Les Kitschenette's et Death Valley Girls au Binic Folks Blues Festival, Scène Cloche, Binic, le 26 juillet 2019 .
Après l'imprévu ( Margaret Airplaneman), tu retrouves le programme initialement adopté, t'as du temps à tuer jusqu'au concert des Kitchenette's sur la scène Cloche.
Un détour par le bistrot PMU et un fast food et, à 21:15', tu attends le combo kitsch de Saint-Malo de pied ferme.
Né il y a une douzaine d'années, les cuisinettes ont sorti trois albums, remettant le yé-yé au goût du jour, le dernier-né, nominé au prix de Nobel des Farceurs Bretons, 'C'est pas d'la physique quantique, du chant grégorien, ou du lapon !,' est sorti en 2018.
En hors-d'oeuvre, quatre des membres du sextet malouin nous balance le boogaloo 'Rosbif Attack', bande son du film ' Ne nous fâchons pas', si la formidable guitariste Anne Saï, armée d'une flamboyante Rex, arbore une tenue vestimentaire 'normale', il n'en va pas de même du bassiste, Lou' Szymanowski, portant une cape de poilu et un casque à pointe, made in Prusse, Claude Enée s'occupe de la batterie, Claude se partage entre l'orgue et la guitare.
Napoléon ( Ludovic Renoult, alias Ludo Kitsch) et Marie-Antoinette ( Lucie Maugrenier), le duo mixte se chargeant du chant, rapplique, c'est parti pour l'irrésistible ' Le jerk à pépé' . A tes côtés, Thierry, un oncle d'Eden Hazard , s'est mis à danser comme une folle, il cherchait Dolly Parton, qui se pomponnait face à une vitrine.
Ambiance pas cloche à Binic!
Lucie, dans son grenier a trouvé un saxophone, elle décore 'la fermeture éclair' de Delphine de quelques traits pas niais, la guitare surf de la mignonne Anne frappe les esprits, ton voisin, guitariste en herbe, en bave de jalousie.
On remonte loin dans le temps avec Antoine et Les Problèmes ( futurs Charlots) et leur incroyable 'Pop Jerk'.
Un encyclopédiste t'apostrophe, hé, mec, tu savais que Les Charlots, un jour, ont ouvert pour les Stones.
Tu ne lui as pas dit que ton cousin était vedette anglaise lors d'un show de Dalida.
Ready to twist, kids, voici 'Ne pense plus à lui' et ' Ne te crispe pas'.
Dans le public qui danse comme à l'époque du Bus Palladium, il y a un zozo qui débouche un mousseux ( 2€ chez Aldi), le liquide immonde vient arroser nos crânes, il tend la bouteille à Bonaparte qui décline l'offre et amorce 'Envoie moi un sexto', légèrement pompé sur 'J'y pense puis j'oublie'.
Un acrobate,ex sans-culotte, est parvenu à se hisser sur scène, il est repoussé illico presto dans la cage aux lions.
Comme l'an dernier, le nombre d'imbibés atteint un pourcentage élevé.
Un son d'orgue Farfisa amorce le faux slow 'C'est pas prudent' d'Alice Dona.
Retour du sax pour 'C'est ma vie', suivi par une adaptation iconoclaste de 'Route 66', devenu 'Jusqu'en 66'.
'La guerre de cent ans 'expliquée en 2'20" est suivie par un garage australien (Toni McCann and The Fabulous Blue Jays) devenu 'Tu en fais trop' .
Ces jeunes gens ont le chic de déterrer des perles sixties oubliées, de les remettre au goût du jour en les servant avec un emballage humoristique des plus seyants.
'Je te veux tout à moi', ou Les Lionceaux adaptant les Beatles voit un duo d'ex-groupies des Fab Four entamer un twist folichon, c'était journée portes ouvertes à l'hospice.
Le trip se prolonge, la température n'arrête pas de grimper, Saint-Malo enfile ' J'ai l'air de quoi' , l 'incroyable ' L'Ascenseur' t'emmenant au Monoprix, le surf/garage instrumental 'Psycho' , 'Toi qui connais les filles' ,du vintage r'n'b datant de 1966 ( Les Pollux), et 'Eh Jolie' .
Un groupe breton, aujourd'hui oublié, Les Gaëlic avaient gravé un EP sur lequel figurait ' Garder les cheveux longs', les Kitschenette's ont transformé la chansonnette en 'Garder les cheveux courts'.
Le set s'achève par une prière à l'astre 'Laisser briller le soleil'.
Binic en veut plus, on les repousse sur scène, ils nous balancent un double bis, Napoléon se tape un stage diving osé durant le premier, un guignol en profite pour lui piquer son bicorne et c'est par 'Il Geghegé' popularisé par Rita Pavone qe prend fin un récital haut en couleurs.
Il est 22:45, les Death Valley Girls de L A ont terminé leur soundcheck et sont prêtes ( girls, c'est féminin, mais Larry Schemel, guitariste aussi discret que redoutable, membre du combo depuis ses débuts est bien un élément devant se raser le menton tous les matins) à en découdre.
La petite Bonnie Bloomgarden ( guitare, keys) dirige le gang, les autres nanas ont pour nom Nicole Smith (Nikki Pickle) basse et Laura Kelsey aka The Kid.
Leur troisième album, ' Darkness Rains' est sorti l'année dernière et partout on cite les Stooges ou Iggy Pop pour décrire un scuzzy rock devant faire vomir tous les fans de Mireille Mathieu.
Larry démarre en fuzz, les filles, dos tourné face au public, tiennent un conciliabule muet aux pieds du drumkit avant de se joindre à leur collègue masculin pour envoyer 'Abre Camino' , une plage aux effets psychédéliques hypnotiques reposant sur un rythme binaire. La tension monte insensiblement pour friser le délire.
Les headbangers sont à la fête.
'Street Justice' est engagé à la vitesse supérieure, déjà, derrière toi, les plus nerveux sautent comme des dératés, du liquide vient arroser ton crâne, ton dos est labouré de coups de coudes.
Ce n'est que le second morceau.
'Death valley boogie' ne calmera pas les ardeurs des fous furieux t'entourant, le chant haletant, les guitares noisy, la batterie machine infernale et la basse lourde, ont le don d'affoler les esprits et les âmes, de temps en temps un larsen strident te déchire les tympans, ce groupe est dangereux.
Ta voisine d'un mètre cinquante se voit écrasée contre le podium, elle suffoque, tu repousses un pas beau qui du coup vise tes parties génitales, ouf, il est tellement stoned que son panard rate la cible.
'More dead' et 'Sanitarium blues' passent la revue.
Plus moyen de prendre note, il faut éviter les poussées, beignes et projectiles divers.
Prise d'une mauvaise inspiration, Bonnie invite les candidats grimpeurs à les rejoindre sur scène, cela dégénère, elles envoient 'Gettin hard', Nikki se démène telle une sorcière ayant avalé un breuvage stimulant, son visage est caché par sa longue chevelure virevoltant de droite à gauche ou d'avant en arrière.
Tu décides d'un repli, tu tiens à ta dentition, tu verras la fin du concert depuis la table de mix, 'Disco' se passe encore bien.
Puis la scène est envahie, Miss Bloomgarden ne rigole plus, l'organisation doit repousser les animaux dans la fange, la confusion est totale, I made a mistake avoue le capitaine.
Scène désencombrée, le show reprend, 'Wear black' , 'I'm a man too', ' Disaster' (is what we're after) se succèdent, pour finir le show sulfureux par 'Electric high' que Bonnie et Nikki terminent couchées sur le sol.
Pour toi, la première soirée du BFBF s'achève ici!