jeudi 18 mai 2023

Album - Kill The Princess - Bitter Smile

 Album -  Kill The Princess Bitter Smile 

michel

independent label


Souris, dit le photographe..

No,  not a bitter smile, a real smile, princess!

I'm gonna Kill the Princess, elle a dit!

On ajoute, que Kill The Princess est aussi le titre d'un roman de  Stephanie Vermeulen!

C'est en 2019, du côté de Paris, que  Kill the Princess voit le  jour, sous l'instigation d' Ornella Roccia, auteure-compositrice et chanteuse-guitariste, déjà active sous l'identité  Nell  ( un album, un EP) et avant chez Former Life et Black Pearl,  et de  la  batteuse Mathilde  Duchez  ( active chez Neopolis).

Répertoire: des reprises rock 100% féminin.

En 2021, les massacreuses de princesses  recrutent: Emilie Poncheele, prof de  guitare,  à la gratte chez  Psycho, un Muse Tribute et la  bassiste Céline Vannier ( Rivière et Till I'm dead),  rejoignent le duo.

Enflammer les salles en proposant des reprises survitaminées, c'est chouette, mais le  groupe ambitionne de jouer ses propres compositions, un nouvel élément est embauché.

Eva Heinrich, non pas de  Dresden ( en allemand) mais de Caen ( en  normand) remplace Mathilde à la  batterie  pour  les titres originaux, Mathilde est revenue ( merci, Jacques) pour les reprises.


Mai 2023, un premier album surgit: '  Bitter Smile'.

tracks:

 Inanimate toy

Running after time

Dreamer knight

To the grave

Lies

Nightmare

Snakes

Changemakers (Interlude)

Playing dolls


The weak man

Band members:  Ornella Roccia, Emilie Poncheele, Céline Vannier, Eva Heinrich

Artwork  signé  Cerise la Castagne, une illustratrice ayant de l'imagination!

La  figure de la demoiselle dessinée sur fond noir est coupée en deux au niveau du nez, le quartet en pleine action se voit juste au dessus des narines.

Original et efficace! 

Le premier titre, 'Inanimate toy' vient d'être mis en image , le joujou est  peut-être amorphe, mais pas  le fond sonore, c'est du rock, papa, ça cogne, ça arrache, les vocaux sont incisifs, le solo de guitare convainc, la partie narrée annonçant le dernier round fait son petit effet.

Et qui gît, KO sur  le tapis? 

Toi!

Un mec cite Guano Apes comme élément de comparaison, c'est pas con,  le chant d'Ornella rappelle effectivement les intonations  de Sandra Nasić. 

Le premier single ' Running after the time'   avait été envoyé en éclaireur, il y a un mois.

Quand tu  boulottes, que t'as une famille, des passions, des aspirations...t'as tendance à courir derrière le temps et c'est donc sur un tempo effréné  que les filles balancent ce power rock à l'énergie débordante.

Du riff de guitare tranchant, au jeu de batterie brusque, en passant par  la basse qui s'emporte et le chant hargneux, tout  fusionne à merveille.  

Toujours plus vite, toujours plus loin, toujours  plus haut... foncez, les filles!

Comme tu as bien  lu le titre ' Dreamer Knight'  s'annonce plus pépère, après un arpège souple et quelques frappes discrètes, Ornella entame un  chant lisse pour  ne pas effaroucher  le chevalier.

La  guitare monte d'un cran, Eva châtaigne plus sec, mais les filles ont décidé de rester relativement indulgentes, ce coup-ci, si on oublie le solo incisif qui annonce la dernière séquence de la plage.

La suivante annonce également la couleur, il n'est plus question de rêves  sur ' To the grave', un rock acerbe, pendant lequel Nell s'essaye aux growls.

C'est la batterie lourde d'Eva qui sert de fil conducteur, guitares et basse ( qui introduit massivement)  expectorent des sécrétions pas cordiales, après tout, c'est normal pour un combo citant Incubus comme source d'inspiration.

A Perfect Circle ou Seether ne sont pas loin, non plus.

On quitte le cimetière, pour écouter leurs ' Lies' , un alternative rock musclé, chanté d'une voix rocailleuse par Ornella , normal son patronyme sonne Roccia  et pas Muti.

Faudrait analyser pourquoi elle fait des 'Nightmare'('s),  des troubles psychiques causés par un choc émotionnel durant la tendre enfance?

En tout cas, elle souffre le martyre et vomit son désarroi d'un timbre, tantôt hargneux, tantôt apeuré, tandis qu'à l'arrière les copines bastonnent sévère.

Une question, d'où vient la voix aux intonations mâles scandant les symptômes ressentis pendant le cauchemar, est-ce toi, Ornella, qu'as tu avalé, c'était impressionnant!

' Snakes', tu t'attendais à une séance de reptation, mais non,  après l'intro sinueuse,  les filles reprennent le bâton nu-metal. 

Le morceau est bourré de riffs ravageurs,  le  jeu de batterie tout en puissance  permet à la chanteuse de cracher son venin, sans remords, ni regrets!

Un des titres les plus tempétueux du recueil! 

Place à l'interlude instrumental ' Changemakers ' que je recommande à mon ami Pascal, s'il lui vient l'idée de modifier le générique de son podcast!

Le groupe est 100% féministe, ' Playing Dolls' en atteste.

Un morceau moins poppy que l'immense tube de Cliff Richard, ' Living Doll',  si tu tiens à t'amuser avec les playing dolls  on doit te prévenir qu'elles n'ont  aucun lien de parenté avec Barbie.

Après ce titre coup de poing vient  le non moins virulent  'The weak man'  qui met un terme à cet album débordant d'énergie.

On est persuadé que le véritable théâtre d'action de Kill The Princess est la scène, sur  un podium toute l'intensité  de ces dix titres  doit  galvaniser les foules, foules,  qui en sortant de la salle de concert ,n'afficheront pas un bitter smile mais un radiant smile!

 

 



 


 



lundi 15 mai 2023

Breezy Rodio à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 14 mai 2023

Breezy Rodio à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 14 mai 2023

 

michel

La Grande Ourse, Saint-Agathon, pour introduire le concert, l'organisation tient  à préciser que  le show de  Gaëlle Buswel a dû être résilié car la production de l'artiste d'Alfortville a annulé la partie bretonne de la tournée, elle devait monter sur scène à Brest et à Saint-Agathon.

Heureusement Melrose a trouvé un digne remplaçant en la personne de Breezy Rodio, actuellement en tournée en Europe ( Suisse, Allemagne, Belgique, France).

Si Fabrizio Rodio (  with i) est basé à Chicago, ses origines sont romaines, il quitte la ville éternelle au début du 21è siècle pour aller respirer l'air de l'Illinois et goûter au blues, après avoir subi le bel canto et la canzonetta pendant toute sa jeunesse.

Il devient Breezy Rodio, rejoint le groupe de Linsey Alexander, avec lequel il signe quatre albums, puis il décide de voler de ses propres ailes , monte son propre band et enregistre sous son nom.

A ce jour, sa discographie se chiffre à six albums, le dernier en date, “Underground Blues” a vu le jour l'an l'an dernier.

Celui qui en 2018 a été nominé pour le titre de  "Rising  Blues Star of The Year" et ne quitte jamais sa guitare, même lorsqu'il prend un bain, est accompagné par une redoutable équipe de mercenaires bleu/ blanc/rouge pour son European tour: Benoit Ribière à l'orgue , Antoine Escalier à la basse (  vu avec Guy King, Kat Riggins, John Németh, Jimmy Burns ou  JJ Thames)  et Pascal Delmas à la batterie ( ce dernier requin, tu l'as croisé, e a, aux côtés de Shaun Booker ou de  Steve Guyger) .

Quand Breezy aura regagné son pays d'adoption, le trio de légionnaires accompagnera Mike Wheeler. On ne sait pas à quel âge ils comptent prendre  leur retraite.

Soul et éléments latino teintent le premier blues de l'avant- soirée, ' That damned cocaine', un extrait du dernier album.

La guitare, jouée doigts nus, pas de plectrum, virevolte,  la voix est chaude, les Frenchies assurent sans avoir consommé la dope, La Grande Ourse a compris que la soirée sera bonne.

En route pour Chicago, qu'il dit, vite deux ou trois slips, une brosse à dents  et un roman policier ( mon épouse a donné tous mes Playboys à la Croix Rouge) , dans le sac de voyage, on le suit.

A l'adresse d' Antoine... ' Biloxi' mec.

Ce qui signifie un autre morceau que celui mentionné sur la playlist, '  From Downtown Chicago to Biloxi Bay' remue allègrement, orgue et guitare rivalisent d'adresse, Saint - Agathon  est mis à contribution pour fredonner le refrain, après lequel Fabrizio nous place un solo juteux, tout en implorant sa petite amie de ne pas le laisser tomber, il n'a pas dit the bed's too big without you, il l'a pensé!

Aux accords introductifs on pressent un slow blues, effectivement ' Green & unsatisfied', écrit pour sa  girl friend  , mais la relation  foire. Aux States comme en France, les histoires d'amour finissent mal en général.

Comme les meilleurs morceaux de blues sont des plages désespérées, pas besoin de te dire que 'Green & unsatisfied' , vocaux sombres, mais solo de Telecaster  lumineux., fait partie de ces chants désespérés mais  beaux ( merci, alfred).

'If it ain't broke don't fix it', pas besoin du repair café,...du groove,  un brin de soul, du feeling, du doigté et de l'énergie.

Saint -Agathon bat des mains, Breezy pousse sur le champignon, la bête s'ébroue.

' I'm a Shufflin' Fool' est joué en mode T-Bone Walker , staccatos  et  soli judicieux, non,  faut pas  prendre pour le prendre  un  crétin et quand il dit à Benoît, petit ramène-nous dans les sixties, t'as compris qu'il  adore BB,   Freddie  et Albert King et aussi Otis Rush ou Muddy Waters.

Il enchaîne sur le titletrack de son album de 2018, ' Sometimes  the Blues got me', et quand le blues le tient, la guitare pleure et ça fait du bien, si tu y ajoutes un orgue purulent, tu pleures aussi!

'Playing my game too' is a different kind of blues, prévient-il, it's jazzier.

Riffs piquants, orgue caramel et rythmique impeccable, Saint-Agathon apprécie la polyvalence  du maestro.

Une cover au menu, le formidable ' Woman across the river' de Freddie King.

Hey, drummer, can you make the crowd like you?

Et Pascal nous gratifie d'un solo made in France, sans huile de palme ou autres ingrédients suspects en provenance de Chine.

Rumba time, kids! 

Sur le dernier album, il y a l'instrumental ' Hello Friendo', il a opté pour un titre chanté,  une nouveauté, pour revenir ensuite au 12 bar shuffle,  Chicago  style, avec 'Doctor from the Hood'.

Moment sympathique pendant 'The Power of the Blues' , il a remarqué une petite gamine dans les gradins, lui fait signe de s'approcher, lui tend sa guitare pour qu'elle puisse gratter les cordes, c'est ça le pouvoir du blues, convertir les plus jeunes, qui à leur tour écouteront John Lee Hooker, Robert Cray,, Stevie Ray, Rory Gallagher, Robert Johnson, Howlin Wolf, Elmore James,  Big Bill Bronzy et tous les autres...

Breezy se permet une autre fantaisie pendant ce dernier morceau, il  nous offre un bridge jazzy, scat en onomatopées, avant de saluer le public après un set de 75' ayant tenu toutes ses promesses.


Ils reviennent pour interpréter ' Down, don't bother me'  d'Albert King, du blues qui swingue, en rappel.

Je vous attends au .... le micro rend l'âme, il poursuit en utilisant celui d'Antoine...au merch pour signer les albums.

 

Jeudi, Jontavious Willis se produira à La Grande Ourse! 




 


dimanche 14 mai 2023

Finir, à n’en plus finir… par La Compagnie Hors Mots, place du Martray, Paimpol, le 13 mai 2023

 Finir, à n’en plus finir… par La Compagnie Hors Mots, place du Martray, Paimpol, le 13 mai 2023

michel 

Paimpol:  La Sirène, L'image qui parle et l'abbaye de Beauport collaborent pour créer le festival BAM ( Le grand Bazar Artistique et Musical), dont c'est la troisième édition en 2023

Pendant trois jours, diverses manifestations se déroulent sur les différents sites ou en ville.

En ce frileux samedi, c'est sur la Place du Martray,à 16h,  que  la Cie Hors Mots ( Rennes)  propose  le spectacle dansé , organisé par l'image qui parle association ( décidément très active), « Finir à n’en plus finir ... ».

Malgré des températures ne justifiant pas le concept réchauffement climatique, un nombreux public a répondu présent et pas une âme n'a regretté le déplacement,  car le show a tenu le public en haleine pendant un marathon de 50 minutes.

Un marathon, pour lequel les participantes avaient déjà un long parcours dans les mollets, on ne parlera pas de troisième âge, mais bien de dames dans la maturité,  qui du point de vue sportif peuvent apprendre pas mal de choses à certaines gamines dont le seul  effort physique est d'appuyer sur un smartphone pour regarder les reels sur Tik Tok. 

Nadine Brulat, qui dirige la troupe a dessiné à la chaux un grand cercle sur les pavés, un responsable de l'image qui parle se transforme en régisseur son, les athlètes disséminées sur la place attendent le coup d'envoi.

La pièce est basée sur le roman ' They shoot horses, don't they' de Horace McCoy et le remarquable long-métrage de Sydney Pollack ( argh, Jane Fonda), dépeignant un épisode déprimant de La Grande Dépression, pendant lequel des couples, démunis, participent à un marathon de danse dantesque, espérant empocher une coquette somme pouvant les sortir, momentanément, de la misère.

Certains y ont laissé leur peau, mais comme du temps des Jeux du Cirque dans la Rome antique, le bon peuple, qui, dans certains pays,  aime aussi la corrida, est friand de ces spectacles où les drames sont légions.

Douze danseuses en piste, le fascicule distribué par Patricia Le Calvez mentionnait une distribution à quatorze têtes.

 Roselyne André  –  – Chantal Blanchard –  Pascale Camps – Jeanne-Françoise Chrétien – Sylvie Collard  – Laurence Dedieu – Régine Diverrès-  Cécile Drouet – Nicole Dupuis-Bélair – Marie-Christine Laurent-  Eddie Lavenaire – Caroline  Leprêtre – Régine Lépinay  – Isabelle Schwarz.

Ne nous demande pas  lesquelles manquaient à l'appel, ni si  les identités mentionnées sont exactes, mais ce qu'on peut dire, c'est qu'elles furent toutes performantes.


Avant toute épreuve sportive l'échauffement est recommandé, les filles s'adonnent donc à une séance d' aérobic  pour permettre au coeur et aux muscles de répondre à l'exercice de longue haleine.

C'est parti sur une bande-son soumettant un titre des Négresses Vertes. Fringuées années 30, elles tournent, prennent  la pose, se toisent,  se poussent, exécutent des pas de danse à rendre jaloux Rudolf  Noureev, font de grands mouvements avec les bras, frappent le sol à la manière d'une danseuse de flamenco.

Un chapeau roule à terre, un coup de pied précis l'envoie dans le public.

Coup de sifflet, un premier sprint, il s'achève sur un air d'opéra.

Les concurrentes se changent , une voix off lit un texte ... il y a le silence habillé de noir... les filles ont choisi des tenues nettement plus colorées pour reprendre leur steeple-chase sur un rythme tzigane  de Kottarashky .

Bousculades, frénésie, gymnastique en souplesse, avant une nouvelle course folle, et un nouveau passage dans les loges inexistantes pour enfiler une autre tenue, alors qu'une voix récite ' Sur la Grand'Route' de Gaston Couté..

La house de Craig Armstrong les renvoie dans l'arène, certaines s'essoufflent et pourtant il faut galoper  pour éliminer les plus faibles.

Pause, elles enfilent  des blouses rouges et un pantalon noir, la voix féminine lit du  Ferré, 'Madame la Misère' , Astor Piazzola a sorti son bandonéon, les participantes s'essayent au tango et tu le sais,  tango et drame sont indissociables!

Deux ou trois danseuses trébuchent, le jury reste de marbre!

Yvon Le Men , ' A quoi sert un artiste' introduit une  séquence tribale  qui  voit les rescapées repartir au combat, une première victime s'affale sur les pavés, puis une autre. Sans un regard  pour les bêtes épuisées, ce qui reste du peloton poursuit sa chevauchée infernale.

D'autres vacillent, il en reste sept à   se vêtir pour l'épilogue sur,  une  symphonie de Henryk Górecki.

Exténuées, six d'entre elles s'écroulent, il n'en restera qu'une,  qui elle aussi viendra mordre la poussière .

Le public, subjugué,  n'a pas attendu l' équarrisseur mais  a applaudi à tout rompre une performance physique phénoménale.

 


vendredi 12 mai 2023

Joe Bonamassa, Rockhal, Esch - sur - Alzette, le 7 mai 2023

 Joe Bonamassa, Rockhal, Esch - sur - Alzette, le 7 mai 2023

 Mitch ZoSo Duterck

 

Joe Bonamassa - Rockhal, Esch-sur-Alzette (LUX) - 2023.05.07
Set list:
01.Evil Mama
02.Dust Bowl
03.Love Ain't a Love Song
04.Self-Inflicted Wounds
05.Just 'Cos You Can Don't Mean You Should
06.I Want to Shout About It (Coco Montoya cover)
07.Double Trouble (Otis Rush)
09.Django / Pain and Sorrow
10.A Conversation With Alice
11.The Heart That Never Waits
12.Lonely Boy
13.Just Got Paid / Dazed And Confused (ZZ Top & Led Zeppelin covers)
14.Mountain Time
Joe Bonamassa Line up:
Guitare : Joe Bonamassa & chant
Guitare : Josh Smith
Claviers : Reese Wynans
Batterie : Lemar Carter
Basse : Calvin Turner
Vocaux : Danielle (Dani) De Andrea / Jade Mac Rae
 
Fantastique soirée hier le 7 mai, veille du 46ème anniversaire de celui qui s'est imposé au cours des années comme un guitariste incontournable, un des fleurons de sa génération.
Qu'on aime ou pas le personnage qui peut parfois afficher une attitude une peu hautaine, il faut lui reconnaître la seule chose qui nous a attirés à la Rockhal d'Esch-sur-Alzette située Avenue du Rock qui plus est : son jeu de guitare d'une qualité époustouflante. Joe Bonamassa est capable de tout jouer et avec tout le monde et, oui, ça fait certainement des médisants et des jaloux.
Mais peu importe, abstraction faite de tout ce qu'on peut en dire, ce mec est pratiquement né avec en mains la guitare que son père lui a offerte alors qu'il n'était encore qu'un gamin. Après quelques mois de pratique c'est le fils qui montrait au père comment il devait s'y prendre pour jouer.
Pour ma part, je l'ai découvert en 1991 lorsqu'il faisait partie du groupe Bloodline sous le pseudonyme de "smokin" Joe Bonamassa, le band qu'on appelait plus communément le groupe des "fils de" puisqu'on y retrouvait aussi Waylon Krieger, le fils de Robby Krieger, guitariste de Doors, Berry Oakley Jr. le fils de Berry Oakley, bassiste des Allman Brothers Band , sans oublie Erin Davis, le fils du fantasque Miles Davis, trompettiste de jazz mondialement connu. le groupe ne survivra pas à la tournée qui accompagne la sortie de leur album éponyme et chacun s'en ira de son côté.
Dès 1995. Joe va poursuivre une carrière qui va le mener vers les sommets de la gloire. A partir de 2010, ll rejoindra Glenn Hughes ex bassiste et chanteur de Deep Purple et de Trapeze ainsi que le batteur Jason Bonham, oui, le fils de John, le batteur de Led Zeppelin, sans oublier le claviériste Derek Sherinian, ex-Dream Theatre. Ensemble ils forment Country Communion, un supergroupe qui se produit au gré des disponibilités de chacun des membres qui le composent. Il rencontre ensuite la fabuleuse chanteuse Beth Hart avec qui il va enregistrer quelques albums en collaboration. A l'heure actuelle, la discographie de Joe comporte 15 albums studio, 18 live, 3 albums de collaboration et 30 singles! Excusez du peu. Et donc, compte tenu de tout ce qui précède, de "Evil Mama" à "Mountain Time" le concert d'hier a été à la hauteur de nos espérances et même au-delà encore. Un artiste généreux qui nous a emmenés pendant plus de deux heures dans son monde où les arbres en forme de guitare ont pour nom Les Paul, L-335, Flying V, Stratocaster et Telecaster. Leur Parfum?... le Blues! Merci et à bientôt Joe.
Comme quoi je peux être sage parfois..
Mitch "ZoSo" Duterck.
P.S. Un grand merci à Marc ('Bro) Hermant pour son précieux travail de "digger")

jeudi 11 mai 2023

Tamar Aphek • Meule à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc , le 10 mai 2023

Tamar Aphek Meule à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc , le 10 mai 2023

 

michel

Ils arrivent: St Mamert (11 mai), St Pancrace (12 mai) et St Servais (13 mai), on annonce un net fléchissement des températures... elle est bien bonne, en ce 10 mai, vers 20:30' ,  madame soleil, dans ta voiture,  notait 10° C., heureusement à Bonjour Minuit, le mercure montait au dessus de 20°C.

Deux formations au programme, Tamar Aphek et  Meule, deux univers dissemblables.

Du kraut, math rock, électro, avant-garde, psychédélisme, noise pour le groupe de Tours, du rock indie/arty pour les Israéliens.  

En avalant ta fraîche  Lancelot, pas déposée sur une table ronde, mais sur une enceinte, tu jettes un oeil au matériel déjà installé sur scène,  la double batterie attire les regards, tout comme le matériau électronique imposant, installé à gauche pour nous, un synthé modulaire de 0,36 m2 à l'avant, un plus petit à l'arrière, des fils colorés partout, des petits boutons, des manettes et d'autres bidules étranges, , un truc à ne pas mettre dans les mains du Dr Mabuse ou dans celles d'un autre illustre médecin , le Dr Caligari, car ils pourraient en faire un mauvais usage.

21:00, un  alchimiste, pas forcément fou, se présente et tripote la machine pour en tirer des sons pink floydiens, époque 'Echoes', le savant, aussi guitariste, se nomme Valentin Pedler ( vu chez Thé Vanille) avec ses copains batteurs,  Léo Kappes, issu du milieu jazz et Dorris Biayenda ( Lehmanns Brothers)  qui le rejoignent plus tard , ils ont formé Meule, il y a quelques années.

Oui, meule peut évoquer le foin, mais c'est  aussi un outil permettant de moudre, polir ou broyer ( ce dernier verbe convient parfaitement au cocktail proposé par le trio).

D'accord, Meule n'est pas le premier groupe proposant deux batteurs, Genesis, Thee Oh Sees, Tortoise, Do May Say Think, Tedeschi Trucks Band, Morphine, Frank Zappa..., ils sont nombreux à avoir fait appel à un double drumming, mais ici, le côté percussif, à la fois très technique et éminemment addictif, constitue l'élément crucial de la prestation scénique, non pas que Valentin fait de la figuration, loin de là, c'est lui qui apporte  les éléments créatifs nécessaires au son Meule.

A leur actif deux EP's , le dernier ' Beau Red' sent encore la peinture.

Pas de setlist, beaucoup d'obscurité, des grooves lancinants, des structures complexes, des envolées cosmiques, de la symétrie ou de la dissonance, bref pas une macédoine à donner aux bébés souffrant de problèmes digestifs.

Soit tu accroches à 100% , soit tu lâches pied et tu vas te commander un verre.

Après l'intro aux machines, Dorris et Léo frappent méthodiquement toms, caisses claires et cymbales, le pied s'occupant de la grosse, caisse, la guitare de Valentin crisse, le synthé modulaire envoie des sonorités tournoyantes,  tandis que Léo entame un chant. ' Diois' présente  certaines affinités avec l'univers de Kraftwerk, d'autres citent King Gizzard and the Lizard Wizard.

' Getway', qui suit, présente les mêmes caractéristiques et te conduit irrémédiablement à l'état de transe, les oreilles encaissent, le corps exulte.

Trois coups de baguettes, un cri poussif, la suivante est engagée,  toujours aussi fulgurante.

Le voyage se poursuit avec un morceau math /funk, on va de surprises en surprises. Du coup, face au podium, un duo d'allumés engage un techno twist osé, puis on passe  aux travaux de plomberie, rehaussés de bruitages Pierre Henry.

Ce maelström  nous entraîne au plus profond la mer, t'as vu des poissons abyssaux danser comme des chats siamois  complètement stoned.

We're  sorry, comme Brenda Lee,  on ne t'a plus fourni de titres, pour te faire une idée,   t'as qu'à écouter leurs EP's.

Allez, on te fait plaisir, on te dira qu'on a reconnu 'No Couchette' part 1 and 2 et que ' Flush' ,  au chant désespéré,  a beaucoup plu aux joueurs de poker.

Leur trip sans concessions se termine par une plage instrumentale  furibarde, sur  drumming métronomique et aux astuces synthétiques désarçonnantes.

L' originalité et  la créativité sont des qualités, avec le savoir-faire en prime, on peut dire que Meule affûte les sens et aiguise l'esprit. 


22 30 Tamar Aphek

Après être passé en Europe en février, le groupe de la chanteuse/guitariste de Tel-Aviv se retape la France en mai 2023.

Son parcours français prévoit quelques  dates bretonnes,  dont Saint-Brieuc, où elle vient présenter l'album 'All bets are off' ( sorti en 2021), et quelques singles, dont ' Stories' paru en 2023.

La jeune dame au look Lio ( jeune),  est accompagnée par le dépeigné Or Dromi  ( basse, parfois synthé) , le moins chevelu  David Gorensteyn (drums) et par  Ariel Harrosh (Korg et synthé, ou basse quand Or pique sa place).

Les garçons amorcent ' Crossbow', il faut attendre 130 secondes avant de voir arriver Tamar, la Rickenbacker d'Or avait déjà son petit effet et très vite le public a pu constater que David  aux drums, est du genre vainqueur de Goliath,  et quand la guitare de la lead lady se met à grincer, tu souris sans réfléchir.

Les vocaux ténébreux de l'Israélienne donne un caractère Anna Calvi à  cette première plage éruptive.

Le midtempo 'Too much information'  chanté d'un timbre velouté, pourrait être placé dans la catégorie dream pop  si on fait abstraction du jeu vigoureux de David à l'arrière.

Par contre ' Russian winter' est là pour te secouer, la guitare rugit, la basse part en fuzz, l'orgue qui  brode à la Ray Manzarek  et le jeu chaotique du batteur forment un contrepoint noisy aux vocaux clairs de la lady.

Assez dépitée du manque de ferveur du public, Tamar le  prie de se approcher de la scène, ce qui entraîne peu de réactions. ' Benefits' , un titre dansant et ' Corridor', un autre nouveau morceau,  au départ loupé par le bassiste, en première instance, cognent sec, elle vient caresser l' ampli  de sa guitare pour créer un effet larsen avant de sortir du tunnel.

Or Dromi ( membre du combo I was a bastard, on ne sait s'il a changé depuis)  tient à partager l'avis qu'il a du Français moyen, pour ne blesser personne on ne le divulguera pas,  Tamar , peu concernée, a déjà amorcé 'Send them over' pendant lequel sa guitare  vient à nouveau déchirer la délicate mélodie.

Le groupe va nous secouer davantage avec le tendu ' Bring it up'  au jeu de guitare destroy, soutenu par une batterie impétueuse.

Pour son dernier single ' Stories', elle pique la basse d'Or en lui signifiant d'aller s'amuser au synthé.

Ce slow s'éloigne de la frénésie des  titres précédents en  présentant un caractère poppy.

Décidément Or Dromi à la bougeotte, il passe derrière le Korg et oblige Oriel à tapoter le petit clavier, ' Dream inside a dream' date de 2016, il a été gravé sur l'EP 'One week and a day'.

Le caractère psychédélique du morceau et les vocaux éthérés fascinent  une partie d'un public , définitivement très sage ce soir.

' Big commotion'  n'est pas aussi agité que le ' Commotion' de CCR  mais tient la route , il précède un retour à l'album de 2021 avec  'Nothing can surprise me' , un rondo psychédélique mixant éléments jazzy ( la batterie) et guitare Robby Krieger ( remember ' Break on through').

Un des highlights du set.

Le set prend fin avec l'obsédant  et explosif  ' Star Quality'  , un morceau  brutal que Tamar jouait déjà au sein de Carusella, un groupe guitare/batterie ayant sévi il y a une quinzaine d'années.

Tamar a eu bien raison de conserver ce ' Star Quality', qui arrache un max.


Saint-Brieuc if you clap, we'll come back, but I need a shot of whisky.

On a frappé des mains, le whisky est arrivé, sans glaçons, ils ont proposé le métallique  ' Show me your pretty side'  qui lui aussi présentait des effluves Anna Calvi.

T'es descendu aux lavatories, tu t'es posté face au miroir, t'as tourné la tête à droite, puis à gauche, t'as été incapable de dire qu'elle était ton  meilleur côté! 






 

 



 


mardi 9 mai 2023

Public Display of Affection au Chaland Qui Passe, Binic, le 8 mai 2023

Public Display of Affection au Chaland Qui Passe, Binic, le 8 mai 2023

michel

 Que disent les gestes affectueux d'un couple en public?

Demande au psy, car  nous  faisons partie des  25 % d'individus à être  gênés par les signes d'affection en public, deux séniles qui s'embrassent, ça t' angoisse.

Maintenant, si la séduisante Madeline Rose pose un chaste baiser sur ta joue en pleine rue, tu n'iras pas crier au scandale.

Madeleine Rose, Lewis Lloyd, Anton Remy et  Jesper Munk, aus Berlin,  ont choisi PDOA ( Public Display of Affection) comme nom de groupe, ils ignorent probablement  que la chanteuse de RnB, Muni Long, a opté pour  cette formule pour intituler   son dernier méfait .

Après Lille, Douarnenez, le post punk combo, originaire de la capitale mondiale de la culture alternative, fait escale au Chaland Qui Passe, un bistro qui pendant trois jours a vibré aux sonorités rock et qui, à chaque fois, a fait le plein.

Par quel tour de magie Charlotte et Arnaud réussissent-ils à programmer des groupes, capables de remplir de grandes salles, dans leur zinc qui peut accueillir 30 clients, si leur indice de masse corporelle ne dépasse pas 18, en cas d'individus considérés comme obèses, le chiffre se réduit à 5 consommateurs, tu te poses encore la question.

Donc, on a eu  très chaud   dans le troquet,  la prestation incendiaire   de PDOA  n'étant pas étrangère à la dangereuse ascension du mercure.

Pensez à vous abreuver disait le généraliste, c'était sans compter que pour atteindre le bar, il fallait jouer à l'anguille.

PDOA existe depuis peu d'années, né  de l'imagination de Jesper Munk, un guitariste ( fameux)/ chanteur en provenance de Munich et de sa compagne, Madeline Rose,   danseuse (dance theatre collective Das Gegenteil),  chanteuse, allumeuse ( dixit Christophe,) mais aucun lien avec  Den Lille Pige med Svovlstikkerne de Hans Christian Andersen,  elle  vient de Sydney.

Ils ont été rejoints par Lewis Lloyd, un vidéaste en provenance du pays de Galles, bassiste chez Plattenbau et, donc, aussi chez PDOA, le quatrième larron se nomme  Anton Remy, le wahr Berliner, batteur de son état ( Bakery, Che Lingo,  Ozwol Me...).

Discographie:  un EP ' P.D.O.A.' sorti  fin  2021 et  l'album ' I still care'  qui a suivi en septembre 2022.

20:30', Berlin en piste, bonswar Binic, lance la mignonne Madeline, qui paraît aussi frêle que Twiggy , on constatera pendant le gig qu'elle a de l'énergie à revendre et que son corps est aussi souple que celui de Jane, la copine de Tarzan, qui se déplace en liane, c'est moins polluant qu' une Dyane.

Démarrage en régime lent avec ' Pink City' , la guitare mélodieuse est soutenue par une rythmique insidieuse, tandis que la jolie blonde, coiffée d'un béret rouge, susurre son texte, en mode jazz/soul doucereux, aux intonations asiatiques..

Expressive, elle accompagne son chant d'une gestuelle  de ballerine de Degas, déjà la gent masculine se met à rêver.

Le tempo reste asthmatique avec la suivante, ' Cradle' , Jesper assure les secondes voix, Madeline louvoie en prenant des inflexions enfantines, Anton ajoute quelques gimmicks intrigants, la basse de Lewis ronronne, pourtant insensiblement le ton monte, la chanteuse s'agite, la guitare grince, le bébé, dans son berceau, pleurniche. 

Il y a du P J Harvey, du Liz Phair ou du Bat For Lashes, dans l'approche de ce  groupe cosmopolite .

' Typhoon honeymoon',  pour faire honneur au titre, démarre par un roulement de batterie furieux, la basse gronde, le chant se veut véhément, voilà un premier morceau justifiant l'étiquette post punk.

Madeline, aguicheuse, vient allumer un voisin en l'effleurant, de ses fesses, à un endroit sensible, c'est sûr, pas question de s'ennuyer ce soir.

Le morceau prend des intonations  punk, nous renvoyant vers The  Slits ou X Ray Specs.

 Cette lune de miel n'a rien de romantique, la guitare de Jesper  part en stridences, pires que l'affreux bruit que fait la fraise de ton dentiste.

Déjà tu penses au divorce, t'as pas eu le temps de consulter un avocat, que Lewis d'une attaque de basse J J Burnel attaque ' Spring', parlons en  du printemps breton, averses  et  températures automnales, la petite danseuse secoue des shakers, puis débite son texte d'une voix théâtrale.

Elle a probablement aperçu une souris ou une mygale et grimpe sur le comptoir, André a réussi à sauver sa Coreff et Coralie son Muscadet.

En redescendant du perchoir, catwoman s'amuse à provoquer l'un ou l'autre mâle ébahi, tandis que le trio masculin balance son mix rugueux.

Mêmes caractéristiques scéniques pour ' Lockdown', la guitare cingle, la basse ronfle, Madeline crache son propos, avant une éphémère séquence romantique, pour reprendre son sévère sermon et terminer le morceau.

Pour rendre hommage à Charles Baudelaire, ils enchaînent sur 'Artificial Paradise', Arnaud ne servant pas d'absinthe, ils se sont contentés d'une bière.

Jesper, assis sur l'ampli, la joue relax, Madeline  chantonne, la basse, comme depuis le début du set , gronde. Même sans avoir abusé de LSD, la montée vers les paradis artificiels a été exécutée en douce, on se méfie toutefois du contrecoup, la descente aux enfers risque d'être vertigineuse, surtout si l'ange blond t'y entraîne, comme les sirènes qui ont failli causer la perte du brave Ulsysse.

'Notice' is about  Berlin’s Worsening Housing Crisis, indique la chanteuse, le rendu, haineux, enragé et exaspéré renvoie vers Gang of Four, Wire, les Au-Pairs et autres combos ayant secoué la planète musicale dans les eighties.

Lester entame la partie chantée de ' Struggle Street', un gospel punk qui évoque Bauhaus, Madeline, en poussant des râles à la Nina Hagen, vient l'aider à terminer  ce bref et mordant  laïus. 

Ils enchaînent sur un nouveau chant désespéré et épineux  ' Rose' avant de proposer 'Goodbye Watchmen' , une valse berlinoise chantée par le guitariste.

Charlotte invite Madeline à tournoyer sur place, un des garçons du Chaland se faufile près de Lester, sort un harmonica d'une poche de son futal, pour ajouter quelques lignes bluesy à cette plage plus proche de Nick Cave que de Franz Lehár.

La  ballade  lynchéenne annonce le dernier titre, salement noisy,  du set, 'Fishing Hook' .

La fille exubérante vient narguer tous ceux qui se trouvent à moins d'un mètre d'elle en glapissant telle une furie, souviens-toi d' Annabella Lwin de Bow Wow Wow ou de Siouxsie,  dans les dernières années des seventies.

 

Dinguerie totale dans le bar,  pour éviter l'émeute, un bis s'impose.

Ce sera ' I still care'.

Tu dis, Jacques?

Qui se soucie de nous?

Madeline, tiens, parmi ses inquiétudes il y a le futur, mais pour y remédier, pas de promesses électorales, des faits, elle vient caresser la barbe d'un brave gars accoudé au bar, puis reprend sa diatribe sur fond métallique glaçant, en gueulant turn me loose.

James Brown s'est retourné dans sa tombe,  nous on a pensé à  James White et à son fameux ' Contort Yourself', mais la fête se termine.


Ce qui n'est pas au goût de quelques chalands arrivés tardivement, merde, on a, à peine, entendu trois morceaux, c'est tout, une petite pour la route?

OK, la dernière plage de l'album se nomme 'Exit', on vous la joue.

It's a song about homophobia,... qu'elle démarre en spoken-word tout en s'adressant à quelques clients en privé, t'aurais préféré qu'elle s'abstienne, car t'es pas certain que fuck face soit un compliment, elle ramasse un mégaphone qui traînait au sol, s'égosille à crever un poumon, à l'arrière les copains  confectionne un post punk industriel flippant, puis Madeline, tel un pantin désarticulé, entame une danse barbare finale , bientôt imitée par une partie de la clientèle.


Fin d'un concert monstrueux!

 





lundi 8 mai 2023

Album - La Travers​é​e - Lux Montes

 Album - La Travers​é​e -  Lux Montes

michel  

Verdad Records / Asso Elles en ont!


Lux Montes, alias Lucile Beauvais, auteure-compositrice-interprète, qui t'avait laissé une excellente impression lors d'une 1/2 finale  de l' événement  du F dans le texte en 2020, malgré son look juvénile, ne peut être considérée comme une novice dans l'univers musical.

Depuis 2009,  elle s'ébat sur scène, d'abord comme membre  de la formation folk/rock June Lullaby, puis au sein du projet Enfantloup, Lux Montes voit le jour en 2013,  elle enregistre deux EP's et un full album ( La Verdad), sans tenir compte d'une bande son pour  l'installation performative "Porte-clefs" de la Compagnie Théâtre du Cyprès. Après un passage au sein de Baby Fire, le groupe post punk sulfureux, créé par  Dominique Van Cappellen-Waldock, elle revient à son bébé, Lux Montes, et grave ' La Traversée', sorti il y a quelques semaines.

Lucile, c'est à la fois la lumière andalouse et la montagne, les Cordillères Bétiques, c'est le  feu, la passion, la féminité et un imaginaire surréaliste ( OK, Dali était Catalan , mais Pablo Picasso est bien Andalou).

 

 

Tracklist

 1. Tu Alma  / 2. Le temps des galaxies / 3. Vision  / 4. En Vie / 5. Angora (cover Alain Bashung) / 6. La Traversée  / 7. Poumons bleus / 8. La forêt endormie  / 9. Crossing the water (poème Sylvia Plath) / 10. Où sont les femmes (cover Patrick Juvet)

 

Crédits

Lucile Beauvais (Lux Montes) : paroles (répertoire SACEM/SABAM), musique et arrangements, piano, guitare, voix, ambiances.
Renata Kambarova : Flûte, lecture du poème d’Anna Akhmatova / Cécile Gonay : Violon, Alto / Astrid Wauters : Violoncelle / Illia Vasiachkin : Saxophone baryton, lecture du poème d’Anna Akhmatova / Dominique Van Cappellen : lecture du poème de Sylvia Plath / Julien Varnier : Batterie
Enregistrement et mixage : Jean-François Hustin dans les studios de la Province de Liège.

Extrait du poème d’Anna Akhmatova, Les yeux ouverts Extrait D’un cahier brûlé (1946) sur le morceau La forêt endormie.
Poème de de Sylvia Plath, extrait du recueil Crossing the Water : Transitional Poems (1971)

 

T'as noté la présence de Dominique et de Cécile, ses complices chez Baby Fire!

L' artwork, signé Stéphanie Cornil, basé sur une photo réalisée par Lyla Bangels, montre une Lux stylisée, façon art naïf , très inspirée par l'affiche Frida Con Amigos, représentant Frida Kahlo, fleurie et partiellement dénudée, tenant élégamment une tasse de thé  de la main gauche, une cigarette à moitié consumée placée entre l'index et le médius de la main droite.

Lucile a pris une pose différente, la main droite dissimule  le sein droit pour ne pas choquer Tartuffe, le sein gauche est masqué par une rose tandis que le bras gauche se dresse haut dans les airs.

Derrière  la chevelure de jais de l'amazone , d'autres fleurs et des fruits apparaissent, cette image édénique est du meilleur effet.

'Tu Alma' une plage chantée en espagnol ( argh, les castagnettes) et en français,  ouvre le recueil et, comme le titre le suggère, ce morceau, aux effluves trip hop,  s'adresse à l'âme, les cordes maniées par Cécile Gonay ( le violon) et Astrid Wauters ( le violoncelle) dessinent un arrière-plan subtil  qui tapisse  un écrin derrière la voix aérienne de Lucile, qui se charge du piano ( beau comme un Nocturne de Chopin)   et de la guitare.

La chanteuse n'hésite pas à  utiliser la mise en boucle des parties vocales  pour nous envoûter davantage.

En fermant les yeux, tu as aperçu cette image fugace d'une  femme fascinante,  portant une mantille noire, tu as cru un instant qu'il s'agissait de Penelope Cruz, quand le perro du voisin, par rancune,  s'est mis à aboyer  car tu avais oublié de le flatter.  

Un brin de poésie laiteuse pour suivre, ' Le temps des galaxies' , une ballade à l'esthétisme solaire, construite sur une instrumentation minimaliste, est gratifiée d'un texte qui aurait plu à Christophe et, sans doute aussi, à Michel Polnareff.

On s'échappe du halo galactique, avec peine, comme Ulysse on a failli s'attacher à la carlingue du vaisseau spatial pour ne pas succomber à la sirène et à son chant pernicieux,  mais c'est pour avoir une autre 'Vision'  floue, sans doute,  mais dotée d'images empruntées à la Divine Comédie de Dante Alighieri.

Le décor sonore, discret, est fait de silences, de  pauvres notes de piano, de percussion fantomatiques, de gimmicks électro et de chuchotements étouffés... de quoi hérisser quelques poils sur l'épiderme.

' En vie' , sous forme de nocturne au piano , mariant classicisme et arrangements baroques,  est rehaussé par la flûte printanière  de Renata Kambarova, par des cordes et un sax  pudiques,  tandis que la voix vacille comme la flamme mourante d'une chandelle en bout de course.

Elle sort de la cuisine, tend l'oreille et énonce... c'est beau, c'est qui?

T'as failli répondre Volbeat, puis t'as dit, une amie!

Déjà lors du concis concert à La Maison des Musiques, Lucile t'avait ému avec sa version  épurée et soyeuse  d' ' Angora' d'Alain Bashung,  elle interprète le morceau  d'une voix frêle,  à mille lieues du timbre fatigué du Parisien,  le charme opère toujours. 

Un romantisme à fleur de peau illumine le morceau donnant son titre à l'album, ' La Traversée'  qui,  avec pudeur, dessine les émois amoureux et évoque  le pouvoir d'un amour qui  viendra à bout  des épreuves  et des craintes.

Texte et musique, d'un onirisme à la Verlaine, la rapprochent d'une autre artiste  à l'univers romanesque, elle réside également en Belgique,  Sïan Able!

T'as eu peur, tu détestais les séances de dissection animales au cours de biologie, ' Poumons bleus'  a éveillé en toi des souvenirs pénibles. Quand la chanteuse, sur fond de piano renvoyant vers Eric Satie, énumère différents organes, le coeur, les poumons, les vaisseaux, les muscles, le foie,... puis mentionne un chat et un chien... l'effroi s'est amplifié, mais non, oublie André Vésale,  le questionnement existentiel n'a  rien de gore et la mélodie prend de l'ampleur lorsqu'un choeur de carabins amateurs intervient avant le terme de ce titre  à classer à côté de certaines compositions de Camille.


Lux Montes n'est pas la seule à honorer la poétesse russe Anna Akhmatova, Fischbach a mis un de ses poèmes en musique. Sur ' La forêt endormie ', Illia Vasiachkin  lit le poème ' Les yeux ouverts' pour introduire la plage, sur balancement répétitif à la Erik Satie, Lux Montes relaie le saxophoniste et d'un phrasé narratif psalmodie son texte, une seconde lecture, cette fois-ci par  Renata Kambarova , précède une séance de vocalises, suivie par un mouvement symphonique aux arrangements Sibelius.

Cette forêt peut paraître endormie,  mais elle regorge de vie.

Après les profondeurs de l'âme  russe, on traverse les océans pour écouter un texte de Sylvia Plath, décrivant la noirceur de l'esprit  humain, ' Crossing the Water', c'est  Dominique Van Cappellen, qui d'un timbre spectral, récite la poésie d'une des plus grandes poétesses du vingtième siècle.

Quand tu  souffres d'un excès de narcissisme, tu relis ' Mirror' ,

 ....Now I am a lake. A woman bends over me,
Searching my reaches for what she really is.
Then she turns to those liars, the candles or the moon.
I see her back, and reflect it faithfully.
She rewards me with tears and an agitation of hands.... 

avant de le briser ( le miroir).

Le piano ténébreux  et les discrets effets theremin conviennent  à merveille à cette pièce gothique.

Le recueil s'achève avec une seconde reprise, étonnante mais  pertinente, ' Où sont les femmes ' de Patrick Juvet, en mode suffragette city,  une réussite, assurément!


Et quand Lux termine la rengaine par la ligne ' je suis une femme' , tu sais qu'elle a raison  car the future is female, et ce n'est pas un clin d'oeil à Sandrine!


T'aimes pas donner des étoiles, tu réserves ça à Michelin, mais franchement Lux Montes c'est la classe!