dimanche 31 décembre 2023

Nora Kamm au centre des congrès à Saint-Quay-Portrieux, le 29 décembre 2023

 Nora Kamm au centre des congrès à Saint-Quay-Portrieux, le 29 décembre 2023

michel

Second diptyque des concerts de fin d'année à Saint- Quay- Portrieux,  une collaboration ville de Saint-Quay/Jazz ô Château, et un programme de choix puisque la saxophoniste, flûtiste, compositrice, chanteuse et cheffe d’orchestre Nora Kamm est invitée à se produire au centre des congrès, qui affiche presque complet ce vendredi soir.

Après un double discours introductif, celui du très actif maire de la station balnéaire, suivi par un duo représentant Jazz ô Château, la nouvelle présidente, Sylvie Adèle Guillemy et son prédécesseur, Benoît Petit, qui en profitent pour lever un coin du  voile sur la programmation du festival 2024, ( on divulgue un nom: Robin McKelle), Nora Kamm ( resplendissante)  and band se présentent.

Nora Kamm naît à  Frankfurt am Main de parents musiciens amateurs, à 6 ans, elle joue de la flûte à bec, passe à la traversière, puis découvre le saxophone, elle intègre die Frankfurter Bläserphilharmonie, avant de boucler sa valise et de mettre le cap sur la France, d'abord à Lyon puis à Paris. 

Dans ce beau pays, elle rencontre pas mal de gens intéressants, joue aux côtés de pointures: Andy Sheppard, Cheick Tidiane Seck, Manu Dibango, Mariana Ramos, Pascal Obispo,  enregistre deux albums avec le groupe Dreisam, collectionne quelques prix,  court les festivals de jazz aux quatre coins du vieux continent et enfin, grave l'album 'One'.

C'est le premier album sous son nom  et comme le chantait Lennon,  the world will live as one,  "One" marque l'unité des différentes cultures existant en ce bas monde, en bannissant les frontières.

Pour la seconder ce soir, des cracks: le  bassiste malgache Ranto Rakotomalala ( Anisha Jo, Joel Rabesolo Trio, Thomas Pitiot, Mangane, etc...)  qui l'accompagne sur scène depuis 3 ans déjà , et deux musiciens qui montent pour la première fois sur scène avec elle: aux claviers/synthés, Eli Frot ( Echoes Of, Trilili Ladies, Kyoto Jazz Massive, Nouveau Fou, Tiwayo...) et  Kevin  'Kikoué' Ki  (Angèle, Crystal Murray, Trouss ça ..) aux drums et programming.


Intro claviers/drums, puis la basse ( 5 cordes)  se fait entendre et enfin, le sax alto de la blonde néo-parisienne rejoint ses partenaires pour la déclaration d'amour  ' Africa my love'.

Un nom s'impose à pas mal d'entre nous: Manu Dibango., alias Papa Groove.

Car la soirée est placée sous le signe de la fusion, de l'Afro jazz et du groove bouillonnant.

Il n'aurait pas fallu longtemps au public pour comprendre que la saxophoniste ne joue pas la carte de l'individualisme à outrance, elle laisse respirer ses musiciens qui, à tour de rôle, improvisent des arabesques gracieuses, expressives, sinueuses ou audacieuses selon les besoins de la composition.

Eli est le premier à se lancer dans une aventure solitaire, son laïus au Nord Stage, piqué de pointes au  polyphonic Sequential Synthesizer , a frappé les imaginations, en évoquant  à la fois Joe Zawinul ( Nora ne cache pas son admiration pour Weather Report) , Jozef Dumoulin ou Chick Corea.

One, two, three, lance Kikoué pour amorcer 'Light', la basse, aux sonorités Stanley Clarke,  bourdonne  avant de dialoguer avec l'alto,  et pendant cinq minutes une lumière éblouissante illumine la salle.

Nora délaisse son sax pour expliciter les fondements de son jazz, ses influences, la place prise par les rythmes en provenance du   Cameroun  prime. Pour illustrer son propos, elle soumet  ' Tu ma ndem' ( c'est de l'igbo)  , un morceau lyrique,  amorcé aux keys, qui accélère lorsque Kikoué pousse sur le champignon, le tempo, syncopé, incite Nora à entamer un pas de danse rituel avant une envolée au synthé qui prend des teintes Fender Rhodes.

C'est dur de rester assis pendant ce truc  vachement effervescent, Nora, du reste, s'étonne de la relative passivité du public et l'incite à venir occuper les places réservées  aux édiles, mais restées vacantes, face à la scène.

Aussitôt quelques dames  alertes, ayant compris le signal, s'installent à un mètre du podium.

Message pour la table, un peu plus de reverb sur le sax, please!

Yes, ma'am'.

La basse vrombit et introduit 'Flowing people' , un jazz funk redoutable pour lequel Nora a opté pour un  sax soprano qui glisse astucieusement sur le rythme syncopé, distillé par ses comparses. En vue du terme, la séduisante musicienne entame un chant en onomatopées, tandis que la chorale mi-bretonne, mi- sénégalaise, de Saint-Quay se joint à elle  pour  conclure l'incantation.

Pause!

Acte 2

Elle ouvre son ' Coeur'  pour entamer la seconde mi-temps. Le muscle bat  aux généreux rythmes africains, les pulsations n'indiquent  aucune menace de tachycardie, tout coule de source, basse et percussions donnent le ton, les claviers jouent à l'équilibriste, tandis que l'alto,  tantôt  serpente indolemment ou  papillonne capricieusement.

Le coeur est mis au repos, la troupe entame un rondo, ' Leader'.

Nora a troqué le saxophone contre une flûte traversière , ce qui donne une couleur Herbie Mann à cette allègre composition. 

On arrive au titletrack de l'album, 'One', à l'intro majestueuse. Kikoué, chargé du programming, lance une  séquence kora, cristalline, Nora entame un chant africain mélodieux, le public est invité à l'accompagner, le rythme accélère, tu n'as qu'une envie te laisser emporter par la vague pour  chalouper sur les sonorités métissées,  mandingues et jazz fusion. 

Le midtempo 'First Flight' fait à nouveau appel au chant en onomatopées africaines, une spécialité de Zap Mama, qui s'élève haut dans les cieux, le sax, élégant, lui aussi décolle et  le synthé, à l'arrière,  bricole  un fond aérien décoratif  jusqu'à l'atterrissage.

Il n'en reste qu'une, je la joue si tout le monde se lève et danse.

La menace ne sera pas mise à exécution , car une grande partie du public, la nouvelle présidente de Jazz ô Château en tête, a trémoussé plus ou moins esthétiquement sur le punchy  'Chuku Chuku' .

Grosse ambiance, assistance euphorique qui a continué à frétiller sur le bis  torride, 'Africa my love'.


File au stand merch où Nora signe ses albums, un  sourire éclatant se lit sur le visage des responsables  de Jazz ô Château.

Nora Kamm retrouve la scène  le 20 janvier lors du Festival Jazz à Saint Sat  ( Saint-Saturnin, en Charente ).




vendredi 29 décembre 2023

Etincelles Musicales au centre de congrès, Saint-Quay-Portrieux, le 27 décembre 2023

 Etincelles Musicales au centre de congrès, Saint-Quay-Portrieux, le 27 décembre 2023

michel 

Saint-Quay-Portrieux: c'est la tradition, deux semaines de festivités pour célébrer Noël!

Illuminations féériques, marché de Noël, vin chaud , feu d'artifices, spectacle pyrotechnique, crèche de Noël, concerts, ciné-goûter.... la municipalité ne lésine pas, comme d'habitude le programme est copieux.

Un premier concert se tient le 27 septembre au Centre de Congrès,  le trio Etincelles est invité à montrer son savoir-faire, après le mot du maire.

 Élise Retuerto ( violon) , Marianne Eymard ( alto)  et  Chloé Boyaud ( violoncelle), très élégantes dans leur tenue de gala d'un noir,  au fini satiné pour deux d'entre elles, ont prévu un programme combinant musique classique, jazz, pop, musique de films, rock et variété.

20:40', très digne, l'ensemble s'installe, à gauche ( pour nous), Elise et son violon, au centre, Marianne et son alto, à droite, la grande Chloé et son imposant violoncelle.

Silence monacal et entrée en matière majestueuse avec le 'Canon' de Pachelbel.

Si pas mal d'artistes pop ont repris la progression harmonique du fameux canon, c'est toujours au ' Rain and Tears' d'Aphrodite's Child que tu penses en entendant l'oeuvre magique.

Marianne en pizzicato, tandis que le violon gémit et que le violoncelle bourdonne.

Belle maîtrise!

Elles enchaînent sur le standard jazz irisé  'Over the rainbow', rendu célèbre par Judy Garland.

James Bond, te souffle madame en entendant  l'attaque simultanée des trois instruments à cordes amorçant ' Skyfall" qu' Adele avait composé  pour la 23è aventure de 007.

Pureté du jeu et magnificence orchestrale, Daniel Craig a applaudi.

Changement de registre radical pour entamer, un extrait, relativement frivole,  de la  Feuerwerksmusik de Georg Friedrich Händel, ' La Paix', suivi par une seconde pièce, héroïque, du même compositeur baroque  ' La Réjouissance'. 

Les trois instruments à l'unisson entament ' Les moulins de mon coeur' de Michel Legrand pour le plus grand plaisir d'Yvette qui a vu, il y a longtemps, 'The Thomas Crown Affair' featuring Steve McQueen et Faye Dunaway.

Justin Hurwitz a été oscarisé pour la bande-son de La La Land, après une courte séance pour accorder leurs instruments, les filles attaquent le medley suivi par un extrait des 'Quattro Stagioni', qui n'est pas une pizza, mais l'oeuvre maîtresse d'Antonio Vivaldi, elles ont opté pour 'l'Inverno'. Alto en pizzicato, violon floconneux et cello morose, ça sent les premières offensives de l'hiver, le froid mordant , les bourrasques d'une bise piquante, pour finir en tempête infernale.

Finie la rigueur hivernale, allons admirer les golfes clairs et les reflets d'argent d'une mer apaisée.

Pas d'éoliennes?

Pas encore, Charles!


Pour ' The Lion King' Elton John a composé 'Can You Feel The Love Tonight', une jolie ballade qu'il a fallu reprendre suite à un couac inopportun.
Elton John en version musique de chambre peut étonner mais bien moins que 'Pretty Woman' de Roy Orbison, qui a droit à un traitement impétueux.
 
Retour au répertoire classique avec la mélodieuse 'Pavane opus 50' de Gabriel Fauré.
 
Ennio Morricone a écrit le score du film ' The Mission', 'Gabriel's Oboe', même sans hautbois, émeut.
 
Un second Michel Legrand au menu: 'Les parapluies de Cherbourg' , Françoise Dorléac est apparue sur l'écran cérébral de plusieurs auditeurs.
Puis vient une transposition surprenante de 'Mama Mia' d'Abba, suivie par la romance ' She' de Charles Aznavour, sans l'accent frenglish.
Le violoncelle s'aventure en éclaireur pour entamer le thème de ' Pirates of the Caribbean: The Curse of the Black Pearl' du compositeur Klaus Badelt.
Après cette pièce épique pendant laquelle fougue et instants apaisés alternent vient l'Aria de la Suite no. 3 in D major de Johann Sebastian Bach, dominé par un violoncelle prépondérant.
 
Gerard John Schaefer était un tueur en série du Wisconsin...
Euh, c'est pas le même Schaefer, le programme indique F. Schaefer 'Valses', Google rame pour retrouver la trace de ce compositeur, l'orthographe est-elle correcte, question ouverte, par contre ce qui est incontestable c'est le côté acrobatique et allègre  de cette longue suite qui a époustouflé le public.
 
Nouveau passage dans les salles obscures, sur l'écran, ' The Jungle Book' , la musique: 'The Bare Necessities', signée Terry Gilkyson.
Après le ragtime on passe à la tragédie avec Jules Massenet et sa 'Méditation de Thaïs' en mode andante religioso.
 
Nettement plus vive sera la danse russe ( Tropak) que Tchaikovski a inclus dans l'opéra ' Casse-Noisettes' ( au programme de l'Hermione à Saint-Brieuc, le 3 janvier).
Moins de 90 secondes plus tard arrive le dernier titre de la liste, le chant de Noël ' Douce Nuit' suivi par deux morceaux surprises pour clôturer le récital: une berceuse et un nouveau chant de Noël aux couleurs des Chutes du Niagara.
 
Saluts et remerciements et, à la demande générale, une dernière valse athlétique avant d'aller admirer le clair de lune sur la Manche.



lundi 25 décembre 2023

Pink EP - Ainslie Wills

  Pink EP  -  Ainslie Wills

 Label: Ainslie Wills/ Diggers Factory

michel 

Ainslie Wills, une fiche succincte:  singer - songwriter from Melbourne/  age: 41/  mother /  studied Music Performance and Improvisation at The Victorian College of The Arts.

Quelques détails: Although Ainslie has spent much of her time studying Jazz, it is in pop/rock music where her heart truly lies.
Ainslie's Influences range from Dvorak through Wes Montgomery to Jeff Buckley, Tori Amos, the Carpenters...

Discographie:

Un premier EP en 2007, suivi de quatre autres formats courts avant de signer 'You go your way, I'll go mine' un premier full CD en 2013.

Deux autres LP's le suivent: All you have is all you need ( 2019) et une version live du dernier nommé en 2021.

On ajoute plusieurs singles et enfin en novembre 2023, l' EP ' Pink' . 

Tracks:

1.     Eyes on Me      

2.     Celebrate     

3.     Learning to like you     

4.     People Pleaser

All songs written and Produced by Ainslie Wills with the exception of Celebrate that was co-written with Savannah Conley.

Engineered and Mixed by Jono Steer. 

credits:

 Eyes on Me
Vocals and Piano - Ainslie Wills
Bass - Brett Langsford
Drums - Leigh Fisher
Violins - Madeleine Jevons, Ioana Tache
Viola - Lucas Levin
Cello - Anna Pokorny
Additional Engineering - Leigh Fisher

Celebrate
Vocals and Piano - Ainslie Wills
Violins - Madeleine Jevons, Ioana Tache
Viola - Lucas Levin
Cello - Anna Pokorny

Learning To Like You
Vocals and Piano - Ainslie Wills
Violins - Madeleine Jevons, Ioana Tache
Viola - Lucas Levin
Cello - Anna Pokorny

People Pleaser
Vocals and Piano - Ainslie Wills
Bass - Brett Langsford
Drums - Danny McKenna
Pedal Steel - Shane Reilly 

Artwork on the cover:   Madeleine Joy Dawes , a Melbourne based artist whose practise is primarily focused on durational repetitive drawing.

 

La ballade ' Eyes on Me' plaquée sur un piano mélancolique,  ouvre le registre. Ainslie, d'une  voix naturelle, qui ignore les artifices et  autres démonstrations tapageuses, un peu  à la manière  de Carole King, chante l'amour complice, celui où l'affection prévaut sur la passion.

Basse et percussions  restent en retrait mais, quand les cordes entrent en action pour  ornementer davantage la mélodie, tu ressens comme un sentiment de volupté et tu as l'impression de t'infiltrer dans l'intimité de la jeune femme.  

Lors d'une interview, l'artiste avait déclaré:   I started making music of my own after hearing Jeff Buckley’s “Grace” LP. Until that point I didn’t know you could make music that expressed so much mood!  

Tu éprouves la même sensation à l'écoute de 'Eyes on Me'.

La seconde piano ballad du recueil a été co-écrite avec Savannah Grace Conley, une singer-songwriter/ country artist de Nashville, qui a sorti un premier full album  ( Playing the Part of You Is Me) en 2023 .

Elle exhale les mêmes effluves  romanesques que la plage inaugurale. La voix claire, l'orchestration, les arrangements subtils, le texte apaisé,  expriment, sans ressentiment,   les émois  endurés après une rupture.

 'Learning To Like You', une voix implorante, un piano et des cordes, pour une chanson qui avait été écrite pour illustrer le court-métrage 'You and Me, Before and After' de Madeleine Gottlieb, film sélectionné pour le Toronto International Film Festival 2021 ( catégorie Short Cuts) .

Le titre n'a pas été retenu mais, heureusement, Ainslie Wills l'a récupéré pour l'EP.

Cette  troisième  ballade, douce aux oreilles, qui touche l'âme au plus profond par son anachronisme et son refus d'utiliser des éléments électroniques, peut évoquer  les Carpenters, Sarah McLachlan ou  Christina Perri. 

Retour des instruments traditionnels, basse, batterie et une pedal steel, pour accompagner le piano et la voix plaintive sur 'People Pleasers' , le titre le plus nashvillien du livret.

Si la mélancolie et le spleen  habitaient des poètes  souffrant du Mal du Siècle ( le 19è), comme John Keats, Baudelaire, Lamartine,  Lord Byron,  William Wordsworth ou Gérard de Nerval, Ainslie Wills,  en délaissant les courants musicaux très tendances en 2023 ( les inepties qui cartonnent sur Tik Tok ou qui passent à longueur de journée sur Skyrock ou Mouv.FM ) a repris le flambeau et nous offre une art pop intelligente et sincère  aux fondements jazzy manifestes.

  

 

 





mercredi 20 décembre 2023

Album - TOKYO WITCH - Skin Like Feathers

 Album - TOKYO WITCH Skin Like Feathers

 Autoproduction

ambient folk

michel 

Partout tu trouves des sorcières: à Salem, à Eastwick, à Zugarramurdi, à New-York, à Samlesbury, à Laarne, à Malansac, il y a une  Witch Queen à New Orleans, tu élimines la sorcière de fiction, bien aimée, Samantha Stephens, mais tu sais que t'as pas fait le tour et voilà qu'une nouvelle venue fait son entrée dans le clan: Tokyo Witch ( comme un  titre  de Beach House, pas forcément un hasard).

Une créature qui  est sans doute plus friponne que nippone, car Elena Lacroix a vu le jour en terre liégeoise.

La belle Elena combine des études de médecine et la musique.

Eosine, lauréat du Concours Circuit 2022, est son enfant, en avril 2023, elle pose sa voix sur un morceau du sludge/doom combo Lethvm et, dans la foulée, tourne  avec ces beaux jeunes gens et puis lui vient l'idée d'improviser un nouveau projet, en solitaire: Tokyo Witch.

PS: dernière minute, depuis peu elle fait partie des trois chanteuses du groupe Ootoko.

Après une campagne de financement fructueuse, un premier album germe:  Skin Like Feathers.

Un bref descriptif  : 7 morceaux, 7 arbres, 7 péchés capitaux.

TRACKLIST :
La Brume 
Evvny
L'Aubépine est Inutile Aux Constellations
Darwin
Run
Season Of Sighs
Slowly Blooming
 
 
CREDITS :
All instruments played and recorded by Elena Lacroix (except for Rhodes on track 3 played and recorded by Pascal Lacroix)
Mixed by Elena Lacroix and Maxime Wathieu at Tripping Studios and Wood Studio
Mastered by Maxime Wathieu at Wood Studio
Artwork by Mary Autumn
"The moon's ever cycle's wide."
 
Mary Autumn is a Belgian artist atypically playing with symbols and aesthetics of nature. Her drawings develop an imaginary between tradition and modernity, which is expressed both digitally and accompanied by watercolor and gouache.
Le signalement se vérifie en contemplant le subtil graphisme de la pochette. 

Quand  un morceau est baptisé 'La Brume' , tu ne dois pas t'attendre à une explosion de couleurs, au contraire, les climats, nébuleux et mystiques,  voulus  par Elena évoquent certaines toiles du peintre romantique Caspar David Friedrich ( Der Wanderer über dem Nebelmeer ou Morgennebel im Gebirge).
Avec ce soundscape constitué de synthés vaporeux, de guitares glacées, immatérielles, de  vocaux éthérés, proches de ceux de Liz Fraser, Elena nous propose un voyage dans un pays où sévit le haar, ce cold sea fog qui vient asphyxier le Firth of Forth , situé près  d'Edimbourg. 
Après 5'30"" et sans pause, la plage se fond dans 'Evvny' qui baigne dans  des ondes similaires, toujours  énigmatiques, comme l'intitulé du morceau lui-même, 'Evvny', wat is dat?
Cascades de synthés et de guitares shoegaze, voix floconneuse, tu peux qualifier cette composition d'ambient, de dream wave, de cold wave, de contemporary classical ou d'experimental music, toutes des étiquettes renvoyant aussi bien vers Cocteau Twins, Brian Eno et son travail avec Robert Fripp, Tangerine Dream, Dead Can Dance ou This Mortal Coil. 
 
Victor Hugo, Les Misérables, 1862, extrait...
 L’algèbre s’applique aux nuages ; l’irradiation de l’astre profite à la rose ; aucun penseur n’oserait dire que le parfum de l’aubépine est inutile aux constellations. Qui donc peut calculer le trajet d’une molécule ? que savons-nous si des créations de mondes ne sont point déterminées par des chutes de grains de sable ? qui donc connaît les flux et les reflux réciproques de l’infiniment grand et de l’infiniment petit, le retentissement des causes dans les précipices de l’être, et les avalanches de la création ?..
Pendant treize minutes, Elena met ces réflexions en musique, son ' Aubépine est Inutile Aux Constellations'  flotte dans un magma de rayons cosmiques, elle te propose un voyage dans l'espace céleste pendant lequel tu verras défiler étoiles, galaxies, comètes, météorites, poussières cosmiques, nébuleuses et satellites.
Inéluctablement , ' Astonomy Domine' du Floyd te reviendra en mémoire, tout comme l'album 'Mind Games' du clone Cosmos.
Avec celle longue plage, Tokyo Witch réussit la gageure de recomposer une nouvelle bande son, dépoussiérée,  pour  ' Space Odyssey'.
György Ligeti a souri.
Retour sur les bancs de l'école pour une leçon sur la théorie de l'évolution des espèces, voici  'Darwin'.
Un magazine scientifique sérieux avance: " Un programme informatique, inspiré de la théorie de la sélection naturelle de Darwin, couplé aux goûts musicaux d'utilisateurs d'un site internet, pourrait permettre de créer le tube parfait, selon des chercheurs dont les travaux ont paru aux Etats-Unis."
La plage, en clair obscur, fait encore et toujours la part belle aux guitares et synthés  scintillants,  qui en mode  larghetto   forment un écrin pour la voix  à la fois céleste, vulnérable  et mélancolique  de  la jeune  Liégeoise.
Ce n'est pas parce que la composition suivante a reçu le titre 'Run' que tu dois t'attendre à une folle cavalcade.
Comme pour les épreuves de vitesse sur piste, ( il est question de cyclisme), les coureurs entament leur sprint par une longue séance de surplace, le spécialiste Antonio Maspes avait réussi à rester 32 minutes en équilibre avant de suivre son adversaire du jour et de le dépasser dans la dernière ligne droite.
Le surplace, en musique, de Tokyo Witch sur ' Run' aura pris 5' 38", pendant lesquelles  la voix hypnotique se greffe sur des arpèges lancinants et quelques grelots mélodieux.
De peur de briser le fragile équilibre entre chant murmuré et le  fond sonore minimaliste, tu t'es forcé à ne pas éternuer, ni à renifle,r comme si tu souffrais du  syndrome de Gilles de La Tourette .
' Season of sighs' , la saison des soupirs est brève , moins de trois minutes, mais distille des émanations subtiles qui dévoilent des pans intimes de l'âme de l'interprète.
A l'instar de Claude Debussy, ayant mis en musique le poème 'Soupir' de Stéphane Mallarmé, Elena Lacroix chante ses émois sur un nappé nacré de guitares  shoegaze, brumeuses à souhait, et de synthés   atmosphériques.
'Slowly blooming',  ou une éclosion florale au ralenti,   clôture le recueil, le  titre  est à rapprocher de ' Bloom' des Paper Kites pour l'atmosphère éthérée  et les métaphores, sans pour autant classer Tokyo Witch dans l'escadron indie folk, le style dépouillé hanté par Elena s'assimile davantage à l'ambient , à la musique new age ou à certaines  compositions  apaisées d'Aphex Twin.
 
 Can music heal the mind, the  body and soul?
La réponse est oui dans le cas de Tokyo Witch!
 
 
 
 





dimanche 17 décembre 2023

Weird Omen au Barbe à Plouha, le 16 décembre 2023

 Weird Omen au Barbe à Plouha, le 16 décembre 2023

michel 

Tu sors?

Ai rendez-vous avec la sibylle de Plouha au Barbe, vais vérifier si son présage est néfaste!

Pas de bad omen mais un Weird Omen ce soir, faut-il s'affoler?

Le trio, originaire de Perpignan, est catalogué inclassifiable, quelques étiquettes lui sont toutefois  collées: garage, punkabilly, proto punk, trash blues, psychedelic fuzz , gothic noise, saxo punk, dirty surf,... tu peux te faire une idée en déposant un de leurs nombreux enregistrements sur ta platine, vérifie l'état de ton stylus!

Les protagonistes annoncés:

Guitar, une Gretsch flamboyante / vocals : Sister Ray = Martin Daccord (Ray and the Dead Drums)

Baritone sax, retenu par une chaîne de chien, pas sage : Fred Rollercoaster = Frédéric Brissaud (King Khan & the Shrines, Bee Dee Kay & the Roller Coaster, BDK & The UFOzzz)

Drums / vocals : Remy Pablo = Remi Lucas (King Khan Unlimited, The Anomalys, Escobar, Pablo X).

Précisions, pas de Remy pour la tournée qui nous occupe, il est remplacé par un autre frappeur, pas mou: Damiano Fanti ( Thee Oops , King Howl, Dion Lunadon).

Après avoir  avalé quelques boissons énergisantes, sérieusement vitaminées, à base d'anis ou de houblon, le trio attaque ( au sens propre et figuré) le set et nos oreilles.  

Entrée en matière furieuse signée Sister Ray ( merci le Velvet) et Dam, ' Lord have mercy' dit la setlist,  le Seigneur sera sans pitié ce soir, car quand le baryton rapplique, la prière gagne en intensité et en sauvagerie ( tu revois Steve Mackay , croisé un jour au Magasin 4 avec Speedball JR.) , le fuzz se répand à grosses gouttes.

 Damiano s'acharne sur les caisses, toms et cymbales, quant au grand Fred, tenue léopard piquée à Emma Roberts, il tire des sonorités perverses de son baryton.

Pas le temps d'applaudir, ils ont embrayé sur un  'No brainer' tout aussi déchaîné.

Fred vient se promener dans le pub, tient à s'agenouiller face à Erwan qu'il confond avec la Sainte Vierge, à l'arrière guitare et drums fulminent.

Yann, mon micro déconne, dixit  Sister Ray.

15 secondes pour le remplacer et le trio reprend le chemin des tranchées, 'Shake shake', Parkinson est de sortie.

Le morceau est concis mais d'une efficacité à faire pâlir les Cramps, les iguanes et tous les dictateurs sur terre.

Drumming acharné pour amorcer ' Heartache', sax débridé, guitare sale et chant indéchiffrable ( Dam et Sister Ray, à tour de rôle) , ça cogne sec et sous la ceinture , évite si t'es cardiaque.

'When I get bored', et que fait le guitariste quand il en a marre?

Il refile un coup avec le manche de son jouet dans la boule à facettes que le patron avait acheté sur Le Bon Coin, après un final apocalyptique, c'est '1250' qui déboule et rend tous les pitbulls complètement maboules.

Fondu enchaîné sur 'Jungle Stomp', le jeu très physique de Damiano impressionne, pas moins que les contorsions reptiliennes de Fred, Sister Ray, imperturbable, lui, continue à nous asséner des riffs inflexibles.

Weird Omen travaille dans l'urgence, pas question de fignolage, puissance, efficacité et rendement sont les mots d'ordre.

Le temps de s'éponger, car Dam sue pire qu'Eugène, et le trio infernal reprend son chapelet: pour Simon, qui s'est assoupi, ' Wake Up' mais pas en douceur,   suivi de 'Problem in ur brain'  et une dernière, annonce Sister Ray, 'I can't stand it' , pendant lequel sax et guitare se livrent un duel, sans banjo,  dans la salle.


Ils se ravisent et balancent une dernière tranche fumante, 'Warsaw', emprunté à Joy Division.


Un peu plus de 40' de furie démentielle, idéale pour se nettoyer les canaux auditifs.

Fin du set, la sono diffuse ' Dazed & Confused' du Zep,  qui paraît bien fade après le carnage sonore auquel on a assisté.



 



vendredi 15 décembre 2023

Album : Malween – Il n’est jamais trop tard

 Album : MalweenIl n’est jamais trop tard

 xenaprod

michel 

Julien Buys, n'est pas originaire des Islas Malvinas, ou des Falkland Islands pour les compatriotes de Charles Philip Arthur George, les îles Malouines pour les héritiers du comte Louis-Antoine de Bougainville, sa terre natale se trouve du côté de Nantes.

Si Nantes, depuis la Révolution française,  est administrativement située dans la région Pays de la Loire, la ville, qui a vu naître Jules Verne, fait partie de la Bretagne historique et comme  le prénom Malween est d'origine bretonne, on peut supposer que Julien, à l'achternaam ( Buys) à consonance flamande ( quel imbroglio), n'a pas choisi son nom d'artiste par hasard.

Julien se décrit comme auteur - compositeur - interprète, il s'est investi dans le collectif  On the Road qui promeut les musiques indépendantes dans la région nantaise, il évolue aussi comme artiste de la voix ( voix-off, il faut le préciser) et fait partie de la formation astrale From Constellation.

Dans un passé plus lointain, on le signale comme guitariste chez Alfred Revanche.


En 2019 paraît ' Comme une étoile' ,  un premier album signé Malween, quatre ans plus tard un petit frère voit le jour: 'Il n'est jamais trop tard'.

  1. Le Dernier combat
  2. Avant
  3.  Le Panache
  4. Fourmi ou cigale
  5.  Je me souviendrai
  6. Molière j’expire
  7. Ouvrez les bars !
  8. Les P’tits bonheurs
  9. Dis-moi
  10. Tu ne viendras pas (acoustique)

 Sont annoncés :

 Julien Buys (chant, guitare)/  Sonia Kiang (chant, choeurs) active chez   Rouge Feu et  Kosima/  Jérémy Grollier ( guitares, choeurs), un pilier chez  Amy Lee & The Loco Project Band  ou  Archimède/ Emerson Paris ( basse)  membre de Amy Lee & The Loco Project Band et de  Parpaing Papier et Bren Costaire ( drums)   qui frappe pour Madelyn Ann.

Crédit photo: Le Miroir d'Images et Johann Derenne.

Julien de  face, l'air décidé et le regard clair!

Enfile tes gants de boxe, rouges vif ,  regagne ton coin sur le ring, attends le signal de l' arbitre pour entamer  'Le Dernier Combat'.

En mode country folk/rock évoquant Jean-Patrick Capdevielle, mais  en moins théâtral, ou Daran, le collectionneur de chaises, Julien nous sert un titre  dominé par une guitare acoustique, soutenue par  les effets de slide à la guitare électrique et une rythmique venue en droite ligne des plaines de l'ouest, qui jamais ne sont placées en vigilance orange pour phénomène de crues.

Tu retourneras à la poussière et tes rêves tu effaceras, n'écoute pas les aigles noirs, murmurant il n'est jamais trop tard, c'est fatal, tu termineras K O après ce dernier combat!

Entrée en matière secouante!

Non, l'accordéon n'est pas tenu par Amélie Poulain, mais par l'énergique et enthousiaste Nini Poulain, dont le jeu fougueux  illumine le Celtic  rock   ' Avant' .

Une plage  qui n'est pas sans rappeler le groupe de Lorient, Armens, ou Blankass et, pourquoi pas, le regretté Arno, qui n'a jamais dédaigné les sonorités, que d'aucuns considèrent comme ringardes,  du piano  à bretelles.  

'Avant' c'était mieux, indubitablement, le texte peut sembler nostalgique, un brin passéiste même, mais il s'agit de lire entre les lignes!

Tu veux du French rock efficace et lustré,  écoute ' Le panache' , ses guitares virevoltantes, les coups de baguettes secs et le chant aux accents Gaëtan Roussel.

Tu veux une fable, tu prêtes l'oreille à 'Fourmi ou Cigale' une ritournelle folk jouée à l'acoustique et  chantée à deux voix ( mixtes, comme du temps  de Maxime et Catherine Le Forestier).

Le côté autobiographique du propos est patent, dans la vie, il faut faire des choix on ne peut être cigale et fourmi  à la fois, ni  être en même temps Cosimo de Medici et  François Villon.

Malween n'est pas le premier à traiter des relations parent/enfant, ...tu seras grande, quand je serai absent... chante Julien avant de pousser un sifflement mélancolique, on peut tracer un parallèle entre son  ' Je me souviendrai'  et ' Father and Son' de Cat Stevens.

Les deux chansons, mélodieuses et sensibles, traitent du déchirement inévitable, l'enfant partira, se souviendra-t-il de ses parents?

Ton franglais ne va pas plaire à Malween, défenseur acharné du vocable français, il l'exprime dans le rock hargneux, ' Molière, j'expire'.

Les riffs giclent, Bren tabasse tout ce qui se trouve à portée de ses baguettes, Julien s'époumone à la manière de son pote Martin Hallier de chez Parpaing Papier, son discours parvient à tes oreilles et pour ne pas le vexer, tu décides de ne plus jamais fréquenter un bed & breakfast, t'iras loger dans une chambre d'hôte.

Amorce à la guitare acoustique pour ' Ouvrez les bars' , un titre imaginé après un, trop, long confinement  et le  manque de relations sociales qui allait de pair, ça cavale sévère.  Comme galoper à bride abattue donne soif, nous  crions avec Miossec, il y a bien longtemps,  "A boire",  il y a des litres de whisky dans la  jarre.

 Accordez vos guitares, chantez à l'unisson, sortez les violons,  mais pas les sanglots longs, même si Shane MacGowan a rendu l'âme!

Vous avez un problème avec l'alcool, a questionné un membre de la secte?

Non, tout va bien, merci, on boit un coup? 

Un air d'accordéon, une acoustique circonspecte, comme Sylvie Vartan (....Il ressemble à presque rien, il est sur tous les chemins,  il s'éloigne mais revient. Si tu entends trop ton coeur, écoute bien, n'aie pas peur, c'est peut-être le bonheur....) Malween, lui aussi,  chante "Les P’tits bonheurs",  en mode valse,  plus proche de Mouloudji que du  discours  de l' ex-égérie de l' idole des jeunes.

Le bonheur est dans les choses simples, Epicure déjà le proclamait, l'ataraxie   vise  à la tranquillité de l'âme, la privation de toute douleur, physique et psychique, là réside le vrai bonheur.

Et puis histoire de te refroidir, il y a Schopenhauer qui affirme que le bonheur n'existe pas!

Les philosophes sont des mécréants, que cela ne t'empêche pas de savourer le titre poétique du brave Julien!

La ballade 'Dis-moi', entamée  en voix off, repose sur un piano d'un romantisme frisant la fluidité que l'on retrouve dans la ballade n° 1 en sol mineur, op. 23  de  Frédéric Chopin.

Le chant s'éclaircit lors du second mouvement et l'orchestration adopte un caractère majestueux, cordes et choeurs exaltent l'écriture intimiste  et introspective, Malween se pose des questions!

Aussi fort que les titres symphoniques de Christophe ou de Michel Polnareff. 

'Tu ne viendras pas', une chanson déjà présente sur l'album 'Comme une étoile', a été remaniée en facture acoustique, le titre fait la part belle aux harmonies vocales (  Julien et la lumineuse Sonia Kiang)  et clôture en beauté un album inspiré,  impressionniste et précieux.

 

 ...Pendant que je dormais, pendant que je rêvais , les aiguilles ont tourné, il est trop tard,  mon enfance est si loin, il est déjà demain...

 

Pas de panique,  Georges, fie-toi à Malween, il n'est jamais trop tard, il est encore temps!




 


 

 











































 


mardi 12 décembre 2023

Blue Tone Stompers au Chaland Qui Passe, Binic, le 10 décembre 2023

Blue Tone Stompers au Chaland Qui Passe, Binic, le 10 décembre 2023

 

michel

Arnaud passe du four, Le Barbe, samedi, au moulin, le Chaland qui Passe, dimanche.

Bidouillage sonore pour whoman à Plouha, re-belote pour  Blue Tone Stompers à Binic.

Quoi?

Blue Tone, une guitare de chez Höfner?

Peut-être, et stompers, des gens qui pratiquent le swing, mais pas la savate, ni l'uppercut.  

Les Blue Tone Stompers sont originaires du Doubs, d'une ville qui a vu naître Victor Hugo,  ils ne sont pas misérables, ils ont économisé pour s'offrir des instruments de musique et pratiquer un ska/rocksteady , franc, au goût de comté,   sans  piano du pauvre , l'outil traditionnel des bardes,  qui n'ont pas voulu travailler à la chaîne chez Peugeot.

Ils sont quatre: Corentin Lallouet : saxophone, choeurs/  Victor Prost : batterie/  Claudio Ibarra / contrebasse, choeurs et  Rudy Delage : chant, guitare.

Leur bio, inexistante, mentionne un premier 45 t en mai 2021, suivi par l'album ἐπώνυμος en 2023.

Le temps d'écluser un ou deux godets et la formation prend place, alors que le bistrot est généreusement peuplé,  en cette fin d'après-midi. 

'Come down' de Lord Tanamo ( un gars étant  passé par les Skatalites), qui sent bon les productions du label Trojan Records, ouvre les débats.

Premières impressions, ça balance pas mal,  le timbre du shouter  présente de curieuses similitudes avec la voix grasse de Louis Armstrong ou avec  les effets opératiques,  produits par l'organe vocal de Screamin' Jay Hawkins.

Un roulement de batterie jamaïcain amorce ' King of kings' de Jimmy Cliff, le sax, d'abord en saccades, place une digression languide, la contrebasse électrique, la guitare et les drums servant de background aux rugissements du lion pas encore mort, ce soir. 

Marie-Jeanne et Bernadette, sa copine, chaloupent comme les Hollywood Bananas de Lou, tu ne quittes pas le tabouret déniché près du bar,  c'est  ta bière qui sautille sur le comptoir. 

Le midtempo gluant, 'Come back Jeannie' de Laurel Aitken nous renvoie vers les pionniers du ska, bizarrement,  le morceau adopte la même rythmique que 'Just a Gigolo' de Louis Prima.

Une nouvelle vieillerie, dépoussiérée, ' (Went to) The Hop' de Derrick Morgan, groove généreusement et réjouit le bon peuple.

Si la guitare se contente du rôle de comparse, tout comme la basse, la batterie solidifie  le tout et  le sax, fluide, vagabonde librement, alors que le chant, en growls édulcorés,  dégage une chaleur moite, toute caribéenne.  

C'est sympa, te souffle une voisine, connaissez-vous le nom du groupe?

The Ethiopians, madame.

Suis pas certain qu'elle ait avalé ce poisson! 

Dans le catalogue Blue Beat, une des stars se nommait Prince Buster, le Doubs propose son ' Fake King' , une plage qui remue gentiment, entre ska, reggae et calypso.

Le rythme nonchalant de 'Jacky' est tout à coup brisé par une éclaboussure aux drums, avant de mourir en jazz décontracté.

Pour suivre 'Jacky', présent sur leur LP, on retrouve un classique, au répertoire des Upsetters, le mento ' Ten Penny Nail' , selon Rudy, une recette, basses calories,  de tête de veau .

Si tu tiens à l'essayer.... Any time you goine to cook an ole cow-head, Get hammer, tie yo head wid coolie red, for it mek a poor man nearly lose 'im life, lef 'im house an' picanin nearly lose 'im life.... la suite dans Marmiton de novembre 1956.

Tu dis, Marie- Agnès?

Le morceau sonne comme 'Scandale dans la famille' de Sacha Distel. Sans doute, il s'agit d'une adaptation du calypso 'Shame and Scandal in the Family'  de Lord Melody.

'Dracula' n'est pas un comte/vampire vivant en Transylvanie, c'est un morceau de Desmond Dekker, un brave gars qui n'était pas assoiffé de sang.

Il n'y a pas que Diana Ross à chanter ' Upside down' , pas mal d'artistes  jamaïcains ont intitulé un de leurs titres 'Upside down', notamment Michael Prophet, Tony Tuff ou  Joe Higgs , seulement on n'a pas mis le doigt sur l'original, repris par les gens de Besançon.

L'instrumental 'One like that' se retrouve sur leur album . 

Du rocksteady pur jus permettant la mise en évidence du baryton, bien râpeux.

Rudy: ' Black dressed man' a été composé en hommage à un ami disparu, les hommes noirs étaient dans le cortège funèbre.

La complainte démarre en guitare/voix, style Tom Waits,  avant  l'insertion d'un sax Stan Getz et l'arrivée du reste du cortège, un excellent morceau, tout en émotion, qui clôture le premier set.


"On boit un coup et on revient."

Comme ils n'ont pas indiqué à quelle heure et qu'ils avaient l'air d'avoir très soif, après dix minutes, tu te dis qu'il fallait rejoindre madame, si tu voulais être autorisé à consommer un Bourbon tassé.


D'après le patron du bar: les Blue Tone Stompers  étaient fatigués... on n'a fini qu'à 4h., ce matin!