lundi 31 mai 2021

Album - Storm Gordon - The Lie I Love The Best

 Album - Storm Gordon -  The Lie I Love The Best

 

par NoPo

  Juno Records

 

 


STORM GORDON The lie I love the best 2021

Storm Gordon se situe à l'opposé de la tempête tropicale sur laquelle on trouve la première réponse de Google.
Storm souffle d'une respiration écossaise ample mais beaucoup plus apaisée.
Ayant vécu son enfance sur l'île d'Arran, elle profite de parents artistes (son père était lui-même musicien) amateurs de jazz.
Elle teinte cette culture de musique soul qu'elle apprécie et même de classique et d'électronique.
Avant 20 ans, elle devient journaliste à Los Angeles et mannequin à Londres, tout en chantant avec différents groupes.
Elle publie son premier disque 'Song for Birdman' avec David Galbraith. Son idée? Mélanger musique et arts visuels.
L'artiste, aux multiples facettes, dessine, peint, photographie, fait des collages et montages divers et assemble tout dans un patchwork étonnant.
Regardez donc la pochette royale 'The lie I love the best' : découpages et collages de tissu alternent en formes arrondies et triangulaires de couleurs rouge et noire.
Le rendu suggère une tête couronnée ou des personnages chapeautés. Une main, luxueusement gantée, insère la dernière pièce du puzzle au centre.

L'album sort 15 ans après 'Someone to dance with'. Plus lent, vérifie si tu bouges encore!
L'excuse : déménagement de l'Ecosse au Canada et retour. Une deuxième? Combiner analogique et numérique, ça coûte cher!
Pas pressée aurait pu suffire, maintenant que l'album l'est, lui...

01-Sirens in T.O
02-Diamonds in the heart
03-Slightly Different
04-Funny Side
05-The lie I love the best
06-Down at the Well-to-do
07-Goodbye paradise
08-Love songs for machine
09-Mistress of Disguise
10-No Call for a Stranger
11-$2 Tuesdays

'Sirens in T.O' flirte avec une ambiance diaphane. Le chant de Storm survole un rythme particulièrement sautillant avec de nombreuses percussions (faisant référence à un carnaval à Toronto).
L'artiste cherche d'ailleurs quelqu'un pour danser (toujours pas trouvé 15 ans après?). Un vent de clavier effleure mon oreille, on dirait un melodica en discussion avec le piano.

On n'aperçoit pas ceux-là dans le ciel, ils logent au fond du coeur, raison de plus pour briller.
Quelle grâce ce 'Diamonds in the heart' délicatement rythmé dans un drumming souple! Une sous-couche de violon fixe, par instants, la peinture aux éclats de couleurs synthétiques et organiques.
Une guitare doucement frottée vient s'insérer sans faire grand bruit.  La voix légère glisse, créant un liant sucré avec l'instrumentation.

Des clochettes et cymbales saupoudrent un violoncelle à l'orée de 'Slightly different', comme une pluie fine perlant des branches d'arbres.
Un orage s'éloigne, la basse roule sobrement. Un saxophone, au souffle réconfortant, s'invite, accueilli par la sérénité d'une éclaircie.

Un 'Funny side' enjoué nous entraîne dans une farandole ensoleillée et singulière. Ce reggae rit et déride tous les tristes.
Banane en travers du visage, on garde la pêche en se trémoussant sur un rythme puissant et enlevé. Le clavier tournoie joyeusement et danse avec le sax.

Moins funny, 'The lie I love the best' ouvre avec des accords de guitare et basse sombres et la voix de Storm, sombrant elle-même, donne la chair de poule.
Le titre surprend par sa mélancolie coincée entre deux morceaux dynamiques. Un instant de soul(itude).

Complètement à l'opposé, 'Down at the Well-to-do', funky à souhait, explose sous des frappes alertes, un synthé à l'envers et une guitare électrique aux humeurs changeantes.
Jazzy et recherché, le morceau rutile... écoutez, tout au bout, le déchirement du saxophone en plein choeurs généreux.

Le clavier de 'Goodbye paradise' me rappelle l'intro de "Caesar's Palace Blues" de UK prolongée par une voix de velours un peu 'sad' à la Sade.
Le beau violoncelle ne remonte pas le moral, la grisaille l'emporte!

Les peaux résonnent sous les claques chaloupées du batteur. Les cordes de guitare doivent être épaisses comme l'atmosphère irrespirable.
Moite, le son organique de la chanson bouillonne et la sueur glisse et s'immisce. 'Love songs for machines'? Les machines ne peuvent que succomber.

Un clavier aux réminiscences electro-prog tournoie pour annoncer 'Mistress of Disguise', et revient à l'assaut(ce) régulièrement sur une basse à ressorts dans un rythme moelleux.
Les autres instruments fusionnent pour offrir un écrin à la voix de Storm.

'No call for a stranger' déroule, classieux, comme une BO de James Bond. La mélodie invite au baiser.
Une fois encore, l'instrumentation se veut équilibrée, homogène, fusionnelle, harmonieuse et met en valeur le ramage gordonien.

La dernière piste parle du quartier où l'artiste a vécu à Toronto. Le rythme de '$2 Tuesdays' encourage les arabesques qu'elles soient vocales ou corporelles.
La basse ronronne, longue et langoureuse et le saxophone se laisse aller.


Pourtant pas familier avec ce genre de musique (parfois déconcertante pour moi), j'ai été happé par sa vigueur et sa virtuosité au service de la mélodie.
Recherchée mais abordable, elle nécessite une immersion plutôt qu'une écoute distraite (sur certains plans, on peut penser à Joni Mitchell).
La personnalité artistique de l'auteur prédomine, Storm aime inventer et s'investir sans limite.
Une musique à l'image de la pochette, un peu excentrique et surtout librement artistique.



L'orchestre :
Vince Maccarone - batterie
Roger Williams - basse
Isax InJah  - saxophone
David Galbraith - guitare et claviers
Pj Moore (Blue Nile) - synthé
Robin Mason - violoncelle
Tom McKay - Vocoder & extra alpine synth part sur la version preview de 'Sirens in T.O'





jeudi 27 mai 2021

Album - Sparta - Psalm Zero

Album -  Sparta  -  Psalm Zero

 

Florian Hexagen

 

Last Things Records

 

 

Track listing

  • 1 Open Wound 5:27
  • 2 Sparta 5:34
  • 3 The Last Faith 7:55
  • 4 No Victim 4:05
  • 5 Return to Stone 8:03
  • 6 Animal Outside 6:17
  • 7 Shibboleth 1:51
  • 8 A Pill 9:02
  • Total length: 48:14
Jamais été fan de métal, et encore moins de rock progressif. En toute logique, le nouvel album de Psalm Zero, intitulé "Sparta", ne devrait pas me parler DU TOUT. Mais voilà, on y retrouve la voix, la présence et le leadership de Charlie Looker, la tête pensante derrière les trop mésestimés Extra Life, dont on ne se remettra jamais du concert vu à Lyon en 2011 à l'occasion du cultissime festival Africantape ni du génial "Dream Seeds" paru la même année (ou la suivante, je ne sais plus bien).
"Sparta", "Return To Stone" ou encore "Animal Outside" sont vraiment de belles réussites ici, dues essentiellement pour moi à sa personnalité vocale et l'univers étrange et onirique que le Charlie trimballe avec lui, même dans un style metal / progressif / goth qui devrait me rebuter (mais non, bien au contraire, surtout sur ces 3 morceaux, assez dantesques). Une belle claque absolument inattendue pour ma part... 
 
Line- up - Charlie Looker handles guitar, vocals, synths, and programming and is joined by Ron Varod on bass and Keith Abrams on drums.

Album- Morgan Wade - Reckless

 Album- Morgan Wade - Reckless 


Thirty Tigers/Ladylike Records

par Michel.

On te dit Floyd, soit tu penses à Pink Floyd, soit tu flaires le piège et tu lâches  George Floyd, là, on t'arrête car tu risques de t'attirer les foudres des copains de Donald et on t'aiguille vers une bourgade ( 442 âmes, one stop light, ajoute une enfant fleur, en se foutant gentiment de nous) de Virginie, qui a vu naître, il y a un quart de siècle, une jeune fille baptisée Morgan Wade.

Dans ce coin perdu des Appalaches,  où tu peux te balader sur la Crooked Road, la musique la plus couramment jouée est le hillbilly ou le bluegrass, tout naturellement  quand la petite Wade, tatouée de la gorge aux talons  se lance dans la musique elle opte pour l'alt.country, bien que sa première source d'inspiration se nomme Elvis.

A 19 ans, elle monte sur scène dans un club de son bled, puis forme  un premier band, Morgan Wade &The Stepbrothers, le groupe multiplie les performances scéniques et grave l'album  'Puppets With My Heart ' en 2018.

Une review de l'époque  révèle ...the group brings an energy that can have listeners head banging one second only to be toe tapping and swaying the next....

Ce n'était que la première étape, peu après Morgan, repérée par Sadler Vaden ( guitarist for Jason Isbell & The 400 Unit), ému par son timbre rocailleux,  décide, sur l' insistance du monsieur, de la jouer en solitaire.

Deux singles voient le jour, suivis par un premier album: 'Reckless'.


Reckless Track List:
1. Wilder Days
2. Matches and Metaphors
3. Other Side 

4. Don't Cry
5. Mend
6. Last Cigarette
7. Take Me Away
8. Reckless
9. Northern Air
10. Met You

Credits- 
 produced and mixed by Sadler Vaden and Paul Ebersold -  engineered by Ebersold and mastered by Richard Dodd. All songs  written by Wade, with co-writes going to Vaden and Ebersold. 

Musicians  include  Sadler Vaden (electric and acoustic guitars, bass, keys, synthesizers, mellotron and background vocals), Paul Ebersold (drums, keys, synths and mellotron), Jimbo Hart (bass), James Dick (drums and percussion), Fred Eltringham (drums and percussion), and Derry deBorja (keys, synths and Mellotron).

 

La pochette, en noir et blanc, nous montre la jeune femme aux longs cheveux blonds, se cacher  le visage de ses mains esthétiquement  tatouées, ses yeux, perçants, restent visibles, sur son  front  ont été imprimés son nom, le titre de l'album et des initiales MW, qui n'ont aucun lien avec  mégawatt. 

La jeune personne se souvient avoir été a bad girl:  booze à gogo, tabac et peut-être d'autres vices, elle le confesse sans honte ...  “I’m not a Barbie Doll and I’m singing about addiction and stuff that I don’t hear a lot of females singing about. But that’s me and I am not going to try to be something that I am not.” et le chante dans le country pop ' Wilder days' qui ouvre le recueil, même si elle reporte ses addictions sur un gars qu'elle aurait aimé rencontrer avant qu'il ne se soit assagi  ...Who were you before I knew your name? Were you drunk at midnight waiting for the train? You could have been anyone back then – Just another kid reaching for the wind..... I wish I’d known you in your wilder days.

Un premier titre qui nous pousse à la classer dans la catégorie female pop rock, mouvance country/folk, le genre où les têtes de file ont pour nom K T Tunstall, Amy Macdonald, Stevie Nicks,  Sara Bareilles ou Lissie.

Morgan poursuit  en mode ballade avec ' Matches and Metaphors' , qu'elle chante tout en retenue, d'une voix étonnamment éraillée pour une personne de 26 ans, tandis que Sadler Vaden révèle ses qualités de guitariste lors d'un bridge soigné.

La country ballad ' Other Side', aux arrangements finement fignolés, marque un nouveau plongeon dans un passé où  les longues nuits étaient   synonyme d'alcool et de pills, une époque où ce gars, an old flame,  lui connaissait  une peau non décorée de tattoos.

Elle lève un coin du voile, peut-être pour exorciser des démons qui ne l'ont pas encore entièrement quittée malgré quatre ans de sobriété.

A la seconde écoute, tu t'es surpris à chantonner avec elle..

 But even in the dark.You love my bitter heart And we'll make it to the other side...Et avant de passer de l'autre côté, tu as à nouveau admiré la dextérité du guitariste. Il  lâche un  solo racé  et concis, pas besoin d'en rajouter, finalement la star c'est le western twang de Morgan.

Miss Tattoo semble se complaire dans les drames joués en tempo lent , 'Don't cry' en est un nouvel exemple, guitare ciselée pour couvrir la vulnérabilité étalée par la jeune femme... I am not who I seem, My alter ego takes the lead....c'est ça la dualité de l'être humain.
By the way, superbe banjo picking ( pourtant pas de banjo mentionné dans les crédits)   en dialogue avec la guitare.
Tu dis, Axl?
 Don't you cry tonight
I still love you, baby..
Ouais, c'est ça,  on sait,  there's a heaven above !
La romance 'Mend' se trouvait déjà sur l' EP enregistré avec les Stepbrothers en 2018,  Sadler Vaden a insisté pour l'inclure sur le nouvel album, ce titre l'avait marqué lorsqu'il avait entendu  la première fois Morgan sur scène. 
Peut-on retaper un coeur blessé comme on répare une carrosserie endommagée?
Petula?
Rien ne pourra calmer ma peine
Je sais, quoi qu'il advienne
Je ne pourrai plus t'oublier
J'ai le cœur blessé
À tout jamais.
Vais tout de même lui envoyer des fleurs en utilisant la carte de crédit de mon épouse!
Avec 'Last Cigarette' elle s'éloigne de la planète country pour pénétrer dans un univers pop/rock basé sur un beat solide, les ooh ooh ooh en backing vocals  permettant la mise en évidence de la tessiture granuleuse de son filet, acquis grâce à l'absorption massive de Bourbon et aux centaines de Marlboro grillées durant ses années folles.
Retour à la country pop avec 'Take me away'  qui à l'origine avait été baptisé 'Angry Bones'.
Morgan a décidé de lui refiler un nouveau titre estimant que 'Angry Bones' convenait pour être joué en solitaire mais que 'Take me away' se prêtait mieux à l'interprétation avec full band.
Pour la petite histoire, 'Angry Bones' en version dénudée guitare/voix  est loin d'être ridicule, elle arrachera des larmes aux âmes sensibles.
Avec l'intrépide  'Reckless' on arrive au titletrack de l'album, un morceau porté par des guitares nerveuses et un refrain accrocheur.
' Northern Air' et ses guitares acoustiques offre un air sixties folk/ rock nous renvoyant vers des légendes telles que The Byrds ou le Big Star du regretté Alex Chilton.
  L'album s'achève sur le poignant 'Met You' , une des plages les plus fortes d'un album qui devrait plaire aussi bien aux amateurs de country rock, d'americana que de voix féminines expressives.

Le gospel dit... Children wade in the water, God's gonna trouble the water... pas de panique pour Morgan Wade, elle ne risque pas de se noyer dans l'anonymat, 'Reckless' se révèle être  une carte de visite prometteuse !

 

 

 

 


 

 

 

mardi 25 mai 2021

Album - Individual Friends – Individual Friends

 Album - Individual Friends Individual Friends

 

Starman Records

NOPO

 

INDIVIDUAL FRIENDS 2021


En 2004, 'Blow' de Ghinzu me coupe le souffle et que dire de leur prestation tempétueuse à Art Rock 2010, d'une intensité rare?
Individual friends associent 12 artistes bruxellois dont Kris Dane et Mika Nagazaki Hasson, respectivement claviériste et bassiste de Ghinzu.
Cette sortie en est marqué douloureusement car dédié à la mémoire de Sanderson Poe, contrebassiste de Ghinzu, décédé subitement aux États-Unis en 2013.

Une amitié de de vingt ans réunit les artistes, concerts à l'avenant, et finit par se concrétiser sur ce disque spontané et instinctif (entamé en 2017).

L'équipe :
Isa Guccio voix et samples
Manu Low voix, guitare, batterie
Bai Kamara Jr voix, guitare acoustique
Matt Watts voix
Jef Mercelis Voix, synthé
Gered Stowe Voix, guitare rythmique et piano
Jan Ducheyne voix parlée
Mika Nagazaki basse, guitare acoustique
Patrick Clauwaert Batterie et percussion
Teuk Henri guitare
Klara Finder choeurs
Kris Dane choeurs

La pochette conçue par Charley Case et Patrick Clauwaert, exprime les relations humaines et l'énergie de l'amitié (enfin, c'est mon interprétation...).
Griffonnées en blanc sur un fond noir, des silhouettes de musiciens, en action, se relient par des fils, passant tous par le même point central qui déclenche une tornade... belle image!
Le nom du groupe s'inscrit furtivement, orienté verticalement à gauche. Un visuel sur internet affichant des visages mélangés et recombinés, confirme la profonde osmose entre les amis.

Quoi de mieux pour présenter ce disque que de commencer par le morceau titre et premier single? D'autant que le groove de la basse de Mika Nagazaki soutenue par la batterie humble de Patrick Clauwaert nous emporte aussitôt...
Une petite pointe discrète du synthé de Jef Mercelis, la guitare rythmique de Manu Low (compositeur), un solo de guitare court par Teuk Henri complètent le paysage tandis que Kris Dane et Isa Guccio assurent les secondes voix.
Le chant de Matt Watts s'accroche paresseusement à la trame jusqu'à l'arrivée de la voix grave parlée de Jan Ducheyne, dans l'improvisation d'un texte poétique (et une danse sur 'A love supreme' de John Coltrane).
Le morceau est donc le fruit d'une collaboration avec le groupe au complet.
'It was 20 years ago
You were easy to find
I'd keep you to myself
If I only had the time
For 20 years now.'

Percussions syncopées pour un titre electro à l'ambiance sud-américaine. 'Chillo', métissé et expérimental, avec une pointe de dub, ressemble à un morceau remixé.
Les paroles sont chantées, par une voix féminine (Isa?) comme des sauts entre les méandres du synthé, le fil rouge restant le groove!

'Your roses', à la mémoire de Sanderson Poe, me fait penser à la reprise de 'Johnny tu n'es pas un ange' par Vaya con Dios.
Le rythme fouetté par une contrebasse slappée et les balais sur les peaux n'y sont, sans doute, pas pour rien.
Le film de la video se déroule, en partie, à l'Archiduc à Bruxelles (repère des musiciens, semble-t-il).
Les guitares tissent une belle mélodie, l'une possède un effet proche d'un son de synthé.
Bai Kamara Jr chante, remarquablement, sa composition, avec une voix chaude et émouvante, en mode crooner.

Une voix fluette se balade sur le doux accompagnement de 'Nothing under the sun'. Les accords caressés à la guitare, la trame de basse décidée, les plaintes au clavier, amènent un sentiment mélancolique.
La combinaison des instruments déclenche parfois une puissante énergie (celle du soleil), à son apogée en fin de morceau déchiré par des cris, stridences synthétiques et notes de piano.

'Regarde' mérite l'oreille. Une grande sensibilité poétique parcourt le morceau bordé de choeurs angéliques.
Une voix flamande prend, ensuite, la parole pendant une longue minute, en contrepied, dans un ton plus dur.

'Wake up' après un rêve fantastique, porte bien son nom, il s'agit du seul rock énervé aux guitares électriques, très court et uniquement en spoken words avec des textes assez délirants.

'Low motion' semble dérouler une vie racontée par une voix chargée émotionnellement. L'intro sombre sous des notes de guitare basse.
Un synthé apporte un peu de légèreté par un gimmick accrocheur. Difficile de ne pas succomber au charme triste de cette chanson.

'Discoteca' passe une espèce de cumbia à la moulinette electro. Le rythme traînant ne dévie pas d'une baguette. La voix féminine plaintive s'écorche sur les saillies de guitare électrique.

'Sail away', ballade vintage, alterne voix de crooner fragile et voix espagnole assurée, sous des choeurs larmoyants. Elle ressemble à un arc en ciel après une averse...

Sur 'White dresses', une voix chevrotante à la Neil Young glisse sur une valse où une lapsteel n'aurait pas fait tache. Piano guitare balancent comme des vagues sous des choeurs légers en écume.

On connait '5 years' ici on monte à 20, le nombre phare pour ce disque, la durée d'une amitié.
Les frappes aux balais enveloppent une guitare lointaine comme un écho, la ligne de basse, ronde, montre la direction.
Au contraire le la voix chantée, la puissance grave de la voix parlée en français contraste, déclamant une belle poésie achevée par une voix féminine en anglais.


Il faut savoir prendre cet album dans le sens souhaité par ses initiateurs, une création amicale et collective où chacun respecte l'autre et lui laisse de la place.
Les compositions délient les langues qui se comprennent, quelle que soit leur nationalité.
Automatiquement, la cohérence ne réside pas au sein de la musique dans tous ses états (au sens large), éclectique et cosmopolite, mais dans un groove ambiant, une complicité et le partage d'une effusion.
'IF', de jolies initiales (rêves floydiens?)! Les belles oeuvres tiennent, parfois, juste à une expression instantanée et la beauté du geste ... quel hommage émouvant!

Enregistré et mixé par Votre Chazam au studio Travail et loisirs à Bruxelles
1-Individual friends
2-Chillo
3-Your roses
4-Nothing under the sun
5-Regarde (for Clara & Emma)
6-Wake up
7-Low motion
8-Discoteca
9-Sail away
10-Whites dresses
11-20 Years


dimanche 23 mai 2021

An Eagle In Your Mind à La Médiathèque du Cap à Plérin, le 21 mai 2021

 An Eagle In Your Mind à La Médiathèque du Cap à Plérin, le 21 mai 2021

 

Par NoPo

 Le Cap de Plérin a le mérite d'être la première salle de l'agglomération de Saint-Brieuc à organiser, de nouveau, un concert live après la disette covidienne.
La première salve, à la Pentecôte, Hallelujah, quel bonheur!
Sans trop d'annonces, la médiathèque souhaitait limiter la jauge. Nous voici donc une vingtaine de chanceux à reprendre notre respiration musicale dans l'auditorium.
Une prestation intimiste qui sied bien au style du duo lyonnais An Eagle in Your Mind (Sophia et Raoul), grands voyageurs curieux (sélection du prix Ziklibrenbib en 2019-musiques en libre diffusion en bibliothèques).
Leurs débuts remontent à 2015 avec un 1er CD (à l'intitulé bowie-en) 'Outside' publié en 2017 puis 'Miraculous weapons' en 2018 (enregistrés DIY grâce aux panneaux solaires dans leur van studio mobile sur les routes du Maroc et en Ardèche).
Les concerts se déroulent à l'avenant... partout, souvent dans des lieux surprenants, ce soir chez des irréductibles gaulois ...


Lui, bûcheron, poil au menton, costaud, en Marcel, guitare acoustique en bandoulière, découpe finement ses cordes comme de la dentelle.
Elle, chat noir, plein de ressorts aux chaussons en forme de patte, harmonium indien à soufflet et voix chamanique, insuffle des airs et déserts magiques.
Il manque juste les fleurs dans les cheveux (difficile pour lui!) ou les plumes d'un aigle à l'oeil acéré.

Leur entrée s'opère en lente montée telle une prière psalmodiée, enchaînant dans cette ambiance sacrée quasiment 2 titres.

On enfile leur world music comme un vêtement en patchwork d'une épaisseur consistante qui tient chaud au corps et au coeur.
Cette consistance mélange des ambiances folk traditionnelles, me faisant parfois penser à Théodor Bastard.
Un feu dans une caverne et des danses indiennes complèteraient bien la transe et le décor primitif.
Leur musique ethnique et hypnotique ressemble à une expérience mystique, il faut l'accepter et s'immerger.
Au fil du spectacle, le chant de Sophia évolue avec maîtrise et gagne en intensité.

Un ordinateur (à la pomme pomme pomme pomme) pose les beats agrémentés de percussions berbères et de boucles électros enivrantes.
La guitare sèche rythme un world blues libérateur. Raourle à la lune d'Angola? Non, c'est Sophia qui s'en charge, exutoire.

Une procession incantatoire, au tambourin, appelle la pluie de 'Rainy day'.
Les 2 jeunes musiciens apprécient danser sous cette eau pure en s'échangeant un 'Younger' répété (pour nous narguer). Fascinant!

Le banjo ne fait pas de la figuration. Il paraît petit dans les mains de Raoul qui s'en occupe si bien que l'herbe paraît bleue (même sans effluves particulières ou champignons hallucinogènes).

'Empty sky' dégage l'horizon par un vent chaud. Son riff blues profond pourrait accueillir une voix rocailleuse mais c'est celle d'une prêtresse qui prend sa place.
Le balayage à l'harmonium souffle un sable aveuglant du désert, qui reviendra au dernier titre.

Des accords plus folk ouvrent le sermon 'Don't you see inside yourself, the fire ...' avant des vocalises, une nouvelle fois, sous la lune montante 'Don't you see the sky when the moon rises'.
C'est bien un feu primal qui couve, gonflant l'aspect sauvage du décor ambiant. 

Cerise sur le gâteau psychédélique, nous avons eu droit à 3 nouveaux titres dont un ... sans titre!
La prestation se termine dans la douceur et la gentillesse, quel bon début de w e!
Un aigle dans votre esprit vous donne une vision, des ailes et de l'envergure. Une arme miraculeuse?
Je ne sais pas mais on sort de cette expérience, 'powerful' (expression d'une lointaine spectatrice).



0- Intro
1- Storm
2- Angola moon
3- On your shoulders + Rainy day
4- No name (new track)
5- Empty sky
6- Harmonium Break
7- When the moon rises
8- Desert land
Les 2 cds en écoute sur http://www.aneagleinyourmind.com/

samedi 22 mai 2021

EP - Katie Knipp : The Well

 EP - Katie Knipp : The Well

Not on label

 

En essayant de te documenter, t'as lu ceci:  My name is Katie Knipp, and I’m a Blues/Americana artist currently based outside of Sacramento.

On n'a pas pour habitude de demander l'âge d'une dame, la seule fois où on a tenté l'expérience, la réaction fut explosive, mais on sait que Katie s'ébroue depuis plus de 20 ans dans le microcosme blues/americana.

Du côté de Sacramento  on nous signale ceci: she’s blessed with soulful vocals and a great ability to mix several genres into her roots-rock vibe. Her sixth album, “The Well,” is out now.

Effectivement, six enregistrements, déjà!

Katie gagne sa croûte en tant que piano teacher, mais sa première approche musicale était la clarinette,  le piano vint plus tard, puis elle décroche a degree in vocal performance, insatiable,  elle manie aussi la guitare et le dobro.

En 2005, elle  enregistre   ' Take her Down' et 'Violent in Here', ils sont  suivis par 'Midnight Mind', l'EP ' Nice to Meet You', l'album 'Take it With You' et, enfin, ' The Well'.

Sa bio mentionne quelques distinctions: plusieurs fois Best Blues Artist, lauriers  attribués par les Sacramento Area Music Awards ( SAMMIES), en 2020:  Female Artist of the Year Honoree by the Country Folk Americana Blues Music Realm, un top ten dans le Billboard’s Blues Albums chart, et on nous dit que le tout récent 'The Well' est bien parti pour battre des records.


Tracklist
1 Sad Eyed Lover 3:37
2 The Gospel Of Good Intentions 5:08
3 Better Me 4:04
4 Chamomile And Cocaine 3:47
5 Bullet Train 4:44
 
Crédits:
Katie Knipp: Vocals, piano, rhodes, hammond, dobro guitar
Zack Proteau: Electric bass, rhythm guitar
Neil Campisano: Drums and percussion
Chris Martinez: Electric Guitar
Otis Mourning: Saxophones and clarinets
special guests:
Mick Martin: Harmonica
Keith Cotton: Hammond on tracks 3 and 4
Justin Au: Trumpet
Brandon Au: Trombone  

Pochette classique: un fond bleu: nom de l'artiste et intitulé de l'album à gauche, la partie droite affiche une photo du profil, tête penchée.  La madame,  à la chevelure lisse,   arbore un T-shirt blanc, peut-être lavé avec Ariel.
Son regard, énigmatique, hésite entre  le sourire narquois, le genre que certains reprochent à Anne-Sophie Lapix,  et le maintien désinvolte.
Le/la photographe lui a donné la consigne suivante, pas de grimaces, svp!
 
L'entrée prévue au menu n'est pas du style allégé, si ton estomac est du genre fragile, choisis plutôt un consommé clarifié, car ce 'Sad Eyed Lover' est passablement costaud.
T'avais à peine déplié la serviette de table pour la poser élégamment sur les genoux, comme le veut le protocole,  qu'une voix étouffée lance un one, two, three, four, immédiatement suivi par un roulement de tambour, accompagné par une armada de cuivres, tout droit sortie d'une virée à la Nouvelle-Orléans.
Une guitare s'immisce dans ce scénario alors que la voix bouillonnante de Katie Knipp scande son laïus destiné à un amoureux à l'oeil triste.
Un beat en forme de martèlement sauvage accompagne la madame jusqu'au terme de la plage, t'as pas pu avaler une seule bouchée du mets savamment posé sur ton assiette Hermès, ta voisine, passablement excitée, battait la mesure du talon et les roulés de saumon se sont mis à danser  le shimmy comme aux beaux jours précédant la prohibition.
Blues, jazz et rock se mélangent astucieusement, la voix sensuelle et farouche de la Knipp liant la sauce. 
Heureusement les choses s'assagissent avec la seconde pièce, 'The Gospel of Good Intentions', une valse  soul/blues destinée à faire tournoyer les anges, déchus ou non.
Les cuivres sont toujours de la partie, la batterie se fait sobre, l'orgue enveloppant, la slide collante, la basse magistrale et la voix suave.
Blues with horns, une recette qui a fait ses preuves. 
Pas convaincu , écoute le Paul Butterfield Blues Band, époque David Sanborn!
L'intro de ' Better Me' évoque le timbre éraillé de Janis Joplin, après quelques mesures, le morceau vire Delta blues/gospel, la voix implorant le seigneur sur fond  de dobro et d'harmonica plaintif.
Keith Cotton vient embellir le lament avec les sonorités caractéristiques de l'Hammond tandis qu'un choeur liturgique gémissant  amplifie l'impression de spiritualité et d'exaltation.
A écouter à genoux, mains jointes et yeux baissés!
Chamomile And Cocaine', association bizarre, t'as déjà sniffé de la camomille, toi?
 Sur fond jazz/soul/blues , elle confesse,  ...I wear my hair like lingerie.. déjà tu tiques, mais là où t'es d'accord, c'est quand elle ajoute ..I gotta voice that's thick like crème brûlée... et il en faut de la voix pour maîtriser ce courant tourbillonnaire en bruit de fond,  un sax roublard, l'Hammond gluant, une rythmique ( basse/batterie) compacte et un solo de guitare fulgurant. C'est pas de la petite bière que la madame et son équipe te servent, le breuvage fait passer la Guinness pour de la limonade pour gamines.
Ce houblon, là, on  en redemande.
Le dernier arrêt est en vue, le 'Bullet Train" se dirige vers le terminus mais pas à la vitesse d'une balle ou du bolide piloté par Steve McQueen  dans Bullitt, le tortillard se traîne en mode folk/blues flegmatique, porté par l'harmonica omniprésent  de Mick Martin et la voix en accordéon de Miss Knipp.


T'as pigé, 'The Well' n'est pas un puits sans fond dans lequel croupit une eau stagnante, nauséabonde, cet EP mérite, amplement, les five stars que lui attribue le Blues Matters Magazine.
Pas étonnant que le disque squatte  les Roots Music Charts depuis des semaines.
 
En feuilletant la page facebook de la Knipp, on a lu ceci... We hope to tour in the UK someday soon... si cette tournée se concrétise, Katie, pense à faire un crochet par le Benelux et par la France!
 
 
 
 
 



Album - Brisa Roché / Fred Fortuny* – Freeze Where U R

 Brisa Roché / Fred Fortuny* – Freeze Where U R

Label: December Square

 

Par NoPo 

 BRISA ROCHE / FRED FORTUNY Freeze where u r 2021

Brisa Roché déroute. Des routes, elle en emprunte de nombreuses pour parvenir à des destinations diverses selon ses envies.
Ecoutez le ska 'Jamaican boy' (avec les Frenchy Bost & Bim), ou ses collaborations hirsutes avec Ray Borneo... difficile de cadrer l'artiste!
L'Américaine, Française d'adoption, se produit, à son début de carrière (collant avec celui du millénaire) dans les clubs de jazz parisiens.
Puis, elle publie une dizaine d'albums (en solo ou en collaboration) jusqu' à aujourd'hui, passant allègrement du jazz à la pop, de la pop au folk, du folk au rock, du rock à l'électro. Rien ne l'arrête! A quand le métal ou le disco?
Parmi ces parutions, le trio The Lightnin 3 reprend des standards notamment rhythm & blues des 60's. Elle trouve aussi le temps de faire la bande son du film 'Yves Saint Laurent' (quelle énergie! D'autant qu'elle écrit et peint à ses moments perdus!).
Sa voix se rapproche, par instants, de celle de Rosemary Standley (chanteuse de Moriarty) justement présente dans cette association à 3.
Délicatesse, élégance, arty voire aristocrate, qualifieraient bien cette voix cristalline.


Cette année, Brisa remet le couvert (non pas sur le feu mais sur le gel) avec Fred Fortuny (ex. 'Autour de Lucie' ayant collaboré, pour des bandes originales de films, avec Da Silva), présent en pointillés depuis 2007.
Tous deux avaient déjà composé ensemble sans pouvoir aboutir mais, cette fois, la glace prend pour mieux la briser.
La réussite s'installe sur une inspiration californienne (les origines de Brisa) échappée du building des Brill brothers, à  New York, lieu d'écriture de tubes dans les 60/70's (Leiber/Stoller, Bacharach, Carole King, Paul Anka ...).

La pochette (photo Christophe Crénel et Corentin Coëplet) possède aussi ce style rétro, dans lequel Brisa semble d'ailleurs regarder, placée au volant d'une mustang vintage.
L'espoir se niche, dans le maquillage vert, des paupières de la conductrice, en écho à la couleur du t-shirt de Fred, à l'arrière du taxi et, à nouveau, rappelée dans le titre de l'album sous le nom, en blanc, des deux protagonistes.

Le disque commence par la fin. 'Last song' fait valser l'Amérique par une voix aérienne et des choeurs proches du gospel dans un clip où Brisa finit le coeur brisé.
Un bel équilibre s'opère entre profond déroulé de batterie et basse d'une grande discrétion d'un côté, et piano voix, de l'autre intimement mêlés.
Tout au long de l'oeuvre, ce piano, omniprésent, apprécie le style de Carole King.
Une larme d'orgue coule au fond comme une rivière (and you can cry me a river....). Le texte, superbement écrit, parle de séparation en amertume.

Un air léger au piano porte une voix revenue aux comédies musicales hollywoodiennes des années 40, tel un 'Tempted tune' délicieusement rétro et aux paroles mélancoliques.

Le morceau suivant nous entraîne, sans que nous ne puissions résister. Un synthé, déboussolé, zigzague, par instants, alors que Brisa sait où elle va et ce qu'elle veut ...
ou plutôt ... ce qu'elle ne veut pas! 'I don't want a man' (surtout une image mensongère des réseaux sociaux) 'Don't want no compromise I'm happier alone'.
La vidéo montre Brisa en femme indépendante. La mélodie entêtante paraît tellement évidente qu'elle en est désarmante.

Nous voici embarqués sur le morceau titre aux allures d'expérimentations proches de celles avec Ray Borneo ou des réminiscences laurieandersonniennes.

Le 'Woman with a star' fait resurgir une émotion poétique à la Patti Smith, femme fière au besoin d'émancipation et de liberté.
L'orchestration flotte, à la fois simple et grandiose, par un piano royal et les ornements d'orgue. Les choeurs, parfois un peu dissonants, apportent une emphase supplémentaire.

Un moment d'égarement bruitiste, un rêve intérieur, une pause interludique, un collage sans développement harmonique, laissent 'I love you' se chercher ou se perdre...

'Blue light' rallume la lumière sur les sonorités surannées des films d'avant-guerre alors qu'à l'inverse, les paroles dénoncent l'effet pervers de nos modernes écrans bleus.

On en vient aux deux titres les plus longs (4 mns!).

Sur les couplets, 'You were mine' s'apparente à une lente complainte aux paroles déclamées comme un hommage.
Au second, la voix de Brisa flirte avec les hauteurs atteintes par celle de Kate Bush.
Un synthé moderne et la voix, doublée par des angelots mutins, donnent de la vigueur au refrain, baignant dans une langueur amoureuse.

'I do not need repair' opère une remise en cause personnelle, sereine, et finalement réconfortante.
Un orgue soyeux et moderne respire un parfum à la Procol Harum. Le titre fluide don't need repair non plus...

Le schéma de Laurie Anderson influence de nouveau 'The pattern' hypnotique et au texte poétique.

En réponse à 'I don't want a man', 'Window gun' dégaine l'homme idéal, celui qu'on peut attendre longtemps...
Le morceau sautillant, quasi beatlesien, en clin d’œil au music-hall, dégage une ambiance 60's envoûtante, à laquelle on ne peut que succomber.
Le piano fait du sur place et une voix masculine conforte les propos de Brisa (qui sait compter jusqu'à 9). On croit percevoir quelques notes de mellotron.

Le langage amoureux de Brisa bouleverse par sa finesse et Fred, par son jeu dépouillé, lui laisse toute sa place.
'Quite clean' l'exprime si bien, comme une conclusion fulgurante à cet album sensible et touchant.


Cet ensemble musical, court, réussit le tour de force de conserver une cohérence tout en ouvrant un éventail aussi large que les aspirations éclectiques de Brisa Roché.
Compositions électro-avant-gardistes, souvenirs désuets, mélodies au coeur du temps ou plutôt des temps puisqu'il y en a plusieurs.
Les thèmes correspondent à ceux d'une vie mais d'un point de vue actuel. Brisa s'explique :
"Ces chansons parlent d’émancipation, d’amours disparus, de nostalgie, de colère contre des hommes, de séparation, d’histoires impossibles…
mais j’avais aussi envie d’évoquer notre addiction aux nouvelles technologies et à ce monde virtuel...".
De la même manière, la musique remonte tout au long d'une période de plus de 70 ans.
L'artiste semble épanouie en trouvant la bonne fortune avec Fred...


Titres enregistrés au studio ICP de Bruxelles (précisément dans le studio C, équipé d’une console NEVE de 1973)

Un album entièrement écrit et composé à quatre mains, rien n'a transpiré concernant les éventuels musiciens cachés dans le studio bruxellois


1-Last Song 3:44
2-Tempted Tune 2:09
3-Don't Want A Man 3:38
4-Freeze Where U R 2:02
5-Woman With A Star 3:00
6-I Yove Lou 2:25
7-Blue Light 2:04
8-You Were Mine 4:01
9-I Do Not Need Repair 3:58
10-The Pattern 2:16
11-Window Gun 2:54
12-Quite Clean 2:31

jeudi 20 mai 2021

Album - Hendrikse – A Good Day For The Blues

 

Rob Hendrikse – A Good Day For The Blues

 (Eigen Beheer)

 

door  John Maes ( Heyhoef- Backstage)

Ondanks de lastige coronatijd is singer songwriter Rob Hendrikse (aka Fixxxman) niet te stuiten in zijn muzikale en creatieve producties. Rob is ook druk met grafische vormgeving, tatoo ontwerpen, T-shirts en schrijven van tekstbundels. Zijn core business is toch waar zijn hart het meest ligt en dat is muziek maken. Tijdens festivals en in kroegen en zalen. Als solist, duo of trio en in allerlei andere combinaties met bevriende muzikanten uit zijn netwerk. En dat zijn er nogal wat!

Nog maar net in december kwam het album ‘Where The Road Takes Me’ uit, een album met eigen liedjes in diverse muziekstijlen. Niet lang daarna de release van het nummer ‘The Ballad of a Damned Man’. Rob liep al een tijdje rond met het idee voor een bluesalbum. Vriend Matt Pribojzski, de Hongaarse bluesharp virtuoos, beter bekend als Jumping Matt werd hiervoor benadert. Niet in een studio opgenomen maar ieder vanuit hun eigen huis. Uitwisseling via internet en dat werkte zo goed, dat besloten werd om meer nummers op deze manier op te nemen voor dit nieuwste album met de titel ‘A Good Day For The Blues’.

En ik mag zeggen het is wederom een hoogstandje geworden uit de stal van Rob en zijn muziekmaten. Paul Hobday (Wales) op gitaar en bas, Piet Tromp op bas, bekend van Rob Orlemans & Half Past Midnight, Alan Baxter op lead guitar, bekend van o.a. The Sick Pistons & Sin City Rebels, Francesco Daniel op zang, bekend van o.a. de tv show We Want More, Randy van der Elsen op bas, bekend van Tank en Vandenberg en uiteraard zijn vaste maatje Rob Orlemans op gitaar, bas en zang.

Rob’s tomeloze energie en inzet slaat over op zijn mede muzikanten en dat resulteert in dit prachtige album, wat niet alleen via de online media maar ook als fysieke CD wordt uitgebracht via het label Long Road Media. Toevallig ook in handen van Rob zelf. ‘A Good Day For The Blues’ is een muzikaal product geworden waar synergie, empathie en creativiteit in elkaar verstrengeld zijn geraakt. Als luisteraar voel je dat van alle kanten. De productie is weer zo warm en hartverscheurend  neer gezet waardoor het een brok van genot wordt voor de luisteraar. Rob weet met zijn hese, donkere en sonore stem over heel het album een mystieke sfeer neer te zetten die je naar de keel grijpt en de nodige ‘goosebumps’ bezorgd.

Rob is in zijn songs een echte verhalenverteller en heeft net als Dylan of Cohen geen zangstem die geschikt is voor The Voice of Holland, maar hij weet je te pakken met de sfeer, teksten en een stem met sterke impact waardoor je helemaal mee leeft met zijn verhalen. Sommige nummers roepen associaties op bij Italiaanse westerns waar een met een rustige start naar een opwindende climax gewerkt wordt. Speciaal mag genoemd worden het nummer ‘Walk Down The Valley’ waar Francesco Daniel als het ware de vertel toon van Orson Wells neer zet in een hele aangename afwisseling met de zang van Rob. ‘A City or a Ghost Town’ had net zo goed op een album van Dire Straits of Chris Rea kunnen staan met gitaarsolo’s al la Snowy White of Mark Knopfler.

Heerlijk album als een soort combi tussen blues en americana. Voor meer info raadpleeg de website van Rob :  https://www.hendriksemusic.nl

dimanche 16 mai 2021

Album - Alice Animal - Tandem

 ALICE ANIMAL Tandem 2021

 Sortie fin mai

Par NoPo


Production : Alessandra Records

Issue d'un parcours classique (guitare, violoncelle, chorale), Alice adore la guitare électrique et ça s'entend.
La chartraine (de ... Chartres, pas la chartreuse qui venait d'ailleurs!), dans un contexte confiné, sort une quarantaine de capsules instrumentales depuis plus d'un an.
On peut se les inoculer dans les oreilles, sans risque, ni de caillots, ni de cailler, tellement c'est chaud.
Elle y a glissé des instants brefs de complicité avec différentes guitares (dont son modèle propre).

Valérie Lagrange chantait 'Animal sauvage'. Alice (ex. 'Aless'andra Giraudo), griffe 'Cythère' comme une panthère, dans son 1er album 'Théogonie' de 2017.
En 2021, Alice chante seule "Tandem" et "On n'a qu'une vie" en duo. Sur scène, elle reprend 'La nuit je mens'... qui croire?

La photo de la pochette (Yann Orhan) ne conviendrait pas à une carte d'identité.
J'ai cru devoir changer mes lentilles car une double personnalité scintille sur un arrière-plan noir, l'une plus éclairée que l'autre.
Alice regarde, en face, rose à lèvres et boucles d'oreilles perdues dans ses boucles blondes.
Elle porte une robe noire, laissant le haut de son buste dénudé.
Sur ce fond sombre, flashe la blancheur de la signature 'ALICE ANIMAL', penchée en 2 étages zébrés par un trait oblique entre le 'A' (de 'Animal') et le 'E' (de 'Alice').
L'oblique reprend sur chaque 'A'. 'Tandem' finit sobrement les présentations.

Pour la situation artistique, la boussole se positionne sur un pop-rock hexagonal qui aime Lavilliers, Axel Bauer et Guesh Patti aussi; on sentirait même un parfum de Mama Béa Tekielski.
La production de Vincent Faucher (musicien pour Bernard Lavilliers, Marc Lavoine, Imany…) fait chauffer les 7 titres :
1-Tandem
2-Finir à L.A.
3-Tes éléphants roses
4-Mauvais garçon
5-Mon or
6-On est barock
7-On n'a qu'une vie

Avec conviction, la musicienne sort Kent (qui ne vient pas du comté) de ses travaux en solo.

L'entrée en matière choisit un vélocross en 'Tandem' (écrit par Kent donc). Le balancement perceptible fait tanguer comme en danseuse, un peu paresseuse, car l'air entraîne sans effort.
De plus, la batterie recharge, en continu un rythme, ondulé. Roue dans roue, on suit la cadence avec un grand plaisir.

Là, le riff, accaparant, se gratte dans l'effet pour 'Finir à LA'. Mais pour commencer, on annonce un gros son ricain à rocker et un chant arrogant.
Bijou plaignait 'C'est un animal, blessé et fatigué'. Ici, la voix droite de l'animal ne manque pas de vigueur.

'Tes éléphants roses' (pas issus d'un esprit (star)shooté, Kent n'y étant pas... Pierre-Yves Lebert s'y colle) laisse une brume s'installer, par une boucle électronique, pour mieux recevoir un son de guitare (violette) vibrant comme toute la chanson.
L'intro pose le contexte d'une fille adulée, le refrain, fougueux, synthétise 'Tu m'aimes trop'. Basse, batterie roulent les mécaniques. Sur cette fondation, les cordes glissent discrètement insidieuses.
Dans un single clippé, Alice nous promène en Ford Mustang comme un road trip à la 'Thelma et Louise' mais avec une fin moins tragique. Alice impose 'Tu m'aimes', sec, en conclusion

La batterie défonce la route pour un 'Mauvais garçon'. Le riff combine avec les fingersnaps.
Puis, la guitare joue des arpèges. Le refrain prévoit les wohohohohoh pour les concerts où la foule devrait vaciller et sautiller...

La mélodie mélancolique 'Mon or' rutile. La guitare accompagne un texte poétique. La rythmique, au diapason, n'en fait pas des tonnes, batterie timide, basse arrondissant encore un plus les angles.
Laisse aller, c'est une valse! Ou presque...

Contrairement au titre 'On est barock', le rock se veut simple, sans barreaux et ... haut dans cette chanson guillerette.
Les instruments pêchent et ça mord, j'oserai même, ça donne la canne!!

Alice choisit un sacré morceau pour le dessert. Les 3 notes de guitare posent une ambiance à refaire le monde et les paroles s'en chargent, chargées d'émotions.
La basse se la joue contre et la batterie discrétise.
Kent chantait 'Quel bel avenir' avec Starshooter, ici il met tout le mode d'accord avec Alice : 'On n'a qu'une vie'.


Un bel avenir? On doit pouvoir lui promettre ça à l'artiste!
Manset fredonnait 'Animal on est mal', soyons rassurants! Alice, on est bien!
Seule ou en tandem, voire en équipe? Une autre histoire, une autre vie, la seule!

PS : Pas d'infos sur d'éventuels musiciens ayant collaboré (pourtant j'ai cherché!)

 

note de la rédaction -  Musiciens : Alice Animal (chant et guitares) / Vincent Faucher (basse, guitares, claviers) / Sylvain Joasson (batterie)

samedi 15 mai 2021

Single- MULTIS - Cassandra

Single- MULTIS - Cassandra 

Monique Laleeuwe

MULTISTUDE MUSIC

Multis nous présente son nouveau single CASSANDRA
MULTIS est un artiste bruxellois à l’univers musical hybride, entre Pop urbaine, lounge, urbain
et électro, qui souhaite capter votre attention, pour vous faire plonger dans son grand univers.

Après son dernier projet » MULTISTUDE » qui a cumulé plus de 200.000 streams sur Spotify,
MULTIS nous revient avec « CASSANDRA », premier morceau d’une série de titres inédits qui
sortiront tout au long de l’année avant de proposer au public un EP
A la Manière des chansons françaises d’antan, mais dans un registre beaucoup plus moderne,
Cassandra s’inscrit dans le giron des ballades qui traitent de l’amour inconditionnel. Entre
passion, amour véritable et paradoxe, c’est de la simplicité même du lien entre deux âmes
sœurs dont il s’agit. Ni plus, ni moins. Un jour amants, un jour ennemis. Un jour méfiants, un
jour conquis. Bref, l’éternelle histoire connue de tous, contée sur des mélodies oscillantes entre
Lounge, Rap et French Electro
Découvrez aujourd’hui son excellent nouveau single : CASSANDRA

vendredi 14 mai 2021

Singles EP - Miesha & the Spanks

  Singles EP -  Miesha & the Spanks

 

Label- Saved by Vinyl

 

Il y a plus d'une dizaine d'années, Miesha Louie, une brave fille originaire de East Kootenays, partie tenter sa chance à  Calgary, une ville, nicknamed The Stampede City, située du côté ouest du Canada, peuplée de +/- 1 300 000 âmes , décide de former un groupe garage/punk artisanal.

Ils seront deux au sein de  Miesha & the Spanks, elle recrute une série de batteurs pour se produire où on veut bien les accueillir, avant de jeter son dévolu sur  Sean Hamilton ( ex -Jenny) , qui depuis cinq ans accompagne la madame ( guitariste et chanteuse), désormais mère de deux bébés, dans ses pérégrinations.

La discographie de Miesha la fesseuse et de ses batteurs se chiffrent à quatre LP's,  le premier 'Mmmade For Me' date de 2009, le dernier 'Girls, girls, girls' a vu le jour en 2018.

Très actifs, Miesha and co ont également accouché d'une collection de singles ou de EP's, le mois passé c'est un sept-titres intitulé ' Singles' qui a abouti dans les bacs.

 

Tracklist
A1 Unstoppable
A2 Wanna Feel Good
A3 Mixed Blood Girls
A4 I Want Fire
B1 I Don't Care (I Used To Care)
B2 S.O.S.
B3 We Were Never Meant To Be Along For This Long Together
 
  Produced by Leeroy Stagger
 Performed by: Miesha Louie (vocals, guitar, bass), Sean Hamilton (drums, back-up vocals), some additional guitars by Ryland Moranz
Written by: Miesha Louie, Sean Hamilton
 
 Pour illustrer l'emballage, un cliché du duo en mode Goldfinger. Miesha, pensive et fringuée bling bling reposant un coude sur le crâne, auguste,  de son compagnon au profil aristocratique d'antique statue grecque.
OK, vu le conditionnement tu peux songer à un contenu disco, mais là, Gaspard,  tu t'égares.
 
Allez, envoie la sauce, Miesha!
Yeah, malgré l'enfantement, twins, en plus, I'm ' Unstoppable', rien ne peut m'arrêter , je brûle de l'intérieur, ça fait des mois qu'on vit en état de léthargie, faut se bouger le cul, les gars!
Difficile de trouver titre plus remuant que ce catchy garage/punk/ pop 'Unstoppable' , voix légèrement narquoise, rythme effréné, emmené par un duo guitare/basse implacablement crunchy  et un drumming intense. Un point interroge pourtant, il n'est nulle part question de piano et pourtant il y a quelqu'un qui martyrise gaiement  les touches. 
Tu dis, Martine?
L7, ouais, les Runaways et aussi les belges d' Annabel Lee, hautement jouissif ce titre!
Dans le même état d'esprit, ils embrayent sur  ' Wanna Feel Good'. Pas qu'elle tienne à faire un crochet par Bruxelles pour participer à la Boum 43, à Flagey ou au Bois de la Cambre, fait pas assez chaud pour se faire arroser par les canons à eau, mais faut éloigner la pression, ça fait trop longtemps qu'on nous brime.
L'esprit punk y est, ce track hyper bordélique, porté par une guitare fuzzy à souhait et un chant criard, sent bon le grunge des nineties et risque bien de s'imprégner dans ton crâne pendant un bout de temps.
'Mixed Blood Girls",!
Hé, Miesha,  t'es super bronzée!
Salaud, tu sais bien, j'en ai marre de raconter mon histoire: extrait de l'explication...
"It's (some of) my story as a mixed Secwépemc girl from the East Kootenays. My dark skin and white features left me open to compliments on my 'beautiful tan,' and when they found out it wasn't, I was 'too pretty to be an Indian.' From ballet moms to dudes in bars, I've heard it all.  "But it isn't all skin deep. Being mixed isn't just about appearances and everyone's entitled opinion about them. My story follows where I came from and where I currently stand, distanced from family and culture and often pretty isolated because of it....
Ah, merde, Miesha, on ne connaît rien des Shuswap people à Bruxelles, tu sais, chez nous il y a des Flamands, des Wallons, quatre vingt mille espèces d'allochtones mais très peu de Secwepemc People, sinon on comprend les traumatismes encourus  par ta grand-mère et aussi le message.
 Un single riot grrrl, rentre-dedans, et honnête, destiné à supprimer nos oeillères!
Au Canada, en hiver, ça caille, alors tes moins deux Celsius à Etterbeek, on rigole, Miesha réclame  'I Want Fire....., hey, baby, réchauffe-moi!
Fait chaud dans le garage, on attend la fin de l'hiver et si il faut, à défaut de bûches,  on brûle Jeanne d'Arc.
Le rock, surtout artisanal, tient chaud! 
Tu dis, à court de carburant.
Pas de panique, c'est pas une électrique, 50 litres de super, et c'est reparti pour un high-octane garage rock qui ne descendra jamais sous les 120 miles an hour,  'I Used To Care ( I don't care)'
Oui, attache la ceinture!
Tu sais, j'ai fait un mauvais rêve, j'avais vieilli, mes nichons pendaient, finalement I don't care what you think!
T'as vu Patti Smith, elle assure toujours, mec!
Pas de changement pour la formule:  flaring guitar riffs, un drumming costaud et un chant expressif, les ingrédients adéquats pour bien commencer une journée et supporter la sale gueule et la mauvaise humeur du boss.
I'll send an S.O.S to the world, sauf que le message de Miesha n'a pas été enfoui in a bottle, son 'SOS' a été écrit dans le sable et risque d'être effacé à marée haute, donc tu écoutes d'urgence avant le naufrage!
Dernière salve, ' We Were Never Meant To Be Along For This Long Together', guitare en distorsion, chant tapageur, rage à peine continue, cette dernière plage ne déroge pas à l'intrigue prévue par le scénariste, un garage/ proto-punk sans fioritures qui fait du bien dans un monde désormais vachement  aseptisé.

Miesha and the Spanks ou le retour aux sources du DIY  rock, le vrai, le sauvage, celui qui risque de t'exploser en pleine face.