jeudi 25 juillet 2019

Shifting Sands, St. Morris Sinners et MOD CON - Jardins du Port. à Saint-Quay-Portrieux, le 24 juillet 2019

Shifting Sands, St. Morris Sinners et MOD CON - Jardins du Port. à Saint-Quay-Portrieux, le 24 juillet 2019

Place aux Artistes, côté concerts, une seconde soirée pigmentée Binic Folks Blues Festival.
C'est devenu une tradition, les programmateurs du festival de Saint-Quay convient des groupes programmés lors du festival binicois à se produire dans la localité voisine avant d'étaler leur savoir-faire du côté de la Banche.

Ce mercredi 24 juillet, à 21 heures, Place aux Artistes  reçoit 3 groupes australiens  à l'affiche de l'édition 2019 du Binic Folks Blues Festival , Shifting Sands, St. Morris Sinners et MOD CON.
Si à 21h, le public est encore clairsemé, pas mal de touristes sont toujours attablés au resto, 30 minutes plus tard une assistance honnête se presse face au podium où s'ébat Shifting Sands.
Le groupe du Queensland était passé à Binic en 2017, il avait fait forte impression, c'est armé d'un nouvel album ( Crystal Cuts), sorti en Europe chez Beast Records, que les Aussies débarquent en Bretagne.
Emmené par le barbu tatoué ,à la voix ensablée, Geoff Corbett ( SixFtHick), le groupe peut compter sur la douceur de la fille qui ne sourit jamais,  Izzy Mellor ( ex Love Signs) , aux secondes voix et keys,  aux drums, un vétéran , Liam Campbell ( Love Signs), la baseball cap Dylan McCormack à la guitare acoustique ( Gentle Ben and his Sensitive Side, The Polaroids) et, enfin, le discret, mais d'une efficacité inébranlable, Dan Baebler, à la guitare électrique.
Tu notes l'absence de basse!
Le groupe ouvre avec 'Boyfriend' la plage inaugurale de leur premier recueil  'Beach Coma', les raspy vocals de Geoff  l'écorché évoquent à la fois le regretté Leonard Cohen et leur compatriote Nick Cave, sans oublier une touche traînante à la Lee Hazlewood, le roucoulement éthéré de la Joconde, en contrepoint, fait de l'effet, ta lady, qui a daigné t'accompagner, savoure en te questionnant sur l'identité du combo,  c'est gagné!
Tout aussi intense et mélancolique sera la seconde salve, le downtempo  ' The Intensity', extrait de 'Crystal Cuts'.
'New flame' is another song about love that's going terribly wrong.
Toujours en mode laidback, la sombre ballade est déchirée par les fulgurances subtiles de Dan, on ajoute que Billy Idol n'est plus le seul à danser avec lui-même.
La force de 'Silver Medallion' est que sans avoir jamais entendu le morceau tu te mets à chantonner le refrain avec Izzy et Geoff après 66 secondes.
Une pierre précieuse à offrir à ta bien-aimée.
Le schéma lenteur mélancolique, harmonies vocales tourmentées et envolées de guitare écorchées, est respecté sur 'Love song dedication' qui précède un titre traitant des marins assoiffés, ne le sont-ils pas tous(?), 'Catamaran'.
La diction précise du barbu romantique frappe juste sur 'Other girls', quelques riffs  éclairs  viennent troubler l'apparente quiétude de la plage, tu penses à la 'Spanish Caravan' interprétée par les Doors. Toutes les autres filles, devenues invisibles, tu les oublies pour te consacrer à celle qui partage ta vie.
'Disaster response' , le tendre  'Hibiscus' et le tourmenté ' Terror of love' terminent une prestation impeccable, fort prisée par une audience subjuguée.

Après une, vingtaine de minutes, un second band des Antipodes fait son apparition, St. Morris Sinners, from Adelaide.
Les Sinners ont vu le jour en 2011, ont sorti deux albums et un EP. Beast Records vient d'ajouter le LP  'The Very Best of 2012-2019 : St. Morris Sinners ' à son catalogue.
Le groupe est mené par le lunatique et imprévisible  Stephen Johnson ( chant en spoken-word, harmonica) , le garçon arbore un look Captain Beefheart jeune, Martin-Rowe tient la guitare, George Thalassoudis, vague ressemblance avec Frank Zappa, la basse et Elliot Zoerner est annoncé aux drums.
D'emblée, l'assistance peut se rendre compte qu'il n'y a aucun lien de parenté entre les Sinners et Shifting Sands,  les seconds pratiquent un punk/blues/garage crado et viscéral.
Les amoureux de belles mélodies et de Monsieur Propre ont intérêt à aller prendre un bain nocturne, la Manche affiche 19°.
Stephen se balade avec un petit calepin et éructe ses lyrics à la manière d'un prêcheur hystérique, comme le groupe joue sans playlist visible, on ne se risque pas à t'envoyer des titres, on peut éventuellement te signaler qu'il nous a indiqué que the destination was in view mais comme on ne savait pas quel était le but de son voyage et puis qu'il s'est mis à gueuler police, police... ce qui a eu pour effet, bien plus tard, que des képis t'ont prié de ranger ta caisse sur le bas-côté pour un contrôle d'alcoolémie, rien de tout ça  te donnera une indication quant à  l'intitulé de son pamphlet. 
La seconde salve est tout aussi fiévreuse, agressive et imprévisible.
Il s'essaye au français, merci, Saint-Quay, et ajoute tasty food in La Marine ( pub) avant de sortir un harmonica de son veston, qu'il jette sur le plancher ,pour amorcer un country psychedelic punk  rock d'une sauvagerie te rappelant le Gun Club.
Ils enchaînent sur une plage autobiographique basée sur Charles Dickens ou 'Les Misérables' de Victor Hugo, à moins que ce ne soit  Hector Malot, Stephen, complètement habité, termine sa complainte à genoux en battant le plancher de ses petites mains, tandis que ses copains habillent sa litanie de sonorités noisy crasseuses.
Next one is about a hot day, du coup, il a repris son notebook, pour scander 'B F B F' à la manière d'un Bobby Sichran givré. Pris d'une impulsion incontrôlée il vient achever son laïus à nos côtés. et puis propose une pièce plus paisible ( 'Distance') pour laquelle le mouth harp réapparaît .
'80 hours a week' est sorti en single et le revoit adopter un chant épileptique.
Le public apprécie le jeu de scène fébrile du jeune homme et l'accompagnement rock poisseux , façon  Jon Spencer, de ses comparses.
'Mosquito valley' un punk blues rageur et apocalyptique le voit se coucher sur la scène et marteler le sol pour essayer d'anéantir les maudits moustiques se nourrissant de son sang.
Une reprise des Beasts of Bourbon, un fleuron de la scène de Sydney, ' Hard for you', termine ce show expressif et virulent.
Le programme ne prévoyait pas de bis, Saint-Quay les supplie, l'organisation marque son accord et nous ferons la connaissance de 'Crazy Dave'  sur fond funky.
Un groupe étonnant et détonnant. 

Dernière escouade de la soirée: MOD CON, des artificiers en jupon venu(e)s de Melbourne pour embraser la Bretagne.
Les ex- Palm Springs, qui pratiquaient un  alt-country qui aurait pu plaire à Hank Williams, ont viré punk/garage et ont choisi une nouvelle identité, MOD CON.
Erica Dunn, chant, guitare, français bancal, et bermuda découpé dans des jeans élimés, est flanquée de Sara Retallick à la basse et de la petite, mais courageuse, Raquel Solier aux drums.
Le trio, que du côté de Melbourne on qualifie de noisy, subversively catchy and rhythmically sophisticated, a lâché l'album 'Modern Convenience' en 2018.
Ces qualificatifs vont se révéler scrupuleux à l'autopsie.
Après un bref bonsoir, je suis MOD CON, proféré par Erica, qui ne connaît pas le pluriel, les filles attaquent le vibrant  'Neighbourhood',  décoré de vocaux aussi hargneux que ceux des Slits.
'Submit' s'avère tout aussi speedé et rugueux, bizarrement après avoir répété go ahead à plusieurs reprises, le capitaine demande à la foule de s'approcher.
In the 'Mirror of Venus' ce n'est pas les Shocking Blue que tu vois, la chanteuse y manifeste son mécontentement et sa rage à grands coups de riffs agressifs, à l'arrière Raquel se démène salement, Sara, plus placide, se concentre sur ses lignes de basse bien rondes.
'Cool it' ne s'entend pas sur l'album et n'est pas le moyen idéal pour rafraîchir l'atmosphère, il est suivi par le catchy 'Do it right Margo' qui te rappelle aux bons souvenirs de Belly.
Let's go, go, go, go ...
Where to, darling?
'Agadir'
Le punchy punk 'Scorpio Moon' précède ' Tell me twice' que les filles dédient au resto La Marine ( pub) .
Derrière toi, des  gens  citent Sleater Kinney, ils  n'ont pas tort.
C'est par ' Kidney Auction Blues', dans lequel elles chantent ...we don't care about love...que les sauvageonnes terminent un set décapant.

Les trois groupes seront à Binic ce week-end.