vendredi 15 décembre 2023

Album : Malween – Il n’est jamais trop tard

 Album : MalweenIl n’est jamais trop tard

 xenaprod

michel 

Julien Buys, n'est pas originaire des Islas Malvinas, ou des Falkland Islands pour les compatriotes de Charles Philip Arthur George, les îles Malouines pour les héritiers du comte Louis-Antoine de Bougainville, sa terre natale se trouve du côté de Nantes.

Si Nantes, depuis la Révolution française,  est administrativement située dans la région Pays de la Loire, la ville, qui a vu naître Jules Verne, fait partie de la Bretagne historique et comme  le prénom Malween est d'origine bretonne, on peut supposer que Julien, à l'achternaam ( Buys) à consonance flamande ( quel imbroglio), n'a pas choisi son nom d'artiste par hasard.

Julien se décrit comme auteur - compositeur - interprète, il s'est investi dans le collectif  On the Road qui promeut les musiques indépendantes dans la région nantaise, il évolue aussi comme artiste de la voix ( voix-off, il faut le préciser) et fait partie de la formation astrale From Constellation.

Dans un passé plus lointain, on le signale comme guitariste chez Alfred Revanche.


En 2019 paraît ' Comme une étoile' ,  un premier album signé Malween, quatre ans plus tard un petit frère voit le jour: 'Il n'est jamais trop tard'.

  1. Le Dernier combat
  2. Avant
  3.  Le Panache
  4. Fourmi ou cigale
  5.  Je me souviendrai
  6. Molière j’expire
  7. Ouvrez les bars !
  8. Les P’tits bonheurs
  9. Dis-moi
  10. Tu ne viendras pas (acoustique)

 Sont annoncés :

 Julien Buys (chant, guitare)/  Sonia Kiang (chant, choeurs) active chez   Rouge Feu et  Kosima/  Jérémy Grollier ( guitares, choeurs), un pilier chez  Amy Lee & The Loco Project Band  ou  Archimède/ Emerson Paris ( basse)  membre de Amy Lee & The Loco Project Band et de  Parpaing Papier et Bren Costaire ( drums)   qui frappe pour Madelyn Ann.

Crédit photo: Le Miroir d'Images et Johann Derenne.

Julien de  face, l'air décidé et le regard clair!

Enfile tes gants de boxe, rouges vif ,  regagne ton coin sur le ring, attends le signal de l' arbitre pour entamer  'Le Dernier Combat'.

En mode country folk/rock évoquant Jean-Patrick Capdevielle, mais  en moins théâtral, ou Daran, le collectionneur de chaises, Julien nous sert un titre  dominé par une guitare acoustique, soutenue par  les effets de slide à la guitare électrique et une rythmique venue en droite ligne des plaines de l'ouest, qui jamais ne sont placées en vigilance orange pour phénomène de crues.

Tu retourneras à la poussière et tes rêves tu effaceras, n'écoute pas les aigles noirs, murmurant il n'est jamais trop tard, c'est fatal, tu termineras K O après ce dernier combat!

Entrée en matière secouante!

Non, l'accordéon n'est pas tenu par Amélie Poulain, mais par l'énergique et enthousiaste Nini Poulain, dont le jeu fougueux  illumine le Celtic  rock   ' Avant' .

Une plage  qui n'est pas sans rappeler le groupe de Lorient, Armens, ou Blankass et, pourquoi pas, le regretté Arno, qui n'a jamais dédaigné les sonorités, que d'aucuns considèrent comme ringardes,  du piano  à bretelles.  

'Avant' c'était mieux, indubitablement, le texte peut sembler nostalgique, un brin passéiste même, mais il s'agit de lire entre les lignes!

Tu veux du French rock efficace et lustré,  écoute ' Le panache' , ses guitares virevoltantes, les coups de baguettes secs et le chant aux accents Gaëtan Roussel.

Tu veux une fable, tu prêtes l'oreille à 'Fourmi ou Cigale' une ritournelle folk jouée à l'acoustique et  chantée à deux voix ( mixtes, comme du temps  de Maxime et Catherine Le Forestier).

Le côté autobiographique du propos est patent, dans la vie, il faut faire des choix on ne peut être cigale et fourmi  à la fois, ni  être en même temps Cosimo de Medici et  François Villon.

Malween n'est pas le premier à traiter des relations parent/enfant, ...tu seras grande, quand je serai absent... chante Julien avant de pousser un sifflement mélancolique, on peut tracer un parallèle entre son  ' Je me souviendrai'  et ' Father and Son' de Cat Stevens.

Les deux chansons, mélodieuses et sensibles, traitent du déchirement inévitable, l'enfant partira, se souviendra-t-il de ses parents?

Ton franglais ne va pas plaire à Malween, défenseur acharné du vocable français, il l'exprime dans le rock hargneux, ' Molière, j'expire'.

Les riffs giclent, Bren tabasse tout ce qui se trouve à portée de ses baguettes, Julien s'époumone à la manière de son pote Martin Hallier de chez Parpaing Papier, son discours parvient à tes oreilles et pour ne pas le vexer, tu décides de ne plus jamais fréquenter un bed & breakfast, t'iras loger dans une chambre d'hôte.

Amorce à la guitare acoustique pour ' Ouvrez les bars' , un titre imaginé après un, trop, long confinement  et le  manque de relations sociales qui allait de pair, ça cavale sévère.  Comme galoper à bride abattue donne soif, nous  crions avec Miossec, il y a bien longtemps,  "A boire",  il y a des litres de whisky dans la  jarre.

 Accordez vos guitares, chantez à l'unisson, sortez les violons,  mais pas les sanglots longs, même si Shane MacGowan a rendu l'âme!

Vous avez un problème avec l'alcool, a questionné un membre de la secte?

Non, tout va bien, merci, on boit un coup? 

Un air d'accordéon, une acoustique circonspecte, comme Sylvie Vartan (....Il ressemble à presque rien, il est sur tous les chemins,  il s'éloigne mais revient. Si tu entends trop ton coeur, écoute bien, n'aie pas peur, c'est peut-être le bonheur....) Malween, lui aussi,  chante "Les P’tits bonheurs",  en mode valse,  plus proche de Mouloudji que du  discours  de l' ex-égérie de l' idole des jeunes.

Le bonheur est dans les choses simples, Epicure déjà le proclamait, l'ataraxie   vise  à la tranquillité de l'âme, la privation de toute douleur, physique et psychique, là réside le vrai bonheur.

Et puis histoire de te refroidir, il y a Schopenhauer qui affirme que le bonheur n'existe pas!

Les philosophes sont des mécréants, que cela ne t'empêche pas de savourer le titre poétique du brave Julien!

La ballade 'Dis-moi', entamée  en voix off, repose sur un piano d'un romantisme frisant la fluidité que l'on retrouve dans la ballade n° 1 en sol mineur, op. 23  de  Frédéric Chopin.

Le chant s'éclaircit lors du second mouvement et l'orchestration adopte un caractère majestueux, cordes et choeurs exaltent l'écriture intimiste  et introspective, Malween se pose des questions!

Aussi fort que les titres symphoniques de Christophe ou de Michel Polnareff. 

'Tu ne viendras pas', une chanson déjà présente sur l'album 'Comme une étoile', a été remaniée en facture acoustique, le titre fait la part belle aux harmonies vocales (  Julien et la lumineuse Sonia Kiang)  et clôture en beauté un album inspiré,  impressionniste et précieux.

 

 ...Pendant que je dormais, pendant que je rêvais , les aiguilles ont tourné, il est trop tard,  mon enfance est si loin, il est déjà demain...

 

Pas de panique,  Georges, fie-toi à Malween, il n'est jamais trop tard, il est encore temps!