Nashville Pussy, Worry Blast, Frau Blücher and The Drünken Horses au Magasin 4, Bruxelles, le 5 avril 2016
Une soirée pour esthètes au Magasin 4, t'étais le seul à ne pas avoir sorti ta redingote rose du placard et à oublier de sublimer ton regard de lynx à la retraite en appliquant le fard à paupières que Narcisse t'avait offert à l'occasion de ton 74è anniversaire.
Honte à toi!
Vu que l'établissement s'est vu obligé d'installer un curfew à 22:00,
Frau Blücher et ses Drünken Horses se voient contraints de quitter l'écurie à 19:15 pour venir s'ébattre sur scène.
Poldek Zevlakov ( nom d'emprunt) met le feu aux poudres, les pauvres ceusses venant de quitter leur sofa, sur lequel ils cuvaient la cuite de la veille, sont tirés de leur léthargie par de furieux boum, boum, boum qui annoncent l'arrivée des cavaliers de l'apocalypse, Mathias Sälas: guitars, vocals et Yves Vränckx, bass, flanqués d'une virago qui semble ne pas avoir inclus la chasteté, ni la sobriété, à la liste de ses vertus viriles, Frau Blücher, alias Sainte Véronique, qui comme tout le monde le sait mène une double vie.
Depuis pas mal de temps, ces drôles ont dévoyé un autre écuyer pour semer le trouble sur les scènes nationales: le beau Bruno, Nobi soit qui mal y pense, et son sax.
Donc ils sont quatre à envoyer l'intro 'Blücher Boogie' tandis que la belle Vero peaufine son maquillage discret.
Elle saisit le micro, écoute, fieu, non, pas demain, 'Right now' !
Déjà la mer devient houleuse, t'as déniché un coin sous un rocher où tu t'imagines pouvoir échapper aux ruades et aux averses diverses et odorantes.
Ouf, voilà Michel, on peut rengainer le compact.
Non, ket, c'est pas pour toi qu'elle hurle 'Bastard' ni 'Hey Bitch' c'est sa façon de dire bonjour.
Une nouveauté pour vous Brüsel, 'Mama said no', une plage dépassant les 150 secondes réglementaires prévues par le code punk, une fausse fin en prime.
Retour du sax et une confession, 'I'm drunk'.
Claudine, tu chantes avec moi?
Je suis saoul tes balcons...Mathias mitraille, Tarzan bastonne, Yves assure, le peuple s'énerve!
Une chanson d'amour, 'Scream motherfucker', interprétée dans la fosse.
Qui m'aide à remonter là-haut?
Voici 'Red döll' et puis, pensez à protéger vos arrières, 'PITA' ( Pain in the Ass).
Le voilà, le trou de cul, RickyBilly en personne, c'est malin!
Avant d'aller écluser nos dix Chimay ( bleues), une petite dernière, '1,2,3,4'.
Mission accomplie, le public bout!
Le temps de débarrasser les planches du crottin oublié par les bourrins et voilà Worry Blast, des petits Suisses ne pratiquant pas le yodel.
Mat Petrucci, Allan Claret, Dann Collaud et Lucas Collaud s'adonnent aux joies d'un rock'n'roll baptisé hard dans les années 60.
Deux full CD's dans leurs bagages, le dernier 'Hit the gas' étant tout frais pondu.
Entrée en matière tonitruante, du rock massif qui tache et remue méchant, Mat le chanteur présente les mêmes intonations que le regretté Bon Scott, la rythmique est balèze et les soli d'Allan Claret font mouche, ce 'Raised by Rock'n'Roll' aligne tous les éléments devant plaire aux amateurs de hard. Enchaînement immédiat ' Break out from hell' , même énergie dévastatrice et un petit exercice d'escalade pour le shouter, ça déménage à l'ancienne.
Ils sortent la guillotine, 'Heads will roll' puis dédient 'Born to lose' aux victimes des attentats avant de proposer le titletrack de leur dernier bébé, 'Hit the gas'.
Seconde incursion dans leur ouvrage plus ancien, 'Bad girl' et pour terminer le set, deux pépites extraites du second album, ' Gone to the dogs' et ' Family Business'.
Finale barnum, le batteur s'avise de braquer un pistolet factice sur l'assemblée, l'arme balançant une pluie de billets de banque, copyrighted Monopoly, sur les premiers rangs.
On leur laisse le mot de clôture: Merci Bruxelles ! Vous avez su nous montrer que le Rock'n'roll ne mourra jamais !
T'avais plus croisé la route de Nashville Pussy depuis les Fonnefeesten de 2008.
Du changement, depuis?
Jeremy Thompson - drums, placide et efficace, Ruyter Suys - lead guitar, sauvage et affolante, Blaine Cartwright - vocals/guitar, bedonnant, coiffé d'un Stetson poussiéreux pour cacher son manque de crin et à la voix soignée au Bourbon, sont toujours là, ils ont recruté une nouvelle bassiste, une rousse pas mesquine mais joliment rebondie, Bonnie Buitrago, qui aurait travaillé avec Jello Biafra pour un tribute à Black Oak Arkansas.
21:00, signal lumineux signifiant faites taire Sandra Kim, nous avons notre propre intro, 'Rawhide' virant 'Ghost Riders in the Sky'.
Après ce cérémonial, les distingués Sudistes décident de saluer l'assistance , are you ready, éructe le petit Blaine avant d'envoyer l'exhortation 'Come on Come on'.
Il s'essaye à un Chuck Berry walk tandis que ta voisine, pas fraîche comme un lardon, scande et postillonne "come on, come on" tout en frappant le sol du talon.
Rien à dire, si ce n'est que sa bière s'est répandue sur les jolis mocassins de Fernand, un tatoué édenté qui s'est mis à blasphémer outrageusement.
'Rub it to death' , 'I'm so high' , 'Pillbilly blues' défilent, un mix de psychobilly, de hard et de Southern rock, absolument imparable.
Jeremy joue carré, la basse tricote en mode sexy, Ruyter fait virevolter ses boucles blondes et aligne des riffs meurtriers, tantôt à genoux, tantôt collée à son époux bourru qui jongle avec son micro devenu un yoyo dans ses paluches pas manucurées.
Tout baigne, quand soudain à 50 cm un mec, bourré comme une huître de Marseille, a dans l'idée d'aller sodomiser ton voisin qui, n'appréciant pas des masses, saisit l'inverti à la gorge avant de l'envoyer rouler sur le plancher.
Où va le monde?
Sur scène Pussy poursuit son périple, 'High as hell' ,'Wrong side of a gun' et sans pause 'Shoot first and run like hell', Ruyter a pointé sa guitare vers un excité lubrique, ce qui a le don de l'énerver davantage.
Un petit coup de Jack Daniels question de se rincer les amygdales, ' Hate and Whiskey' puis 'Going down swinging'.
Légère accalmie pour changer de jouet, puis 'Everybody's fault but mine'.
Un candidat plongeur est repoussé sans ménagement sans avoir atteint le tremplin, la blonde lance, non pas Armstrong, 'Up the dosage', le morceau donnant son titre au dernier album.
'Go to hell' amorcé par un solo de guitare puis le boogie infernal ' Good night for a heart attack' nous conduisent lentement vers le terme de la prestation, maudit couvre-feu!
Présentation des athlètes, je vide la gnôle dans mon galurin transformé en abreuvoir à bestiaux, j'encourage les rescapés, make some noise, avant d'entamer 'Why, why, why'? oui, pourquoi te rouler sur le sol Ruyter, why, why, why, presque du glam rock!
Le chant du cygne...'Go motherfucker go'.
T'as soif, Jan, tiens 20€, va t'en payer une au bar, Miss Suys en profite pour ramasser la bouteille de Jack, l'utilise pour caresser son instrument, en avale une rasade qu'elle crache sur les premiers rangs, se vautre sur le sol, arrache les cordes de son joujou et les refile à un fan, son conjoint se dit que c'est pas une nana qui doit voler le show, il balance un sale coup de guitare au pied de micro pour bien signifier que la fête est finie!
Rock'n'roll is dead, disait un gars, pas à Atlanta!