Marianne Faithfull au Bozar, Bruxelles, le 19 novembre 2014
Une organisation Live Nation!
Marianne Faithfull, 50 ans de carrière et une tournée mondiale pour l´occasion.
Le 50th Anniversary World Tour a démarré à Stuttgart le 11 octobre, est passé par le Luxembourg, la Suisse, l'Autriche, la Norvège, la Finlande et l'Italie avant de faire escale au Bozar.
La salle Henry Le Boeuf n'est pas pleine mais il y a du monde.
Moyenne d'âge: la prépension!
Marianne, l'aristocrate, connaît la chanson d'Eicher 'Des hauts et des bas' par coeur, on peut sans conteste l'affecter dans la division des survivants, mais en 2014 la diva fascine encore.
Un 17è album, ' Give my love to London', sous les bras pour l'égérie du Swinging London qui a toujours su s'entourer de collaborateurs de talents, cette fois-ci Anna Calvi, Steve Earle, Nick Cave ou Roger Waters lui ont prêté main forte.
Après le quart d'heure académique, extinction partielle des feux, encore quelques minutes de patience, certains désapprouvent l'attente, obscurité totale, puis lumière tamisée éclairant la scène, quatre musiciens apparaissent, des cracks: le fidèle Rob Ellis (drums et direction d'orchestre) - le talentueux Rob McVey (guitars, backings) - en retrait, mais d'une efficacité incroyable, Johnny Bridgwood (bass) et celui qu'elle taquinera pendant tout le set, the wicked Ed Harcourt (keyboard).
Du fond des coulisses se profile une silhouette claudiquant et maniant une canne, une dame âgée sortant d'une maison de repos entamant une promenade digestive: Marianne Faithfull!
Stupeur dans la salle.
D'un pas lent elle s'approche du devant de la scène, Bonsoir Mesdames et Messieurs, nice to be back in Le Palais des Beaux-Arts, un soupir, un mot d'explication: I broke my hip very badly, I look like a bionic woman, it's a fucking nightmare but the show must go on and it WILL!
Un aide soignant,Claudio, viendra toutes les dix minutes, soit l'aider à s'asseoir sur un trône capétien, soit lui tendre la main pour la relever, il ajustera le porte-feuillets avec les lyrics selon la position choisie par la Grande Dame d'un mètre soixante!
'Give my love to London' ( Faithfull/Steve Earle) ouvre les hostilités.
La voix graveleuse est là et bien là, ample, claire, profonde, unique!
Les musiciens, discrets, sont à la hauteur.
Composé avec Anna Calvi, elle amorce le percutant ' Falling Back' avant de nous prévenir, next one is a song you might know, le titre du renouveau, 'Broken English', n'a pas pris une ride.
Sur le même album, le brillant 'Witches' song' qu'elle interprète rarement sur scène.
Pas question d'un Greatest Hits tonight, we're too sophisticated to play that game, aren't we?
Sure, lady!
Quelques vannes avec les boys avant d'attaquer 'The Price of love' des Everly Brothers que Ed Harcourt décore de lignes d'harmonica incisives.
Marianne prend le temps d'expliquer la genèse des titres qu'elle a choisi d'interpréter, ainsi 'Marathon Kiss' de Daniel Lanois ( qui a produit l'album Wrecking Ball d'où est issue cette perle) était en principe une chanson pour Emmylou Harris à laquelle le brave Daniel faisait la cour.
Vous avez vu les beaux ronds de fumée, désormais je fume des cigarettes électroniques, Tom McRae, qui est dans la salle, a composé le folk pop 'Love more or less'.
Time for the sixties corner, en enfilade ' As tears go by' et 'Come and stay with me ' et ses sonorités de clavecin.
Bof, une dame de 67 ans chantant ses gentilles comptines adolescentes, c'est pas la gloire...
Een verplicht nummer, sans doute, à tes côtés Monsieur Delarue, 66 ans, ex-cadre à la BBL ( ING, depuis) se souvient, la larme à l'oeil, de ses cheveux longs.
A request, a capella, a snatch of ' Plaisir d'amour' avant d'attaquer une des pièces maîtresses du set, le virulent et agressif 'Mother wolf' (co-written with Patrick Leonard) aux odeurs Patti Smith.
Marianne l'engagée, à l'instar de Kipling et de son 'Jungle Book', dénonçant all the people killing each other because of the religion.
Chapitre suivant, le Junkies Corner avec le formidable 'Sister Morphine' et un titre époustouflant de Nick Cave, le lugubre ' Late Victorian Holocaust', une plage pas toujours bien comprise par le public allemand qu'elle plaint d'ailleurs. en 2014 ce peuple traîne toujours ce lourd passé d'horreur tel un boulet.
Une collaboration Faithfull et son ami Roger Waters, 'Sparrows will sing' précède la fameuse ' Ballad of Lucy Jordan' qui aura donné des frissons à pas mal de spectateurs.
Le set prend fin avec le majestueux ' Who will take your dreams away', un thème qu'elle a écrit sur une musique d' Angelo Badalamenti pour 'La Cité des enfants perdus' réalisé par Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet.
You won't find it on record, ajoute -t-elle!
Le bis.
'Last Song' que Damon Albarn a enregistré sur l'album "The Good, the Bad and the Queen"du groupe du même nom ( what a stupid name, ajoute Marianne) sous le titre 'Green fields'.
On était salement beurré lorsqu'on a écrit cette ballade, le lendemain on s'est rendu compte que c'était un excellent titre.
Indeed!
Après 110' de show, Madame Faithfull prend congé en traînant la patte, le tour bus doit l'amener à Paris ce soir encore!