Cachemira (ESP) - in Little Devil, Tilburg op DONDERDAG 27 JULI 2023
Mitch ZoSo Duterck
CACHEMIRA – The Little Devil, Tilburg (NED) – 2023.07.27
Je vous mentirais si je vous disais que mon brother Marc « Digger » et moi ne sommes pas excités à l’idée de prendre la route en direction du Limbourg hollandais, vous savez, ce lieu mythique pour nous les Belges.
La région de Valkenburg, où notre champion cycliste Philippe Gilbert, s’imposa à quatre reprises dans cette légendaire Amstel Gold Race, faisant à chaque fois la différence dans l’ascension du Cauberg, son Cauberg, là où il remporta notamment un titre de champion monde sur route.
C’était le 23 septembre 2012
Mais aujourd’hui, c’est un tout autre genre de spectacle qui motive notre déplacement.
Je dois avouer que c’est tout d’abord le nom du groupe qui a éveillé l’intérêt du fan absolu de Led Zeppelin que je suis.
Je m’en souviens, c’était en Allemagne et plus précisément, le 18 mai dernier à Übach Palenberg après le concert de Rosalie Cunningham.
Je faisais dédicacer quelques pièces de ma collection lorsque mon regard fut attiré par un LP que je ne connaissais pas. De couleur orange la galette arborait un look qui semblait tout droit surgir du Flower Power.
Je me tournai alors vers Claudia « Speedy » Gonzales Diaz, bassiste-chanteuse, une rousse flamboyante et talentueuse, l’un n’empêche pas l’autre, et lui demandai naïvement de quoi il était question, très intéressé de découvrir ce qu’était ce vinyle inconnu à mes yeux et surtout à mes oreilles.
Pour paraphraser Serge Gainsbourg : « Elle ne prononça qu’un seul mot : « Cachemira !»
Si tu ne captes pas, va revoir tes classiques, du côté des paroles de « Initials B.B. » ça devrait t’aider je crois.
Si ça ne percute toujours pas, laisse tomber, c’est foutu, retourne au tricot.
« C’est du Heavy-Psyché, j’ai intégré le groupe en 2020, si tu aimes ce qui pêche, ça devrait te plaire » me dit-elle avec un grand sourire.
Poussé par je ne sais quel instinct qui ne me trompe jamais, ou presque, je mets la main au portefeuille, à l’époque on ne me l’avait pas encore volé, et je fais l’acquisition immédiate du 33 tours comme on disait au siècle dernier. A cette époque, le terme album était plutôt utilisé pour les images Panini si tu te souviens.
Il est donc urgent que je te fasse un petit topo de la situation avant que le concert commence. Cachemira, est un trio franco-espagnol formé en 2016 par Gaston Lainé : guitare électrique et chant, Pol Ventura : basse et chant et Alejandro Carmona Blanco : batterie.
Un premier album répondant au pseudonyme de « Jungla » voit le jour en 2017 sur le label Heavy Psych Sounds.
Le départ de Pol (2020) coïncide avec l’arrivée de Claudia, The Lady Of The Lake, qui reprend sans complexe le poste difficile de chanteuse-bassiste au sein de la formation.
En 2022, c’est la sortie d’Ambos Mundos, titre en espagnol qui signifie littéralement « les deux Mondes. »
Je me rappelle qu’après le concert en Allemagne, dès mon retour en cellule, sur le coup des deux heures du mat’, je n’ai pas pu me résoudre à me mettre au lit.
De toutes façons, comme j’ai été condamné à survivre seul pendant les quelques années qui me sont encore attribuées, que pouvais-je faire de mieux que d’écouter ma nouvelle acquisition sans attendre? Mis à part mes voisins, qui cela aurait-il bien pu déranger ?
Et j’ai poussé sur la touche « PLAY ». Je n’aurais pas dû… A cinq heures, je terminais la quatrième écoute boulimique d’affilée de cette petite merveille !
Je le savais, je sentais bien que ce truc allait me toucher en plein cœur.
Mélodies, harmonies, puissance, variations, tout y était pour me séduire.
Depuis ce petit matin du joli mois de mai, « Ambos Mundos » est l’album que j’écoute le plus sur ma chaîne stéréo.
Bon, ce n’est pas tout ça, où en étais-je moi ? Ah oui, le Limbourg Hollandais, nous finissons donc par couvrir les 250 kms à parcourir parmi les inévitables bouchons et autres travaux qui sont monnaie courante sur les réseaux routiers.
Nous voilà enfin arrivés au « Little Devil » le café Rock de Tilburg, situé au 27, Stationsstraat. L’endroit est super cool et la musique c’est un vrai bonheur pour ceux qui aiment le Rock, le vrai. Avec un nom pareil, je soupçonne même que le patronyme provienne directement du titre éponyme de The Cult sur l’album « Electric » sorti en 1987.
L’établissement n’est théoriquement pas encore ouvert et pourtant on nous dit « welcome » et avec le sourire.
Petite parenthèse : il faudrait peut-être que les gens de l’HORECA de notre beau pays qui nous font sentir que nous les francophones, ne sommes pas les bienvenus, chez nous, à la côte belge, il faudrait disais-je que ces gens-là fassent un petit détour par les Pays-Bas et des endroits comme celui-ci pour apprendre leur métier et la courtoisie auprès de nos voisins bataves.
Rencontre immédiate avec Claudia qui vient nous embrasser et nous remercier d’avoir fait le déplacement. « Vous êtes dans mon cœur » nous dit-elle en nous serrant très fort contre elle. » Si vous voulez mon avis, quelque chose me dit que ce n’est que le début d’une longue série et j’en connais un autre qui n’est certainement pas loin de partager mon avis...
C’est parti !
Le groupe monte sur scène, s’accorde, égrène des accords comme on le faisait par le passé et démarre le concert dans la foulée, sans aucune transition.
Set List :
01.Mujer Vudù. [Ambos Mundos - 2020]
02.Keep An Eye On Me. Ambos Mundos - 2020]
03.Don’t Look Back (To The Fire) [Ambos Mundos - 2020]
04.Future’s Sight. [Ambos Mundos - 2020]
05.Ouverture. [Jungla - 2017]
06.Dirty Roads. [Ambos Mundos 2020] (Lucifer’s Friend Cover)
07.Coast To Coast. [Ambos Mundos. - 2020]
08.Ambos Mundos. Ambos Mundos.]
09.Jungla. [Jungla - 2017]
10.Evil. [Restrictions - 1972] (Cactus cover)
La sono qui peut paraître un peu désuète est au contraire puissante mais fabuleusement bien balancée, superbement exploitée par un vrai sonorisateur et non pas par un DJ, avec les résultats déplorables que nous avons vécu tant de fois ces derniers temps.
Ici, tout est parfait, même pas le moindre petit larsen, bravo !
Je ne vais pas vous détailler le concert morceau par morceau mais sachez que c’était aussi parfait que sur album. Quelle énergie, quel vécu ! « Mujer Vudu » le titre qui ouvre la soirée, est chanté en espagnol et ça passe super bien. On dirait qu’ils sont nés tous les trois fin des sixties, rien n’est emprunté, aucuns faux-semblant.
Pas besoin de faire « comme si », c’est tout simplement leur style et ils le tiennent de manière incroyable.
Que ce soit dans le son, l’attitude, la qualité des compos, tout est séduisant à mourir. Claudia, vers qui tous les regards se tournent, tient la scène comme une vraie leader, venant titiller le public, cherchant continuellement le contact dans une attitude de défi qui tient du jeu pur et non pas de la provocation. Une espèce de gorgone vêtue de vert, sorte de créature hybride faite de John Entwistle des Who et de Phil Lynott de Thin Lizzy avec un look très vintage et une chevelure de feu qui tournoie sans arrêt. Une aisance parfaite, des sourires à faire fondre la banquise et un jeu de basse extraordinaire qui phrase comme une guitare en solo, un peu à la manière de Steve Harris d’Iron Maiden, version sixties si vous voyez ce que je veux dire.
De son côté, Alejandro est un excellent batteur qui assure une rythmique d’enfer, distillant ses coups de caisse rageurs comme autant d’explosions et des passages plus en retenue, Il assure avec sa consœur une section solide comme un roc, permettant à Gaston, le troisième larron, un breton, de nous envoyer en pleine face des soli qu’il arrache à sa Fender Stratocaster comme le faisaient tellement bien des guitaristes exceptionnels comme Rory Gallagher, Stevie Ray Vaughan ou encore Jimi Hendrix pour ne citer que ces trois influences majeures.
Avec son chapeau de cowboy vissé à demeure sur le crâne, le colosse qui flirte avec les 195cm est d’une gentillesse rare et est toujours prêt à discuter musique au coin du bar, avec une bonne bière. L’homme en impose, il pourrait illustrer magnifiquement bien cette réplique culte des « Tontons Flingueurs « du réalisateur Michel Audiard Je cite : « Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, les types de 60 kilos les écoutent. » et pourtant ce gars là est d’une gentillesse et d’une disponibilité. Il m’a inspiré le pastiche de « Ils ont des chapeaux ronds » une célèbre chanson paillarde bretonne. Je sens que vous en avez envie, alors, bon prince, je vous en livre les prémices :
Ils ont des chapeaux ronds, vive la Bretagne,
Il a un beau Stetson*, Gaston l’gentil Breton »
*Prononcer Stetson comme maison aussi non il y a une dissonance (NDA)
Tout ça pour vous dire que nous avons encore passé pas mal de temps ensemble après ce formidable concert avant de reprendre la route qui nous a ramenés à bon port vers 2 heures du matin, des étoiles plein les yeux et des notes plein le coeur et les oreilles. Il ne me restait plus qu’à réécouter le concert que je venais d’enregistrer avec l’autorisation du groupe.
Alors, si vous voulez un album qui illuminera véritablement toute discothèque de rockers dignes de ce nom, foncez acheter « Ambos Mundos », de Cachemira, vous ne regretterez certainement jamais ce voyage… entre deux mondes.
Merci à Claudia, Gaston et Alejandro, à très bientôt !
Mitch « ZoSo » Duterck