Un Broodje Brussel épicé Matonge, rendez-vous dans la Galerie de la Porte de Namur, au théâtre Molière, où Muziekpublique organise un mariage entre Orient et Occident avec le concert de Véronique Gillet et Emre Gültekin.
Quand la guitare d'allégeance classique de Véronique Gillet rencontre les saz persans d'Emre Gültekin, on obtient un syncrétisme musical parfait.
Le destin d'Emre, fils de la légende Lütfü Gültekin, était tracé avant sa naissance, il sera musicien.
Comme il est né à La Louvière, il s'approprie à la fois la musique turque et les accents européens, d'où de nombreuses collaborations, Goran Bregovic, Malick Pathé Sow, Dadmehr ... et des projets divers: La Roza Enflorese, Gültekinler ( avec sa famille), Osuna, les CD's 'Chansons sans paroles' et ' Chansons pour la fin d'un jour' avec Wouter Vandenabeele, Ertan Tekin et Joris Van Vinckenroye etc..
Quant à Véronique Gillet, elle débute la guitare classique à l'âge où ses petites amies lisent Martine et jouent à la poupée ( pas Barbie, pas encore née), quelques récompenses, des voyages ( elle joue avec Egberto Gismonti au Brésil) , plusieurs groupes ( Trio Terracota- Quatuor Saeta - Trio Diabolo etc...) , des enregistrements ( 'Raga y Danza' semble être le dernier) ... et en 2007, une rencontre: Emre Gültekin!
Après l'intervention d'un membre organisateur rappelant au public le concert du samedi 8 juin, même lieu, ' Tribute to Lütfü Gültekin', le duo prend place!
Comme mise en bouche, Véronique et Emre servent à l'assistance une vivace danse de Thrace ( 'Rumeli') , avant de s'atteler à une suite écrite par Lütfü Gültekin, qui s'est basé sur des poèmes ottomans , 'Nayim'/ 'Ey gönül' ( titres sujets à caution).
Le travail ciselé, proche de l'arabo-andalou, de la guitariste qui gambade sur le travail harmonique du luth et la voix douce, empreinte de nostalgie , du Belgo-Turc invitent ton esprit à vagabonder de l'autre côté du Bosphore.
Véronique Gillet a composé ' Tumbando à 7', une fantaisie hispanisante imprégnée de lyrisme.
Emre ne peut s'empêcher d'évoquer la situation politique chaude secouant son pays avant d'annoncer une chanson anonyme, en provenance de la province d'Hatay, ' Gül Kuruttum' qui se fond dans le traditionnel 'Suda Balik Oynuyor': onirisme, mélancolie, poésie des bords de l'Euphrate.
Envoûtement total avec la ballade ' Dağlar' qui précède un exercice solitaire de la guitariste, elle a choisi une suite, un traditionnel d'Azerbaïdjan, 'Azeri',joint à 'Torrealba' de sa plume mais basé sur un rythme vénézuelien.
Appliquée, les doigts virevoltant sur les cordes de son petit cuatro, la concertiste impressionne.
A nouveau à deux, une oeuvre du poète Hasan Hüseyin mise en musique par le papa d' Emre, 'Daracik' , puis une seconde danse originaire de Thrace ( 'Mandra'), elle peut se jouer en 9 temps, on opte pour 7 temps.
Technique exceptionnelle et sensibilité, le terme virtuosité n'est pas usurpé.
Ce concert propice à l'introspection et à la méditation prend fin avec ' Kocaoğlan Zeybeği', une ronde traditionnelle de la mer Egée.
Emre nous rappelant que Turcs et Grecs, malgré leur inimitié, ont pas mal de coutumes communes!