Première édition du RIVER Jazz festival ( du 9 au 24 janvier) co-organisé par le Théâtre Marni, l' Espace Senghor et la Jazz Station.
Une soirée d'ouverture affichant sold-out, le Marni accueille Dani Klein et Sal La Rocca.
Fin octobre, Vaya Con Dios faisait ses adieux définitifs au public par un double concert, le 24 à la Lotto Arena, le lendemain à Forest National.
Dani Klein allait-elle se mettre au tricot?
Tu oublies, OK, les grandes salles, les longues tournées, le vedettariat, c'est terminé, mais celle qui en 2013 avait chanté Edith Piaf soutenue par le Vlaams Radio Koor ( Les Amants de Paris), retâte de la scène moins de trois mois après l'annonce de sa retraite. Pour faire plaisir à son grand copain, Sal La Rocca, elle a choisi d'interpréter une autre de ses grandes influences: Billie Holiday!
C'est Hugo Camps qui, un jour, après une interview de Dani Klein lança à la ronde 'wij hebben onze Billie Holiday, ze heet Dani Klein'.
Une formule quartet ce soir, Salvatore La Rocca à la contrebasse, William Lecomte au piano, Tim De Jonghe à la trompette et au bugle, trois artistes, au background jazzy, ayant accompagné Miss Klein lors de la tournée d'adieu de Vaya Con Dios.
20:15, la salle se montre fébrile, les retardataires sont casés à droite et à gauche, la lumière se dissipe, les musiciens font leur apparition et, selon la tradition, attaque un standard sans la chanteuse.
Du travail sobre, soigné, aux allures de fluent late night jazz.
Ce soir il ne sera pas question d'expérimentation mais de classicisme de bon aloi.
Dani Klein, plus grande qu' Edith Piaf, plus blonde que Billie Holiday, les rejoint, puis les présente.
Nous sommes restés trois jours en résidence au Marni pour maîtriser le répertoire de la lady who sings the blues, trois jours, c'est peu, soyez indulgents...
Dès les premières mesures, une constatation irréfutable traverse tous les esprits, Dani Klein est l'interprète idéale pour reprendre Billie.
.. No regrets
Although our love affair has gone astray
No regrets
I know I'll always care though you're away...
Marrant de choisir 'No regrets' pour entamer les débats, comme si elle voulait nous expliquer qu'elle ne regrettait pas d'avoir enterré Vaya Con Dios.
Je suis nouvelle dans le monde du jazz, je vous préviens, il y aura des ratés, voici ' You let me down'.
Trahison, méfiance, mensonges...les relations de couple ne sont pas toujours roses!
Notre intention n'est pas d'interpréter les titres les plus sombres de Lady Day, on a choisi les morceaux les plus légers, 'A fine romance', par exemple.
Lorsque la diva laisse libre cours aux musiciens, le Marni peut se rendre compte qu'il n'a pas affaire à des canards: doigté, élégance, retenue...comme nous, la Bruxelloise apprécie leur talent...aujourd'hui ce n'est pas de la rigolade, c'est de la musique, pas de la variété!
Quelques considérations d'ordre sexuel , thème récurrent chez Eleanora Fagan, avant d'amorcer le standard de 1939, ' Comes love', suivi par la ferme résolution, 'Weep no more', finies les pleurnicheries en pensant à lui ... I'm putting an end to this lonesome game
It's such a lonesome game this crying.. je sors en ville boire un coup, m'amuser, I'll weep no more, my baby!
La suivante est ma bête noire, je me goure à chaque fois, il s'agit de 'I'm painting the town red' sur fond ragtime.
A smile on my face
A song on my lips
Pretending is all I do
I'm paintin' the town ....flûte, désolé, j'ai foiré, on reprend, merde, again, je coince à chaque fois sur ce putain de morceau.
On abandonne?
Non, lui signifie Sal, troisième essai, le bon, sourires dans la salle, suivis par une salve d'applaudissements!
Un des seuls titres que l'enfant de Baltimore a composé, elle l'a écrit après une dispute avec sa mère.
Le grandiose 'God bless the child' sera joué en version piano/voce pudique.
Impressionnante Dani!
Pascal (l'ingé son), un peu de céleste stp..
Céleste?
Oui, de la réverbération, l'arme secrète pour camoufler le manque de talent de certains chanteurs.
Ce n'est pas le cas de Madame qui amorce 'I'm gonna lock my heart'.
Qui va ramasser la clef?
' One Never Knows, Does One' séduit les amateurs de saveurs Broadway tandis que ' I'm having myself a time' swingue gentiment.
Tu veux du suggestif, écoute 'Do your duty' , trompette en goguette!
La première fois que j'ai entendu la suivante j'ai cru que c'était une composition de Janis Joplin, j'ai appris plus tard que ce negro spiritual était de Gerswin.
'Summertime' aura refilé des frissons à plus d'un spectateur.
Sal La Rocca ouvre tout en finesse, William, l'aristocrate, délaisse le piano pour s'amuser avec un melodica, la mute trumpet crée une ambiance nuit d'été et la voix de Dani fait le reste.
Un tout grand moment!
Mesdames, messieurs, on termine par un blues, un genre musical qui me va comme un gant, même si Schaerbeek, ce n'est pas le Delta du Mississippi, voici 'Baby get lost'.
Une dernière perle clôturant un concert de 75'.
Le rappel, tout le monde sait que c'est con et convenu, ça fait plus de trente ans que je joue le jeu.
Ce sera le badin 'Getting some fun out of life';
Dernière présentation des mousquetaires, Sal lui chipe le micro pour annoncer "Dani Klein", la réaction fuse... non, non, Sal, Dani Klein, c'est fini je m'appelle Danielle Schoovaerts!
Et pas la peine de continuer à applaudir, le stock est épuisé!
Een sterk optreden, mevrouw Schoovaerts, talent et émotions, un excellent cocktail!