26ème Festival Blues Passions
En cette chaude soirée du 7
juillet, ce sont deux monstres sacrés qui se partagent la scène
résolument tournée vers la chanson française de qualité. C'est Bernard
Lavilliers, le Stéphanois qui ouvre les festivités de fort belle
manière. Entouré de musiciens de très haut niveau dont certains sont des
compatriotes liégeois et carolos, l'Empereur Bernard va nous mettre une
claque magistrale avec un concert axé sur sa carrière jamaïcaine.
Pendant une heure et vingt minutes
l'ex-docker va nous faire re-découvrir des musiques telles la
bossa-nova, le ska ou le reggae, un peu tombées dans l'oubli de nos
jours. Pas un instant de repos, pendant tout le temps que durera sa
prestation la foule dansera, comme hypnotisée. Un des concerts majeurs
de ce festival. Bernard Lavilliers est d'obédience gauchiste plus que
marquée, on adhère ou pas, mais une chose est sûre c'est qu'au niveau
musical, il peut encore en montrer à beaucoup, c'est "un pro de chez
pro" comme le dit l'expression consacrée. Un best of à toute épreuve,
merci Monsieur Lavilliers.
Trente minutes plus tard, un van de
fabrication teutonne s'arrête au pied de la scène, la porte latérale
coulisse et une silhouette à l'aspect fragile, un peu craintive, presque
fantomatique s'éloigne péniblement à petits pas vers les escaliers qui
mènent au podium. On se regarde incrédules, ce n'est pas possible, ce ne
peut pas être... Et pourtant ce n'est pas une illusion, c'est bien
Véronique Sanson qui peine à rejoindre son piano. Mon Dieu ce qu'elle a
changé depuis la dernière fois où je l'ai vue. La grande dame qui a
traversé les époques, notamment en tant qu'épouse du fantasque Stephen
Stills a côtoyé de près Graham Nash, David Crosby ou encore Neil Young
pour ne citer qu'eux, connaîtra l'ombre et la lumière et échappera de
peu à la mort lorsqu'elle vivait aux côtés de Stephen Stills.
L'interprète éternelle de "Vancouver", "Besoin de Personne", "Toute Une
Vie Sans Te Voir", "Comme je l'imagine" ou encore "Une Nuit Sur Son
Epaule" revisite presque timidement son immense répertoire, parfois avec
des difficultés vocales compréhensibles lorsqu'on sait qu'elle vient de
subir un traitement pour un cancer des cordes vocales. Cela fait peine à
voir le changement physique qui s'est opéré, quand à ses propos, on a
bien souvent du mal à suivre et à comprendre ce qu'elle veut nous dire.
Alors avec un sourire triste, elle laisse courir ses doigts sur les
touches du piano et pour un instant, on oublie, on met tout de côté et
on se laisse bercer par les mélodies et les textes, parfois trop beaux,
dont certains jettent un froid sur l'ambiance de la soirée tellement ils
sont tristes mais aussi, tellement profonds. A 70 ans, il est plus que
probable que l'étoile va s'éteindre tout doucement et qu'un matin froid
on apprendra que la musique sera désormais ... sans sons.