samedi 8 avril 2023

Les Vilars @ Le Barbe, Plouha, le 7 avril 2023

Les Vilars @ Le Barbe, Plouha, le 7 avril 2023

 

michel 

Pâques, oeufs, cloches, chocolat, Bugs Bunny ou Le Barbe?

Sans hésiter, Le Barbe qui programme Les Vilars.

Non, aucun rapport avec Hervé Capri c'est fini, Les Vilars sont des insurgés, pas forcément insoumis , ni tout verts,  de Rennes.

On nous les a présentés comme un quartet:   Vital Pelon, le  Jack Nicholson breton, le chef ( guitare, chant et textes charnières) / Louis Cozic ( basse et synthé) / Arnaud Lacarte ( batterie),  et c'est là que le bât blesse, car primo, on ne l'a pas vu et secundo, on pense que le joueur de belote manie la guitare/ Maxime Kermagoret ( guitare, dit l'annonce), on a vu un barbu derrière les éléments de batterie, il se chargeait aussi du programming.

Tu vérifies tout ça à l'aise en buvant une Coreff.

Et, sinon?

On a déniché deux enregistrements: 'Le bel avenir' ( Dédicaces) en 2016 et 'Programme de prévention des regrets' en 2022, le dernier disque justifie la présente tournée.

Du monde à Plouha?

Moins que pour le concert de Lisa LeBlanc, mais une assistance honnête et attentive.

Vital n'est pas fan des chansons classiques, refrain, couplet, refrain, habit conforme..... il se sent plus à l'aise en spoken-word , en débit narratif, en proposant des textes pas trop nunuche, mixant engagement social et poésie philosophique, le constat se vérifiera pendant tout le concert.

'Page blanche' ( pour Maria) ouvre le bal, en mixant spoken-word, éléments électroniques et mélodie attachante, Les Vilars nous proposent de réfléchir à ce qu'on décide pour nous, car on ( qui,? ....ben,  réfléchis un peu)  porte atteinte à nos libertés, d'agir, de penser, de vivre.

Un programme électoral qui doit plaire à François Ruffin.

Même ordre d'idées, voici 'Béton', un extrait de ' Programme de prévention des regrets' .

Forcément 'Les Regrets' , ça te renvoie vers Souchon. Le béton, c'est déprimant, Nino Ferrer avait vu juste ' La maison près de la fontaine' c'est fini, à la place, il y a du bitume, des HLM's et ça sent l'hydrogène sulfuré.

Kintsugi, c'est du japonais, c'est   une technique de réparation des porcelaines, c'est une fausse chanson d'amour, c'est bien foutu, avec de gros ron ron et des riffs moins fragiles que la faïence.

Faut lire entre les lignes, chez les Vilars. 

Avec ' Progrès' on a droit à un nouveau slam contestataire , vaguement reggae et bigrement funky.

Le progrès: un mythe dépassé.... progrès et regret, au départ de la course, les paris sont ouverts !

Et si le bonheur avait disparu, qu'en dis-tu, Cali?

Disparu comme le temps des cerises, aujourd'hui, c'est la crise, l'orage va-t-il passer, pourrons nous revenir aux temps des cerises.

Jolie rengaine que cette 'Cerise', qui prête à la réflexion, toutefois.

CDI, ça te dit?

Euh, contrat de travail à durée indéterminée!

Pas pour Vital, contrat à durée interminable est plus plausible, c'est de ça que parle ' Démission ' ( pour Claire) , un morceau pop, digne de  Philippe Katerine, qui ne va pas faire plaisir à Bruno Le Maire.

Tiens, ma lettre de démission, tu te la colles  entre tes deux parties charnues.

Le SMIC, y en a marre, c'est l'heure de la révolte!

Patrick Juvet, déjà,  clamait ' Faut pas rêver'.

 Dans ' Rêve'  Les Vilars adaptent quelque peu le message à la conjoncture actuelle,   nos rêves sont révolus qu'il dit, tandis que le synthé gronde et que la batterie imprime un tempo méthodique.

Tout en respectant le côté radiofriendly, chaque morceau tourne autour des trois minutes, ces gens ont des choses à dire, oh, sans s'énerver, mais avec lucidité et circonspection.

Du grand art!

C'est quoi le féminin de ravisseur?

C'est ravissante, ou comment détourner la langue française, les jongleurs nous balancent ' Amies'  très proche de l'univers Serge Gainsbourg.

Ils embrayent sur un emprunt, relativement logique, 'Les anarchistes' de Léo Ferré!

Toujours une fameuse claque, ce texte brûlant! 

Après avoir, pour rire, fredonné du Charles Trenet, et évoqué les voyages d' Ulysse, non, c'est Alice, au pays des merveilles,  tout en ajoutant que désormais le héros de Homère est devenu casanier,  ils proposent ' Côté Jardin'  sur module tournoyant.

Ecoute bien, ils vont t'expliquer,  la droite, la gauche, la place du mort, la place du conducteur, l'opportuniste de Jacques Dutronc et d'autres sujets complexes.

Voilà, braves gens, c'est déjà la dernière, ' Nulle part' , dédié aux amoureux de la lune, à Leah et à Jules Laforgue.

C'est à MC Solaar que tu penses en entendant l'introduction, mais n'approfondis pas trop le texte, sauf si tu es un admirateur inconditionnel de Schopenhauer.

Un set de 45', intéressant du début à la fin, une fin que réfutent les clients du Barbe, ils exigent un bis.

'Sous',  pour la copine de Nougaro, Marie Christine!

Oui, mais pas d'ivresse au menu, plutôt la dissection d'un complexe d'infériorité, il y a toujours des gens au-dessus, pourquoi sommes-nous toujours du côté des subalternes?

 

On peut se balader le poing levé tout en gardant le sourire, en principe, tu ne devrais pas te faire matraquer!

 

 

  



 

 


 


vendredi 7 avril 2023

Album - Intersection - An Eagle in your Mind

 Album -  IntersectionAn Eagle in your Mind

 

michel

Greenpiste Records

Un jour, en 2021, on était à la seconde étape du déconfinement, NoPo ( cf article) se rend au Cap à Plérin, qui a la bonne idée de programmer un groupe après de longs mois de disette:  An Eagle in your Mind!

Deux ans plus tard, un CD  échoue à côté de tes factures et autre courrier indésirable dans une boîte destinée à recevoir des épîtres et diverses inepties: 'Intersection' de An Eagle in your Mind!

Si 'An eagle in your mind' est le titre d'une plage de Boards of Canada, on ira plutôt  voir du côté des Amérindiens! 

Comme le disait  White Eagle Hopi " The eagle spirit reminds you that freedom begins in the mind.",  déjà tu te voyais dans les plaines arides de l'Arizona, à un détail près, le tipi de Raoul Canivet ( alias Raoul Eden, merci Vanessa) et Sophia Achhibat ( alias Sophia Djebel Rose, je chante des chansons en français en m’accompagnant d’une guitare et parfois d’un harmonium indien)  est installé du côté du Puy-en-Velay.

'Intersection' est leur troisième full CD, il suit l'EP des débuts, 'Sunday' ( 2016), et les albums 'Outside' ( 2017) et 'Miraculous Weapons' ( 2018).

NoPo avançait les tags folk, blues, gospel, psychedelia, world music, mais aussi éléments électroniques, bref un mix audacieux, quasi inclassable, éventuellement on peut les comparer à Alan Lomax, l'ethnomusicologue, spécialiste en field recordings.

Avant de passer à l'écoute du recueil, on mentionne que chaque membre du collectif  s'absorbe dans d'autres projets, Sophia a pondu un EP et un full album sous son nom d'artiste et Raoul  prépare activement un EP ( veine Leo Kottke) , quelques titres s'écoutent et se voient sur YouTube.

Tracklist :
01- Desert Land
02- Storm
03- Intersection
04- On your Shoulders
05- Riverside
06- Let me ride
07-  Silver Plate

 Sophia Achhibat : Chant / harmonium/orgue
Raoul Canivet : Guitare / dobro/ percussions / Basse/  synthés/ beats

Graphic design ( ésotérique) : Jonathan Gowthorpe!

Sa fiche dit: Le travail de Jonathan Gowthorpe explore les productions possibles par le dessin, dans une logique sérielle et graphique où un élément déclenche une déclinaison; d’un motif nait le dessin, qui devient volume puis édition et multiples. À partir d’un répertoire de motifs et trames, d’un catalogue de formes privilégiées et de toutes les techniques permettant de modifier, marquer, imprimer la matière papier, Jonathan Gowthorpe réalise ce qu’il a pour habitude de nommer des familles d’oeuvres.

'Desert Land' , pour quelle raison excentrique cette première plage lancinante évoque-t-elle le travail solo de Brian Jones, no idea?, mais tu t'es mis à réécouter " The Pipes Of Pan At Joujouka".

La voix mystérieuse et torturée  de Sophia, débitant un lament ténébreux,  les choeurs acides et sacrés, samplés on ne sait d'où, l'harmonium désuet, les percussions et beats répétitifs et les guitares sonnant desert blues poussiéreux, à la manière de Tinariwen, tout nous plonge dans un univers à la fois étrange, mystique,  et  singulièrement attirant. 

Tout aussi tribal et lo-fi blues , le duo propose  ' Storm' , un titre à reprocher des travaux de Patti Smith et du Soundwalk Collective.

Tu plonges dans un univers sonore déroutant, propice à la méditation, à la remise en question, au recueillement, aux errances....

Patti Smith vénère Rimbaud, An Eagle in Your Mind  ne doit pas maudire le globe-trotter de Charleville. 

'Intersection' est dominé par les sonorités hiératiques de l'harmonium indien et les accords  itératifs  à la  guitare. La voix de la pythie de Haute-Loire marmonne sa litanie avant de prendre de l'ampleur et de s'élever vers des sphères où les portes ont été définitivement bannies pour laisser les créatures survivantes libres de musarder où bon leur semble.

Pas de chamboulement extrême du  canevas sonore  sur 'On your shoulders', l'harmonium, les riffs de guitare répétitifs, les percussions tribales sont toujours présentes, la voix, au début hypnotique,  joue à saute-mouton , ce qui retient l'attention toutefois ce sont les backing vocals majestueux qui, en toile de fond,  habillent la mélopée.

Nous voilà revenus aux temps bénis du psychedelic folk avec comme point de repère le Tyrannosaurus Rex de Marc Bolan/ Steve Peregrin Took, très influencés par Ravi Shankar.

T'es perdue?

Oui, je cherche la route qui doit m'emmener près de de la rivière, celle qui conduit au paradis, avant d'y avoir accès il me faut un bain purifiant.

Mystique tu as dit, du blues mystique, ça existe, ' Riverside ' en est la preuve.

Les boots, le vieux T-shirt , les jeans élimés, les chaussettes trouées, iront traîné sur l'herbe folle, c'est nus que nous nous baignerons dans l'oued, comme à Woodstock, jadis.

Une concession à la musique moins exigeante, ' Let me ride' pourrait même passer sur Radio Bonheur, si ces gens ne s'obstinaient pas à  nous abreuver de chansons françaises et d'accordéon musette.

T'es sûr de ce que tu avances?

A toi de voir, ' Let me Ride' montre un petit côté pop sympathique  même si le propos ne prête guère aux cris d'allégresse. 

Comme tous nos amis ont passé l'arme à gauche avant d'avoir pu construire le nouveau monde, on se sent un peu perdus , il nous reste le loisir de chanter à la lune!

D'accord je vais m'enfiler ' Utopia' de Todd Rundgren!

Une dernière note, assez pessimiste,  sous forme d'un lament sacré,   voce/harmonium, ' Silver Plate' met un terme à la lecture d'un disque, assurément singulier mais également indispensable!

 

 


 



Jazz ô Château 2023 : le briefing!

 Jazz ô Château: le briefing!

La presse avait rendez-vous au Kasino de Saint-Portrieux pour la classique  présentation de l'événement jazz en Goëlo, Jazz ô Château à Tréveneuc/ Saint-Quay-Portrieux.

La huitième édition se tiendra du 25 au 30 avril, les objectifs n'ont pas changé, l'équipe dirigeante les rappelle: diversité des styles, diversité géographique, diversité des disciplines avec mise en exergue des talents locaux et des  stars de demain, tout ça pour un prix démocratique, (surtout pour la jeunesse)  ou pour pas un rond pour certains concerts.

Le festival est toujours soutenu par les mairies de Tréveneuc  et de Saint-Quay, par le Département, par la SACEM, sans oublier les propriétaires de l'élégant  Château de Pommorio,  qui mettent leur jardin et chapiteau à la disposition de l'association "Quand le jazz est là"

Une fois n'est pas coutume, le festival débute par une séance cinématographique, le mardi 25 au Cinéma Arletty où sera projeté le chef-d'oeuvre de Bertrand Tavernier "Round Midnight'  en version peau neuve, après avoir été absent des écrans pendant une trop longue période.

Les concerts gratuits débutent le mercredi 26 avec une prestation de la Quincaillerie au Kasino de Saint-Quay ( attention, il est fortement conseillé de réserver!) 

Le 27, Billie and the Moon se produiront au Centre de Congrès.

Le lendemain, place aux événements payants, au Château de Pommorio.

18h au jardin ( 5€): les  Monday Night Groovers et à 21h, en salle ( 25€, 15€ tarif jeune): le Delvon Lamarr Organ trio, venu en droite ligne de Seattle!

 

Le 29: dans le parc du Château à partir de 14h:  scène ouverte aux écoles de musique avec le conservatoire Terre Mer de Lamballe et la chorale de l'école de musique de Saint - Quay - Portrieux. Diverses  animations pour le jeune public, et une exposition d'objets d'art ( avec des matériaux chinés et très souvent recyclés)   signés Thierry Huchet.

18 h au jardin ( 5€) -  le Nicolas Marilleau Quintet, suivi par deux concerts en salle ( 25€, 15€ tarif jeune): Adam Ben Ezra et Léon Phal Quintet

 

Le dimanche 30 au bourg à Tréveneuc: la fanfare Sea Sax & Drums ( c'est free of charge).

 

Après un bref laïus des édiles communaux, très concis pour l'adjointe à la mairie de Tréveneuc, plus consistant pour le Maire de Saint-Quay, on passe à la photo-souvenir et aux choses sérieuses: les canapés et le punch.

 

Rendez-vous le 25 avril, folks!

lundi 3 avril 2023

EP - Dead Chic - « The Venus ballroom »

 EP - Dead Chic - « The Venus ballroom »

 

Upton Park

 

michel

Janvier 2023, Le Barbe, Plouha, c'est là que tu fais la connaissance de Dead Chic, lors d'un concert qui est entré dans les annales du tout jeune café-concert plouhatin.

 Andy Balcon ( Heymoonshaker)  & Damien Félix ( Catfish, Bigger) , après s'être croisés régulièrement sur la route lors de concerts avec leurs groupes respectifs, décident de bosser ensemble et de monter un nouveau combo, Dead Chic, le duo s'entoure de deux pointures, le batteur Rémi Ferbus ( Kimberose) et le claviériste Mathis Bouveret-Akengin ( Catfish), d'emblée leurs prestations scéniques frappent les esprits, dans la foulée ils enregistrent un EP live ' Bastion Session, c'était au printemps 2022 ( Chronique NoPo).

Mais tout ça, tu le savais déjà.....Mars 2023, un premier EP studio voit le jour, ' The Venus Ballroom'.

Cet endroit existe, il se trouve à Singapour,  with a total area of 5724 square feet, the Venus Ballroom consists of three separate rooms that when combined, transform into a formidable event setting able to accommodate up to 800 people.... on doute toutefois que le lieu ait inspiré Dead Chic.

Tracks:

1. You Got It (3:59)
2. The Belly of the Jungle (5:03)
3. Les fleurs séchées (4:24)
4. El Malecón (1:44)
5. Ballad of Another Man (4:55)
6. Good God (5:10)

 

Crédits:

 Andy Balcon : lead vocal, guitar
Damien Félix : guitar, backing vocals
Mathis Akengin : keyboards, backing vocals
Rémi Ferbus : drums, percussion, backing vocals

Additionnal Brass section :
Matthieu Delanoë : trumpet
Marius Rabbe : trombone
Thomas Sabarly : tuba
Charles Lavrut : baritone and tenor saxophone

Written by Balcon / Félix
Published by Éditions Levallois

L'artwork  by Andy Balcon & Belwapo:  un cliché en noir et blanc, Dead Chic s'inscrit en grand dans  la partie supérieure, la moitié inférieure est indéterminée, des wagons?,  la devanture d'une antique  salle de bal?, à toi de te faire une opinion!

Six titres, dont deux  plages, ' Good God' et ' Ballad of another man' déjà reprises sur l'EP Bastion Session.  

Les autres titres, excepté l'interlude 'El Malecón', ont tous été interprétés, brillamment, lors du concert au Barbe.

L'effet de surprise s'est évanoui, mais pas le sentiment d'exultation, ce six-titres reflètent toute la puissance, l'énergie et le pouvoir de séduction que groupe déploie sur scène.

'You got it', en mode western style, avec castagnettes, reverb, fuzz, orgue d'essence Dave Greenfield et la voix hantée et rocailleuse  d'Andy,  ouvre un bal, pas celui des débutantes, mais plutôt celui des damnés  ou des maudits, car chez Dead Chic tout est cinématographique, mais pas dans le moule 'My best friend's wedding' ou 'Pretty Woman' , on pensait davantage à 'Reservoir Dogs',  'Rolling Thunder' et  autres films noirs.

Après cette entrée en matière suffocante, vient ' The belly of the jungle' , sorti en single avant la parution de l'EP, le titre qui avait littéralement mis le feu au Barbe, non, gars,  pas à la barbe d'  Edward Teach, il était pas dans le bistrot.

Le Farfisa, en mode rondo délirant, mène la danse, puis Andy d'un timbre menaçant répète  ...welcome to my house... t'es subjugué mais pas sûr de vouloir l'accompagner dans son antre, tu suivrais Satan, toi?

Rémi, à l'arrière, tabasse une cowbell ou fait rouler les tambours tandis que  les Gretsch flinguent sans faiblir,  comment sortir indemne des entrailles d'une  jungle où ne perce aucun rayon de soleil?

 En français dans le texte, voici  ' Les fleurs séchées', elles sont moins country que les 'Dead Flowers' des Stones, mais feront un bel effet sur la tombe de Jim Morrison.

Damien  use et abuse des effets trémolo en actionnant le levier vibrato, Rémi  fracasse toms et caisses claires sans répit, Andy débite son lament en marmonnant,  tandis que des zombies  tanguent en mesure.

Bienvenue  en terre vaudou!

Avec l'instrumental 'El Malecón', c'est une bande son pour un western de Sergio Leone que le groupe nous soumet.

Il fait torride à La Paz,   même les desperados les plus vicieux  étouffent.

Coucou Calexico, écoute ' Ballad of Another Man', tu vas aimer l'ambiance surf,  la reverb sur la Gretsch, qui se marie habilement avec l'envolée à l'acoustique, les handclaps  mouvementés, les rondeurs du clavier, le refrain obsédant et le final cha cha cha.

 'Good god' en version studio garde toute sa profondeur. Après une amorce stonienne à l'acoustique, collée sur un orgue liturgique, la voix chevrotante d'Andy débute sa prière, insensiblement le ton monte, batterie et guitares électriques entrent en action.

 Dieu tend une oreille attentive et commence à se dandiner , c'est alors qu'Andy perd son calme, élève la voix, la guitare s'enflamme puis à nouveau l'acoustique pointe le bout du nez tandis que le chanteur ,  d'un timbre de forcené, implore ce  God, qui fait mine de ne pas l'entendre.

Oh, l'angoisse, oh  le désespoir, Dieu nous a tourné le dos.

C'est avec ce chant épique que s'achève la lecture d'un disque d'une intensité, d'une profondeur et d'une originalité, peu courantes.


C'est une certitude, Dead Chic n'a pas fini de nous surprendre.


En concert le 22 avril à La Rodia, Besançon et le 23, à Belfort, à la même affiche que The Datsuns ( ça sent la poudre).



 


 

 


 


 

 

 




 

 



 


 

 


dimanche 2 avril 2023

Lisa LeBlanc et Lilly Jane au Barbe à Plouha, le 30 mars 2023

 Lisa LeBlanc et Lilly Jane  au Barbe à Plouha, le 30 mars 2023

 

michel

 

Depuis plus de quinze jours , un placard mentionne CONCERT COMPLET.

Effectivement, à 20h, même un mulot n'aurait pu se faufiler jusqu'au podium où doit se produire la plus célèbre native de Rogersville (  Nouveau-Brunswick), Miss Lisa LeBlanc!

Fallait se pointer tôt pour se trouver face à la scène, t'es arrivé de bonne heure!

20h, une timide et frêle jeune personne prend place sur un tabouret, happe une acoustique et se présente d'une voix timorée, je me nomme Lilly Jane, Le Barbe m'a invitée à chanter quelques chansons.

Maman, à 99 cm, a déjà actionné la caméra de son portable pour immortaliser l'événement.

Lilly Jane, 14/15 ans au maximum, a tâté de la scène en participant au   concours départemental pour adolescents et adultes à Brest, en octobre 2022.

Elle y avait brillé, décrochant  le premier prix des auteurs-compositeurs-interprètes avec le titre « My Love Is Gone ».

Ce sont les seuls éléments biographiques  dont on dispose.

Je me lance presque sans trembler, la première chanson s'appelle  'In love'.

Le jeu de guitare est dépouillé, le filet de  voix  ténu. Le public, bienveillant, applaudit généreusement au terme de la ballade.

Lilly Jane a la bonne idée de présenter chacun de ses titres en ajoutant que 'My love is gone'  doit être enregistré dans un avenir proche.

Elle était amoureuse il y a deux minutes, le bien-aimé s'est déjà tiré...de l'inconstance de la jeunesse!

Elle chante avec conviction et sérieux, puis annonce 'Fourteenth February', une date qui te dit quelque chose.

Quelques effets de voix audacieux habillent la mélodie, au  risque de faire exploser ses cordes vocales en montant dans les aigus.

'My board' , 'Leaf', ' Who took my place',  proches des chansons des Carpenters se succèdent avant deux  reprises  de  Harry Styles , ' Sweet Creature' prononcé à la Antoine de Caunes et le spectral ' Two Ghosts' .

'Devil' termine ce set charmant.

T'avais une petite soif, le bar était devenu inaccessible, t'as sucé ton pouce.

20:50, entrée en matière supersonique, les musiciens de Lisa LeBlanc, tous habillés par Gary Glitter, se montrent.

Aux claviers,  la super douée Camille Gélinas (  Belle & Bum ,   La Belle Tournée,  Éli Rose, Fanny Bloom, Antoine Lachance, La Bronze...),  aux drums, Maxime Gosselin ( I had the chance to be touring and recording with artists such as Lisa Leblanc, Soran, Jimmy Hunt, Peter Peter, Edith Butler, Marilyne Léonard and many more.), à la guitare, le solaire  François Sunny Duval ( ex Breastfeeders) et à la basse, Benoît Morier, tu bouges ou je t'éborgne. 

Tout ce beau monde amorce une intro plus funky que le cantique des cantiques.

Bonswar Plouha,  c'est l'heure d'accueillir Lisa LeBlanc, clame Ben.

Fringuée d'une cape/kimono de catcheuse, Miss LeBlanc surgit sous les acclamations d'une foule déjà en délire.

Hier elle avait ferraillé à Nantes,  les ex ou futurs Bretons ont pu entendre et applaudir des extraits de ses quatre albums, tous vendus à des centaines de milliers d'exemplaires au Québec et ailleurs, le dernier, au titre très intello, 'Chiac Disco',  ayant été, e a ,  élu album de l'année par l'Association québécoise de l'industrie du disque, du spectacle et de la vidéo.

Démarrage en force avec ' Dans l'jus' , oublie Donna Summer,  paix à son âme, ou Dalida, idem, non, pas Sheila, elle sévit toujours, la nouvelle reine du disco c'est Lisa LeBlanc, ce premier titre est plus juteux qu'un milk-shake mangue/vanille rehaussé d'une pointe de vodka.

Plus jouissif que ça tu meurs, t'as d'ailleurs bien failli y passer, la basse de Benoit Morier a frôlé ton oeil gauche, le brave homme se penche vers toi et murmure à ton oreille, t'as intérêt à faire un pas en arrière, si tu tiens à la vie.

Elle est bien bonne, fiston, on est serrés pire que des sardines à l'huile d'olives portugaises dans ce bocal, si je  recule de 2 centimètres, j'écrase les pieds de la jolie jeune fille postée dans mon dos, vais essayer d'esquiver tous tes assauts en déportant mon crâne à droite.

Lisa a déniché une guitare et c'est parti pour la bombe ' Pourquoi faire aujourd'hui' repris en choeur par tous les paroissiens et laïcs du coin.

Mince, c'est Thursday Night Fever à Plouha!

Ah, oui, c'est la première fois que je joue à Plouha, quel honneur!

Première anecdote, elle concerne le Chiac , un langage baragouiné en Acadie , tu veux un exemple.... Lisa, please?

...  j'feel mon cerveau ramollir... une locution utilisée dans ' Cerveau Ramolli' , un country disco  qu'elle joue au banjo et pour lequel Maxime utilise quatre baguettes pour frapper tout ce qui l'entoure.

Pour ne pas la confondre avec John Wayne ou avec Lucky Luke, elle  attaque 'J'pas un cowboy' en mode Nashville, servi avec une pointe d'ironie.

Pour écouter les potins au New-Brunswick, pas besoin d'une concierge, ... J'vais au Tim Horton pour savoir qu'est-ce qu'est la 'Gossip'....   

Note de la rédaction qui remercie Lisa, les Tim Horton( une religion là-bas)  au Canada c'est l'équivalent des Starbucks aux States....

Donc pour les dernières news concernant Rogersville tu listen to ' Gossip ' one and two, et puis tu écoutes le solo de guitare musclé de Sunny Duval et le travail sérieusement assaisonné, style keytar de Herbie Hancock, de la bouclée Camille avec sa panoplie d'orgues, de synthés et autres instruments à touches, pour la petite histoire si tu as un Farfisa à vendre, elle prend. 

Kool and the Gang is so passé, Lisa LeBlanc is le vrai deal, kids! 

Intro bien kitsch pour ' Entre toi pi moi pi la corde de bois', une rengaine qualifiée de disco-orchestral.

Exit les musiciens pour le morceau gastronomique ( cinq étoiles chez Gault et Millau)  du set, ' Kraft Dinner'  et ne viens pas nous dire que du macaroni au fromage c'est de la junk food, d'ailleurs il s'agit d'une chanson d'amour, so, allume les chandelles.

Un gars dans l'assistance se met à chanter comme un pizzaiolo sans toque .

D'où la réaction de Lisa: 't'es chaud, toi, Aldo'.

Retour du banjo pour le bluegrass acadien qui sent bon le New Brunswick Cattle,   ' Du duvet dans les poches', suivi par un second country track chahuté ' You look like trouble' ( But I guess I do too) .

Séquence pogo débridé sur scène et dans la salle, ça chauffe, Marcelle!

Sur la lancée, elle nous assène un 'Gold Diggin Hoedown' furieux dans lequel elle insère 'Ace of Spades' des gentils Motörhead.

Yeah, a hurlé Lemmy!

La folie dans l'écurie et chez les orpailleurs locaux.

Plouha, on te sert ' Le menu acadien' , c'est digeste et nutritif à la fois, le refrain est pour toi, le Barbe....carottes bouillies, patates bouillies, poutine râpée, pas d'épices, juste du sel....

Une recette funky avec en cuisine Miss Gélinas,  la Mère Poulard des  black and white keys.

Toujours aussi purulent, voici ' Veux-tu entrer dans ma bubble', une invitation impossible à repousser,  on y est tous entrés dans se bubble pour danser comme des bêtes, car c'était soi-disant la dernière tartine.


Ils se tirent, Plouha, déchaîné, s'époumone.... reviens, Lisa, reviens.

Elle est revenue avec l'équipe, qu'elle a tenu à présenter, pendant une jam improvisée, suivie par 'Tite Gêne'   et le tube qui l'a fait connaître aux quatre coins du globe, l'irrésistible 'Aujourd'hui, ma vie c'est d'la marde'.

Tous sur une ligne pour fredonner le refrain avant un final  rock tonitruant.

Elle pique un sprint dans le public, revient finir sa tirade aux côtés des musiciens avant de les voir tous disparaître en coulisse sous les cris enthousiastes d'un public embrasé.


Epilogue:

Lisa LeBlanc et les survivants en piste pour un Fest-Noz improvisé! 




 

 

 


 

 



samedi 1 avril 2023

Manu Lanvin and The Devil Blues au Spirit of 66 - Verviers, le mercredi 29 mars 2023.

 Manu Lanvin and The Devil Blues au Spirit of 66 - Verviers, le  mercredi 29 mars 2023.

 

 Mitch ZoSo Duterck

 

Manu LANVIN & The Devil Blues - Spirit of '66 - Verviers (BEL) - 2023.03.29
 
Il y a peu de temps encore je m'abandonnais à rêver en solitaire. C'est d'ailleurs ce que font les célibataires endurcis par foi et parfois en dur, si! je vous le déclare, tout de go : le célibat et la solitude sont deux entités qui n'en font en réalité qu’une seule et unique. Leur seule fonction étant de vous rappeler qu'une fois la porte fermée, c'est n'est que sur vous qu’il faudra compter pour tenter de briser l'écho sans relief répondant au son presque insupportable de votre voix. Rebondissant contre les murs de votre éloignement dans une sorte de ping-pong malsain, vous gagnerez peut-être une partie de temps à autre mais jamais le championnat. Tout ça pour vous dire que Monsieur 100.000 volts qui s'égosillait en chantant, à moins que ça soit l’inverse: "La solitude, ça n'existe pas!" Eh bien, Il ne savait manifestement pas de quoi il parlait. Tiens, à propos, depuis tout ce temps, est-ce qu'on sait enfin qui avait volé l'orange du marchand?
Donc, concentrons-nous comme on disait à Drancy entre 1941 et 1944, je me posais justement la question de savoir comment agrémenter la soirée du 29 mars, lorsqu'au détour d'une page qui venait d’apparaître sur l'écran de mon ordinateur portable à la vitesse d'une braguette descendante, motivée par une urgence subite: 29 mars 2023 - Spirit of 66 - Manu Lanvin & The Devil Blues. Comme un boulet de canon, et toujours dans le même élan comme disent les trappeurs zoophiles, j’émergeai de ma torpeur et envoyai derechef (cette expression ne fonctionne qu’avec le grade de chef, essaie avec autre chose si tu as des doutes, tu verras bien) j’envoyai ce message laconique (oh lui) à mon ami Carlo : "On va voir Manu le 29 mars ?" Petite parenthèse, tu as vu comment je te gâte juste avec un soupçon de passé simple, imparfait j’en conviens, dans un présent qui ne l’est pas lui non plus.
Mon pote étant un homme de décisions, la réponse ne tardât pas à s’afficher : « ok je m’occupe des tickets, Mono vient aussi. » Tu as certainement remarqué depuis que tu me lis que nous avons tous des surnoms généralement bien représentatifs de notre personnalité. Lui, il s’appelle Mono, rien à voir avec une déficience auditive qui le priverait d’une moitié du répertoire de Manu. Du tout, du tout. Mono c'est l’artiste fou de la bande, le McGyver du graphisme, humoriste corrosif comme un bidon de Destop. Passé maître dans l’art des jeux de mots à tiroirs, il peut en un tour de main transformer une simple pin-up en femme à toile! C’est toujours beau à regarder une jolie femme à toile, non ?
Je te passe le récit de l’excitation qui nous gagne à chaque fois entre deux concerts ainsi que les détails techniques et autres discussions abordées lors du périple qui nous mène à Verviers. On se congratule avec Manu. Au cas où ta mémoire te jouerait des Tours (Indre-et-Loire, département # 37) nous avions vu le fils de Gérard (Lanvin, pas Lambert) pour la première fois au festival « Rétro C Trop » de Tilloloy le 25 juin dernier. Sa prestation ne nous avait d’ailleurs pas laissé indifférents. Ma revue de son concert m’avait valu un « like » de sa part. J’ai eu la chance de le revoir ensuite en compagnie de son père au festival Blues Passions de Cognac le 8 Juillet. Le fait de poser nos bagages dans le même endroit nous avait permis de passer pas mal de temps ensemble à parler de… musique. Mais pas que.
On s’était mis rendez-vous dans… Non, déconne pas, je ne te ferais jamais le coup de t’emmener Place des Grands Hommes. Rendez-vous à Verviers, dont acte. Comme d’habitude, le fait d’être dans le peloton de tête avant l’ouverture des portes nous garantit une place de choix dans le temple de la musique qu’est le ’66 de ce diable de Francis Geron qui a toujours le nez fin pour nous sortir un lapin blanc de son chapeau. Pendant que je devise par devers moi comme disait le marquis de Gonzague, passionné de verres vendus par bottes, d'où la célèbre expression "La botte de neuf verres", mes compagnons de route en profitent pour parfaire leur technique en matière de photo, unissant leurs efforts pour me laisser un cliché sous-exposé dans la boîte…
Vingt-heures trente. Ça y est, c’est parti. Le power trio s’empare de la scène et va nous mettre le souk d’entrée. Agé de 49 ans, notre Emmanuel dit Manu, né à Suresnes dans les Hauts-de-Seine le 26 novembre 1973 a déjà une longue carrière derrière lui puisqu’il monte, Caïman, son premier groupe à l’âge de 13 ans. D’abord batteur, il est bien vite attiré par la guitare dont il apprendra à jouer en autodidacte. Entre 2000 et 2007, le Parisien (Libéré, L’Equipe) enregistre trois albums et rencontre le bluesman américain Calvin Russel qui va marquer un tournant dans sa vie. Les deux hommes se lient d’amitié et Manu coécrit et coproduit en 2009 « Dawg Eat Dawg » le dernier album de Calvin qui décèdera le 3 avril 2011. Le prolixe Manu sortira quatre albums de plus entre 2012 et 2019. Il nous confie qu’il enregistre actuellement son nouvel opus sur lequel on retrouvera notamment notre BJ Scott nationale.
Mais ce n’est pas tout ça, c’est sur les planches que ça se passe ce soir. Manu et son band ont mis le feu dès les premières notes du concert. Ça enchaîne à une vitesse, mes aïeux, on se croirait sur le marché aux esclaves de Bâton Rouge (prononcez « Bâton Rwouge ») en Louisiane (prononcez « Louziana ») en 1860. Sauf qu’ici, ce n’est pas le sang qui coule mais les litres de sueurs d’un Manu Intenable et bondissant comme un kangourou qui s’entraîne pour le championnat du monde de saut de clôture dans le Bush australien. Notre homme se démultiplie et fait quelques passages remarqués dans le public, les cœurs féminins chavirent, quelle énergie ! On est à deux doigts d’entendre des couinements aigus s’élever, sortes de Patriiiick changés en « Manuuuuu !!!. Il donne tellement de sa personne qu’on se dit que ça ne peut pas durer. Pas de chance, pour ceux qui le croyaient, il ne roule pas bio le Parigot, il a des réserves.
Au niveau vocal, Il a la voix râpeuse et rocailleuse à souhait des bluesmen américains. On ne fait pas dans la finesse scolaire des harmonies suicidaires, non, ici on joue sur le vécu et l’émotion du moment, la vraie celle qui s’écrit en lettres de sang et se soigne au bourbon, straight ! Le répertoire, bien balancé, se compose d’un mélange subtil de morceaux extraits de la discographie de l’artiste ainsi que de reprises telle que « Red House » de Jimi Hendrix,« Highway To Hell » d’AC-DC ainsi que de quelques titres en français. Au bout d’une heure trente d’une intensité rare, le trio quitte la fournaise, ça s’en va et ça revient, c’est fait de tout petits riens… C’est fini oui ? m’enfin !
On s’attendait bien à un ou deux rappels, c’est souvent la tape et c’est un peu logique mais ce qu’on ne savait pas c’est que c’était reparti pour trois-quarts d’heure ! le clou du spectacle réside dans un medley de folie dans lequel on identifie sans difficulté le combien célèbre « Gloria » des Irlandais du Them et surtout l’emblématique « Born On the Bayou » popularisé par le Creedence Clearwater Revival de John Fogerty que le public en folie hurlera jusqu’à la dernière note de ce concert d’une intensité exceptionnelle. Un show de 135 minutes sans concessions.
Je m’en voudrais de ne pas mettre en avant l’hommage rendu aux belges par l’interprétation d’un titre de Jacques Brel que Manu a eu l’intelligence d’interpréter à sa sauce au lieu de vouloir, comme beaucoup le font, attaquer le grand Jacques de face et s’écraser contre un mur. Bravo et merci pour ce fantastique concert basé sous le signe de l’énergie, de la générosité et du partage.
Mais il est temps de se quitter et après quelques paroles et une photo souvenir, on se congratule, et on se dit « à bientôt », c’est qu’on a encore de la route à faire nous. « On se téléphone me dit Manu » tu peux y compter mec ! Merci et à bientôt et bonne lecture de mon bouquin.
Comme dit si bien le proverbe issu de la fable « Le Milan et le Rossignol » de Jean de La Fontaine: « Ventre affamé n’a point d’oreilles. » Une formule que l’on retrouvait déjà chez Rabelais. Ce sera donc après voir ingéré un hamburger roboratif que nous reprenons le chemin du retour, riche tant en déviations routières que verbales sans oublier les rires habituels. Une super soirée ! Merci à Carlo, Carine, Mono et Nathalie.
Mitch « ZoSo » Duterck

mercredi 29 mars 2023

Lalalar à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 28 mars 2023

 Lalalar à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 28 mars 2023

 

michel

Message de Bonjour Minuit: suite aux réjouissances parisiennes  le concert de Lalalar  sera retardé d'1/2 heure, les portes s'ouvriront à 21h.

Un court moment de panique car la semaine dernière  on avait subi ceci: suite au mouvement de grève dans les transports, l'artiste Izo FitzRoy ne peut pas se rendre à Saint-Brieuc. Le concert du jeudi 23 mars 2023 est annulé!

Le trio d'Istanbul a bien trouvé le chemin de Saint-Brieuc, le public, aussi et donc, à 21:30', c'est un club bien garni qui accueille  ceux que la presse a baptisé "les  nouveaux rebelles du rock turc": Lalalar.

Un groupe qui naît en 2018, mais dont les membres ont de la bouteille, Ali Güçlü Simsek, le très charismatique chanteur, danseur, bassiste pour avoir fait partie de Bubituzak, une formation  rock ayant accompagné la chanteuse Gaye Su Akyol , considérée comme une star au pays dont le drapeau rouge est décoré d'une lune décroissante et d' une étoile blanche. 

 Kaan Düzarat , l'aigle des machines, est sur le front musical depuis 1998,  en tant que DJ ayant tourné de New - York à Munich, ou en tant que membre du free-improvisation electronic-jazz band Analog Kültür Experiment.

Et, enfin, le costaud  Barlas Tan Özemek ( guitare) a joué, e a,  avec Konstukt, Marika,  Marshall Allen ou Vibrations of the Day, il a également accompagné des pointures jazz telles que Peter Brotzmann, Joe McPhee, Michael Zerrang ou William Parker.

Le trio a sorti un album à ce jour, '  Bi Cinette Bakar' en 2022, un disque sur lequel metal, folklore anatolien, techno, noise, indus, cohabitent sans créer d'incidents, un peu  comme du temps de Mitterrand et Chirac.

Kaan est le premier à apparaître, alors qu'une  bande-son cinématographique annonce le début de la razzia turque, il lance de premiers beats stambouliotes  frénétiques, Barlas, le plus musclé de la bande, le rejoint et place quelques riffs précis, enfin, Ali Güçlü Simsek, le chouchou des demoiselles, se manifeste.

Après l'intro en mode Tarantino, Lalalar entame l'hypnotique 'Mecnun'dan Beter Haldeyim ' mixant psychédélisme, beats sournois et chant oriental décoré d'un refrain enivrant.

Le propos semble être inspiré par l'histoire d'amour de Majnoun et Leïla, l'équivalent de Roméo et Juliette en mode arabo-musulman.

De sérieux effets de reverb sur la guitare  et le chant lancinant en croon arabe ont déjà ébloui l'assistance, quelques filles ondulent et se déhanchent à la manière de Samia Gamal.... c'est bien parti.

' Yamyam' , s'il invite à la danse, est construit comme une mélopée anatolienne transformée en bouillon effervescent .

Tu n'avais plus autant vibrer aux sons de la musique ottomane depuis le concert fantastique de Baba Zula à Bruxelles en 2017.

Mêmes ingrédients traditionnels, Istanbul psychedelia, rock, electro et  éléments shamaniques.

Tandis que les stroboscopes nous aveuglent, ,  ' Abla Deme Lazım Olur' est lancé, Ali  ramasse une basse , tout en virevoltant  comme un ballerino de chez Béjart débordant d'énergie primale.

Riffs furieux, basse qui pompe, drumbeats sauvages et délirants, c'est absolument irrésistible!

D'ailleurs dans la salle il n'y a pas   une âme à s'insurger, Bonjour Minuit  est fasciné!

On continue avec le morceau ouvrant l'album, 'Isyanlar'  qui décrit les émeutes de l'autre côté du Bosphore, car on manifeste aussi en Turquie et depuis longtemps!

Barlas nous assène un solo de guitare digne de Frank Zappa, tandis que Saint-Brieuc frappe des mains, un petit coup de gnôle pour Ali, et délire dans la salle.

Pour les fans d'arts martiaux, voici ' Ninja Partisi', Ali et  Bruce Lee, même combat!

Après une chorégraphie finale  style Le lac des Cygnes , le tribal et tourbillonnant   'Hiç Mutlu Olmam Daha İyi' est envoyé dans nos gencives.

Lalalar offre les mêmes implications politiques et sociales que Laibach, le groupe slovène mené par l'énigmatique Milan Fras.

Let's go back to our roots, annonce Ali, le groupe propose le profond  'Gönül Dağı', une cover du chanteur Neşet Ertaş, known as halk ozanı, le barde folk.

'Hata Benim Göbek Adım' est tout aussi ensorcelant et te conduit sans faillir dans un état de transe sans avoir recours à l'hypnothérapie.

We dedicate 'Kötüye Bişey Olmaz' to the bad guys in Turkey, you know there have been black clouds over our country for more than 20 years now.

Ali mime un combat de boxe, son adversaire est invisible, mais c'est plus impressionnant que de voir un gamin s'adonner à une séance d' air guitar. 

Kaan nous envoie des bruitages électroniques inquiétants, Ali halète pire qu'une chèvre amenée de force à l'abattoir, ce morceau furieux agit sur nos nerfs, il rend dingue.

Second retour aux sources, '  Lambaya püf de' est une chanson folklorique  qui reflète la culture traditionnelle d'Anatolie. Elle narre l'histoire d'une jeune fille qui tente de protéger sa relation amoureuse  en utilisant son voile comme outil de dissimulation.

En fermant les yeux t'as cru voir une meute de derviches tourneurs décoller du sol.

Une basse funky introduit 'Simülasyon Terk', le morceau, quasi instrumental,  le plus juteux du set, tchik tchik fait  la pédale wah wah, le groove suinte de partout, George Clinton a applaudi à tout rompre et  ta voisine, sous emprise ,  scande simülasyon terk avec Ali.

Braves gens, on arrive au terme du voyage, voici 'Yalnız Ölü Balıklar Akıntıyı Takip Eder ', le texte récité est porté par une guitare rugissante et un fond électro hallucinant.

Ali, bien allumé, tournoie pire qu'une toupie  détraquée puis se tire, direction les coulisses, laissant ses comparses achever la tirade.

Un des concerts les plus hot de ce mois de mars agité ne pouvait s'achever sans un rappel.

Lalalar revient donc pour lâcher la valse ' Bi Cinnete Bakar' et une seconde version, toujours aussi obsédante, de 'Hata Benim Göbek Adım'.

 

Pour les historiens,  le sultan Mehmed II Fatih est considéré comme le Conquérant Turc, pas pour nous, Lalalar a conquis tout Saint-Brieuc, sans prendre les armes!