jeudi 14 juillet 2016

A-WA + Hindi Zahra - Openluchttheater Rivierenhof - Deurne ( Antwerpen) le 14 juillet 2016

A-WA + Hindi Zahra - Openluchttheater Rivierenhof - Deurne ( Antwerpen) le 14 juillet 2016

Le 14 juillet, nous n'avions pas encore été informés de l'attentat perpétré à Nice, nous nous apprêtions à passer une belle soirée en compagnie d'artistes qui animent la scène alternative arabe: A-WA, originaire de la vallée de l'Arava ( Israel)  mais de souche yéménite et Hindi Zahra, la Marocaine aux racines berbères.

20h, le magnifique théâtre en plein air baigne dans une douce quiétude, mollement chauffé par un soleil s'étant montré tardivement, c'est pas la cohue ce soir, mais ceux qui ont fait le déplacement ne l'auront pas regretté!

 A-WA
Après leur premier passage dans nos fertiles contrées ( le Beursschouwburg en décembre 2014), tu l'avais senti, il ne faudrait pas attendre des lustres pour que le global electro folk des soeurs  Tair, Tagel et Liron s'impose un peu partout.
Ce soir, Antwerpen puis les festivals européens: le festival des Musiques d’Ici et d’Ailleurs, les Vieilles Charrues, le Paleo, Esperanzah, le Festival du Bout du Monde, Musicalarue etc...
En piste: Hod Moshonov ( keytar) , Tal Kohavi ( drums, un nouveau!) , Liron Haim, Yogev Glusman ( guitar, violin) , Tair Haim, Nitzan Eisenberg ( bass, une vieille connaissance vue au DNA avec FeelAbouT)   et Tagel Haim.
Non, les frangines Haim n'ont pas grandi, oui elles sont toujours aussi souriantes et le mariage baskets/ robes traditionnelles est à l'image de leur musique, du groove techno et des chants ethno.
Une courte intro avant l'arrivée de Tair ( position centrale), flanquée des plus jeunes Tagel et Liron, qui lancent "Ya Raitesh Al Warda", à découvrir sur l'album sorti en mai, hep, hep, la, la, la... et un keyboard fou, les non-initiés n'ont pas encore compris ce qui leur tombe dessus, un folk'n'beat yéménite turbulent.
Good evening, Belgium ( tu prononces oum), we are  A-WA ( tu prononces comme tu peux), elles ont embrayé sur le plus ancien 'Ala Wabda' bourré de petits gimmicks au keytar tandis que les filles chantent en harmonie.
 'Lagaitani Laltarig', un soupçon de dub, deux poils de hip hop, un chant frivole, tu ne peux empêcher tes hanches de chalouper tandis que ton cerveau imagine la danse des sept voiles.
Let's dance, Antwerp, les locaux sont toujours intimidés, ils le seront moins après le dansant 'Lau ma al mahaba', Ingrid et Freya sont les premières à s'y mettre, bientôt imitées par un peloton de souples Pakistanais.
Tout bouge, dit la fille d'Ernest!
Le nombre de danseurs augmente avec les suivantes, 'Galbi haway' ,  a song for all the lovers et  'Zangabila' et ses youyous guerriers.
Yogev passe au violon et refile la guitare à Nitzan, A-WA amorce une romance  plus calme, 'Ya shaifin al malih', suivie par 'Ismer ma al gat', un chant traditionnel non basé sur des beats Transglobal Underground.
Petits soucis techniques, des cracs pas sympa émanent de l'ampli du keytar, ce qui n'empêche pas le public de danser sur  'Yom Elahad' .
Les petites se démènent, Anvers suit le mouvement.
Des kangourous en Israël?
Oui, ça existe, pendant 'Shamak zabad radai', toute la clique, mâles et femelles, rebondit comme un Hoppy survitaminé.
Même scénario pendant les deux dernières du set, le tube 'Habib galbi' et 'Ya rait man ybsorak'.
La bonne humeur communicative du combo a enchanté l'audience qui aura droit à un rappel de quatre titres, dont le ' Yemenite Lullaby' , une reprise de  'Lagaitani Laltarig' et 'Somebody to love' qu'elles ont chanté avec le Red Band ( un puppet band)!

Pause de 30'

 Hindi Zahra
Quatrième rencontre avec la madame de  Khouribga!
Pas d'actualités discographiques depuis son passage à la Fête des Solidarités de Namur ( été 2015), 'Homeland' était sorti plus tôt, la même année.
 Sur scène avant l'arrivée de Hindi Zahra (voix):  sans doute, Jérôme Plasseraud ( guitare) - Paul Salvagnac (guitare) – le fidèle David Dupuis (claviers, cuivres, flûte) – Jeff Hallam (basse) – Raphael Seguinier (batterie) et  Ze Luis Nascimento (percussions).
Hindi décide d'entamer le récital avec 'Oursoul', la ballade traçant un mariage arrangé, chantée en berbère , elle enchaîne sur ' Imik Simik'  son fond jazzy et sa trompette aussi sensuelle que la voix veloutée de la dame aux cheveux luisants.
D D, le multi-instrumentiste a saisi une flûte traversière, ' La Luna', un second titre berbère est sur les rails, des influences latino, arabo-andalouses et africaines viennent embaumer l'air t'invitant à un voyage exotique et paresseux.
Hindi va aider Ze Luis à tabasser tout son attirail avant de revenir face à nous pour entamer 'Dream', démarrant sur des sonorités surf avant de virer soul/trip hop ensorcelant.
A mettre en exergue, le travail incroyable de toute l'équipe entourant celle que certains n'hésitent pas à nommer the North-African Patti Smith.
Tout baigne, si ce n'est que depuis 15' tu te fais bouffer par une colonie de moustiques assoiffés de sang,  t'es pas le seul à essayer de les éloigner par de grands mouvements de mains, le pauvre trompettiste, quand il en a l'occasion, pratique les mêmes exercices.
La pièce maîtresse du dernier album, 'To the forces', bien plus longue interprétée sur scène,  garde toute sa saveur et le doublé de guitares décorant le sinueux  'The Blues' est tout simplement magique.
Les amateurs de tango, d'americana et de blues touareg sont aux anges.
'Any Story' narre l'histoire de ses grands-parents sur un mode midtempo chuchoté, mais c'est bien sûr 'Beautiful Tango', amorcé par les percussions, qui déclenchera l'enthousiasme.
Avec le funky et répétitif  'Set me free' on revient au premier album, il est suivi par un blues du désert hypnotique, ' Ahiyawa'.
 Riffs endiablés, percussions affolantes, pas de danse orientaux et final transe!
 Comme ensorcelée, Hindi, les yeux cachés, agite fébrilement  sa longue chevelure  à la manière d'une  enfant hippie subjuguée par le Grateful Dead sur une scène à Woodstock.
Elle a retrouvé son calme  avant de  nous proposer un voyage à Marrakech pour achever ce fabuleux  concert.
 ' Cabo Verde'  la voit prise de convulsion, tomber à genoux avant de terminer allongée sur le dos tout en secouant  corps et tête comme si elle était victime d'une crise épileptique ou possédée d'un démon récalcitrant.
Cette incroyable performance met fin à un concert mémorable, Hindi sourit et s'éclipse, il n'y aura pas de rappel!