèque de rockers dignes de ce nom, foncez acheter « Ambos Mundos », de Cachemira, vous ne regretterez certainement jamais ce voyage… entre deux mondes.
Merci à Claudia, Gaston et Alejandro, à très bientôt !
 
Mitch « ZoSo » Duterck

mercredi 2 août 2023

EP - GREH - Reversion Of The Repressed

 EP - GREH - Reversion Of The Repressed

 Self-Released

michel 


GREH  naît en 2022 dans l'esprit de Gjero Krsteski de Karlsruhe  ( ascendance Macédoine du Nord) , donc tu peux oublier  le Groupe de Recherches et d'Etudes Historiques de la Charente saintongeaise, établi à Ségonzac.

Gjero décide de faire de la musique, les schlagers ne sont pas sa Lieblingsgetränk, il préfère le métal brûlant et démarre un  Ein-Mann-Projekt qu'il baptise GREH, son rayon sera  einen mix aus sludge, doom und metal.

Juin 2022, GREH enregistre un premier EP,  "Age Of Resentment", Gjero joue de tous les instruments, il invite le session singer italien Eric Castiglia ( Acamarachi, Darkness Tears, Giuntini Deathline, Osculant Brutality, Solitary Crusade ......)  pour les parties vocales.

Un gars termine son analyse ainsi...The music is like diving into eternal darkness!

On a écouté le titletrack, effectivement, la couleur dominante n'est pas le rose bonbon!

Fin mars 2023, un nouvel EP voit le jour:  Reversion Of The Repressed!

Gjero  Krsteski tient toujours la barre et les guitares, il est désormais accompagné par Maurice Müller à la batterie ( Bone Idles, Weird Owles, Hard Strike...) et Martin Kocula aux vocaux ( Grau) .

Tracklist:

Inhumed To Forget
Winds From Throes
Eternal Despise
Final Sanctification
Age Of Resentment II

 Album artwork by Alfi Feijoa.

Il représente un fouillis végétal pouvant rappeler des gravures d'artistes paysagistes   du 16è /17 siècle, tel Jacob Savery ou  autres maniéristes plus célèbres, comme Pieter Bruegel den Aauwe

'Inhumed To Forget ' on ne dit pas où le corps a été inhumé, ni de qui il s'agit, ce qu'on sait c'est que la terre est fétide et sent la charogne en putréfaction, bref, on ne rigole pas chez Greh.

Le chant tourmenté et menaçant   de Martin  est proche du growl et, comme il se doit pour un groupe se réclamant du doom ou du sludge, le tempo est d'une lenteur mortuaire, la guitare se traîne en riffs lancinants, seul le batteur imprime un mouvement plus leste.

Désolation, affliction extrême, tourments infernaux,  quel crime ce pauvre hère a  -t-il pu commettre pour être dans l'impossibilité d'échapper au  châtiment  et  à l'appel des  ténèbres? 

La seconde plage proposée est du même acabit ' Winds from Throes' , il n'est pas question des affres de la reconversion écologique,  mais du joug véhiculé par une âme malade...I'm dying inside, I'm praying for the end... balbutie le chanteur.

Ce râle écoeurant  est appliqué sur un fond bitumé, plus noir que le vantablack,

Si Evoken, Skepticism, Shape of Despair et quelques autres, sont souvent cités comme des apôtres d'un funeral doom baignant dans des climats lugubres,  décoré de riffs altérés, lourds et apathiques,  et accompagné de growls ou de grunts, plus effroyables que les grognements d'un grizzly souffrant d'une rage de dents, on peut dorénavant ajouter le nom de GREH à la liste de ces combos euphoriques.

Avec ' Eternal despise' Greh crache une nouvelle dose de venin, le dégoût provoqué par une humanité  vile et haïssable  se dessine dans les lyrics,  que tu ne retrouveras pas dans le cantique des cantiques, il est question de haine, de vengeance, d'injures, de colère, de rancune féroce....

Un écho éraillé répond  aux  growls barbares,  la guitare, saturée,  distordue, se traîne pendant plus de trois minutes, tandis que la   frappe  binaire et  brute  de Maurice   élabore un tempo  obsédant , propice au headbanging spontané.

Après ce chant d'amour, le groupe propose ' Final Sanctification' , une version retravaillée du single ' Sanctification' sorti fin 2022.

Ce nouvel épisode voit Hadès et toutes les créatures de l'enfer entrer en transe et entamer une danse sardonique  à donner le frisson à tous ceux qui bivouaquent au purgatoire  avant le jugement dernier.


'Age Of Resentment II' réitère le message du premier EP produit par Gjero Krsteski, si à l'époque t'avais pas  bien compris le discours, il le réédite sous une forme encore plus courroucée, avec quelques nuances sludge,  histoire  d'accélérer légèrement le  tempo.


Après avoir gravé deux EP's, Greh est fin prêt  pour se produire  sur scène, une tournée débute le premier septembre.

 

Leur facebook mentionne les dates ci-dessous:

01.09. - Frankfurt am Main, GER, Ponyhof
02.09. - Prague, CZ, TBA
05.09. - Stuttgart, JuHa West, HEXIS
08.09. - Karlsruhe, GER, P8²
30.09. - Mannheim, GER, JUZ
20.10. - TBA, on way to Amsterdam
21.10. - Amsterdam, NL, The Cave
04.11. - Karlsruhe, GER, P8², ISOLE + OPHIS
10.11. - TBA
11.11. - Dortmund, TBA
01.12. - Maribor, SVN, Gustaf Hall Pekarna
02.12. - Split, CRO, Metal Club Eks
16.12. - Göttingen, GER, JUZi