Deuxième étape jazz en ce dernier vendredi de mai.
Tu prévoyais les revenants Neven au Café Novo, place de la Vieille Halle aux Blés, gig prévu à 21h.
Sur place toutes les tables occupées par de braves gens se restaurant, au fond de la salle, dans un endroit peu stratégique, un coin scène.
Renseignements pris auprès de Damien, tablier blanc: le concert, à quelle heure?
On est dans le jus, Monsieur: 21h30'/22h/22h30'....
D'accord, mon brave, cap sur la Fleur en Papier Doré, l'antre du surréalisme ayant compté Magritte, sa pipe, son chien et ses potes Marcel Mariën ou Michaux comme illustres clients!
Au menu: A3
la moitié d’une feuille A2, soit 297 × 420 mm.
On obtient le format A3 en plaçant côte à côte deux A4 avec un grand côté en commun.
Tu déconnes là, A3 c'est la troisième chaîne à Alger, me souffle Djamel, carburant au thé à la menthe.
Mon A3 est noire me glisse François-Honoré, toubib du côté de Lasnes!
Faut savoir, hein!
Que dit le fascicule:
Fanny Demoustier (guitar)
Vincent Cuper (electric bass)
Yann Dumont (drums)
Du jazz contemporain, tendance post-bop.
Sont jeunes, à peine 22 printemps pour Fanny, ils se sont rencontrés au Conservatoire et ont décidé de faire un bout de chemin en trio.
Yann s'ébat également chez Blue Wild Sound ou The Green Dolphins, quant à Vincent tu peux l'entendre chez Unexpected 4 ou Why not Samba.
Fanny exerce ses talents auprès du Fatik Trio, Why not Samba ou encore auprès du Mathieu Robert Quartet.
20:45': les premières notes, déjà tu es frappé par les lignes limpides émanant de l'Ibanez de la souriante Fanny.
C'est pas courant une nana à la guitare, mais de plus, une jeune fille ayant un jeu aussi fluide que celui de John Scofield, ça mérite toute ton attention.
Tu salues les touristes d'Outre-Quiévrain s'étant installés à ta table pour te coller face au trio.
Leur version lyrique de 'Song for Bilbao' de Pat Metheny est tout bonnement époustouflante.
'I should care' 1944, un instrumental crédité Alex Stordahl, Paul Weston & Sammy Cahn, au répertoire des plus grands: Julie London, Nat King Cole, le pianiste Bill Evans, Thelonious Monk, Stan Kenton ou... Amy Winehouse.
La version poétique proposée par A3 est proche du travail de Joe Pass.
Le groupe combine application, sobriété et talent!
Bill Frisell enregistra 'Strange Meeting' en trio avec Melvin Gibbs on bass & Ronald Shannon Jackson on drums .
A3 entame la ballade par une intro de basse tendue, audacieuse.
La batterie et la guitare entrent dans la danse, tu n'as qu'à clore les paupières pour te laisser flotter au rythme des envolées éthérées.
Le groupe enchaîne sur une de leurs compositions: ' The First One' , caisses et cymbales frappées mains nues, une soft Ibanez, une basse mélodique en lead.
Du jazz ligne claire de conception Hergé/ Bob De Moor/E P Jacobs!
' Bernie's tune' (Bernie Miller), un cheval de bataille de Gerry Mulligan.
Une assise rythmique toute en rondeur, une guitare pareille à un ruisseau dévalant la montagne. Quelques cascades et soubresauts agités pour reprendre un parcours moins accidenté.
Un jeu vivace et maîtrisé!
On achève le set par le standard 'Invitation', composé par le Polonais Bronislaw Kaper, ayant récolté bon nombre de lauriers avec ses musical scores ( 'Lili' -'Green Mansions'...).
Une version funky aux lignes de basse sensuelles pour ce nightclub tune, apprécié des grandes dames du jazz: Dinah Washington ou Patricia Barber pour n'en citer que deux.
45' élégantes et techniquement brillantes.
De jeunes pousses talentueuses promises à un bel avenir.
C'est à regret que tu quittes l'estaminet pour rejoindre ta légitime et sa réflexion usuelle: t'es déjà là...