Arnaud Fradin & His Roots Combo au Festival Place aux Artistes 2021, Esplanade du Casino de Saint-Quay-Portrieux, le 16 juillet 2021
michel
Eté 2020... en raison de l'interdiction de rassemblement sur la voie publique, il n'a pas été possible de proposer les groupes qui étaient programmés cette année. Le festival Place aux artistes est porté par des fanfares cette année.
Eté 2021, le festival renaît dans sa formule originale avec des concerts prévus sur différents sites quinocéens.
Pour la première, le vendredi 16 juillet, le podium est dressé sur l'esplanade du casino, deux groupes sont programmés: Vincent Bloyet et Arnaud Fradin & His Roots Combo.
Arnaud Fradin et ses sbires ouvrent le débat.
Arnaud Fradin est une figure connue du blues made in Nantes, avant de monter Arnaud Fradin & His Roots Combo, il menait Malted Milk, une vache produisant un lait enrichi au blues et à la soul.
La formation a vu le jour dans les nineties et gravé une petite dizaine d'albums.
Avec son dernier projet, le gars de la Loire Atlantique décide de se replonger dans les racines du blues, de l'estuaire de la Loire au Delta ( pas le variant) du Mississippi il n'y a qu'un pas, vite franchi par cet amoureux de Robert Johnson, Mississippi John Hurt, Skip James ou Bukka White.
En 2017, la clique sortait l'album "Steady Rollin' Man", étoilé chez Michelin, Gault et Millau et Soulbag.
En piste ce soir: Arnaud Fradin : Guitares, Chant/ Thomas Troussier : Harmonica /Richard Housset : Percussion et le seul n'ayant pas reçu de siège: Igor Pichon : Contrebasse.
Thomas Troussier n'est pas du style à détrousser les vieilles dames, quand il ne sort pas ses harmonicas pour accompagner son pote Arnaud ( aussi au sein de Stagger Lee), il sévit au sein des Freaky Buds et ze Bluetones.
Richard Housset fait partie de l'étable Malted Milk, il lui arrive d'accompagner le guitariste Alex Grenier, quant à Igor, il tient la basse chez Malted Milk et chez Chessmud.
Démarrage nonchalant avec ' Good morning love' un morceau avec lequel Luther Allison entamait l'album ' Hand me down my moonshine'.
Un jeu précis à l' acoustique, un harmonica fluide, une rythmique feutrée et un chant en falsetto, c'est bien parti!
Une très longue intro amorce le slow blues caractéristique "Don't leave me", me laisse pas ici tout seul, I got the blues so bad... les bluesmen et leurs nanas, c'est jamais la joie... désolation, solitude, souffrance, tel est le lot de ces pauvres gars, de Buddy Guy à Junior Kimbrough, tous ont connu ce triste sort
Apparition d'un dobro rutilant pour 'Walk with your maker' de Nathan James.
La slide glisse, le mouth harp patine, contrebasse et percussions, à l'unisson, élaborent un background rythmé, tu bats des pieds, un voisin tangue, les mouettes s'arrêtent de ricaner, le ciel est bleu, au loin, un voilier louvoie au ralenti, tout coule de source, belle est la vie!
Après une intervention ubuesque d'un charlot imbibé jusqu'au trognon, le convoi poursuit son périple en reprenant McKinley Morganfield, plus connu sous le pseudo Muddy Waters. ' Still a Fool' a été rebaptisé "Two Trains Runnin' " sur l'album.
Après une intervention musclée de Thomas Troussier, Igor et Richard se tapent un duo groovy, juteux à souhait, retour du mouth harp en roue libre, les clients du Casino n'en reviennent toujours pas et le brave Muddy, dans sa tombe, sourit, car c'est une première pour lui, jouer dans un casino du Goëlo.
Skip James nous emmène dans l'Illinois pour un 'Illinois Blues" joué laidback, à la manière de JJ Cale avec des lignes d' harmonica évoquant Charlie Musselwhite.
Sans se presser ton canasson suit paisiblement le cours du grand fleuve, il se fout, comme toi, des pseudo-exploits de Richard Branson dans l'espace, ce n'est pas demain que tu sortiras 23 millions d'euros de ta poche pour accompagner l'autre fou furieux dans sa New Shepard.
On continue avec un shuffle familial, dit-il, et le combo balance un 'Wee Baby Blues' visqueux.
V'la, Gilles, le killer qui accompagne le petit Victor au sein des Milkshakers, eh, les mecs, pouvez pas nous jouer un petit Tony Joe White?
Pas ce soir, fiston, on a prévu Bob Dylan, 'Don't think twice it's alright', ça te va, demande le chef dont le faciès évoque vaguement un certain Neymar.
Il plonge?
Sais pas... ne l'ai jamais vu dans les cuisines du resto.
Aux sources du blues il y a Robert Johnson, un mec qui aurait inventé le club des 27.
Son fameux ' 32-20 Blues' a été repris par Clapton ou Hank Shizzoe, Mr Troussier a vu la banderole, il pique un rush et empoche la prime, Cavendish a été surpris.
On a appris ' Well Well Well' dans la version de Ben Harper , mais ce gospel est co-signé Danny O'Keefe/ Bob Dylan.
Plongeon jusqu'en 1928 pour "Keep Your Lamp Trimmed and Burning" de Blind Willie Johnson suivi par "Hard Time Killin' Floor Blues" de Skip James que Richard choisit de jouer à mains nues.
Merci, Saint-Quay, you were a nice audience, on termine avec un 'Dust my broom' de derrière les fagots, la slide fumeuse laisse des traces de poussière sur la place, malgré ce nuage de poudre, le public réclame un bis, il sera participatif et tonique tout en permettant la mise en évidence de chaque intervenant, à chacun son exercice solitaire futé.
Un premier concert à Saint-Quay ayant tenu toutes ses promesses.
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