Du 27 au 29 mai, annuelle foire du jazz à Bruxelles, le jazz marathon 16è du nom!
Ce vendredi 27 mai ne restera pas dans les annales comme le jour le plus torride du siècle: averses, éclaircies, vent, 17°C...à 18h25', cinq minutes avant le début des hostilités, les pavés du Sablon se voient foulés par, à peine, une vingtaine de curieux, amateurs de notes bleues.
Heureusement au cours du set du Verginiya Project, la fontaine de Minerve, Wittamer, Galler, Pierre Marcolini, Dandoy, La Tour d'Y Voir, Au Vieux St-Martin et les copains de Louis la Brocante inventorient des centaines de badauds au pied des marches de la gothique Notre-Dame.
Verginiya Project!
Vocaux et compositions: Verginiya Popova, une Bulgare au registre vocal riche et étendu, adoptée, en 2004, par Manneken-Pis.
Pour la soutenir, des squales ayant écumé toutes les mers de notre petite planète: au piano et backings, mère Marie-Sophie Talbot ( Tangram, pour n'en citer qu'un)- percussions, flûte et backings: l'Amstellodamoise, Jessica Tamsma ( Patshiva, Son Fritas, Rhytmiss...)- Francois Cronenberg aux drums ( Samir Barris, le Box Story de Laetitia Solimando..) et Gaetano Vullo à la basse ( SenzaFine, The Belgian Queen...).
Un répertoire varié, mixant le folklore balkanique, les standards, le samba jazz, le mainstream, la pop, le blues ou la variété...
'Zazorjavane' est introduit par un piano académique avant de bifurquer vers des baies plus exotiques du côté de Barra da Tijuca.
Carioca Bulgarian jazz!
L'immortel 'Chega de Saudade' d'Antonio Carlos Jobim/ Vinicius de Moraes: tristeza e melancolia, le blues brésilien!
Pour les passagers de la STIB, habitués au confort et à la ponctualité, en Bulgare, malgré le titre, 'Voyage', une ballade virant uptempo chahuté ( un conducteur bourré?) avec une Talbot quatre cylindres au grand galop!
Un petit jazz festival de San Remo?
Una canzone italiana ' Senza Fine', toute en délicatesse et émotions.
Que m'importe la lune ou les étoiles...
Tu per me sei luna e stelle
Tu per me sei sole
e cielo...
Vais la ressortir à ma conjugale quand elle me dira tu ne m'aimes plus!
L'amour, toujours l'amour: 'Solitude', les femmes bulgares et le romantisme!
C'est la première chanson que j'ai interprétée dans le vocable d'oïl: ' La vie en rose' .
Moins kitsch que Dalida, moins disco que Donna Summer, moins opéra que Placido Domingo, moins dramatique que Piaf...mais une version Broadway jazz à la Shirley Bassey ou Madeleine Peyroux.
Beau, tout simplement!
Le groovy ' Why' écrit à la suite d'une déception amoureuse.
Elle a une bonne voix..., Françoise ne se trompe jamais et Simon Narcotic Daffodils ( je joue le 28 au Churchill's), acquiesce: c'est du tout bon!
Une longue intro au piano avant de reconnaître le fabuleux 'Libertango' de Piazzolla, version Grace Jones 'I've seen that face before' .
La chair de poule!
Une ballade en hommage au 7ème art 'Cinema', décorée d' une flûte altière d'un classicisme raffiné.
'Tursene' = je cherche mais je ne trouve pas, un instrumental tête de linotte!
Le syncopé, passionné, fringant et langoureux 'Estate'.
Voir Marie-Sophie Talbot en sosie de Soeur Thérèse/ Dominique Lavanant faire vibrer son Hanlet, ça valait le coup!
Blaise Pascal:'Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point', Miss Popova, une variante Mer Noire: 'Heart'!
Quincy Jones, The Color Purple ( merveilleuse Whoopi Goldberg) : ' Miss Celie's blues' (Sister) , du blues/swing fougueux et expressif.
'Ima Pesen' chanté en français, ma copine Gladys m'a filé un coup de pouce pour les lyrics.
Retour au latin jazz avec 'Umopomrachenie' permettant au band de se laisser aller pour un bridge nerveux.
Le traditionnel au répertoire du Mystère des Voix Bulgares ' Devojko Mari Hubava' en version swing et pour clôturer cet excellent récital: un rondo démoniaque ' Zazorjavane', où il est question de magie blanche et d"envoûtement.
Verginiya Project: une grande voix, de l'énergie, de l'enthousiasme, du jazz vigoureux...