vendredi 11 août 2023

Aylis et Patrick Coutin aux Jeudis en Fête, Plouha, le 10 août 2023

Aylis et Patrick Coutin  aux Jeudis en Fête, Plouha, le 10 août 2023

 

michel

Plouha 2023 -  Exit Le Retour du Jeudi  et retour des Jeudis en Fête, la mairie a décidé de faire appel à l'Agence Tous Risk ( tu oublies the A-Team) pour la programmation.

En ce 10 août anormalement ensoleillé, le programme de la quatrième soirée annonce Aylis, un spectacle de feu proposé par Elise Enrakor ( qui s'est enlisée en chemin) et Patrick Coutin, l'excellent DJ Clint se charge de la musique d'ambiance ( ce gars a eu l'excellente idée de passer 'All Along the Watchtower' dans la version de Barbara Keith).

 

20:00: Aylis. 

Aylis, c'est le projet de Silja Preney, originaire de l'île d'Yeu,  qui avant d'entamer une virée sous son nom a fait partie du groupe de reprises Acouphène.

Elle chante, fort bien, en anglais et en français, compose et est secondée par des jeunes gens décents: Nicolas Thébaud ( guitare acoustique, secondes voix), Régis Taraud ( guitare électrique) , ils font tous deux partie du Groupe Varek, à la basse, il y a Vincent Duval ( il officie chez Gaume), William Debout, souvent assis, s'occupe de la  batterie ou des claviers.

Un premier album ' Pygmalion' a vu le jour il y a peu.

Faut pas leur dire que Slowdive en a pondu un sous le même libellé en 1995.

Ouverture du bal avec ' In my mind' , un extrait de 'Pygmalion'.

La voix est  agréable et peut faire penser à K T Tunstall, le fond sonore folk pop  nage dans les mêmes eaux, tu veux d'autres indices: Natalie Imbruglia, Michelle Branch ou Natasha Bedingfield.

Le catchy ' Strange times' qui succède au titre initial te conforte dans les rapprochements proposés.

Silja passe au français pour la suivante, le titletrack de l'album, qui a beaucoup plu à G B Shaw, ' Pygmalion' et a éveillé en toi des souvenirs de Valérie Lagrange ( 81 printemps au compteur, la dame, qui dans son époque reggae clamait 'Faut pas me la faire').

Pas de ' Mystery Train' mais un ' Running Train' pour Aylis, on ne sait pas si, comme celui des Doobie Brothers, il est long.

Running, maybe, mais pas at full speed, et puis que venaient faire le Dr Jekyll et Mister Hyde, voyageant incognito dans une voiture de  ce convoi?

D'une frappe lourde  William entame 'Même pas peur' , un titre non repris sur l'album, 'Tu m'as dit' est une chanson intergénérationnelle, elle implique la chanteuse,  son  fils  et son  père.

Une tendre ballade jouée en mode piano/voix, car William est passé derrière les touches, Nicolas assurant les secondes voix en vue du terme, tandis que Vincent pince gentiment les cordes de sa basse.

Toujours aux claviers sans drums, le groupe nous propose une valse romancée , ' Gustave'  , en mode pastel.

La version enregistrée,  agrémentée  de violons,  séduira toutes les âmes sensibles.

Keaton Henson est un des artistes préférés de la belle îlaise, elle reprend la lovesong subtile ' Small hands'  puis se dirige vers le piano, frôle les touches, attaque 'Under control'  et revient rapidement sur le devant de la scène.

Régis travaille sa six cordes à la slide ce qui procure  un piment   country à la chanson.

Avec ' The thief' et ses accents Cranberries,   on a droit à un premier titre plus rock, il est suivi par ' The widow', tout aussi percutant.

' When you see me' joue toujours la carte folk rock, tandis que ' Who do you think you are' doit remettre à leur place  tous les arrogants ou Don Juan minables  de la planète.

Le concert a pris une autre envergure avec cet enchaînement de titres musclés.

Tout l'album y est passé, l'organisation  prévoyait un concert d'1h30',  on improvise, exit la basse, la lead guitar et les drums pour soumettre une version acoustique, plus intimiste et bourrée d'effets de voix, de ' Small hands' .

Toujours en duo, c'est au tour de ' The Thief'  de se voir doter d'une version épurée  avant de voir la troupe au complet  reprendre ' Pygmalion'.

Mission accomplie, une photo de famille, merci Plouha!

Un concert  apprécié par un public sous le charme  d'un  groupe  qui ne joue pas la comédie.


Dès que  tu prononces le nom de Patrick Coutin, la réaction fuse, 'J'aime regarder les filles', mais l'ex-chroniqueur de Rock & Folk , c'est bien plus que ce tube accidentel...

Une quinzaine d' albums, un bouquin consacré à Jim Morrison, et des productions, pour e a,  Roch Voisine, les Wampas, Michel Delpech, Dick Rivers , Bob Sinclar... bref, l'Agence Tous Risk  a eu le nez fin en signant ce septuagénaire, pas dégénéré, pour un Jeudi en Fête  bien rock.

Il annonce la couleur, ce soir, on va faire un peu de rock'n'roll!

Promesse tenue, Gilles Michel, le bassiste à la carrière bien remplie ( JJ Milteau, Eric Bibb, Véronique Rivière, Philippe Chatel, Georges Moustaki, Demi Evans, Dick Rivers, Tamra Rosanes, Adamo, Leny Escudero....) , la batteuse Emilie Rambaud,  ( Romance, Etienne Daho, l'album hommage à Higelin ' Champagne',  Martin Solveig, The Buns, The Tiki Sisters,  Jérémie Kisling,Michaël Wookey, David Simard, Edith Fambuena......)  et Patrick Coutin ( guitare, chant)  ont fait trembler le clocher de l'église du bourg et danser la faune locale, dans laquelle un bougre, légèrement beurré  ( au beurre salé, cela va de soi) gueulait ' j'aime' après chaque tirade.

'L'homme invisible' , le titletrack du dernier album est lâché en pâture, comme il a été l'enregistrer à Austin, tu ne doit pas t'attendre à de l'ignoble variété franchouillarde, ça bluesrocke sale,  à la manière des Stones et ça fait un bien fou.

Slowtime pour suivre, ' Traces d'amour'  qui date de 2001 ( sur 'Industrial Blues') sent la sueur moite des corps après la copulation.

Petula Clark, qui a bien écouté le texte, a adoré la phrase ...  Alors la nuit n’en finit pas J’ouvre la bible et je lis le livre....

Après ce slow blues vient la suite  nerveuse 'My oh My'  ' Maryline est folle' , au scénario aussi inquiétant  que One Flew Over the Cuckoo's Nest.

Retour au dernier album avec ' Rien que pour ses yeux' , un morceau débordant d'énergie et bourré de riffs percutants, alors que la rythmique assure un fond inébranlable.

Gilles Michel, au look 'Chief Bromden' (toujours dans 'Vol au dessus d'un nid de coucou'), reste impassible mais abat un boulot de forçat, tandis qu'à l'arrière la douce Emilie frappe aussi méchant  que Keith Moon, à la grande époque des Who.

Les protest songs du 21è siècle sont écologiques... la terre brûle, les rivières s'assèchent, la pluie est acide, les algues sont vertes, les vaches servent à produire du méthane, mais sinon, ' A part ça tout  va bien'.

Après ce rock méchamment engagé  et un quinzième ' J'aime' clamé par Charlot, vient la country ballad  ' Quand je suis loin de vous' sentant bon le Southern rock ou les Stones de ' Dead Flowers'.

La setlist annonce 'La ballade de Jesus Cat' mais c'est l'épique  ' Tous aux abris'  qui vient nous secouer. La vision apocalyptique du paradis  est soulignée par une guitare aussi crasseuse que les détritus qui s'amoncellent chez les anges.

En 1982 Coutin enregistrait 'Un étranger dans la ville'  et si ce n'était pas en pensant à Macadam Cowboy,  c'est bien sur une rythmique à la Bo Diddley que Coutin narre son  récit  aussi noir qu'une fiction de Raymond Chandler.

Clac, une corde de son instrument rend l'âme, Emilie  brode, le morceau part en blues jam, le temps d'accorder la guitare de réserve.

Allégresse générale en entendant les premiers accords de ' J'aime regarder les filles'  qui reçoit un traitement destroy avant de passer au slow  presque fleur bleue  ' Mon bébé par la main' .

Des fois les rockeurs peuvent se faire tendres.

En hommage à Alain Bashung, le French cowboy nous offre une version superbe de ' Osez Joséphine' suivie par l'enragé 'Rock'n'Roll' ( où tu veux quand tu veux), une profession de foi!

Pas d'accalmie en vue avec  le cinglant ' La nuit est là'   qui doit conclure un concert torride mais c'était sans compter Plouha qui exige un bis et sera exaucé car Coutin & co nous balancent une version alternative de ' J'aime regarder les filles' , encore plus ravagée que la précédente.


Patrick Coutin n'est pas prêt à rejoindre l' EHPAD, il a toujours la rage de ses 18 ans.